Magnifique plume, très poétique. Une belle découverte !
On découvre avec tendresse l'histoire d'un ouvrier de Prague, qui presse depuis trente-cinq ans des vieux papiers et des livres dans une petite usine de recyclage. Ce sont surtout ses promenades intellectuelles, sa solitude et la poésie qu'il met dans son travail qui sont décrites.
L'histoire s'inscrit également dans le contexte de la Tchéquie communiste. le travail lent et passionné est remplacé brutalement par la froide rapidité des brigades d'ouvriers communistes.
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Depuis 35 ans, Hanta pilonne des livres et du vieux papier. A la fois il est inéluctablement lié à sa machine, et à la fois c'est une histoire d'amour avec cette machine. Mais une nouvelle machine plus performante apparaît, il est au chômage. Une seule issue possible : disparaître avec sa machine.
Le dessin noir et blanc très sombre est très oppressant, souvent flou, toujours évocateur : les extérieurs, la presse, les livres, les visages…
Dans cette bande dessinée la réalité ressemble à l'Enfer. Aucune clarté, aucune éclaircie qui pourrait redonner de l'espoir. Une noirceur inéluctable plombe toute l'histoire. le scénario est original, le travail des dessinateurs magnifique, les plans très travaillés, les vignettes adaptées au récit. C'est un plaisir de réouvrir cette bande dessinée au hasard pour s'attarder sur une page, puis sur une autre.
Une très belle réalisation pour amateurs de BD noires. Amateur de happy-end s'abstenir…
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Livre qui m'a fait penser à certains tableaux de Chagall, livre onirique parfois, et aussi très ancré dans la réalité de l'oppression.
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D'une étonnante poésie, non pas douce, agréable mais brutale, déroutante. Durant ma lecture je me demandais si c'était autobiographique tellement Hanta me semblait être réel, racontant son histoire, comme un acteur sur une scène de théâtre qui soliloque, avec quelques cruches de bières en plus.
Alors nous le suivons à travers ses souvenir, parfois gênant mais amusant, parfois d'une grande tristesse et parfois un peu... dégoûtant comme le passage sur les restes de son Oncle ... et toujours présente cette trop bruyante solitude le ronge, heureusement les livres, des trésors qu'il doit hélas détruire, lui apportent un certain réconfort, il se cultive presque malgré lui, admiratif, il en sauve quelques uns et les emportent chez lui.
Cela me faisait penser à un enfant qui aurait trouvé un animal blessé et l'aurait ramené chez lui pour en prendre soin.
Et naïvement, humainement, il rêve qu'il pourra racheter sa vieille presse, l'installer chez lui et faire de la destruction une oeuvre d'art.
Mais la vie est dure, cruelle et les hommes le sont davantage, son supérieur le rabaisse, le monde change il le voit, il ne trouve plus sa place, les choses évolues et cela l'abîme profondément, il l'accepte finalement, résigné en se donnant la mort dans cet endroit, le seul pour lui, qui était sa place, avec sa presse, les souris et le vieux papier...
C'est comme une cycle, la boucle est bouclée, tout n'est que répétition, un mouvement de va-et-vient, éternel recommencement auquel les nombreuses répétitions font échos, jusqu'à la fin.
C'est une lecture qui me laisse perplexe, je crois qu'il faut un certain temps pour en saisir la porté, la profondeur.
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Métaphore métaphorique terriblement concrète.
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