Cet ouvrage historique est d'un premier abord trompeur. La couverture (hideuse) composée de portraits de
François Ier,
Louis XIV ou
Louis XVI, et d'un buste de
Robespierre, tous tirés d'images wikipedia décolorées, laisse mal augurer du livre. le titre orienterait le sujet vers les phases de jeunesse et d'apprentissage qui ont façonné ces personnages historiques. le contenu n'est pas vraiment cela. Certes Jamet détaille la formation – parfois minimale – et la participation des jeunes souverains aux choix politiques faits par leurs tuteurs / tutrices durant leur jeunesse, mais l'analyse ne s'arrête pas là. Ce qui intéresse l'auteur, c'est l'exercice du pouvoir. Jamet suit pas à pas, leur vie durant, chacun des monarques Bourbons de
François Ier à
Louis XVI et s'attarde avec
Robespierre sur un des principaux révolutionnaires. Chacune de ces mini-biographies débouche sur des portraits parfois peu flatteurs.
Contrairement à l'historiographie habituelle, Jamet pose un regard très critique sur le règne de
François Ier. Loin du roi-chevalier amateur des arts, c'est plutôt le grand benêt deviné en sa jeunesse par Louis XII qui s'impose. Erreurs stratégiques lors des guerres d'Italie, goût du faste, capacité à mentir ou se parjurer, avidité familiale face aux biens du connétable de Bourbon, précipitant le plus brillant chef de guerre français à rejoindre le camp de Charles Quint. Que dire aussi de l'envoi de ses fils en otage en Espagne…
Jamet est plus nuancé sur
Louis XIII. Empêché de connaître des affaires de l'État lors de la régence de sa mère Marie de Médicis, il comprend intuitivement qu'il a tout à gagner à utiliser le prélat que sa mère involontairement lui présente : le cardinal de Richelieu. Un bon choix pour la France, et pour son souverain...
Les troubles de la Fronde passés,
Louis XIV enfant-roi, apprend de Mazarin, pour définitivement ne plus supporter la moindre concurrence. Sa stratégie vis à vis des hauts princes et nobles, les limitant à des jeux de cour, lui a permis d'imposer son absolutisme. Mais l'absence d'avis contraires l'a conduit à enchaîner des mauvais choix, jamais assumés (révocation de l'édit de Nantes, désastreuses guerres extérieures, ...).
De Louis XV, Jamet ne garde que l'homme à femmes, manquant de cohérence en tout.
Le portrait de Louis XVI est plus contrasté. Pas destiné à devenir roi, peu aimé de ses parents, c'est néanmoins un garçon bien formé qui accède au pouvoir. Mais qui s'énerve dés qu'on conteste son autorité, pour mieux accéder, dès qu'il se calme, aux demandes répétées. Un faux dur, plein de bonne volonté, mal entouré, et ne percevant rien de l'opinion.
Après cette galerie de portraits des rois Bourbon, Jamet enchaîne sur un survol de la Révolution, la jeunesse de ses participants, leur totale inexpérience politique, qui va les amener à s'opposer entre ceux qui songent à une monarchie constitutionnelle, vites débordés par ceux qui prétendent représenter le peuple (de Paris) en s'attaquant au fondement même de la démocratie parlementaire : l'inviolabilité des représentants du peuple, passés les uns après les autres à la guillotine.
L'auteur conclut par une partie consacrée à
Robespierre qui s'attarde sur les dernières semaines de la Terreur, ou comment l'Incorruptible a pu penser continuer à épurer les rangs de l'Assemblée, sans que ne se fomente même parmi les plus excessifs de ses amis Montagnards une opposition à sa personne (et aux listes de contre-révolutionnaires à arrêter qu'on lui prêtait). Les pages consacrées aux derniers jours de
Robespierre sont très intéressantes, en ce qu'elles montrent une forme d'assurance excessive, de naïveté aussi, de sa part.
Loin d'un pesant ouvrage historique, Jamet se permet quelques anachronismes dans la prose, des formules d'aujourd'hui, des commentaires liés à notre vie politique. Loin de gêner, cette présentation « actualisée » rend le texte plus vivant. Elle pourra toutefois heurter les plus exigeants en matière historique. de même, l'auteur ne cache pas ses opinions (souvent négatives) sur les monarques étudiés. Mais il apporte à chaque fois des éléments factuels précis, qui illustrent sa présentation. Cet ensemble constitue donc une vision d'ensemble de ce qu'était le pouvoir, et les façons de l'exercer, sous l'ancien régime et aux débuts de la Révolution.