Un témoignage du plus grand intérêt d'un enfant dans la seconde guerre mondiale: le contraste entre les privations à Paris et le pays de cocagne que se révèle être le Poitou, les disputes entre frères et surtout le parcours singulier du père, intellectuel socialiste et pacifiste que ses convictions (et sa soif de reconnaissance) poussent à prendre des positions solidement étayées grâce à son talent dialectique et rhétorique, mais au fond absurdes et, à bien des égards, dépourvues de toute humanité, l'abstraction ayant pris le pas sur toute considération de bon sens.
Ce récit est servi par un style classique et élégant, et constamment rehaussé d'une agréable ironie et de trouvailles de style localisées (détournement d'expressions, antiphrase…).
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Ce livre change des récits habituels sur la seconde guerre mondiale.
La vie s'organise dans la capitale et c'est loin d'être facile, à la campagne c'est les vacances, le rêve.
C'est ce quotidien que raconte ce garçon de cinq ans qui doit subir un père idéaliste loin de se préoccuper des réalités journalières.
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Grand plaisir.
J'adore son écriture.
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La joyeuse rentrée 1943, dans ma mémoire, c'est ça: des histoires de pension alimentaire, de légitimation, d'argent, les apparitions tardives de monsieur Moustier, des bébés qui braillent, des femmes qui pleurent, un homme qui crie, et nous, dans ce grand appartement lugubre où nous nous terrons comme des bêtes, où nous vivons comme des porcs.
Comment peuvent-ils s'aimer alors qu'ils ne s'estiment pas, et proclament constamment toutes les raisons qu'ils ont de se haïr? Je ne me trompe pas. Ils ne s'aiment pas. Chacun aime chez l'autre que les satisfactions qu'il en tire. Ils vivent une grande histoire de plaisir solitaire à deux. Que peuvent-ils bien faire ensemble, qui les attache malgré tout l'un à l'autre?
L'amour.
Et ce ne sont pas seulement les Allemands qui nous ont envahis. Leur langue, omniprésente, fait elle aussi partie de notre vie, où elle s'est agglomérée à tous ces mots qui vont, viennent, reviennent et font la trame de nos jours: Stalag, Oflag, Kommandantur, Luftwaffe, Kriegsmarine, Chleuhs, Fritz, Frisés, Frisous, Fridolins, zone occupée, zone nord, zone sud, zone libre, ligne de démarcation, Ausweis (prononcé ausvèsse), papiers, cartes d'alimentation, cartes de pain, points, tickets, restrictions, rationnement, ravitaillement, ersatz, rayonne, fibranne, dernier métro, couvre-feu, exode, front de l'Est, mur de l'Atlantique, marché noir, alertes, Milice, maquis... Gestapo (que la plupart des gens prononcent Jestapo). Le vocabulaire, comme les contes, a revêtu sa robe couleur du temps...
Pour lui, le cadre des grands principes, simple er de bon goût, est défini une fois pour toutes ainsi: l'homme a tous les droits, la femme aucun, l'homme lit les livres, la femme coupe les pages...
Semblable aux émigrés rentrés en 1815 sans avoir rien appris ni rien oublié, elle a la Restauration vindicative.
Il est un des rares, très rares, trop rares journalistes dont on peut écrire, sans risque d’être démenti, qu’il a du talent, des idées et du courage. Qu’il a toujours préféré ses opinions à son confort, ses convictions à sa réputation. Rencontre avec un journaliste libre, tout simplement libre. www.revue-medias.com