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EAN : 9782851973207
103 pages
L'Herne (15/11/1994)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Le gaz s’allume au Palais-Royal et déploie son éventail de flammes jaunes ; les restaurants étalent à leurs vitrines des mets qui ne se mangent : poissons aux écailles d’azur et aux cottes d’argent, chevreuils aux chairs d’un rouge de pourpre, pistaches vertes, truffes noires, langoustes écarlates, pommes laquées de rose, et tout cela coûte deux francs… pour n’en pas manger ! En haut, c’est la cohue, les garçons s’élancent, crient, se disputent, bousculent les gens ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La collection des Carnets des éditions de l'Herne est une merveille. Elle offre ici un petit ouvrage d'une grande valeur et d'une grande beauté : cette encre bleue ressort magnifiquement sur la page couleur crème.
Joris-Karl Huysmans est un esthète qui chérit sa ville tout en la craignant : comme devant une maîtresse trop belle pour laquelle il redouterait les effets du temps, il contemple Paris, ses passés et ses changements, inquiet de finir par ne plus reconnaître celle qu'il aime passionnément. « Pour les gens déjà vieux qui vécurent dans un monde d'hommes d'esprit, polis et gourmets, s'occupant d'art et de livres, le Paris contemporain apparaît hideux. » (p. 17)

En quelques phrases, ce génie au style unique déploie une vitupération délicate contre la modernité qui défigure les ruelles médiévales de Paris. Huysmans est-il contre le progrès incarné par Haussmman ? Huysmans VS Haussmann, combat de titans ! Et combat de deux visionnaires aux rêves opposés. Alors, oui, Huysmans vitupère, mais toujours avec un flegme de bon ton : il ne s'agirait pas de déranger son veston ou de froisser sa cravate. On reste élégant en toutes circonstances quand on s'appelle Joris-Karl Huysmans.

À lire Huysmans, la modernité ne fait pas que changer les façades parisiennes, elle avilit également l'âme des Parisiens qui ne pensent plus qu'à acheter, les grands magasins ayant hélas remplacé les églises en termes de temples où communient les masses. On comprend alors que c'est le converti qui s'exprime : exit la décadence et le satanisme, Huysmans prêche ici les déconvertis.

Mais qu'on ne s'y trompe pas, l'auteur ne jette pas la pierre, conscient d'avoir péché tout autant que les autres. Non, quand il parle du peuple parisien, il le fait avec une tendresse goguenarde et une bienveillance sévère. Allez, on le sait qu'il aime les grisettes qui se recoiffent avant de quitter l'atelier et qu'il apprécie la compagnie des joyeux soiffards qui s'attablent dans les goguettes.

Une promenade dans les parcs et devant les étals, un regard sur un lampadaire et la balade est déjà terminée. Mais qu'elle fut belle et plaisante en présence de cet auguste monsieur qu'est Joris-Karl Huysmans.
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Joris-Karl Huysmans de son vrai nom Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français (1848-1907). Huysmans était le descendant par son père, d'une lignée d'artistes peintres hollandais. Certains tableaux du plus célèbre de ses ancêtres, Cornelius Huysmans, peintre à Anvers au XVIIe siècle, figurent aujourd'hui au Louvre et c'est pour mieux évoquer ses origines hollandaises, que Huysmans adopta le prénom de Joris-Karl. A partir de 1876, Huysmans collabore en tant que chroniqueur d'art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture. Il prend la tête du combat visant à imposer l'Impressionnisme au public. Après sa conversion au catholicisme vers 1895 et relatée dans son roman En Route, il publie en 1898 La Cathédrale.
Les éditions de L'Herne viennent de rééditer Paris. Cette édition dans leur collection de poche Carnets, est complétée d'autres textes liés à la capitale, plus logique qu'une précédente édition dans leur collection Confidences (1994) comprenant en plus de Paris, un texte nommé En Hollande. Conclusion, ces deux ouvrages homonymes, ne font pas double emploi… Dans l'édition qui nous intéresse, les textes parus dans revues datent de 1901 ou 1902 (on ne sait pas vraiment) pour Paris et les douze autres de 1875 à 1885.
Ce que cet ouvrage ne dit pas mais qu'il faut savoir, c'est qu'après s'être retiré dans plusieurs monastères, Huysmans quitte Paris en 1899 pour s'installer définitivement dans le petit village de Ligugé, près de Poitiers, à proximité de l'abbaye bénédictine Saint-Martin. Là, il partage la vie quotidienne des moines et se prépare à devenir oblat. Mais en 1901, la loi sur les associations vient dissoudre la communauté de Saint-Martin, poussant les moines à l'exil et obligeant Huysmans à rejoindre Paris. le texte éponyme, date de son retour dans la capitale, une ville qu'il ne reconnait plus, l'Exposition universelle de 1900 n'étant peut-être pas étrangère à ces chambardements, et ça nous vaut de délicieuses réflexions un peu réacs du genre « c'était mieux avant », comme nous en entendons tous les jours encore ! Son premier étonnement, le nombre incroyable de coiffeurs, « Leur nombre s'est en peu de temps singulièrement accru » et l'intérêt des gens pour leur apparence, ne pas avoir l'air vieux, grâce aux teintures de cheveux, dentiers etc. « les gens d'autrefois consentaient sans doute plus aisément à vieillir ». Ca sonne terriblement moderne, non ? Mais ce qui le choque le plus et le pousse à écrire vertement son dégoût, c'est l'esprit bourgeois et la course au faux luxe, dans l'aménagement des appartements ou des commerces. Pratiques commerciales vilipendées dans sa dénonciation prémonitoire des grandes enseignes (ici le Bon Marché ou le Bazar de l'Hôtel de Ville) en future situation de monopole face aux petites boutiques.
Les autres textes nous promènent dans la capitale d'alors (Jardins du Luxembourg, boulevard Montparnasse, Vaugirard…) et en plaquant le calque de notre propre expérience des lieux sur les écrits de Huysmans, on s'amuse à comparer les différences, comme dans le fameux jeu des 7 erreurs des magazines anciens. L'écrivain s'avère un observateur précis et nous croque de délicieux portraits, des nounous des riches bourgeois aérant les gamins au parc Monceau ou bien des couturières travaillant dans les maisons de mode de la rue du 4 Septembre…
Pour ceux qui se sont déjà frottés à J.K. Huysmans et ont souffert à sa lecture, je précise que ce recueil n'est pas du tout dans la veine de ses romans. Ici tout est limpide et clair, sans excès de culture, dans un style très simple à lire.
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Très court ouvrage présenté sous forme de carnets, brouillons pour certains textes, qui laissent transparaître les corrections de l'auteur.

Paris est donc un recueil d'extraits d'oeuvres, d'articles de Huysmans, triés et classés par quartiers, hauts lieux de Paris ou évènements particuliers. On a donc l'impression d'une visite, d'un aperçu à travers le regard du narrateur pour chacun des tableaux qu'il nous présente : Trocadéro, taverne obscure, bal du quartier de Grenelle...

La plume extrêmement raffinée rend la lecture de ces petits croquis extrêmement agréable ; et les mots parfois acerbes et cyniques du narrateur pimentent les descriptions.

Très sympathique pour se replonger dans un Paris ancien.
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Les Editions de l'Herne ont eu la très bonne idée d'éditer ce joli petit recueil d'historiettes sur Paris et ses habitants.
Joris-Karl Huysmans nous raconte son Paris, celui de l'après Haussmann et de l'après révolution industrielle, celui du Paris où se mêlent tradition et modernité. Avec beaucoup de finesse et de tendresse, l'auteur nous présente des Parisiens hauts en couleur, sortes de caricatures qui lui permettent de faire une critique de cette modernité excessive.
Sa vision, exprimée il y a plus d'un siècle, est très actuelle et nous parle : ses becs de gaz, ses petits commerces victimes de la spéculation de propriétaires intraitable, ses gargotes refaites à neuf et méconnaissables qui défigurent Paris et troublent ses ‘clients de la famine', ses bourgeois endimanchés,...
D'une lecture agréable et fluide, ces ‘nouvelles' sont de bien belles promenades pour les amoureux de Paris et de son ambiance pittoresque.
Merci à Masse Critique/Babelio et aux Editions de L'Herne pour cette découverte.
Lien : https://boulimielitteraire.w..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A ce point de vue, ces nouveaux logis sont assortis aux besoins des bourgeois de notre temps. Tout pour la vanité et les plaisirs futiles et rien pour l’intelligence, encore moins pour l’âme. Ce parti pris d’un luxe de fallacieux aloi, il existe également dans la classe riche. Là, l’hôtel particulier ou l’appartement très-vaste peut être confortable, mais, là encore, la camelote existe, l’enseigne est illusoire. L’argent ne procure que le simulacre d’un bien être ; il peut y avoir beaucoup d’argenterie et de fleurs sur la table, mais qu’est-ce qu’on y boit, qu’est-ce qu’on y mange ? combien, à l’heure actuelle, parmi ceux qui ont de la fortune, possèdent un cordon-bleu qui sache vraiment préparer une sauce, combien ont dans leurs caves, de véritables eaux-de-vie et d’authentiques vins ?
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. « Pour les gens déjà vieux qui vécurent dans un monde d’hommes d’esprit, polis et gourmets, s’occupant d’art et de livres, le Paris contemporain apparaît hideux. » (p. 17)
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Ce palais que d'inconscients architectes dédièrent à la gloire de la Musique, se dresse sur l'imposante estrade du Trocadéro, comme l'un des plus véridiques emblèmes de Paris moderne.
Vue de face, cette bâtisse, construite en fer à cheval, présente une gigantesque rotonde que surmontent deux tours octogones, deux vagues minarets fenestrés, à clochetons d'or.
À l'examiner d'un peu loin, l'on dirait d'un ventre énorme et de deux maigres jambes, les pieds en l'air, chaussés de bas à jour et de mules d'or, et le dessin se complète par les deux ailes appuyées à terre, soutenant ainsi que des bras, en un périlleux équilibre, l'impudente posture de ce corps debout, la tête en bas.
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Il domine l'École militaire qui lui fait vis-à-vis de l'autre côté de la Seine, et cette caserne l'aide à parfaire l'image de la vie sociale : l'avide bourgeoisie prête à toutes les souillantes besognes qu'on paierait d'un gain ; le cupide négoce triomphant dans son orgueil et sa lésine ; la vorace juiverie enfin maîtresse, sous la protection des troupes.
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Les dame du Quartier latin, au temps où je le fréquentais, préféraient généralement l'intérieur des brasseries et des bals aux promenades sentimentales sous les arbres, et je crois bien, sans crainte d'être démenti par les gens sincères, qu'il en sera toujours ainsi, en dépit des lieux communs éternellement débités par les écrivains d'idéal et par les poètes.
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