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sur 4014 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il est de bon ton de critiquer le dernier Houellebecq.
Les fans des Particules élémentaires y voient une oeuvre mineure, annonciatrice de l'inéluctable déclin du grand homme ; les contempteurs du prix Goncourt, un énième ressassement de sa veulerie beauf.

Je ne crierai pas avec les loups. Pour trois raisons.

1. le style. Houellebecq écrit bien. Fichtrement bien. Avec l'air de ne pas y toucher. Et pourtant avec un perfectionnisme qui force d'autant plus l'admiration qu'il a l'humilité de ne pas se laisser voir. Loin de la prose prétentieuse d'Ono-dit-Biot ou de la simplicité rêche de Toussaint, Houellebecq nous offre un vrai plaisir de lecture. Son cynisme lui évite la morgue ou le didactisme. La profondeur de ses références - et je me fiche qu'elles aient été pompées sur Wikipédia dès lors qu'elles sont articulées avec intelligence - lui fait échapper à la superficialité.

2. le sujet. Houellebecq a le don de disséquer notre société. D'appuyer là où ça fait mal. Il raconte comment la victoire au second tour de l'élection présidentielle d'un Musulman modéré face à Marine le Pen entraîne l'islamisation bon enfant de la France. Pour autant, Houellebecq n'est ni Nostradamus ni Éric Zemmour. Son roman est une fiction et peu importe qu'elle se réalise ou pas (reproche-t-on à Orwell que 1984 ne ressemble pas à son "1984" ?)

3. le titre. Comme on le sait déjà, le héros du roman est un Sorbonnard dépressif, spécialiste de J.-K. Huysmans, qui se convertit lentement aux valeurs du nouveau régime. Pourtant, quand on referme le livre, on est pris d'un doute : s'agit-il d'une prophétie amère et pessimiste ? ou au contraire d'un appel à l'insoumission comme le titre du livre, qu'il faudrait lire en creux, nous y exhorte ?
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« Dès que David Pujadas prit l'antenne à 19 heures 50, je compris que la soirée électorale s'annonçait comme un très grand cru, et que j'allais vivre un moment de télévision exceptionnel ».


Un professeur de la Sorbonne, un français nommé François, reconnu pour ses travaux mais qui n'a que son métier dans la vie, est sur le point d'assister à des élections présidentielles d'anthologie : le Front National de Marine le Pen, contre La Fraternité Musulmane. le titre « Soumission » (traduction d'Islam), évoquant la « soumission à Dieu », vous aide déjà à prédire quel sera le résultat… Quelles seront les conséquences pour la France telle que François l'a toujours connue… ?


« Il est probablement impossible, pour des gens ayant vécu et prospéré dans un système social donné, d'imaginer le point de vue de ceux qui, n'ayant jamais rien eu à attendre de ce système, envisagent sa destruction sans frayeur particulière. »


François n'est pas raciste, mais il est au départ déstabilisé par les bouleversements aussi radicaux que subits, et observe avec crainte et surprise, mais également une certaine apathie, les changements qui en découlent pour le pays en général mais surtout pour lui-même en particulier. Car si se raccrocher à des détails de la vie quotidienne (sexe, factures, lectures…) l'aide à se rassurer au départ, le nouveau programme est clair : « - Pour La Fraternité Musulmane, l'économie et la géopolitique ne sont que de la poudre aux yeux : Celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final. Alors le seul point capital, le seul point sur lequel ils veulent absolument avoir satisfaction, c'est l'éducation des enfants. (...) Chaque enfant français doit avoir la possibilité de bénéficier, du début à la fin de sa scolarité, d'un enseignement islamique. »


Pour commencer, on propose donc à tous les professeurs de la Sorbonne de prendre leur retraite anticipée ou bien de se convertir à l'Islam ! de fait, la Sorbonne devient quasiment réservée aux hommes, et des marieuses se chargent de caser les jeunes étudiantes avec les professeurs d'université devenus polygames. Les allocations sont augmentées, permettant aux femmes de ne plus travailler, ce qui laisse la place aux hommes et diminue le nombre de demandeur d'emploi et de chômage… Femmes et enfants étant soumis, chacun étant pris en charge par la cellule familiale, la paix est revenue dans les cités. Les longs habits des femmes calment même les ardeurs masculines, bref : François, dont le passe-temps était de séduire ses étudiantes, n'a plus de repères face à cette évolution rapide. Il a le choix entre s'adapter et s'intégrer comme certains de ses collègues, ou bien lutter et partir comme d'autres… Mais pour aller où ? Alors pour l'heure, il cherche quelle est sa place dans son pays tout neuf. La trouvera-t-il ? Et quelle sera-t-elle ?


*********
Mon avis


« C'est l'idée renversante et simple, jamais exprimée auparavant avec cette force, que le sommet du bonheur humain réside dans la soumission la plus absolue. (...) Il y a pour moi un rapport entre l'absolue soumission de la femme à l'homme, telle que la décrit "Histoire d'O", et la soumission de l'homme à Dieu, telle que l'envisage l'Islam. »


L'histoire d'une lutte entre liberté et soumission


Ce roman, c'est la lutte entre la liberté et la soumission : Notre République laïque - pays de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, de l'égalité, des libertés individuelles et des droits de l'Homme - voit arriver une religion au pouvoir à un moment de son histoire où l'immigration, l'inefficacité des partis habituels et la quête de réconfort de la population la pousse à se tourner vers la voie de la spiritualité et du parti de la Fraternité musulmane. L'auteur a choisi l'Islam parce que le contexte actuel s'y prêtait, mais ce pourrait être n'importe quelle religion : Une fois au pouvoir, elle exclut ceux qui n'y adhèrent pas, ou les force à l'adopter pour être intégrés. A terme, les libertés individuelles sont brimées et notamment en l'occurrence les droits de la femme ou encore la liberté d'expression. D'où la sortie malheureuse de ce roman juste après la tuerie de Charlie Hebdo par des extrémistes. Mais à part ça, je n'ai pas trop compris la polémique autour de ce roman car, s'il incite à la vigilance dans nos choix futurs et montre les écueils qu'il convient peut-être d'éviter, je ne pense pas qu'il incite à voter pour autant Front national… C'est une fiction et en tant que telle le miroir des craintes et fantasmes d'une société à un moment donné, en fonction de ce qu'elle traverse.


Une polémique à mon avis inutile


D'ailleurs, l'auteur ne dit à aucun moment que cette accession au pouvoir est une mauvaise chose. On constate que François s'y habitue finalement assez vite. La dernière phrase du roman est justement la dernière pensée de François que nous connaîtrons et dit : « Je n'aurais rien à regretter » (laissant penser que, pour lui en tous cas, cette situation lui ira) ! C'est nous en tant que lecteurs, avec notre recul et nos convictions sur notamment les libertés individuelles, qui devrons en tirer nos conséquences.


Dans le roman, la religion musulmane n'est pas confondue avec les extrémistes : le Président passe au contraire pour être modéré et faire des concessions. En réalité, même s'il l'est moins qu'il ne veut le dire et a pour ambition un empire européen musulman (prenant exemple sur l'Empire romain), il a été élu démocratiquement et son instauration est pour l'heure non violente. Pour cela, il se fait des alliés des anciens partis politiques en leur cédant des places au Gouvernement dans toutes les branches… sauf l'éducation, jugée comme source principal du pouvoir – autrement dit du formatage intellectuel.


Une incitation à l'éveil


Comme l'annonce ma citation d'ouverture, ce qui porte à réflexion dans ce roman c'est que Houellebecq se sert d'un contexte proche du nôtre, les élections présidentielles en 2022, avec une majorité d'acteurs politiques (Hollande, Bayrou…) et journalistiques (David Pujadas) connus qui impliquent que ce scenario pourrait nous arriver. Ce n'est pas non plus pour rien que notre personnage principal fait partie du domaine de l'enseignement : Houellebecq montre ainsi comment, en prenant le contrôle du pôle stratégique de la politique voulue, on peut contrôler le pays tout entier.


Il montre surtout qu'aucun domaine n'est impossible à soumettre : Car si l'on pouvait croire que le corps enseignant serait le premier à défendre la laïcité ou au moins leurs libertés de pensée et d'expression, on assiste pourtant à beaucoup de conversions. A cela plusieurs raisons, que le nouveau Président musulman, en bon leader qu'il est, maîtrise parfaitement : Il y a d'abord l'argent bien sûr, puis le degré de solitude et de désenchantement de chacun, dans un pays où la spiritualité ne remplit pas les brèches de l'individualité.
Intervient alors la rhétorique employée pour persuader que se convertir n'a que des bons côtés : En s'adressant aux hommes, seuls à compter à présent, les dirigeants font valoir comme il serait agréable de se voir attribuer plusieurs femmes pour prendre soin d'eux ; Et en s'adressant à des hommes comme François, que la vie avait rendu solitaires et délaissés, ils en appellent au sentiment d'appartenance à une communauté, à une élite.
Leurs arguments persuadent immédiatement les plus désespérés, mais finissent par atteindre, au fur et à mesure que le pays change et exclut les non convertis, même les plus dubitatifs comme François. Pourtant, en même temps qu'il succombe, il se rend compte : Son libre arbitre a disparu. Mais qu'avait-il avant ? Pas grand-chose… Alors qu'a-t-il à perdre, face à tout ce qu'on lui offre... ? Pas grand chose, pourrait-il être tenté de croire, du moins au début.


Conclusion


L'auteur a repoussé ses interviews depuis la tuerie de Charlie Hebdo pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, mais le peu qu'il a déjà dit de son livre me paraît sensé : Il y a plein d'idées dedans, mais surtout d'observation froide de la société et de ce qui peut y couver, pas forcément pour son bien. C'est aussi le rôle de l'artiste de nous montrer sa façon de voir – et c'est ce qui est défendu par tous pour l'affaire de Charlie Hebdo et ce roman est loin d'être pire que certaines caricatures ! L'auteur a observé certains signaux d'alarme en France qui lui ont peut-être donné l'envie d'écrire cet avertissement pour lutter contre l'apathie et la dangereuse certitude que tout est acquis. Mais ne nous y trompons pas, son regard est aussi aiguisé sur notre société individualiste et désenchantée que sur la religion parvenue au pouvoir, et c'est ce qui rend certains passages si pertinents, amusants, mais aussi alarmants.


L'attitude de la France entière à l'occasion des grands malheurs qui l'ont touchée prouve que nous pouvons tous encore nous réunir autour de la défense d'idées qui nous sont chères en cas d'attaque de front. Mais qu'en sera-t-il en cas de simples élections comme dans le roman par exemple : Serons-nous capable de réagir… Avant qu'il ne soit trop tard… ?


Profitez de l'actu, c'est le moment de découvrir l'auteur, sa plume mordante et son univers, désabusé mais loin d'être infondé ni dénué d'intérêt !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Pourquoi tant de haine ? Tant de polémiques stériles autour d'un roman qui eut seulement la malchance de voir le jour un certain 7 janvier, dans un contexte peu propice à la prise de recul c'est le moins que l'on puisse dire.

N'en déplaise aux fâcheux il faut à nouveau préciser que Soumission est avant tout une FICTION, presque une fable en réalité, qui se révèle suffisamment crédible, il faut croire, pour distiller le malaise. L'idée d'une religion providentielle – l'Islam qui plus outre – qui accèderait au pouvoir et résoudrait tout ou partie des difficultés de notre joli pays semble en effet offusquer, terrifier et fasciner à la fois...

Mais même si malgré lui il fut pris au piège d'une actualité explosive, Houellebecq comme tout romancier raconte ici simplement une histoire et, surtout, ne se prend pas au sérieux contrairement à ses détracteurs. Au fil de ses romans il poursuit donc son observation très personnelle, fut-elle subversive, de la société qui l'entoure et, comme d'universels prolongements de lui-même, ses personnages se distinguent ici encore par leur fatalisme, leur indigence affective et leur lâcheté presque attachante.

Toujours aussi insaisissable, Houellebecq maîtrise ainsi l'autodérision et l'ironie désenchantée avec une virtuosité discrète, bien loin des vociférations ordinaires des chantres du politiquement correct. Rien que pour ça, moi j'adhère direct.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Nous sommes en 2022, à quelques semaines à peine des élections présidentielles, dont le résultat pour tout le monde dans l'entourage de notre héros est plié d'avance. En 2017, François Hollande a été réélu face au front national et son deuxième mandat a été encore plus calamiteux que le premier. On s'attend encore une fois à un duel PS/FN au deuxième tour avec une inconnue : le score d'un mouvement la Fraternité musulmane conduite pour un musulman modéré Mohammed Ben Abbes.
Durant cette période d'attente, François, notre héros, professeur de Lettres à la Sorbonne, prend forme. Il a soutenu en 2007 une thèse de doctorat sur le thème : « Joris-Karl Huysmans où la sortie du tunnel » qui lui a valu les félicitations du jury à l'unanimité et une place de professeur à l'université, où il trompe son ennui en courtisant ses étudiantes (comme les autres professeurs, le prestige de l'uniforme).
Il est d'humeur triste, blasée, ne vit que par son travail et son amour des lettres mais, il voit les choses changer à la Sorbonne, les femmes voilées, les étudiants juifs qui ne sont plus représentés, les professeurs qui se positionnent pour être bien vus, l'ambiance a changé. Les fusillades sont quotidiennes, presque banalisées. Depuis quelques temps déjà, les juifs font de plus en plus leur « Alya » (retour en Israël).

Et le soir du premier tour, le malaise, « Dès que David Pujadas prit l'antenne à 19 heures 50, je compris que la soirée électorale s'annonçait comme un très grand cru, et que j'allais vivre un moment de télévision exceptionnel ». le deuxième tour verra s'affronter Marine le Pen et Mohammed Ben Abbes. C'est la stupeur et les tractations vont commencer.

Ce que j'en pense :

J'ai aimé ce roman, je rappelle que c'est une fiction et pas un brûlot anti-Islam. le héros François, m'a touché, car il est lucide, pessimiste, voire dépressif, comme en témoignent ses addictions, à la cigarette, à l'alcool. Il n'attend plus rien de la vie et il en est conscient car il a tout misé sur sa vie professionnelle, qu'il a réussie. Ses études, sa thèse sur Huysmans, écrivain auquel il voue un culte ont occupé une grande partie de sa vie.

François est insatisfait de sa vie sexuelle, car il n'a pas construit un couple, il s'est contenté de petites aventures avec ses étudiantes, parfois, il a vécu en couple quelques années et il se rend compte quand Myriam part en Israël, que sa vie va changer.

Il évolue, tout au long du roman, il commence par avoir peur et part se réfugier chez des amis en Lozère, où il discutera avec le mari d'une collègue, qui travaille aux Renseignements, en ingurgitant des quantités d'alcools et cigarettes impressionnantes.

Puis, il donne sa démission car il pense qu'on ne voudra pas de lui, puisqu'il est athée et quitte Paris pour se rendre dans un monastère où son modèle et Maître Huysmans a trouvé la foi, espérant trouver une réponse. On assiste à toute l'évolution intérieure de cet homme, à ses doutes permanents, mais dont la pensée se structure d'une autre manière.

J'en arrive ainsi à L'Islam et à la soumission qui est le titre et l'objet du livre. En fait la traduction du mot Islam est « soumission » sous entendu, la soumission à Dieu. En effet, dans cette religion, on doit vénérer Dieu et accepter tout ce qu'il envoie aux êtres humains, comme une fatalité (comme la loi du Karma dans le Bouddhisme quand il est pris au pied de la lettre). L'homme est soumis à Dieu, la femme est soumise à l'homme vue qu'elle est mineure à vie.

Si on poursuit le raisonnement, l'homme se conçoit comme incapable de résister à ses pulsions, donc la seule solution est de voiler les femmes pour qu'elles ne tentent plus les hommes et ainsi la société est plus tranquille, l'être humain plus apte à se consacré à Dieu.

D'où, la transformation en douceur de la vie, à l'université mais aussi dans la vie de tous les jours. Les professeurs qui ont le choix entre prendre une retraite anticipée largement rétribuée ou se convertir à l'Islam, car la Sorbonne est financée par l'Arabie Saoudite, la France devient musulmane, elle évolue, mais jamais vers un Islam intégriste. Lui-même n'est pas hostile à une conversion, il réfléchit.

Le nouveau président établit la polygamie, et François constate que certains collègues ne sont absolument pas gênés par cela : une femme assez mûre qui tient les rênes de la maison et une plus jeune pour les jeux sexuels. Il y a ainsi plusieurs héros dans le livre : François bien-sûr mais aussi Huysmans, que j'ai découvert par cette occasion et que Michel Houellebecq m'a donné envie de lire, après tout c'est mon siècle préféré et j'ai trouvé un ouvrage « A rebours ». On apprend beaucoup de choses sur la vie, et les écrits de cet auteur romantique, naturaliste qui a fréquenté Zola et Médan, et qui évolue vers une soumission à la foi catholique.

Un bon roman, bien écrit, bien construit, qu'on ne lâche pas facilement car on veut voir comment évolue le héros, ce qu'il va décider, et enfin un livre qui pose des questions et fait réfléchir sur la société actuelle. le chapitre consacré au mardi 31 mai, date de la formation du gouvernement est excellent.

En aucun cas, l'auteur ne stigmatise l'Islam, il se demande seulement comment la France évoluerait dans ce contexte, il ne s'agit pas d'un brûlot et je ne comprends pas la réaction des médias qui l'ont calomnié, assassiné et la plupart de ceux qui ont participé au lynchage médiatique, n'ont pas lu le livre. Il s'agissait avant tout de « descendre » Michel Houellebecq parce que le livre est sorti au mauvais moment, après les attentats contre Charlie Hebdo.

Bien sûr, on retrouve la misogynie habituelle, avec les femmes à la maison ou exerçant des métiers dans des domaines restreints comme la couture et une tentation vers le fantasme de harem via la polygamie instaurée le nouveau président. C'est cela, ainsi que sa façon de parler sexe, qui me gêne !!! En en tant que femme, je ne peux que ruer dans les brancards. Je partage sa conception sur la fin de la civilisation chrétienne, ou du moins la fin de la société actuelle, que l'angélisme ne veut pas voir, la fin d'un monde en tout cas .

Une fois de plus, une critique dithyrambique mais j'ai vraiment aimé, ce livre m'a sortie de ma morosité hivernale. J'attends le prochain Houellebecq avec impatience, n'en déplaise aux grincheux de tous bords.
Note : 8,2/10

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Voilà un livre qui, en réalité, ne peut laisser aucun de ses lecteurs "en rade" sur les tristes berges de l'indifférence.
Michel Houellebecq, avec ce livre, a jeté un pavé dans la mare.
Est-il besoin de rappeler que François, qui partage ce récit avec Joris-Karl Huysmans, est un professeur d'université, brillant mais blasé, dont l'existence est bouleversée par un étonnant chambardement politique ?
Non, le récit de "Soumission" est clair, coulant, exprimé dans un style sans tâche - bref, bien écrit.
Ce qui devient vite plus ardu pour son lecteur, c'est son interprétation, le sens que son auteur a voulu lui donner.
Difficile de démêler ce maillage serré d'amour de la littérature, d'accusations, d'humour, de provocation, d'une certaine nostalgie du XIXème siècle, de dérision et de philosophie.
Jamais, peut-être, l'anticipation ne s'est faite aussi délicate à saisir !
Que peut-on reprocher vraiment à ce livre ?
D'être engagé ou même prosélyte ? Non, certainement ...
D'être alarmiste ? Oui, peut-être ...
Encore que ! Il tende à démontrer une certaine tendance à l'adaptation générale de l'homme et de son engagement - pour autant qu'il en ait un - à tout système qui parvient à s'imposer.
Mais si je devais trouver, sans trop y réfléchir, un autre titre possible à "Soumission", j'aurai l'audace de proposer "le déclin de l'empire européen".
Car, c'est bien de cela qu'il s'agit en réalité : le suicide, en quelques décennies, de cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine.
Michel Houellebecq fait preuve d'un grand pessimisme, ou d'une profonde lucidité.
Libre, ici, à chaque lecteur de se faire son idée.
Le livre est incongru, parce qu'il nous décrit des situations étrangères à notre "possible".
Il est choquant, aussi parfois, par certaines de ses scènes, par certaines des compromissions dont, sur sa fin, il semble se faire l'avocat.
La plus grave me paraît être le statut de la femme qui prend un coup, voire même plusieurs avec l'acceptation de la polygamie, le retour fortement incité au foyer, le mariage accepté des mineures et autres petites "babioles" ...
L'éducation, si chère à H.G Wells, en prend aussi pour son grade.
Certaines phrases du livre sont purement scandaleuses.
Michel Houellebecq serait-il l'écrivain par qui le scandale arrive ?
Ce qui, au XIXème siècle, il le rappelle, était une posture, parfois même un plan de carrière.
Ce livre est un bon livre, qui bouscule, qui interroge, qui sort son lecteur d'une certaine zone de confort.
Mais ce n'est pas un grand livre, parce qu'à sa fin le personnage semble prendre parti.
François aurait dû rester blasé et dépressif, hors de ce qu'il observait.
Et Michel Houellebecq aurait gagné le pari de signer un de ces livres qui comptent vraiment dans la Littérature ...

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Mission:

- pondre la xième critique sur un livre déjà chroniqué par une foule de babelioteurs avisés

- pondre une critique sur un livre de Houellebecq- auteur clivant par excellence,Houellebecq le porno -grunge-à-la-triste -figure, Houellebecq le provocateur alcoolisé. le contraire absolu du gendre idéal.

- pondre une critique sur un livre paru le 7 janvier 2015 de sinistre mémoire
et qui, par un hasard malheureux, imagine une France de 2022 qui vient d'opter pour un islamisme soft - un repoussoir en forme de pis-aller devant
une Marine le Pen par trop identitaire.

Mission impossible?

Mission dépourvue de sens et vouée aux oubliettes, sous-mission, en quelque sorte?

Mission lâchement et bassement commerciale-ajouter quelques maigres points à un blason insigne que briguerait néanmoins ma notoire insignifiance. Commission, pour ainsi dire -petite? grosse? Les scatos apprécieront..

Mission qui signifierait mon admission à l'un des deux grands clans m'ouvrant ses bras tentants: le cercle très arrosé des houellebecquiens pur malte ou celui très dégoûté des vomisseurs de particules élémentaires du haut de leur plateforme, dernier retranchement de leur résistance à l'extension du domaine de la lutte? Admission, compromission! scanderaient les partisans d'une insoumission mélenchonienne et néanmoins onfresque...

Mission reportée aux calendes grecques faute de point de vue, faute d'inspiration? Recul pitoyable devant l'obstacle, procrastination...
Honteuse démission mais bienfaisante rémission?

Je vais quand même vous la torcher, cette mission:

C'est bien écrit, c'est inquiétant juste ce qu'il faut- vus de la Sorbonne les cataclysmes politiques ont toujours un petit air d'encanaillement d'intellos qui jouent à se faire peur sous la férule du doyen...

C'est plein de références culturelles délicieusement raffinées-Huysmans, Paulhan, Dominique Aury, La vierge de Rocamadour et le Christ de Grünewald- et aussi, heureusement, on n'est pas que des purs esprits, merde, de scènes de cul, de bouffe et de beuverie délicieusement triviales.

C'est empreint de pensées pascaliennes , de désespoir schopenhauérien et de défis nietzschéens.

Mais ce n'est qu'une fiction politique gentiment dystopique, mononucléarisée sur le microcosme parisien, tendance sorbonicole.

Pas la peine d'en chier un tank, si vous me passez cette expression très houellebecquienne.

Ni d'en faire un cas d'intermission.

Si? Ah bon...



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Soumise, moi ? Jamais !
À aucune idéologie, à aucun gourou, à aucune religion.
J'aime trop ma liberté, d'agir et de penser.
Je veux pouvoir manger ce que je veux, quand je veux. Lire ce qu'il me plaît. Dire ce que j'ai envie de dire.
Je veux pouvoir m'habiller comme je l'entends, aller nager à la piscine ou courir en toute liberté.
Soumise, moi ? Jamais !
Cette volonté farouche d'indépendance qui m'habite ne m'autorise pas pour autant à faire et dire n'importe quoi.
J'habite en France et de ce fait, je dois respecter les lois françaises. Si j'allais m'établir dans un autre pays, j'en respecterais les lois. Ce sont les conditions de la vie en société : chaque habitant a l'obligation de vivre selon les lois du pays dans lequel il réside.

L'islam est actuellement un grand sujet de crispation, on marche sur des oeufs lorsqu'on en parle.
L'une des raisons principales est qu'il y a une grande confusion.
Dans l'esprit de beaucoup, tout se mélange : musulmans et islam, musulmans et islamistes.
Or, une religion n'est pas assimilable à ses pratiquants, pas plus que les pratiquants ne le sont aux pratiquants extrémistes.

J'ai grandi à Marseille dans les années soixante. À cette époque-là, en France, on ne parlait pas d'islam ou du moins, on n'en parlait pas différemment des autres religions, contrairement à aujourd'hui.
Pourquoi ? Parce que les musulmans ne se comportaient pas différemment des autres.
Nombre de mes camarades de classe étaient musulmans, et je l'ignorais, tout comme j'ignorais la religion des autres petits copains d'école. Parce que je m'en fichais, et parce que cela ne faisait aucune différence. Aïcha ou Mohamed, tout comme Sylvie ou Frédéric, mangeaient du jambon à la cantine, et leurs mères n'étaient pas voilées. D'ailleurs, à Marseille, seules les vielles femmes du "quartier arabe" portaient le voile ; les jeunes pas du tout, certainement bien heureuses de la liberté qu'elles avaient en France de ne pas le faire.
Comment se fait-il, alors que toute une génération s'intégrait bien ou commençait à bien s'intégrer, que ses descendants se replient sur une pratique plus rigoriste de la religion ?
Pratique, qui, concernant l'islam, me pose un vrai problème en tant que féministe puisque les femmes y sont considérées comme inférieures et impures, le voile en étant la manifestation ostensible.
Petite parenthèse : s'intégrer ne veut pas dire abandonner ses croyances et ses coutumes, mais adopter la façon de vivre de son pays, tout en gardant son identité.
La raison de cette évolution, à première vue paradoxale, est simple. Certains pays dans lesquels un islam "dur" est pratiqué ne voient pas d'un bon oeil le fait que des populations musulmanes puissent s'intégrer dans des pays non musulmans. Cela leur est insupportable. Dès lors, ils mettent tout en oeuvre pour l'empêcher, notamment par l'envoi massif d'imams prêchant la "bonne" parole, chargés de remettre les croyants dans le "droit" chemin.
C'est ainsi qu'une communauté se retrouve instrumentalisée, à son insu, empêchée de s'intégrer, et pire, que des familles déjà bien intégrées font petit à petit marche arrière. le mouvement est insidieux, mais les premiers effets font tâche d'huile et entraînent rapidement une grande partie de nos concitoyens musulmans.
À partir de là, tout s'enchaîne logiquement, et les revendications pleuvent, toujours plus nombreuses, empiétant toujours plus sur le domaine public, dans un pays devenu pourtant laïc après avoir longtemps subi le joug de la religion catholique : repas spéciaux, port de vêtements à caractère religieux, demande de créneaux réservés aux femmes dans les piscines, etc.
Je m'oppose et m'opposerai toujours farouchement à tout cela. Non pas par "islamophobie" (terme stupide s'il en est) mais pour deux raisons.
La première est que nous avons la chance d'être dans un pays laïc et que nous jouissons de fait d'une grande liberté que je tiens à préserver. La seconde est qu'en acceptant ces demandes nous ne rendons pas service aux musulmans... et surtout pas aux musulmanes.

J'ai des amis musulmans, et peux témoigner qu'ils sont les premiers à être vent debout contre tout cela parce qu'ils se rendent bien compte de la manoeuvre et qu'ils ont bien compris qui tirait les ficelles. Ils ne demandent qu'à vivre tranquillement en France, ne veulent pas de cet islam rigoriste, et ne veulent en aucun cas se voir imposer des pratiques religieuses que souvent ils ont fuies.
Pour les protéger, nous devons, collectivement, défendre notre laïcité bec et ongles.
Le résultat d'un récent sondage (février 2020) interpelle : 29% des musulmans de France pensent que la charia est plus importante que la loi de la République.(Référence mise en commentaire)

La liberté que nous avons en France n'a absolument pas cours dans grand nombre de pays dans le monde. Nous sommes privilégiés, mais hélas, beaucoup ne s'en rendent pas compte. Toutes les religions sont acceptées, mais leur pratique doit rester dans le domaine privé. Aucune religion, quelle qu'elle soit, ne doit dicter la conduite à tenir dans l'espace public et encore moins se substituer aux règles et aux lois.

Michel Houellebecq a écrit une fiction.
Son texte est intelligent, bien écrit et bien construit.
Il décrit une société privée de repères et de valeurs communes. Une société pas si fictionnelle que cela quand on pense qu'un Président a proclamé récemment que la culture française n'existait pas...
Dans Soumission, l'élection d'un Président du parti fictif de la "Fraternité Musulmane", loin de provoquer le chaos que l'on pourrait croire, amène plutôt une sorte d'apaisement, de soulagement.
Lui au moins a une vision claire de l'avenir qu'il veut pour le pays, laissons-nous guider ! Glissons-nous dans un certain confort, quitte à nous asseoir sur notre liberté de conscience, quitte à laisser les enfants se faire embrigader par une éducation nationale devenue islamiste et quitte à abandonner les femmes à leur triste sort d'êtres inférieurs.
Une fiction... oui...mais...
Je pense (et ce n'est que ma pensée, mon interprétation du roman) que Michel Houellebecq n'a pas écrit ce livre innocemment.
Son titre et son contenu sont en fait des appels à l'insoumission face à une religion qui grignote de plus en plus l'espace public et les lois de la République.
Une insoumission pour protéger notre société, notre laïcité, nous tous, et en particulier nos concitoyens musulmans.

"La Fraternité musulmane est un parti spécial, vous savez : beaucoup des enjeux politiques habituels les laissent à peu près indifférents ; et, surtout, ils ne placent pas l'économie au centre de tout. Pour eux l'essentiel c'est la démographie, et l'éducation ; la sous-population qui dispose du meilleur taux de reproduction, et qui parvient à imposer ses valeurs, triomphe ; à leurs yeux c'est aussi simple que ça, l'économie, la géopolitique même ne sont que de la poudre aux yeux : celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final."
Oui, Soumission n'est qu'une fiction... pour l'instant.
Il faut être vigilant et ne rien céder pour que cela ne devienne pas une réalité.
N'oublions pas qu'Erdogan, président de la Turquie, a exhorté ses coreligionnaires en 2017 avec ces mots : «J'en appelle à mes frères et soeurs en Europe. Ne faites pas trois, mais cinq enfants, car vous êtes l'avenir de l'Europe.»
Et ça, ce n'est pas de la fiction.
Insoumission ? J'en suis !
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Je suis toujours agréablement surprise par les oeuvres de ce provocateur aux obsessions récurrentes. Intelligent et cultivé, il amuse autant qu'il fait réfléchir en nous montrant ce à quoi nos non-choix résultant de notre individualité forcenée d'homme (ou de femme) occidental peuvent nous conduire. Car cette fable de Michel Houellebecq, qui met en scène l'arrivée au pouvoir en France d'un président musulman modéré, ne vise pas, comme certains l'ont écrit, à stigmatiser les musulmans ni à faire le jeu de l'extrême-droite, mais nous pousse à nous poser les bonnes questions. A nous d'y trouver les réponses appropriées, en toute connaissance de cause, uniquement guidés par notre idéal de liberté. Un message bien utile en ce lendemain d'élections qui ne chante pas.
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A la fin des années 90, Michel Houellebecq multipliait les apparitions en couverture des « Inrocks » et était quasiment devenu, dans un certain milieu parisien, une véritable rock-star. Mes amis qui ne lisaient pas ou si peu avaient tous lu son dernier roman et m'en parlaient avec un enthousiasme non feint, s'étonnant que le « littéraire » de la bande n'ait pas encore franchi le Rubicon. « Michael », comme nous l'appelions affectueusement à l'époque, donnait même des concerts où il psalmodiait ses textes sur fond de musique électronique, en tenant sa cigarette à son absurde manière, entre le majeur et l'annulaire. C'est lors d'une soirée turbulente à forte teneur en alcool, que j'ai ainsi parcouru distraitement quelques pages des « Particules Élémentaires », concevant aussitôt une aversion que je pensais définitive, pour un auteur que je jugeais aussi antipathique que poseur. La platitude du style, une forme de nihilisme maussade ainsi qu'un goût prononcé pour une sexualité glauque avaient achevé de me convaincre que jamais je ne lirai un roman de ce triste sire.

Vingt ans après, j'ai croisé à nouveau la chemin de Michel Houellebecq lors de la publication d' « Interventions 2020 ». Dans ce recueil, j'ai découvert un personnage assez éloigné de l'image que je m'étais forgée, cultivé, souvent drôle et pratiquant une auto-dérision rafraîchissante. Et tel un mousquetaire assagi, j'ai rompu mon voeu d'abstinence littéraire en me lançant, dans la lecture de « Soumission », qui complèterait utilement la longue liste de dystopies rangées dans ma bibliothèque.

Publié en janvier 2015, « Soumission », dont le titre est la traduction en français d'islam, est à l'instar du « Cercle » de Dave Eggers, un roman d'anticipation immédiate qui situe son intrigue dans un futur proche. Tandis que le livre de Dave Eggers aborde la possibilité d'un totalitarisme « soft » des GAFAM, Houellebecq questionne l'hypothèse de l'arrivée au pouvoir d'un président musulman « modéré ».

François, spécialiste émérite de Huysmans, à qui il a consacré une thèse qui fait référence, est professeur à l'université de Paris III. Quadragénaire désabusé, le narrateur a perdu la flamme. S'il continue d'enseigner et de publier quelques articles dans des revues spécialisées, François semble surtout observer le lent délitement de sa vie. La première partie du roman nous dépeint un anti-héros à la dérive, plongeant doucement mais sûrement vers le néant, et ne fait malheureusement pas l'économie de scènes de sexe où la tristesse de la chair côtoie la vacuité du désespoir. Style fluide et économe, humour noir, nihilisme galopant, Houellebecq fait du Houellebecq.

En toile de fond des déboires du narrateur, c'est le destin d'un pays qui glisse lui aussi vers un avenir qui s'assombrit chaque jour davantage. L'élection présidentielle de 2022 va se jouer au second tour entre Marine le Pen et Mohammed Ben Abbes, représentant de la « Fraternité musulmane ». Après une phase de confusion et de heurts, Ben Abbes l'emporte et devient le premier président musulman de la France. Passée une phase de stupeur, la vie poursuit son cours, et le nouveau président commence une transformation douce mais profonde de la société française.

Ce nouveau monde qui advient, met la priorité sur l'éducation, c'est à dire sur la possibilité pour chaque enfant de suivre un enseignement islamique, interdit le travail des femmes et instaure la polygamie. Non content de transformer la France en une forme d'Arabie Saoudite occidentale, Ben Abbes voit grand et entend mener à bien la construction d'un nouvel empire ottoman débordant du cadre national.



La destinée en forme de naufrage de François, le « Français  », apparaît comme une parabole de l'effondrement du monde occidental. Emaillé de nombreuses invraisemblances, truffé de références caustiques, « Soumission » n'a pas la rigueur formelle d'une dystopie classique, et évoque un conte ironique, une farce mélancolique. le roman se révèle néanmoins d'une noirceur absolue. En filigrane de la déchéance du narrateur, c'est en effet une civilisation abandonnée par la transcendance qui s'éteint dans la nuit et se soumet sans combattre au surgissement improbable d'un nouveau monde islamisé.
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Pourquoi ce livre a suscité un tel tapage médiatique avant sa sortie ???

Tous ces commentaires " venimeux " écrits par des gens qui n'ont souvent pas lu ce livre sont intolérables.
J'ai beaucoup aimé ce roman écrit dans un style parfait, dans lequel nous retrouvons l'excellent Houellebecq, ironique, provocateur, doté d'un sens de l'observation incomparable.
Il nous embarque avec douceur et délicatesse dans cette histoire un peu troublante en n'ayant aucun manque de respect à toute croyance.

Bravo ! Monsieur Houellebecq pour cette belle fiction qui n'est peut être pas si loin de la réalité.
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