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Fabienne Duvigneau (Traducteur)
EAN : 9782743654627
288 pages
Payot et Rivages (13/10/2021)
3.35/5   43 notes
Résumé :
La jeune Natalie Waite a du mal à trouver sa place dans une famille dysfonctionnelle, entre un père écrivain médiocre mais imbu de lui-même et une mère au foyer névrosée. La noirceur s'immisce dans son esprit et dans sa vie au point que celle-ci va tourner au cauchemar.

Inspiré par la disparition (inexpliquée à ce jour) d'une étudiante non loin de l'endroit où vivait Shirley Jackson, ce roman est une exploration aussi magistrale qu'effrayante de la pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes dans l'Amérique des années 50. Natalie, la narratrice, est une jeune fille de dix-sept ans en passe de faire son entrée à l'université. Lors d'un cocktail donné au domicile familial, elle va vivre un évènement traumatisant, dont elle s'évertuera à nier l'existence. Une fois à l'université, elle a bien du mal à trouver sa place et à se lier d'amitié avec d'autres étudiants. Ses questionnements récurrents et sa quête d'identité vont égarer le lecteur dans les méandres de son esprit confus.
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Le début du récit se concentre sur l'existence de Natalie au sein de sa famille, avant son départ pour l'université. Une famille patriarcale plutôt désunie, même si, d'un point de vue extérieur, rien ne semble transparaître. J'ai ressenti une certaine passivité de Natalie vis-à-vis de son entourage. Sa mère n'a de cesse de se plaindre auprès d'elle de sujets qui la rendent malheureuse, le mariage en général, son mari en particulier. Un mari écrivain, condescendant et narcissique, qui ne fait aucun cas de l'opinion des autres. Alors, comme une échappatoire, Natalie remplit ses cahiers d'histoires, en s'inspirant de son quotidien. Des écrits qui, chaque jour, sont soumis à l'approbation paternelle, seul maître et juge en la matière.
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Une première partie déjà déstabilisante, où Natalie s'échappe de sa réalité grâce à l'imaginaire. Un imaginaire fantasmé qui peut survenir à des moments inattendus, au détour d'une conversation.
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La partie consacrée à l'université est celle que j'ai trouvé le plus intéressante. A la figure du père se substitue celle du professeur de littérature, Langdon, tout aussi égocentrique. Et à la figure de la mère, celle de l'épouse de Langdon, tout aussi malheureuse en ménage. J'ai beaucoup aimé la description du milieu universitaire à cette époque. Ici, un milieu plutôt littéraire et féminin, où la compétition sociale est rude. Mal à l'aise, plutôt introvertie, Natalie ne sait quelle attitude adopter ni comment s'intégrer parmi ces jeunes femmes, dont certaines sont particulièrement opportunistes et superficielles.
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Sous le poids de cette situation oppressante, la tension monte, jusqu'à l'arrivée de Tony, une étudiante hors des clous et affirmée, qui va entraîner Natalie dans son sillage. Une cassure dans le ton, un changement qui s'opère, une ambivalence qui peut s'avérer effrayante pour le lecteur.
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Hangsaman est un roman obsédant, qu'il est difficile de placer dans un genre en particulier. Si j'ai beaucoup aimé cette histoire, elle m'a plongée toutefois dans une certaine perplexité, car je n'ai pas vraiment ressenti d'émotions lors de ma lecture. Ce voyage dans la tête de Natalie n'est cependant pas dépourvu d'intérêt et l'écriture de Shirley Jackson y est pour beaucoup.
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Ma chronique complète est sur le blog.
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Lire Shirley Shirley Jackson, c'est marcher aux frontières du réel, accepter de ne pas savoir où l'on met les pieds, d'être dans une position inconfortable de lecture. Tout en se disant : mais comment fait-elle pour insuiner de manière si subtile et brillante ce malaise en vous ? Si La maison hantée ou Nous avons toujours vécu au château sont du registre fantastique et dans veine gothique, il n'en est rien dans Hangsaman

Nathalie a 17 ans, c'est la fin de l'été et elle vit ses derniers jours dans sa famille avant d'intégrer une université prestigieuse que son père, qui règne en maître sur les membres de la famille, a choisi pour elle. Avec son frère, ils n'ont pas d'autre choix que de subir les déjeuners amicaux de leurs parents et de jouer les enfants modèles. de nature introvertie, Natalie est donc très polie avec les invités. Elle tente de se montrer à la hauteur du monde des adultes qu'elle dissèque dans son esprit. Mais dès les premières pages, la tension est là, et on ne sait pas si l'événement traumatique qu'elle nous raconte s'est vraiment déroulé. Et ce n'est que le début...

Une fois à l'université, sa liberté et son indépendance nouvelle pourraient lui donner l'occasion de s'ouvrir aux autres. Mais rapidement, elle se sent décalée, différente, préférant observer ses congénères féminines. Et surtout se réfugier dans ses ruminations et son imagination féconde. Bientôt elle glisse dans une autre réalité, floue, trouble et inquiétante.

Quelle lecture à la fois éprouvante et jubilatoire ! Shirley Jackson explore habilement l'entrée d'une jeune adolescente dans le monde des adultes et dans celui de sa féminité, d'une manière très originale et immersive. le lecteur vit ses épreuves, ses cauchemars, ses peurs avec intérêt et surprise. 

C'est vraiment un roman étrange, déconcertant, profond, auquel je repense souvent depuis, ce qui pour moi est très bon signe. Une fois le livre refermé, je ne savais si j'avais aimé ou non. Il m'a fallu des semaines avant de m'apercevoir que ce roman m'avait davantage marqué que je ne l'aurais cru. Je pense qu'il ne manquera pas de laisser des traces et des interprétations multiples et changeantes chez son lecteur. C'est un roman que j'aurais plaisir à relire. Je ne serais pas surpris, alors, de le percevoir différemment et de le trouver encore meilleur qu'à sa première lecture

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Hangsaman de Shirley Jackson
C'est avec ce livre que je découvre Shirley Jackson et je suis impressionnée !
Natalie a dix-sept ans. Elle va intégrer l'université que son père a choisie. Elle se destine aussi à l'écriture et écrit déjà. Elle est déterminée à rencontrer la réussite qu'elle mérite. D'ailleurs son père est également écrivain et il corrige tout ce qu'elle écrit même les lettres qu'elle lui adresse de l'université. Entre son père omniprésent, très critique, orgueilleux et sa mère soumise, malheureuse en mariage, l'université aurait dû représenter une bouffée d'air.
Arrivée à l'université, elle apprécie l'indépendance, la solitude mais quelque chose cloche, elle a du mal à se positionner par rapport aux autres. Et il faut dire que dans les résidences, les filles ne sont pas tendres. Elle se rapprochera de la femme d'un de ses enseignants mais se ne sera que le début d'autres embarras.
J'aime beaucoup les histoires qui se déroulent dans les milieux universitaires américains. Avec une héroïne comme Natalie que j'ai adorée, déterminée malgré tout le poids psychologique que représente ses parents. Ce livre a été un pur bonheur.
C'est un livre immersif car l'auteure nous offre la moindre des pensées ou divagations de Natalie et réussit à nous embarquer savamment dans son univers, qui oscille entre réalité et imagination. Nathalie peut nous faire glisser dans une autre réalité quand celle qu'elle vit n'est pas à la hauteur. J'ai parfois eu du mal à déterminer de quel côté de la frontière j'étais. Ce qui ajoute un côté intrigant très intéressant.
Et le tout a été une excellente surprise!
Je poursuivrai sans faute ma découverte de l'auteure.
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Je l'ai dit en d'autres lieux, je n'ai rien compris à l'histoire mais c'est un livre génial.
Génial, parce que l'héroïne elle-même ne comprend rien à ce qui lui arrive, et que Shirley Jackson nous fait partager cette confusion avec art.
Natalie Waite, puisqu'il s'agit d'elle, est une jeune fille qui s'ennuie dans une ambiance familiale pesante. Un père écrivain qui tient à lui voir prendre la relève et dissèque ses pensées les plus intimes. Une mère malheureuse dévouée à son mari, humiliée par lui, et qui regrette chaque instant de sa pauvre vie, surtout le week-end lorsque la maison accueille les "cocktails littéraires" imposés par le maître des lieux . Un frère qui vit là, sans qu'on sache vraiment quoi partager avec lui.
Natalie Waite, donc, s'évade par la pensée. Et dans la première partie du livre, on comprend peu de choses à ses réflexions, sinon qu'elle est prisonnière de ses propres fictions, qu'elle déteste sa vie et qu'un événement particulièrement choquant manque de la briser.
On la retrouve ensuite, partant pour l'Université. Loin des siens, au milieu de filles qui lui sont étrangères et dont le milieu social est bien au-dessus du sien, elle cherche sa place. le désespoir qui l'assaille, comme tout ce qui lui arrive, est en quelque sorte prévu et même orchestré par son père, qui le lui écrit dans ses lettres. Pour endurcir sa fille sans doute, pour la pousser à tisser des relations utiles, c'est lui qui l'a inscrite dans cet univers féminin, exotique et cruel.
Un monde où la première main tendue semble une planche de salut. Ce sera la main de Tony, dans la troisième partie du livre. Mais certaines amitiés vous coupent de tout le reste, et Natalie s'éloigne de plus en plus de la réalité...
Une lecture vraiment captivante, que je me permets de vous recommander si vous n'avez pas tout occulté de votre propre adolescence. Une lecture qui fait mal, toutefois, tant l'autrice est habile à nous plonger dans son univers.
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Critique parue dans le Bifrost n°105

À la vue de la couverture de ce roman inédit en français de Shirley Jackson, difficile de ne pas penser à celle du Bifrost 99, consacré à l'autrice de la Maison hantée. L'auteur en est le même, Miles Hyman, son petit-fils, également auteur d'une version illustrée de la fameuse nouvelle « La Loterie ».

Hangsaman raconte l'histoire de Natalie Waite, dix-sept ans, sur le point de rejoindre l'université et présentée comme ayant un rapport au monde « différent. » Son père, écrivain, autoritaire et peu prolifique, lui impose d'incessants exercices d'écriture. Il y a également son frère et sa mère, constamment inquiète. Celle-ci reste au second plan la majorité du temps. Suite au départ de Nathalie de la maison, nous la suivons dans la découverte de la vie d'étudiante.

Hangsaman est une plongée, tantôt amusante, tantôt effrayante, dans la psyché d'une jeune femme habituée à inventer des mondes. La narration nous livre ses pensées, avec toutes les digressions imaginables, mais également avec tous les non-dits. Il faut s'habituer à bien différencier ce qui se dit entre guillemets ou derrière un tiret, et ce qui est intégré à la narration. Mais l'affaire n'est pas aussi simple, et rien n'est jamais sûr dans ce roman. Un événement traumatique est violemment imposé à Natalie dans le début de l'histoire. Point de départ de ses divergences ? A priori non, mais faut-il se fier à son rapport au temps ? Qu'arrive-t-il réellement à Natalie ? Qui est-elle vraiment ? Est-elle vraiment ? le vrai : tout un programme dans l'esprit de l'étudiante. Où est le réel ? Une question pour elle, mais tout autant pour nous…

La relation fille-père, puis fille-père de substitution est au coeur du roman. Natalie, une fois à l'université fréquente de rares autres jeunes femmes, mais la superficialité reste de mise, jusqu'au dernier tiers. Shirley Jackson croque ainsi avec mordant l'hypocrisie. Celle de la famille, celle des « amis », celle du milieu universitaire. le malaise des faux-semblants, omniprésents dans la majorité des interactions de Natalie, est encore plus déstabilisant quand on le vit au travers d'une des protagonistes. L'enfer des autres, de leurs regards, de leurs opinions, de leurs ricanements mais aussi de leurs envies de parler, de leurs attentions, de leur simple présence.

Shirley Jackson tisse sa toile et nous laisse nous dépêtrer au sein de son labyrinthe, tout en faisant régulièrement miroiter une sortie. Pour autant, Hangsaman n'est pas franchement un roman de genre. Il y a bien des choses étranges qui peuplent ses pages, une ombre entraînante ou un arbre prenant des nouvelles, mais pas assez pour pleinement l'ancrer dans le fantastique. La lecture s'avère exigeante si l'on veut à tout prix comprendre l'enchaînement logique des faits, plaisante si l'on se détache d'aussi basses considérations que la compréhension. Car la plume de Shirley Jackson est riche et peu avare en images savoureuses et descriptions piquantes. À savourer donc, si vous aimez avancer dans le brouillard.
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critiques presse (1)
Elle
09 janvier 2022
Drôle, inquiétant, original, Hangsaman dépeint avec une éblouissante modernité le trouble de la fin de l'adolescence.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Natalie était muette de terreur à l’idée de rester seule avec sa mère ; au moment où celle-ci ouvrait la bouche pour parler (peut-être afin de s’excuser avant de quitter la table ; peut-être redoutait-elle tout autant un tête-à-tête avec Natalie), Natalie se dépêcha de bredouiller : « J’ai plein de choses à faire  », s’éclipsa sans la moindre élégance par la porte-fenêtre derrière sa chaise et descendit les marches en pente douce qui conduisaient au jardin.
Le jardin n’était pas son endroit favori au monde ; elle aurait préféré, par exemple, être seule dans sa chambre avec la porte fermée, ou assise sur l’herbe au bord d’un ruisseau à minuit, ou, si on l’avait laissée complètement libre de choisir, debout, immobile, contre une colonne dans un temple grec ou à bord d’une charrette tombereau à Paris ou au sommet d’un gros rocher isolé dominant la mer, mais le jardin était plus proche, et son père était content de la voir se promener le matin parmi les roses.
« Votre âge ? demanda l’inspecteur ? Profession ? Sexe ? »
C’était une matinée splendide, et le jardin semblait se réjouir. L’herbe s’était épuisée pour déployer un tapis plus vert que d’ordinaire devant les pieds de Natalie, les roses étaient lourdes, odorantes et dignes d’être offertes à quantité d’amoureux, le ciel était bleu et serein, comme s’il n’avait jamais connu une larme. Natalie sourit en secret, raidissant les épaules sous son mince chemisier blanc, agréablement consciente d’elle-même depuis la ligne horizontale de ses épaules jusqu’à ses pieds loin au-dessous, de sorte que, adossée au mur solide, intangible, de l’air, elle était une chose menue, gracieuse, toute d’acier délicatement capitonné. Satisfaite, elle prit une profonde inspiration.
«  Allez-vous parler maintenant  ?  » insista l’inspecteur en haussant le ton, bien qu’il conservât sa voix dure, métallique, et parfaitement maîtrisée.
« Croyez-vous que vous pouvez, seule, vous opposer aux forces de police, au pouvoir et au poids d’une autorité dûment constituée, vous opposer à moi ? »
Un délicieux petit frisson parcourut l’échine de Natalie.
« Je suis peut-être en danger à chaque instant de ma vie, répondit-elle à l’inspecteur, mais je suis forte à l’intérieur.
–  C’est une réponse, ça ? rétorqua l’inspecteur. Et si je vous disais qu’on vous a vue ? »
Natalie leva fièrement son visage vers le ciel.
« La gouvernante, souffla l’inspecteur, dans un murmure sournois qui faisait l’effet d’une gifle. Elle a témoigné – sous serment, notez bien, Miss Waite, sous serment  – vous avoir vue franchir la porte d’entrée quinze bonnes minutes avant que vos cris n’attirent la maisonnée dans le bureau où vous vous teniez debout près du cadavre de votre amant. Eh bien, Miss Waite ? Eh bien ? »
Natalie articula avec peine : « Je n’ai rien à dire.
–  Que penser à présent de votre déclaration, Miss Waite  ? continua impitoyablement l’inspecteur. Votre précieuse déclaration selon laquelle vous étiez seule dans le jardin ?
– Je n’ai rien à dire, répéta Natalie.
– Répondez-moi, Miss Waite », poursuivit implacablement l’inspecteur d’une voix douce et diabolique en approchant son visage cruel de celui de Natalie.
« Répondez-moi… Doutez-vous de la parole de la gouvernante  ? Osez-vous prétendre qu’elle ment ? La croyez-vous incapable d’estimer le temps écoulé ? »
« Dix heures, Natalie, lança Mrs. Waite depuis la porte-fenêtre.
– J’arrive ! » Parce qu’elle courait toujours au lieu de marcher, Natalie survola l’escalier d’un bond –  comme un chevreuil, pensa-t-elle en sautant – et rentra dans la maison. « Où est mon cahier ? » demanda-t-elle à sa mère, puis elle fila sans attendre la réponse ; son cahier se trouvait sur la table du vestibule, là où elle l’avait laissé ce matin en descendant prendre le petit déjeuner. Elle l’attrapa et frappa à la porte du bureau.
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Mr. Arnold Waite - mari, père, homme de parole - se renversait toujours contre le dossier de sa chaise après sa deuxième tasse de café au petit déjeuner et considérait sa femme et ses deux enfants d'un air incrédule. Sa chaise était placée de telle sorte que, lorsqu'il inclinait la tête en arrière, la lumière du soleil, été comme hiver, éclairait ses cheveux qui ne vieillissaient pas d'une lueur à la fois angélique et indifférente - indifférente car, à l'instar de Mr. Waite, cette lumière n'estimait pas indispensable de nourrir une quelconque croyance pour continuer son existence. Quand Mr. Waite tournait la tête pour regarder sa femme et ses enfants, la lumière se déplaçait avec lui et jetait des motifs fragmentés sur la table et le plancher. (11)
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Quand de nouveau elle n'obtint aucune réponse, elle éprouva soudain la peur élémentaire que l'on a d'une personne qui ne parle pas lorsqu'on s'adresse à elle, et nie ainsi que l'une et l'autre sont dotées d'une santé mentale identique ; l'autre est alors cette personne qui, attendant et riant, décide en secret et se réjouit de dévorer son semblable.
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« Elle a rêvé, elle a rêvé qu’elle était une première année et qu’il y avait quelque chose qui s’appelle une initiation, elle parle en boucle d’une histoire de meurtre, elle demande sans cesse comment elle s’appelle, elle a l’air de ne pas savoir où elle est… ») « Je suis une première année », dit-elle à voix haute et, soudain excitée, elle sauta du lit et enfila un peignoir. « L’université », se dit-elle avec cynisme, en se dépêchant de nouer la ceinture du peignoir, une « initiation », en glissant ses pieds dans ses pantoufles. Elle ouvrit sa porte, prudemment… Toutes les lumières étaient allumées dans le couloir rempli de filles en peignoir, anxieuses et intriguées.
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Elle avait envie de chanter et c’est ce qu’elle fit, sans bruit, la bouche collée à la vitre embuée du car, pensant tout en chantant : Et la première fois que j’ai vu Natalie Waite, la créature la plus fabuleuse de notre temps, incroyablement talentueuse, si vive, d’une légèreté presque enfantine… la première fois que je l’ai vue, elle était assise dans un car, exactement comme vous et moi pourrions l’être, et pendant un moment, au début, je n’ai pas remarqué la richesse de sa personnalité… et puis elle s’est tournée et m’a souri. À présent que j’ai découvert qui elle était – l’actrice la plus fabuleuse et la plus talentueuse (meurtrière ? courtisane ? danseuse ?) de notre temps ou peut-être de tous les temps –, je vois plus clairement ses charmantes contradictions –, son humour, ses accès de mauvaise humeur, qui flambent si facilement et qu’elle contrôle par sa volonté de fer ; son cynisme et son pessimisme (après tout, elle a souffert, peut-être plus que tout autre, en subissant l’affront et les flèches d’une fortune outrageante1), son esprit sublime, tellement plein d’informations, de poches profondes inexplorées qui recèlent des pensées plus étincelantes qu’aucun bijou…
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