Je vais être directe: ce roman m'a agacée. Il est extrêmement rare que je formule une critique frontale, mais je ferai ici une exception, car j'ai vraiment envie de vous en parler.
Ce titre "
Française" et cette couverture rappelant joliment Marianne, apportaient d'emblée leur lot d'ambiguïté et d'interprétation.
La narratrice omniprésente, Kelly, est vulgaire, nymphomane, caricaturale, souvent insupportable car hystérique, giflant tous les hommes qui l'impatientent. Si telle est la définition de la "
française" par
Alexandre Jardin, eh bien elle est loin d'être flatteuse... soit, la littérature n'est pas là pour nous réconforter... cependant Kelly aurait pu être ce genre d'héroïne qu'on adore détester, malheureusement ça ne fonctionne pas ici, comme une grande partie du roman d'ailleurs.
Alexandre Jardin commence par un avertissement au lecteur qui d'emblée m'avait semblé démago- comme une nécessité pour lui de justifier sa démarche et son curieux changement dans son rapport au monde, ce besoin de parler soudainement du peuple, endossant sa cape de pourfendeur des politiques de l'injustice. Ca sentait déjà l'artificiel...
Le reste est une accumulation de caricatures du quotidien qui sonne faux. Prouvant ainsi que parler et donner la parole au peuple fatigué n'est pas un exercice facile, y compris pour
Alexandre Jardin qui est loin d'être un débutant.
Je pense pourtant que son intention est sincère, qu'il n'a pas cherché à se donner bonne conscience (en tout cas je l'espère!), et qu'il a été sensible aux diverses crises sociales et identitaires de notre pays. Toutefois, la mise en oeuvre est au minimum maladroite, accumulant les clichés et surtout les sujets- il semble vouloir tout aborder, à l'excès et face à un lecteur qui finit au mieux par s'en lasser, au pire par être écoeuré par cet agrégat de pseudo-vérités.
Le propos est résolument politique mais superficiel et parfois ambigu.
Le style est en inadéquation avec les sujets abordés et les personnages souvent caricaturaux. A force de vouloir faire vrai,
Alexandre Jardin grossit le trait et tombe parfois dans le ridicule.
Ces thèmes qui constituent le coeur de notre société, celle des "faiseux" ou des "zèbres" comme les appelle
Alexandre Jardin, méritent un tout autre traitement. Pour ma part, je préfère lire
Nicolas Mathieu ou
Joseph Ponthus par exemple.