Ce roman, qui, aux premiers abords m'avait beaucoup intéressé, m'a finalement laissé sur ma faim. On ne peut pas enlever à l'auteur ses innombrables bonnes idées, mais l'ensemble m'a semblé un peu « brouillon ». Bien que très fouillé au sujet de l'histoire des Vierges qui peuplent ce récit, il manque toutefois quelques explications à certains événements qui traversent la vie des protagonistes.
En réalité, mon plus gros problème est d'avoir adoré l'histoire de Juan Diego et de Lupe lorsqu'ils étaient enfants et de m'être cruellement ennuyée à la lecture de l'histoire adulte de Juan Diego. En effet, tout au long de cet ouvrage, je me suis demandé comment un enfant si intéressant pouvait-il devenir si plat ? La réponse est simple : ce n'est pas Juan Diego qui est intéressant, mais Lupe. Et Lupe, au contact de son frère, le rend intéressant. de ce fait, on peut dire que le personnage principal manque de relief et que ce rôle siérait à ravir à Lupe plutôt qu'à Juan Diego. D'ailleurs, l'histoire s'épuise rapidement avec l'absence de Lupe. Cette petite fille était une énigme. Une énigme qu'on avait plaisir à découvrir. Vive, optimiste, espiègle … Et médium ! C'est vraiment dommage qu'elle n'ait pas été le personnage central. L'oeuvre aurait été haletante. Les personnages d'Edward et de Flor viennent faire un pied-de-nez aux religions toujours basée sur de strictes principes et qui ne prennent que très rarement conscience des faits réels et de leurs avantages, s'il y en a. Je ne peux pas dire que je les ai trouvé attachant, puisqu'ils ont été presque survolés par l'auteur. Mais leur présence était une façon pour l'auteur de dénoncer les cultes religieux et leurs préceptes. Rivera est un personnage que j'ai adoré, bien qu'il soit très secondaire. Pour le coup, l'auteur a réussi à lui faire dégager quelque chose. Il existait. Et on avait goût à croiser sa route dans cette décharge.
John Irving a personnifié les Vierges dans son roman afin de donner de l'épaisseur à son intrigue en jouant sur les miracles … ou damnations. Mais bien que personnifiées, on ne s'y attache pas. On n'y croit pas vraiment non plus.
Le côté mystique de l'oeuvre est assez intéressante. Malheureusement, il m'a paru relativement mal mené car plutôt que d'accrocher à ces mystères, j'ai cherché à comprendre le tour de passe-passe qui aurait rendu les faits possibles. Je pense que mon état d'esprit était lié aux arnaques de Juan Diego et de Lupe. Rien de très grave, mais ça enlève une part de magie au monde créé par l'auteur. En tout cas, de mon point de vue.
Pour résumer, je dirais que cette oeuvre reste intéressante, mais n'a rien du chef-d'oeuvre auquel je m'attendais. D'ailleurs, j'ai entrecoupé cette lecture par d'autres romans … Ce que je ne fais jamais … Mais, l'ennui me guettait de trop près. J'ai toutefois apprécier retrouver des mots espagnols parsemés ici-et-là. Ils ont eu la faculté de me plonger totalement dans le décor et dans l'ambiance. le côté très pédagogique m'a beaucoup plu, puisque comme à mon habitude, j'adore apprendre de nouvelles choses en lisant. Après tout, lire n'est-il pas ouvrir une porte sur la culture ? J'ai eu la désagréable impression que ce n'était pas Irving l'écrivain de cette oeuvre, mais Juan Diego lui-même tant il manquait de dynamisme.