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sur 4013 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Laissons tomber les polémiques qui ont déjà commencé avant même que quiconque ait déjà lu la moindre ligne de Soumission. En ces temps douloureux et sensibles, le roman de Houellebecq tombe bien mal, sauf pour alimenter les discussions et les débats d'idée mais c'est davantage le personnage que l'auteur qui se trouve jugé. Et si on en revenait au livre ? Et si on parlait de sa valeur littéraire uniquement ? Un exercice de politique fiction lequel à partir de 2022 deviendra une uchronie, du moins c'est probable. Et ce n'est pas ce roman qui va changer notre société ou les mentalités. C'est un roman, pas un traité de sociologie. Islamophobe, Soumission ? Pas autant que Bayrouphobe ou surtout phallocrate. C'est ce dernier aspect qui s'avère le plus déplaisant. Houellebecq a toujours été misogyne mais les scènes de sexe qu'il nous inflige, et cette fois-ci l'auto-dérision ne fonctionne pas, sont non seulement répétitives mais d'un goût très douteux pour ne pas user de termes plus directs. Pour le reste, il y a énormément de choses intéressantes dans le roman, à commencer par cet hommage à Huysmans avec la comparaison de l'époque où celui-ci a vécu et celle du narrateur. C'est son humour très noir et nihiliste qui sauve Soumission qui n'est en aucun cas un pamphlet ou alors bien mou, car celui d'un type pessimiste, parfois lucide, parfois délirant quant il aborde la question du déclin de notre civilisation. Certains cherchent à trouver la part de sincérité et la part de provocation dans les écrits de Houellebecq. En oubliant qu'il n'est que romancier, pas penseur et encore moins prophète. La liberté d'expression lui permet d'écrire ce qu'il veut, notre liberté est celle de le lire ou pas. D'aimer ou de détester. le reste n'est que littérature.
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L'année 2022 voit naître une compétition inédite lors des élections présidentielles, entre la candidate du "Front National" et celui du parti de la "Fraternité Musulmane" dont le dessein est d'une part de gagner la présidence, mais plus largement de construire un empire musulman.

En France apparaissent des tensions entre partisans des deux mouvances politiques et le pays risque rapidement de se trouver au bord de la guerre civile.

François, professeur de littérature à la Sorbonne et spécialiste de Joris-Karl Huysmans ne goutte pas cette période durant laquelle il voit également sa vie sentimentale se faner, notamment après le départ de sa compagne, étudiante juive, pour Israël.
A la suite de la fermeture temporaire de l'Université, il décide de quitter Paris pour mener pendant cette période, une retraite loin de la capitale.

De là, il verra l'évolution de la société et sa transformation.
A la réouverture de l'Université, les règles ont changé. Les étudiantes aussi.
Pour son retour sur Paris, il lui faudra donc trouver sa place dans ce nouveau monde.

A mon avis :
Encore une fois, pas de vision prémonitoire de la part de Michel Houellebecq dans ce roman contrairement à ce que l'on peut lire parfois.
Il est simplement question de la tournure que prendrait la société si un parti musulman gagnait la présidence de la République.

D'autant moins que l'analyse est assez succincte et ne fait que survoler les grands sujets en approfondissant seulement les aspects liés à l'université que fréquente son héros et la possibilité d'une polygamie.

Et c'est pour moi le vrai sujet du livre : l'attrait de François pour ce qui pourrait être sa nouvelle vie, celle d'un homme respectable et respecté du fait de sa position au sein de l'appareil éducatif et qui pourrait posséder plusieurs femmes, lui qui avait pour habitude de "piocher" dans le vivier de ses étudiantes.

Pour tout dire ce n'est pas le roman que je préfère de cet auteur, car il est moins cynique (bien qu'un peu quand même) que ceux que j'ai lu jusque là, moins drôle aussi. Pour autant c'est sans doute celui qui pose le plus de questions d'ordre politique et j'en veux pour preuve les nombreuses polémiques qui sont nées à la sortie du roman.

Donc, un livre où l'on retrouve l'écriture de Houellebecq, avec ses analyses froides et sans concession, mais sans doute moins ludique qu'à son habitude.


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https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Avec son roman « Soumission » Michel Houellebecq se retrouve à nouveau au centre de nombreuses polémiques. L'intrigue de cette politique fiction est à la fois simple et étonnante. L'élection présidentielle de 2022 voit triompher le leader de Fraternité musulmane, un parti « au positionnement modéré » créé quelques années plus tôt, au dépend de Marine le Pen grâce au soutien de l'UMP et du parti socialiste. Le nouveau président, Mohammed Ben Abbes, s'affichant comme modéré « qui défend des valeurs » et soucieux de « présenter l'islam comme la forme achevée d'un humanisme nouveau, réunificateur », est en effet parvenu à rallier le soutien des partis traditionnels, droite classique, centre et Parti socialiste.

Les premières mesures sont singulières et peuvent émouvoir les féministes mais également tous les lecteurs. Du jour au lendemain, les femmes s'habillent différemment et quittent le marché du travail, faisant ainsi reculer le chômage. Les universités deviennent islamiques et les enseignants non musulmans sont mis à la retraite d'office, sauf s'ils se convertissent. La polygamie est devenue légale pour les hommes. Le nouveau président est en fait faussement modéré et sait utiliser le désenchantement des électeurs ainsi que les moyens de communication et son pouvoir de conviction pour s'imposer subtilement.

François, le narrateur, solitaire et perdu dans un désert affectif, ressent lassitude et abattement. Professeur d'université qui est mis en retraite anticipée suite aux élections, il est le personnage principal de « Soumission », qui à l'origine devait s'intituler « La Conversion » car le narrateur devait initialement se convertir au catholicisme. Il se tournera finalement vers l'islam par pragmatisme et opportunisme.

Source de nombreuses polémiques plus ou moins vives, ce roman est une fiction avec son lot d'événements plus ou moins vraisemblables. Comme le souligne Alain Finkielkraut, Houellebecq, le « Droopy littéraire », « a les yeux ouverts et ne se laisse pas intimider par le politiquement correct ». Il avance comme un témoin et décrit "un avenir qui n'est pas certain mais qui est plausible". Houellebecq est un provocateur qui pratique la dérision et l'autodérision et qu'il convient de lire au second degré. Tout à la fois outrancier et subtil, invraisemblable et cohérent, ce roman présente une tristesse sous-jacente assez forte en raison de la constante ambiance de résignation due au désenchantement du monde occidental.
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Prof de fac avec Huysmans comme étendard, le héros de « Soumission ». François, bien que n'aimant pas spécialement le mysticisme de l'auteur de la « Cathédrale » et de « En route », n'aimant rien, d'ailleurs, pas même sa meilleure copine, une de ses étudiantes, il n'a rien, mais rien à lui dire et quand elle le quitte, il se reproche de ne pas lui avoir proposé de le sucer, ça aurait gagné du temps, mais non, même pas ça.

Il appelle ça ses problèmes de plomberie. Et, bien entendu, il dévie le problème et ne peut bander devant les « chairs flétries » de ses étudiantes, les unes après les autres. Il lui faut de la chair fraiche, à ce vieux grincheux qui essayerait sans complexe la petite fille de Blanche Neige ou bien un site porno, ou bien un site d'escorts. Comme Huysmans, qui n'a pas eu une vie érotique éclatante et surtout pas amoureux : « l'amour, chez l'homme n'est rien d'autre que la reconnaissance pour le plaisir donné. »

Soumission ? A Dieu, à Allah ?comme on l'a beaucoup dit ? je crois que surtout, c'est de la soumission des femmes dont il s'agit. Dès le début du roman, fort bien écrit d'ailleurs, François émet des doutes sur l'opportunité du vote des femmes, de leurs études, de leur travail. Les femmes qui travaillent rentrent chez elles épuisées, s'habillent en jogging, oubliant complètement les fanfreluches sexys que les femmes arabes exhibent, une fois leur djellabas enlevées. Les unes ont une journée dans les pattes, les autres, non.
Soumission dont l'exemple est donné par l'histoire d'O,
C'est plié : lorsque le parti Front musulman , d'obédience mesurée, gagne les élections, et prend en 2022 les premières mesures pour donner aux femmes des allocations familiales telles qu'elles n'ont plus à travailler ( de toute façon, elles ne pourraient plus, leur éducation s'arrêtant à 12 ans) , pour rétablir la polygamie, pour demander aux enseignants de la Sorbonne, financée par l'Arabie saoudite, de se convertir à l'islam, ou de démissionner, François démissionne, puis, devant les promesses d'avoir plusieurs épouses ( ce qui lui rappelle le duo du site d'escorts), et la promesse qu'une marieuse choisirait pour lui, puisque les étudiantes vêtues de longues burkas ne peuvent éveiller le désir, il reste dans sa vision de la vie et visite l'islam.
Sa conversion est à l'évidence liée à la promesse de la livraison prochaine d'une, deux ou même trois jeunes, très jeunes, l'une faisant la cuisine, les autres s'occupant des problèmes de plomberie du sieur professeur. Les femmes musulmanes sont dévouées et soumises, (dit –il) et pour donner du plaisir au fond ça suffit. Comme Huysmans, le manque d'attachement à la politique, au monde, le fait choisir cette voie sans passion, sans conviction, sans réflexion profonde, et, comme grincheux, de toute façon…..
Malheureusement, la sortie du livre le 7 janvier 2015 sera le jour de la fusillade de Charlie Hebdo.
En fait, Houellebecq qui se revendique irresponsable, car, dit il , il n'est pas un intellectuel ( on s'en serait aperçu, qualifiant Nietzche de « vieille pétasse !!), imagine plutôt une pacification de la France qui advient avec le premier président de la République musulman ( plus de chômage, les femmes ne travaillant plus, plus d'échauffourées dans les cités, réprimées comme il se doit.).
De toute façon, les attentats de Charlie Hebdo ont mis fin à la promotion du livre, l'auteur lui même se mettant à l'écart des possibles polémiques.
Reste que le dégoût qu'a Houellebecq de l'humanité, son corrélatif mépris des femmes juste bonnes à se soumettre, son ton grinçant et sa laideur repoussante, rend le livre Soumission assez désagréable, bien que rempli de remarques sur notre monde et assez ironique.
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Je ne connaissais que les poèmes de Michel Houellebecq et étais je dois l'avouer un peu prévenue contre cet auteur assez scandaleux. Avec son grand battage médiatique "Soumission" apparaissait comme un roman sulfureux et révolutionnaire. Il n'en est rien dans les faits, et cette révolution politique dans une France de 2022 fait l'effet d'un pétard mouillé. L'Islam et l'élection d'un président de la république musulman à la tête de la France, ne sont que des parenthèses, des chapitres du livre qui tourne bien plus je trouve autour de la littérature et du travail du narrateur consacré à l'auteur Huysmans. Je reste assez indifférente à cette histoire politique que je juge peu crédible. Les médias ont beaucoup trop parlé de ce livre qui est en fait un non-évènement. Livre qui se lit, la fin est sans surprise compte-tenu des évènements et de l'apathie qui semble s'être abattue sur le pays, après l'arrivée au pouvoir d'un parti musulman. Ce roman n'est qu'une fable qui ne mérite pas toute la publicité qui lui a été faite. Pas de réelle déception, mais pas d'engouement non plus, d'où ma note moyenne.
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Roman amplement commenté par d'autres.
Je me contenterai donc d'exposer mon ressenti.
Ce livre parfaitement intégré dans l'air du temps a pour conséquence différentes lectures où l'émotion titillée par une "drôle de peur" domine la raison.
Tel ne fut pas mon cas.
Fable politique pour les uns, phantasme fictionnel pour les autres, prise de position ultra pour les uns ou pour les autres, ma lecture s'est bornée à n'y voir qu'un roman jouant sur tous les tableaux chatouilleux de l'époque : peur de l'autre, des différences, récupération partisane, extrémismes de tous bords, pays en mal être, etc...
A chacun et chacune d'en tirer leçon et réflexion, refus de "soumission" aveugle à un dogme, une idée ou autre perspective.
Les mots sont là qui remuent l'esprit et provoquent les questionnements.
Au-delà du pessimisme de l'auteur et des descriptions sexuelles crues, il y a plus loin à lire.
Le parallélisme de l'universitaire avec son sujet de thèse sur l'auteur Joris-Karl Huysmans est maintes fois troublant, désarçonnant voire douloureux.
Les frileux ne s'y réchaufferont pas.
De cette projection dans un futur improbable, que restera-t-il?
Le souvenir d'un Houllebecq-Gainsbarre pour certains, d'une énorme farce qui en échauda d'autres, d'une polémique en un temps où les écrits de cet ordre prenaient une ampleur exagérée et renvoyaient à nos propres craintes?
Mes semblables!
Heurtées que nous sommes par notre image asservie et bafouée, comblons l'écart qu'il y a entre l'écrit provocant et une hypothétique réalité future, par notre vigilance.
Laissons à ce livre la place qui lui revient : pas plus d'importance que cela et travaillons dans notre société à ce que disait Jean d'Ormesson sur France2 ce 11 janvier 2015, à savoir : "Dépasser ce qui nous oppose et multiplier ce qui nous unit".
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Si l'on convient avec Houellebecq que "seule la littérature peut vous donner la sensation de contact avec un autre esprit humain", le voici qui dans Soumission prend les commandes de celui de son lecteur pour en faire un récepteur docile du développement qu'il lui concocte. de la même façon que, selon l'exercice d'anticipation auquel il se livre, l'islam s'installe le plus légalement du monde aux manettes de notre pays, à l'occasion des élections présidentielles de 2022. Comme un certain Adolf en 1933 en le sien. Hypothèse qui en vaut une autre. Ce n'est peut-être qu'une affaire de calendrier.

C'est mon quatrième Houellebecq. Je retrouve sans peine cette faculté qu'il a d'hypnotiser son sujet avec un discours fluide et enveloppant. Pour ne pas échapper à la triviale réalité, il prend soin toutefois de ramener de temps à autre son lecteur au ras des pâquerettes en l'invitant par exemple à faire les courses au supermarché du coin et choisir les produits qu'il mettra dans son caddie.

Houellebecq sait entretenir son lecteur alternativement dans une forme d'ivresse des sens ou un brouillard de solitude et de frustration en lequel pourtant, en cherchant bien, un soupçon de sentiment doit bien exister malgré tout quelque part. Ce quelque part, lueur vacillante dans la brume, étant certainement dans la proximité du corps féminin. La femme fait certes aussi partie de ce paysage d'une humanité qu'il exècre, mais elle "apporte un parfum d'exotisme" lui permettant d'affirmer que la perte de l'envie de vivre n'est à ses yeux pas une raison suffisante pour mourir.

Le héros de cette anticipation c'est François, universitaire au talent reconnu, la quarantaine désabusée, âge charnière où tout bascule sur l'autre versant de la vie. C'est le grand toboggan vers la fin. Cette dernière n'étant pas dans son esprit l'échéance ultime qui libère de tout définitivement, mais plutôt la perte de la capacité à séduire celles qui justement sont seules à même d'offrir quelques instants d'éternité. Lesquels instants régénèrent le corps pendant, et l'esprit entre deux.

En athée convaincu, ardent pourfendeur du monothéisme, il assiste pourtant avec plus de circonspection que de peur à l'arrivée au pouvoir du parti de la fraternité musulmane. Ledit parti installant sa marionnette à l'Élysée en la personne du chef d'un parti composé que de lui-même : le très consensuel François Bayrou.

Les nouvelles autorités l'écartent du corps enseignant pour incompatibilité dogmatique. Ce recul imposé lui donne par la même occasion le loisir de remarquer que finalement ce que d'aucun présente comme le fléau qui s'est abattu sur la France pourrait en fait bien présenter des arguments de séduction suffisamment convainquant pour remettre en question certains préjugés.

Un ancien collègue à lui, vieux célibataire endurci pour cause de disgrâce visuelle et olfactive, ayant déjà franchi le pas, s'est en effet vu attribuer une épouse en gratification de sa conversion. Une épouse présentée comme la première et ayant à peine l'âge de passer le permis de conduire. A tout bien considérer donc, et voici le fil blanc avec lequel notre prix Goncourt coud habilement cette chasuble littéraire qu'on endosse sans rechigner – je parle pour les inconditionnels - à tout bien considérer donc, notre professeur de littérature sur la touche, athée de conviction, désabusé de raison et délaissé par la passion pourrait bien retrouver les bancs de l'université et les jeunes étudiantes qui y prennent place. Fussent-elles voilées, elles n'en restent pas moins candidates aux cours particuliers à domicile. Où le retrait du voile est autorisé.

A soumission, soumission et demie. Lui à un dogme qui aurait su faire valoir ses arguments, elles à un nouveau maître, choisi pour elles, qui n'avait quant à lui plus beaucoup d'arguments pour les choisir lui-même. Cela tombe bien. Précision grammaticale au passage : "elles" étant un pronom personnel dont le pluriel qui, dans le cas présent et eu égard à la notoriété de notre universitaire, peut aller jusqu'à trois.

Conviction contre passion, drame cornélien à la sauce Houellebecq. Franchira-t-il le pas ? C'est dans Soumission. le raisonnement est bien échafaudé, le style sans métaphore comme d'habitude.
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Je dois vous prévenir en préambule que j'ai des a priori concernant cet auteur depuis le premier livre que j'ai lu de lui dans sa version intégrale "particules élémentaires" dont certains passages m'avaient marqués très négativement et dont le style d'écriture ne m'avait absolument pas convaincu.
Tout de même, j'espère à chaque fois changer d'avis. Et j'étais sur le point de le faire, jusqu'au tiers de ce roman. L'écriture me plaisait, fluide. le personnage était comme souvent chez Houellebecq, un professeur d'université à la vie sexuelle pauvre, mais l'environnement était bien décrit, et les relations entre les personnages, pas trop dépravées pour une fois.
Et puis passé ce premier tiers, l'écriture s'écroule et redevient ce que je n'aime pas chez Houellebecq : longues phrases, points remplacés par des virgules -ce n'est pas Proust, non plus-, descriptions de situations inintéressantes et abus de détails insignifiants, dialogues improbables que l'on ne peut dissocier du texte, incohérences... Et scènes de sexe sordides. de plus, l'auteur ne se donne même pas la peine de jouer l'anticipation à fond ; seuls quelques détails (dates) montrent que l'on est dans le futur, tout le reste correspond au présent.
A ce stade, j'étais tentée d'abandonner la lecture, mais j'ai continué quand même. Ensuite, viennent des passages historiques et littéraires très documentés et non dénués d'intérêt (pour peu que l'on ait envie de lire une étude sur Huysmans ou d'avoir un point de vue sur la géopolitique -qui n'en est qu'un parmi d'autres) mais ils sont livrés sous forme de longs monologues qui se veulent des dialogues et de telle façon que l'on a l'impression qu'il s'agit de retranscription soit d'enregistrements de cours magistraux, soit de recopies de livres. Je pense qu'à ce stade, le lecteur sera frustré s'il est amateur de littérature.
A maintes reprises j'ai entendu dire que Houellebecq dépeignait notre civilisation avec justesse. Ceux qui pensent cela ont une vision bien noire de notre monde, qui n'est pas la mienne. Quant à l'obsession de l'auteur concernant les chairs ramollies des femmes avec l'âge (à partir de 35 ans), je préfère lire Djian qui lui fait l'apologie du sex appeal des femmes mûres. Doit-on parler, de l'image de la femme et de la place que l'auteur lui accorde ? Alors là, il ne s'agit plus d'anticipation mais d'un violent retour dans le passé... Et encore, je suis certaine que les femmes étaient mieux considérées au Moyen-Age.
Enfin, si je ne parle pas de l'aspect politique de ce livre, c'est tout simplement que j'ai trouvé qu'il versait beaucoup trop dans la facilité, voire le téléguidage... A moins que ce ne soit de la prémonition, mais le fond mériterait tout simplement d'être plus travaillé. Bref, une impression d'avoir été bâclé pour répondre à des impératifs de délais.
Après tout, il en faut pour tous les goûts, mais verser dans la noirceur et le nihilisme ne me convient pas.
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Un assez bon livre.
On retrouve le style Houellebecq inchangé, fidèle à lui-même. C'est un des auteurs qui a su au mieux exprimer le caractère désabusé, désenchanté, quasi dépressif de notre époque. Dans les Particules élémentaires, l'homme dans la société capitaliste se vit comme un être mineur, sans consistance, à la fois acteur et spectateur d'une vision matérialiste qui n'offre que peu de perspectives. Attaché au sexe, à la nourriture, il use et abuse des plaisirs physiques pour tenter de combler un vide existentiel dont il ne peut se départir. Sa carrière lui offre une activité à laquelle il peine à croire lui-même, dépourvu de passion et ramenée au stade du seul intérêt pour l'argent, le confort d'un statut.

Dans Soumission, on retrouve le pessimisme de Houellebecq face à un monde de décadence. François, le nouveau narrateur de cette histoire est un professeur de littérature qui lui, assiste impuissant à la montée de l'Islam dans son pays, un islam politisé sous la forme d'un parti qui gagne les élections et impose ses réformes. D'abord, indifférent à la politique, puis inquiet au point de fuir la capitale pendant la campagne présidentielle, François va finir par s'accommoder de ce nouveau régime qui, loin de le maltraiter, lui offre au contraire des avantages, titres, reconnaissance plus marquée, salaire plus important. Les changements profonds se passent en douceur sans heurt à l'image d'une société qui n'est plus capable de se battre pour défendre des valeurs. Molle dans sa vision, elle se laisse d'autant plus séduire qu'elle abuse des compromis qui rassurent son goût du confort.

Au fond, le seul inconvénient pour François, se situe dans ses rapports avec les femmes. Avant, il ne parvenait pas à s'engager, fuyait les relations approfondies, ne vivait que pour le plaisir du sexe, désormais, il sera bel et bien engagé, marié, mais il le sera avec des femmes soumises dont il aura la charge. Sauf que François, ne vivant pas encore cette nouvelle condition, se fait des illusions à la fin du roman et croît que les filles choisies, se sentiront "dignes d'être aimées" quand lui de son côté, parviendra "à les aimer" (p.299). C'est vraiment méconnaître la réalité de ces femmes dont il n'a d'ailleurs pas recueilli le témoignage puisqu'il a seulement parlé avec un directeur d'école, Rediger, qui est pro-islam. On peut rire ou s'indigner aussi des arguments dérisoires qui sont mis en avant pour justifier la polygamie, un régime social qui serait à l'image de la sélection naturelle. N'importe quoi : déjà, dans la nature, il existe des rapports sexuels différents selon l'appartenance à une espèce. Si le lion est polygame et a son harem, les inséparables, eux sont monogames et fidèles quand les ours, eux, restent avec leur partenaire quelque temps avant de reprendre leur route solitaire... pas de schéma préétabli. J'ajouterais aussi que la polygamie selon la tradition religieuse, implique que l'on ne prenne pas plus de 4 femmes et que l'époux, seul, subvienne à leurs besoins. C'est lui qui ramène le salaire, les nourrit, les loge, bref répond à l'ordre des nécessités. Or, en Afrique, continent converti à l'Islam, ce sont les femmes qui travaillent, font les travaux des champs, vont chercher l'eau pour couvrir les besoins de leur famille et non, les hommes. Alors, on s'arrange quand même beaucoup avec la Tradition, prenant ce qui nous plaît et laissant de côté les aspects plus contraignants.

En fait l'homme à la différence de l'animal a bel et bien une raison, un sens plus ou moins développé du langage, sauf qu'il utilise aussi pour assouvir son instinct : celui du désir de domination sur des êtres inférieurs qu'il veut soumettre à son seul profit. Et de ce côté là, je crois que le capitalisme et l'islam qui affichent leur opposition, sont pourtant d'accord dans le fond.
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Je suis perplexe. C'est bien écrit, c'est bien enlevé, cela se lit rapidement.

Qu'en ai-je retiré ? Je suis contente de l'avoir lu (et c'est ma première incursion chez cet auteur) car je préfère toujours me faire une opinion personnelle sur un livre contesté. Bien sûr, l'auteur, sous le couvert d'un roman, surfe sur les peurs de nos populations en tirant dans tous les sens, mais faisant cible très souvent. Un peu comme une autre sorte de livres va jouer sur le sentimentatlisme de certains lecteurs ou de certaines lectrices. Au-delà de cela, ce n'est pas de la littérature.

Je n'ai donc pas trouvé davantage que ce que l'on peut trouver aisément sur des sites polémistes ou populistes sur le sujet en naviguant un peu sur la toile.

Reste l'écriture, intéressante, sans pour autant crier, comme je l'ai écrit, au génie littéraire.
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