Sophie Hunzinga et Grieg son compagnon ont décidé, il y a trois ans de se retirer dans une ancienne bergerie qu'ils ont achetée dans un endroit au nom prédestiné : « Les bois-bannis ». Ils ont choisi volontairement ce lieu-dit, situé à environ une heure de marche de tout lieu d'habitation, et qui fut autrefois peuplé par des amish, à moins que ce ne soit des anabaptistes, dans le but de vivre au plus près de la nature et en harmonie avec elle mais de fuir la compagnie des hommes.
Une jour, une petite chienne fait son apparition sur le pas de la porte en quête de nourriture. Ce jour-là, elle ne fait que se restaurer et repart. Mais, contre toute attente elle revient et Sophie finit par « l'adopter » , la baptisant Yes ; elle s'aperçoit que celle-ci a été victime de violence zoophile.
Grieg ne vit que par ses livres, Sophie est écri-vaine et doit se rendre à une rencontre littéraire. Ceci inclut un voyage en train, donc une sortie d'un territoire protégé, mais cependant anxiogène, car on sent au fil des pages que le danger rode. Pour cette équipée, elle décide de chausser des Buffalos en hommage à
Brigitte Fontaine qu'elle admire.
""Quelle idée d'avoir chausser ce matin ces grolles monstrueuses pour venir disserter du regard de la gazelle ? – Oui, mais on annonçait de la pluie et c'était les mêmes que celles de
Brigitte Fontaine, chanteuse archi-culte, écrivain aussi, un an de plus que moi, laquelle un jour lança ; « Si on me dit écri-vaine, je tue. »""
On assiste au quotidien du couple, une vie saine, frugale, de longues marches dans les alentours, une réflexion sur la société actuelle, sa violence, sa responsabilité dans la nouvelle extinction de masse touchant oiseaux notamment. Leur situation est plus gaie depuis l'apparition de Yes dans leur vie, car cette chienne déborde d'énergie, une énergie communicative.
Sophie Hunzinga , avatar de
Claudie Hunzinger, on l'a bien compris, est touchante par son réalisme par rapport à la situation de la planète et l'évolution du monde, et j'avoue que parfois j'ai envié son courage, aller s'installer loin de tout, des hommes, des commerces, (pour ne pas parler du désert médical certain!) et vivre au contact de la Nature. C'est un choix audacieux et lucide dont le commun des mortels n'est pas forcément n'est pas capable de faire ou de supporter.
J'ai beaucoup aimé sa tirade rageuse sur le mot « écrivaine » qu'elle persiste à écrire « écri-vaine » car pour elle il s'agit d'un terme péjoratif, comme un écrivain au rabais, opinion que je partage totalement, cela va de soi. Il ne faut pas s'y tromper, l'auteure nous parle aussi de la solitude et de la vieillesse dans un monde déshumanisé en nous rappelant que les animaux sont souvent plus bienveillants à notre égard que les humains.
Je retiendrai aussi le fait de se construire un lit avec un cadre en bois et des piles de vieux journaux, (de vieux exemplaires du « Monde » attachées entre elles sur lesquelles ils ont déposé leur matelas, lit dans lequel ils dormaient tous les trois, Yes, la chienne entre eux-deux !
Claudie Hunzinger nous propose également un voyage en littérature où l'on côtoie aussi bien des philosophes de l'antiquité que des auteurs contemporains, de Démocrite à
Marguerite Duras en passant par le génial Tolstoï dont elle étrille un peu le mode de vie au passage , pour ne citer qu'eux...
Ce roman m'a beaucoup plu, car il y a quand même de la lumière dans cette réflexion, mais il faut reconnaître que, si l'on est affecté par la sinistrose ambiante, cela risque de plomber le moral...
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure
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Unchienàmatable #NetGalleyFrance
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