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Il y a deux mois, j'ai eu l'occasion exceptionnelle de rencontrer Nancy Huston à Namur.
Femme pleine d'humour, d'autodérision, profonde, elle m'a complètement séduite.
Elle était venue à Namur pour présenter son livre « Lèvres de pierre » qui raconte en parallèle l'enfance et l'adolescence du futur Pol Pot, le tyran du Cambodge, et sa propre enfance et jeunesse, d'abord à Calgary puis aux USA, en passant par Paris.

Vous allez me dire « mais qu'ont en commun ces personnages aux antipodes l'un de l'autre » ?
Les lèvres de pierre.
Le sourire du Bouddha,énigmatique et doux, Saloth Sâr, le futur Pol Pot, l'affichait sur son visage, à l'instar des Asiatiques. Ce sourire n'est qu'une façade, une façon de se protéger du monde extérieur, de le tenir à distance. Enfant doux et peu ouvert aux autres, pas du tout doué pour les études, il se faisait souvent humilier par ses camarades et par les adultes.
Nancy Huston, durant toute sa jeunesse, a dû faire face elle aussi non pas à l'humiliation, mais à l'exploitation des hommes envers elle. Jolie, elle était perpétuellement en butte aux assauts des « mâles alpha ». Anorexique, le sourire énigmatique protégeait son identité profonde.

Saloth Sâr et Nancy Huston partagent aussi la passion du communisme, qu'ils ont connu à Paris.

J'ai apprécié ce livre tout en m'en distanciant quelque peu. Je préfère nettement les romans de Nancy Huston. Je n'ai ressenti aucune empathie pour les 2 personnages (pour le futur Pol Pot, cela m'aurait vraiment ennuyée !) mais c'était très intéressant quand même de connaitre la jeunesse d‘un tyran et d'une écrivaine à succès.

Pour terminer, voici deux extraits de l'épilogue qui prêtent à réfléchir :
- « Regardez-moi, dira-t-il en souriant à un journaliste venu l'interviewer quelques mois avant sa mort. Ai-je l'air d'un homme violent ? »

- « Contre toute attente, elle finira par aimer manger et faire à manger, rire aux éclats et se détendre au cours de longues soirées amicales. Mais, année après année, elle continuera à torturer et à tuer dans ses livres…et à sourire, au-dehors, comme si de rien n'était ».
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"Lèvres de Pierre, façade lisse, "ah! Surprenante démarche de l'auteur dont j'ai lu beaucoup d'ouvrages : "Cantique des plaines" , "Lignes de failles " L'empreinte de l'ange, " Une adoration " .etc.....Curieux ouvrage !
" Ton sourire s'étire, s'étend,,et finit par devenir une deuxième peau "

" Sourire au dehors , le sourire des moines du Vat Botum Vaddei , le sourire du Bouddha " ....

Un masque qui protège comme les Bouddhas de Pierre ? Un troublant miroir tendu ? Rapporté à l'histoire violente d'un pays ? Un vertige bien commode ?

Qu' y a- t-il de commun ?
Quels sont les points de convergence entre une femme de lettres Canadienne et un certain Saloth Sār, garçon discret cambodgien grandissant à la campagne , faisant longtemps pipi au lit , moqué par ses frères, aux mues extrêmement douloureuses devenu un dictateur cambodgien connu pour avoir massacré près d'un million de ses concitoyens , le responsable du plus grand génocide du 20 ème siècle ?
Dans son livre elle s'adresse à " Cet Homme Nuit " , retrace son parcours et les étapes cicatricielles qui fabriqueront un Monstre ......


Je dois avouer que j'ai été déstabilisée , incrédule par le parallélisme entre Dorrit , double de la romanciére , son propre parcours , son vécu, un récit d'apprentissage en deux parties bien construites et la jeunesse de Saloth Sār, à la personnalité méconnue, à peine adulte qui prendra bîentôt le nom de Pol Pot .....
À partir d'une série de similitudes entre ces deux parcours l'auteur tisse des fils fantômes , brosse les portraits troublants de deux êtres aux contours fragiles " dévorés d'abord par la peur , puis par la rage ".
Sār se réfugie dans l'échec scolaire , grandit dans l'ombre de son pére , se révèle dans la discipline de la foi Bouddhiste " Dominer, contrôler et , à terme faire disparaître le soi, cette illusion. "
" Personne n'a le droit de pleurer , de parler, de rire ni de sourire , car les émotions sont illusoires au même titre que le reste ..."
Il émigre à Paris , fréquente l'intelligentsia Khmère ..
Dorrit , elle,,se réfugie dans la réussite scolaire mais l'un et l'autre se sentent seuls. Elle découvre la fureur militante et le marxisme dans les rues de la capitale au quartier latin.
Son éducation politique , son penchant pour l'extrême gauche , le contexte familial , la radicalité de ses années étudiantes sont décrites avec précision, comme chroniqueuse et auteur féministe ....
L'écriture est somptueuse , la construction brillante , où l'on croise la poésie de Paul Verlaine , André Malraux, le banquet de Platon, Molière ....

Bercés par leurs douleurs, leurs fantômes d'enfants brisés se croisent et esquissent une ultime réflexion sur les chemins de Pierre cahoteux qui ménent à l'engagement .

Du politique sanguinaire , tyrannique à la Romanciére écorchée vive , y- aurait- il un pont improbable jeté façonnant les chemins de la destruction ou de la création entre deux " "Monstres" qui sourient ?
Cet ouvrage singulier est une interrogation sur l'engagement et le pouvoir du hasard , le masque du sourire impénétrable , indélébile pour mieux cacher des secrets ....

Je dois avouer que l'écriture sublime m'a permise de réfléchir lucidement à ces échos et ces sillages .
Je reste perplexe à propos de ces correspondances entre les parcours de ces deux êtres que , à priori tout oppose ....
Un ouvrage riche , surprenant .....
Il fallait oser !
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Lèvres de pierre, sourire masquant les émotions, façade lisse pour taire la fragilité et la violence des blessures.

Pol Pot* affichait ce masque impénétrable de protection. Apparemment Nancy Huston aussi, puisque qu'elle a eu cette fulgurance de personnalité commune, au point de produire ce livre qui débute par un chapitre explicatif sur cette surprenante démarche.

J'ai d'abord clos cette lecture avec un agacement certain, trouvant presque indécent de voir un auteur établir un parallèle entre sa propre biographie et celle d'un responsable d'un des plus grands génocides du 20e siècle.

Je pense avoir été très déstabilisée par la structure du livre et frustrée de l'abandon narratif de la période des Khmers rouges. Après avoir largement présenté le développement de la personnalité de Pol Pot depuis son plus jeune âge jusqu'à son engagement de guérilla, l'auteur tire un trait sur le sujet ou presque pour ne plus s'intéresser qu'à elle-même, son contexte familial, son éducation intellectuelle et politique, la radicalité intransigeante de ses années étudiantes.

À y réfléchir, si le sujet est improbable, il demande à laisser de côté le contexte géopolitique et à s'approprier les personnalités de deux enfants construits sur le manque de confiance et les traumatismes. Nancy Huston se partage alors entre documentation historique et psychologie, faisant apparaître une jeune femme au parcours insolite entre les États Unis des années hippies et de la guerre du Vietnam et ses années européennes d'engagement féministe.

Je reste peu convaincue par la démarche narrative, et la lecture n'en a été sauvée que par la qualité de plume de l'auteur.

*homme d'Etat cambodgien, chef des Khmers rouges et responsable du génocide des années 70.
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Je n'ai sans doute pas commencé par le bon opus de Nancy Huston. En tout cas, celui-ci ne m'a pas convaincu. J'avais été attiré par le sujet, ayant lu le portail de François Bizot, qui m'avait beaucoup impressionné.
La seule chose qui m'ait vraiment intéressé, ce sont les informations sur la jeunesse de Pol Pot et l'histoire du Cambodge des années 1930 aux années 1950. Et aussi, dans une moindre mesure, le parcours d'une jeune canadienne anglophone devenant écrivaine francophone et féministe à Paris après être passée par les universités américaines.
J'ai trouve tout le reste très cliché et superficiel. Et d'abord l'argument du livre, le parallélisme entre Pol Pot et Dorrit (probablement l'auteure elle-même). le rapprochement est selon moi tout à fait artificiel et l'auteure peine à lui donner corps. Eh bien, oui, il y avait dans les années 60-70 à Paris des jeunes femmes féministes, communistes endoctrinées, anorexiques. Et oui Saloth Sâr est devenu communiste à Paris au début des années 1950. A part cela, ils ont tous les deux écrit leur premier article fébrilement sans savoir s'ils en étaient capables, et ont réfléchi sur leurs coups du sort en parcourant les quais de la Seine. C'est maigre. Et surtout, il y a un abîme entre les deux personnages, en ce que l'un devient un criminel génocidaire et l'autre une journaliste. Les actes font toute la différence.
Ensuite, l'explication des crimes de Pol Pot par sa biographie, ses échecs et ses frustrations, est réductrice et simpliste. Et même la vie parisienne de la jeune écrivaine en herbe apparaît comme une suite de clichés.
Je devrais sans doute faire un nouvel essai avec un autre titre de Nancy Huston, qui semble très appréciée des babéliotes. Si vous avez des suggestions n'hésitez pas. Mais je trouve ce livre-ci tout à fait dispensable.
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Lèvres de pierre . Silence de marbre...
Nos traumatismes sculptent nos masques.
Saloth Sâr - Pol pot / Dorrit - Nancy Huston : les limbes d'un sourire entre la lumière et la nuit.
Deux figures sont dites symétriques si elles sont superposables par rapport à un axe.
Avec talent, Nancy Huston trace une ligne, et pose, avec audace, le point d'une interrogation. Ange ou démon, où se situe l'axe du mal?
Quelle statuaire dantesque emplit l'oratoire de nos vies ? Quels sont les traits exacts de l'histoire?
A travers ce roman, peut-être à chacun-e de le découvrir.
Opération Furet du Nord- Club des lecteurs- rentrée littéraire 2018.
Astrid Shriqui Garain

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Je découvre l'écriture de Nancy Huston avec Lèvres de Pierre et je trouve que c'est une auteure exceptionnelle. Une autobiographie bien différente de toutes celles que j'ai lues (d'accord je n'en ai pas lu beaucoup). Les lèvres de pierre de bouddha partagées par Saloth Sâr et par Dorrit son double littéraire.
La première partie, avec ce tutoiement qui permet de découvrir de l'intérieur la montée en puissance d'un monstre est un récit dynamique et historique.
La seconde, avec la troisième personne du singulier permet de découvrir la vie de l'auteure avec un recul sans apitoiement comme dans bien des (auto)biographies.
Apparaissent alors les troublantes similitudes entre les deux destinées. Nancy Huston signe ici une oeuvre originale, elle apporte une vraie dimension littéraire à son histoire.
Lecture vivement conseillée.
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Lèvres de pierre de Nancy Huston raconte deux histoires en parallèle, la montée de cette auteure vers le féminisme sous le nom de Dorrit et de Saloth Sâr (Pol Pot) un des pires dictateurs du XXe siècle. L'histoire de la jeune vie de l'auteure me semble crédible mais pour Pol Pot que l'auteure assure que ce dictateur avait une érection a la pensée de la mort de ses ennemis me laisse pantois. Deux destins vers l'extrême gauche une comme chroniqueuse et auteure féminisme et l'autre en tant que despote et assassin de masse, environ 20% de son peuple exécuté pour purifier le pays de sa bourgeoisie décadente et des intellectuels corrompus qui ne comprenne rien à la pureté des paysans. Je me souviens à l'émission le Point en fin de soirée à Radio-Canada de Madeleine Poulin journaliste en reportage à Phnom Penh au Cambodge pleurée dans le musée du génocide de Tuol Sleng et il y a de quoi car les victimes étaient photographiées avant la mise à mort.


https://www.ledevoir.com/vivre/voyage/87978/musee-du-genocide-a-phnom-penh-tuol-sleng-l-ecole-des-supplices
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Une auteure que je ne connaissais pas, ...Pol Pot...Il n'en fallait pas plus pour m'attirer, pour découvrir ce livre : deux destins parallèles mis en page.
Tout d'abord celui de Saloth Sâr, jeune gamin cambodgien, un gamin qui fait pipi au lit, et dont les autres gamins du village se moquent : il a une peau blanche, une peau de fille. Élève dans une école de curés français au Cambodge pour laquelle son frère Suong transfert des fonds pour payer sa scolarité... Parmi ces curés le père Mahé, un curé qui se prend d'affection pour le gamin. Je ne vous en dit pas plus.... le gamin obtient son certificat d'études à 18 ans, enfin... Un âge où l'on n'est plus un gamin. Ce fut laborieux mais suffisant pour permettre une scolarité tout aussi nulle en France afin de passer un diplôme de radioélectricité. Une scolarité qui lui permet de découvrir Paris, le marxisme.
Et puis il y a cette gamine américaine, Dorrit, fille d'un professeur dans un petit lycée du New Hampshire. Un père flirtant avec le milieu hippie, hostile à la guerre du Vietnam, Dorrit autre nom de plume de Nancy Huston
Deux destins mis en parallèle, dans deux parties distinctes du livre. Deux hasards qui m'ont troublé
Comment ne pas être troublé par une certaine forme d'empathie (...oui je sais je vais faire bondir...) face au destin du gamin Saloth Sâr, gamin allant d'échec en échec, sans doute peu doué mais aussi victime des curés...ceci ne pardonne pas cela, loin de là. Empathie qui se transforme en haine quelques pages plus loin quand il devient le sinistre Pol Pot, des pages fortes et terribles...
Indifférence presque face au destin de cette gamine américaine, une parmi des millions, sa vie familiale heurtée...
Parallèle aussi des destins de deux peuples, l'un invente Weigtwatcher, pour retrouver la ligne, l'autre invente la faim pour dresser et punir des opposants, des paysans, dont plus d'un million mourront dans d'atroces souffrances.
Un peuple fabrique des bombes, et des "B-52 (ces monstres volants que leur équipage appelle affectueusement Buff, pour Big Ugly Fat Fucker2)" des sinistres avions qui "ont fait [..] 228 sorties et lâché 25 000 bombes" ..Des bombes qui retomberont sur la tête d'un autre peuple, celui du Cambodge.
Curieux ouvrage, curieux rapprochement qui m'ont à la fois laissé perplexe et intéressé.
Un livre né dans l'esprit de l'auteure à la suite de la contemplation de photos vues sur un livre acheté d'occasion au Cambodge, livre du photographe irlandais Nic Dunlop "The Lost Executioner (Le Bourreau perdu) dans lequel se côtoient deux sourires, celui de Bouddah, et celui de Pol Pot...deux sourires énigmatiques
Mais n'est-ce pas l'une des forces de la littérature et des livres...à la fois nous étonner, nous donner à réfléchir, nous informer...nous surprendre
Alors gardons en mémoire cette phrase de William Shakespeare : “On peut sourire et sourire et pourtant être un scélérat.”
L'histoire nous l'a confirmé.
Et si une partie de l'Histoire était partie du sourire scélérat d'un curé.....?
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Si on pense aux personnages de Pol Pot et Nancy Huston, la ressemblance ne saute pas aux yeux, même si pour ma part, je ne connais très bien ni l'un ni l'autre.
Nancy Huston retrace ici les trajectoires douloureuses de deux écorchés vifs : Salôt Sahr, le futur Pol Pot, enfant hypersensible et rêveur enferré dans l'échec scolaire, et la sienne, jeune fille soumise aux hommes, en proie à l'anorexie. Tous deux masquent leur souffrance derrière un immuable sourire de façade avant que cette souffrance se transforme en une colère qui donne enfin un sens à leur vie, une colère radicale pour elle et dévastatrice pour Pol Pot.
La jeunesse de Pol Pot, très intéressante, m'a cependant laissé un goût de frustration puisque le récit est interrompu au moment où il rejoint le maquis au Cambodge. Quant à la similitude de leurs parcours respectifs, je dois avouer que je la trouve assez tirée par les cheveux bien que pas inintéressante.
L'ensemble est finalement un ouvrage singulier dans lequel Nancy Huston décrypte les insécurités, souffrances, exclusions, ou carences affectives qui, subies dans l'enfance, forgent plus tard la violence d'une personnalité.
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Nancy Huston explore ici les similitudes qui lient son parcours à celui d'un jeune homme cambodgien dénommé Saloth Sâr avant qu'il ne devienne Pol Pot, le monstre responsable du génocide cambodgien. Un homme aux lèvres de pierre, à l'éternel sourire de Bouddha. Elle-même a longtemps eu ce sourire énigmatique sur les lèvres. "Soudain j'ai frémi. Je venais de tomber sur le seul Cambodgien en qui j'arriverais peut-être à me projeter : Pol Pot. Idée folle et pourtant la seule possible. Non pas Pol Pot chef d'État, mais l'enfant, l'adolescent et le jeune homme, qui s'appelait encore Saloth Sâr. Il n'était pas impossible que, malgré leurs dissemblances flagrantes, nos trajectoires s'éclairent l'une l'autre. »

Dans une première partie Nancy Huston s'adresse à Sâr qu'elle dénomme l'Homme nuit, elle se met dans sa peau pour retracer son parcours, son enfance paysanne, son année dans un monastère à l'âge de neuf ans où il apprend le détachement et la maîtrise totale de ses émotions, puis ses huit années dans une école militaire française jusqu'à son arrivée à Paris à l'âge adulte où il épouse le communisme. Un être rêveur marqué par son arrachement au monastère bouddhiste.

Dans une deuxième partie, elle parle d'elle à la troisième personne, se donne le pseudonyme de Dorrit qu'elle utilise dans ses textes autobiographiques et se dénomme Mad Girl, jeune canadienne qui a longtemps eu aussi des lèvres de pierre pour masquer sa douleur dans un sourire. Elle raconte sa soumission aux hommes, le contrôle de ses émotions et de son corps au travers de l'anorexie avant qu'elle ne parvienne à se révéler elle aussi à Paris par la découverte du marxisme et par l'éveil de sa conscience féministe militante.

Étrangement de multiples liens apparaissent entre l'Homme nuit et Mad girl, le même effacement de soi, la même maitrise de leur corps et de leurs émotions, la même dureté et le même enfermement sur soi, des chocs à l'origine de prises de conscience pour l'un comme pour l'autre (la découverte du temple d'Anghor et de la grandeur passée de son pays pour lui, l'engagement des US dans la guerre du Vietnam pour elle), des lectures fondatrices à Paris pour l'un comme pour l'autre (sur la révolution française pour lui, sur la révolution russe pour elle), le même passage par l'écriture, le même engagement en politique. Deux jeunesses en parallèle, deux destins en miroir l'un aboutissant au chemin de la création, l'autre sur une absolue monstruosité qui a engendré le massacre, au nom de la vérité marxiste, de 20% de la population de son pays.

Rentrée doucement dans ce texte sans comprendre où Nancy Huston voulait en venir, même si elle décrit sa démarche au début du récit, mon intérêt est allé crescendo au gré d'une montée en puissance vraiment extraordinaire. Nancy Huston réussit à décrypter le jeune homme Sâr en se mettant dans sa peau, le récit de sa vie est documenté, instructif et vivant, son endoctrinement, la montée de son fanatisme sont parfaitement décrits. le récit de la jeunesse de l'auteure est très émouvant et les liens qui apparaissent peu à peu subtilement entre l'Homme nuit et Mad girl éclairent le récit petit à petit.
L'écriture est somptueuse et la construction époustouflante. C'est profond, extrêmement brillant et très convaincant, une fois la dernière page tournée j'ai eu envie de relire la première partie sur Sâr. Un texte autobiographique d'une grande lucidité, traité d'une façon très très originale. Un titre magnifique, judicieusement trouvé "lèvres de pierre, sourire radieux mais absent, bienveillant mais vide". Vertigineux et passionnant !
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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