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sur 395 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En exergue:

"Seul le soleil a droit à ses taches ":Goethe

L'histoire elle-même est déjà racontée dans les critiques précédentes, l'histoire de cet Hanta qui dit de lui:

"Je suis un peu le Don Quichotte de l'infini et de l'éternité, et l'infini et l'éternité ont sans doute un faible pour les gens comme moi.."

C'est plus du domaine du conte,ou de la fable, à mon avis, un conte burlesque et sombre dans lequel la fin a sa propre logique .
Avec , constamment, une grande dimension poétique toujours présente,et ce ,même s'il raconte des choses absolument atroces, en particulier l'histoire de la petite tzigane dont le prénom clôt le récit.

C''est un texte écrit dans un contexte bien particulier, mais le texte est tellement fort en lui-même que même sans connaître le contexte, il peut exister seul et avoir une dimension universelle.

A un moment, on retrouve une phrase du Talmud (" Nous sommes semblables à des olives, ce n'est qu'une fois pressés que nous donnons le meilleur de nous même.") qu'il faut resituer dans son contexte ( d'où la longue citation .. )car cette phrase est importante finalement pour montrer l'intelligence-et l'ironie ..noire- du texte, jusqu'au bout, jusqu'à cette fin terrible.

Très beau livre.
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« Une trop bruyante solitude », un des chefs-d'oeuvre de Bohumil Hrabal, est une oeuvre tragi-comique et une parabole qui dénonce les régimes totalitaires.
« Tous les inquisiteurs du monde brûlent vainement les livres : quand ces livres ont consigné quelque chose de valable, on entend encore leur rire silencieux au milieu des flammes, parce qu'un vrai livre renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même ».
Le roman, sous la forme d'un monologue, nous raconte l'histoire d'Hanta, un presseur de papier alcoolique qui vit seul et qui travaille dans une usine de recyclage de papiers. Depuis 35 ans, il pilonne et détruit des livres et papiers divers à l'aide d'une presse mécanique dans une cave humide infestée de souris. Mais il sauve régulièrement de nombreux chefs-d'oeuvres de la littérature ou de la philosophie qu'il refile sous le manteau à des passionnés ou qu'il ramène chez lui en si grand nombre qu'ils forment des tours prêtes à s'effondrer à chaque instant, dans chaque pièce, jusqu'au-dessus de son lit, où il risque d'être écrasé et enseveli. Quand il ne peut sauver du pilon les trésors de notre culture mondiale, il pense longuement aux éléments qui vont constituer ses ballots car il veut offrir une sépulture unique et digne aux oeuvres qu'il chérit. Il n'est donc guère productif ou du moins pas suffisamment ce qui lui attire les foudres de son supérieur.
« … lorsque je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, comme un petit verre de liqueur jusqu'à ce que l'idée se dissolve en moi comme l'alcool; elle s'infiltre si lentement qu'elle n'imbibe pas seulement mon cerveau et mon coeur, elle pulse cahin-caha jusqu'aux racines de mes veines (…) ».
Hanta, féru de littérature, à la fois sauveur mais aussi bourreau des livres, rompt sa solitude grâce à la lecture. Il vit avec ses souvenirs et avec les auteurs des livres, fantômes avec qui il échange.
La critique du régime communiste est implicite. Hanta ne se plaint jamais mais Hrabal nous fait ressentir l'atmosphère oppressante d'un régime qui méprise l'art et broie les individus comme les livres. La guerre est d'ailleurs présente (son absurdité particulièrement) via celle que se livre les rats dans les égouts de Podbaba.

« Une trop bruyante solitude » (d'abord diffusé en 1976 à Prague sous forme de publication clandestine) est une critique virulente des sociétés totalitaires. C'est le livre qui a valu au grand écrivain tchèque le plus de notoriété. Il a été adapté au cinéma et au théâtre.
C'est le deuxième livre de Hrabal que je lis (après « Trains étroitement surveillés ») et sa réputation de chef-d'oeuvre n'est absolument pas usurpée. On y retrouve grotesque et humour noir. Ce texte est très fort, j'ai encore une fois adoré. Prochaine lecture de Hrabal : « Moi qui ai servi le roi d'Angleterre ».
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Bien curieux petit roman que cette « Trop bruyante solitude » de l'écrivain tchèque Bohumil HRABAL (1914-1997) dont j'ai découvert l'existence grâce au très joli « L'ultime parade de Bohumil Hrabal » du grand Jacques JOSSE, ce dernier paru en 2016 chez La Contre Allée. Dans son livre, JOSSE insiste sur ce roman aujourd'hui présenté en nos colonnes, le présentant comme une relique, un mal nécessaire et un chef d'oeuvre. Écrit en 1975, ce bouquin sort en 1976 en Tchécoslovaquie sous forme de samizdat (dans la clandestinité). HRABAL a régulièrement été atteint par la censure, considéré comme dangereux aux yeux du pouvoir communiste.

Hanta, le personnage central de cette histoire, travaille dans un atelier de destruction de papiers en tout genre depuis 35 ans à Prague : livres, toiles de peintres, journaux, emballages de boucheries souillés de sang, etc. Il utilise une presse pour son travail dans une cave infestée de rats et de souris. seulement, il voit passer beaucoup de livres près d'être pilonnés, il décide d'en sauver quelques-uns, lui l'illettré. Comme les papiers détruits forment de grosses balles, il décide de placer au centre, en leur noyau, un livre indemne, comme un coeur qui bat. Un bouquin par grosse boule, comme un livre caché qui pourra être miraculeusement retrouvé plus tard pour continuer à circuler, on pense ici bien sûr au « Fahrenheit 451 » de Ray BRADBURY. Devant sa presse, Hanta tue le temps en vidant force cruches de bière, sorte d'élixir lui faisant tenir le coup, puisqu'il magnifie ces bouquins que pourtant il détruit, tout comme il en détruit l'encre par des procédés chimiques, rendant impossible l'héritage tant désiré. Parfois il enrobe les balles de toiles de peintres, pour les habiller, les rendre plus jolies.

Hanta chérit « ses » livres, leur propose une deuxième vie, une résurrection (on croise régulièrement les visages de Jésus et Lao-Tseu), il en garde d'ailleurs une belle quantité par-devers lui. seulement, son monde va s'écrouler, ce monde où il allait à son rythme, lent (provoquant le mépris de son supérieur), ce monde onirique provoqué par des vues de couvertures de livres, un monde certes cloisonné mais figure d'un certain espace sécurisé. En effet, une presse hydraulique géante va remplacer celle de son atelier, sur laquelle il suffira d'actionner quelques leviers et boutons pour accomplir en un temps record une tâche bien supérieure que celle de Hanta jadis. de nouveaux ouvriers, jeunes et dénués de sentimentalisme pour le monde de la lecture, vont à leur tour actionner la machine infernale sans même penser à leurs gestes. Désespéré, Hanta va mettre en scène sa propre mort, comme HRABAL a peut-être mis la sienne propre en scène.

Dans ce livre, le monstre totalitaire est plus que sous-jacent. Il côtoie pourtant les anges, les anciennes amours du narrateur Hanta. Ce roman est un long monologue, fait de rires et de désillusions, de farces et de désenchantements. HRABAL dépeint le système communiste par allégories, l'absence de liberté, le productivisme à outrance, l'impossibilité d'aimer, l'individualisme provoqué par la folie du système en place. Il se rapproche beaucoup de l'atmosphère de l'un de ses maîtres et concitoyens, KAFKA. L'influence d'un ORWELL de « 1984 » ou d'un ZAMIATINE de « Nous » est très prégnante dans cette espèce de bureaucratie contrôlant tout. Quant aux passages plus absurdes, ils semblent extirpés de pages de Samuel BECKETT. le rendu est profondément dystopique, et sa brièveté le rend encore plus puissant et saisissant, Hanta pouvant être vu comme une sorte de résistant à la machine totalitaire. Il y laissera sa peau.

« Une trop bruyante solitude » est typiquement le genre de bouquins où l'on ne comprend pas tout, par son immense richesse, ses images nombreuses, un bouquin duquel on ressort secoués et emplis de questionnements. Il est indéniable qu'une nouvelle lecture sera nécessaire, elle permettra d'entrouvrir de nouvelles portes dans un monde du plausible.

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J'ai été scotchée par la lecture de cette histoire. L'écriture est à la fois tranchante et pleine de poésie. On se retrouve plongé dans la cave remplie de fanstasmagories du personnage, dans ses pensées où se mélangent questionnement et philosophie, ainsi que dans les propres idées politiques de l'auteur qui ressortent au travers. Un roman très frappant qui rappelle inévitablement Fahrenheit 451 de Bradbury.
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C'est un merveilleux livre que je viens de terminer. Merveilleux et terrible car certaines scènes sont presque à vomir. Cela m'a pris presque la moitié du livre pour en trouver la bonne part. Mais le jeu en valait la chandelle car plus j'avançai dans ma lecture plus je ressentais la force de ce que j'étais en train de lire. Le narrateur, Hanta, est un ouvrier qui, sous le régime communiste en vigueur à Prague est en charge d'alimenter et de manœuvrer une presse pour pilonner des livres et compresser des tonnes de papier. Il fait cela dans une cave immonde, où grouillent les souris, où les papiers sont parfois imbibés de sang, où tous ces déchets font une bouillie irrespirable. Hanta trouve néanmoins des échappatoires : la bière d'une part, la lecture de livres arrachés à leur destin d'autre part. Et aussi, parfois, l'emballage du rebut qu'il réalise avec des reproductions de peintures : Gauguin, Van Gogh, Rembrandt ...

C'est un livre sur la résistance à l'absurde, au delà du totalitarisme du monde soviétique. C'est un livre où le narrateur, qui m'est apparu repoussant dans les premières pages, devient peu à peu un être lumineux et qu'on aimerait avoir pour ami. C'est aussi une très belle langue, à la fois simple mais très évocatrice. Et puis on y parle des livres comme une arme contre l'oppression et contre la bêtise, mais aussi comme quelque chose de fragile.

Par l'absurdité de la situation, et la sujétion à un système écrasant, on peut peut-être rapprocher Hanta de Joseph K., le personnage du Procès de Kafka. On peut aussi, du fait de sa résistance passive aux ordres de son chef, le comparer à Bartleby de Melville. Je pense aussi à Cripure du "Sang noir" de Louis Guilloux. Hanta rejoint en moi cette confrérie imaginaire et littéraire de gens simples, de gens du peuple qui, tranquillement, disent "non" à l'absurdité d'un système qui veut les mettre à genou. Et il peut arriver que ce "non" soit le grain de sable qui, un jour, bloquera l'infernale machine à broyer les humains, et les livres.
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Aussi court que puissant. Une lecture sous pression, tendue, on avance presque en sueur. Pour qui aime les livres ce petit bijou de lucidité amère est à lire de toute urgence. Un héros inqualifiable que l'on observe dans sa métamorphose et dont on voit très vite la destinée : cela ne gâche rien au contraire, le final n'en est que plus beau. Superbe !
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Hanta est un ouvrier qui travaille dans une presse depuis 35 ans : en appuyant inlassablement sur le bouton vert puis sur le bouton rouge, il fabrique des boules de papier avec des chefs-d'oeuvre de la littérature destinés au pilon par ordre de ce régime soviétique qui tente de tuer toute velléité de réflexion dans l'oeuf. Mais cet ouvrier qui trime, qui rattrape le temps qu'il a perdu sur ses jours de congé est l'être le plus libre que l'on puisse concevoir. Car il ralentit volontairement son rendement pour dissimuler des livres dans ses boules de papier, créant des oeuvres d'art camouflées au nez et à la barbe des autorités.
Pour que l'on comprenne bien en quoi consiste tout le sordide de son activité, l'auteur tchèque Hrabal ne nous épargne rien, ni ses histoires d'amour aux fins tragiquement scatologiques ni ses combats valeureux contre les rats d'égout qui envahissent sa cave, ni les livres qui menacent d'engloutir notre héros pendant son sommeil tant il entasse chez lui partout où il peut chaque jour un peu plus de livres philosophiques : ainsi, "cette brute de Hegel" côtoie volontiers Kant dans sa cave tandis que Schopenhauer, ce génie suicidaire, ne se plaint pas de la compagnie écrasante de Nietzsche...
Ce court texte, traduit en 1983, nous dresse le portrait kafkaïen d'un homme qui entend vivre par les livres, pour qui le salut passe par le sauvetage de tonnes de papier arrachées à la vigilance des bourreaux, et qui souhaite mourir par eux, pourvu que leurs mots continuent de vivre en lui... Magnifique hommage à la littérature, et la création artistique et à la liberté de penser.
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Un livre incroyable, coup de poing, haletant.
Dans une cave, depuis plus de 30 ans, Hanta détruit au pilon des livres. Entre l'alcool et les rats, la chaleur et la mécanique de sa machine monstrueuse, Hanta n'en finit pas de parler dans une urgence, un emballement proche de la folie due à une exigence de rentabilité dans lequel le livre pressé s'agglutine, s'agglomère, se dissout.
Cette oeuvre littéraire m'a fait écho à une installation monumentale de l'artiste plasticien Robert Kusmirowski, "Stronghold', et présenté lors de la Biennale de Lyon de 2011.
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Bohumil Hrabal signe un ouvrage magnifique, l'histoire de cet homme chargé du pilon et d la destruction des livres. Sa passion de la littérature le pousse à un instinct de conservation. Écartés du pilon, les livres ont une seconde vie, une nouvelle chance d'exister. Une entreprise prométhéenne, phénoménale.
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Hanta est pressier depuis 35 ans. L'histoire se passe à Prague, en période de seconde guerre mondiale où des livres censués sont pilonnés. Hanta n'est pas très productif dans son travail car il sauve certains ouvrages ou à d'autres leur accordent une fin plus digne, en ornant les paquets avant que ceux-ci ne soient broyés par la machine. L'amour de Hanta pour les livres nous touche d'autant plus que l'écriture de Bohumil Hrabal est poétique, fluide et pénétrante. Ce sont les pensées du personnages qui fondent l'histoire, il est en marge du reste de la société justement à cause du regard, de l'attention qu'il porte sur ces livres.

Ce livre, pour les amoureux de lecture, ne peut laisser indifférent.
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