En tous lieux, en tous temps, des jardins. Occident, Orient, toutes les sociétés qui le purent, Aztèques, Incas, Grecs, Egyptiens, Babylonien, Arabes, Romains, Chine, Japon firent des jardins. Il y a quelque chose de troublant à observer cette universalité, cette permanence : les jardins meurent, sont détruits - par les hommes, les éléments -, disparaissent mais toujours quelqu'un, quelque part, ailleurs, les redessine, les recrée, neufs, différents - reflets des goûts, des aspirations d'une époque, d'un moment, d'une mode. Semblable au Phénix le jardin sans cesse renaît de ses cendres. Ce besoin, cet intérêt, cette passion, est-ce l'appel d'un lieu natif, de notre place originelle ? Le souvenir inscrit en nous, au plus profond de l'être, du jardin initial - lieu de délices - qui, à notre insu revient et nous pousse à retrouver cet accord fondamental ? p. 88
Propos de jardins, Claude Dourguin.
Ainsi, à l'instar du lieu dont il s' occupe et à qui il voue une grande partie de son être et de son temps, le jardinier n'a pas grand chose à voir avec la modernité. Humble, presque effacé, il est un des derniers dissidents du monde moderne, l'un des rares qui ose désobéir et vivre selon leurs principes à eux, pas ceux qu'impose la société. Et ce qui le rend plus touchant, à mes yeux, est le fait qu'il n'en est même pas conscient. Un rebelle malgré lui ! En cela aussi, il est proche du poète, mais aussi du bohémien et du voleur (p. 20).
Extrait de Jorn de Précy, The Lost Garden, 1912
Le jardin commence au moment où un homme foule son sol et s'avance dans l'espace du végétal, du minéral. Son action se fixe dans la terre et les infimes réalités que ses pas ont rencontrées portent mémoire de sa présence.
Giuseppe Penone, p. 7
La mandragore
[•••] Si un homme, soit sous l'effet de pratiques magiques, soit à cause de sa propre ardeur, à perdu toute retenue, qu'il prenne une partie de mandragore en forme de femme, purifiée dans une fontaine, comme je l'ai dit plus haut, qu'il la garde attachée, trois jours et trois nuits entre la poitrine et le nombril ; puis qu'il divise ce même morceau en deux parties : qu'il en garde une attachée trois jours et trois nuits sur chaque hanche ; mais qu'il réduise en poudre la main gauche de cette silhouette, qu'il ajoute à cette poudre un peu de camphre, qu'il la mange et il sera guerri. [•••] p. 71.
Hildegarde Von Bingen (1098-1179)