Cyborg 009, tome 3

J’ai préféré évacué les 2 dernières histoires de l’arc de L’Exil pour mieux me concentrer dans cette critique du tome 3 sur l’arc des cyborgs au Viêt Nam. Il faut tout de suite que Shotaro Ishinomori est couillu d’aborder du sujet de la Guerre du Viêt Nam : quand il réalise son manga, cela ne fait qu’une dizaine d’année que son pays n’est plus sous l’occupation des Etats-Unis, qui sont pleinement acteurs du conflit…

L’introduction de grande qualité, nous nous interroge de manière quasi philosophique sur la place de la guerre dans l’histoire de l’humanité : c’est d’une très grande profondeur, à fortiori pour un manga des années 1960.
Puis le mangaka nous explique la situation du Vietnam, nous rappelant que la 2e Guerre d’Indochine est d’abord et avant tout une guerre civile entre loyalistes et rebelles, alors que la 1ère Guerre d’Indochine était une révolte contre le colonisateur français (puis japonais durant la Seconde Guerre Mondiale), et que la 3e Guerre d’Indochine (qui s’étend jusqu’en 1999 !) est un conflit entre Vietnamiens et Cambodgiens soutenus par les Chinois. Je suis admiratif d’un peuple qui a su se reconstruire et aller de l’avant après un XXe siècle marqué par au bas mot 50 ans de guerres ininterrompues ...
Le personnage du frère de Lang illustre le drame vécu par le pays : le jeune patriote a rejoint les rangs de Black Ghost pour obtenir la force nécessaire pour libérer son pays, mais entre-temps il s’est tellement radicalisé qu’il est devenu un monstre qu’il hait et qu’il craint…
D’ailleurs après avoir trahi Black Ghost pour sauver sa petite sœur, 004 et 009, il préfère se suicider que de revenir au pays, redoutant plus que tout le regard de ceux qu’il a voulu à tout prix défendre… (Pleurs)
Le mangaka aurait pu tout baser sur ce dernier, mais je crois qu’il s’est autocensuré… Après tout, il était déjà en bras de fer avec ses éditeurs qui voulaient qu’il fasse du kodomo, alors je pense que le choc aurait été trop rude pour le lectorat s’il était passé sans transition du shonen au seinen… ^^

Le mangaka ne prend pas parti, même si on sent qu’il a plus de sympathie pour les rebelles du FNL / Front National de Libération / Viet Kong que pour les troupes gouvernementales. Néanmoins il montre bien qu’il y a des bons comme des méchants dans les deux camps. Ici la team 009 est là pour empêcher Black Ghost de jeter de l’huile sur le feu en vendant ses services au plus offrant…
Le gros du travail est réalisé par 009, 004 et 007, ensuite rejoints par 002, 003 et 005, dans une suite de péripéties très classiques mais bien maîtrisées : l’auteur mélange habilement les vieilles recettes des récits d’espionnage et le côté SFFF amené par ses super-héros bioniques. Et j’ai beaucoup aimé la mise en scène de l’affrontement entre 004 et le chef des cyborgmen de Black Ghost, qui emprunte si joliment aux classiques du western ! ^^


Je ne vous cache pas que bien que tout cela date des années 1960, j’ai hâte d’attaquer la suite (qui ne m’a pas déçu du tout, mélangeant mythologie et science-fiction, un mélange qui fera le bonheur des œuvres ultérieures des célèbres Go Nagai et Masami Kurumada !)