quand je prends le métro, quotidiennement, l'une des choses qui pour moi en adoucissent l'ennui et me permettent de n'en pas sentir la fatigue, c'est le petit plaisir de voir apparaître et disparaître, indéfiniment, des gens que je n'ai jamais vus et que je ne reverrai jamais plus. Et, comme Paris est la ville la plus visitée du monde, le défilé n'est pas prêt de se tarir, au point même qu'il peut être considéré comme un échantillon, certes dérisoire et non représentatif, des six milliards d'habitants de la planète. (p.55)
Mais, justement, si métro et tour Eiffel se sont beaucoup reproduits à l'identique en maintes villes de la planète, n'est-ce pas l'indice qu'ils sont des archétypes universels ?
Comment se fait-il que ces deux endroits, parmi les plus typiques du paysage parisien et de la vie parisienne, soient devenus à ce point des hauts lieux du suicide ? (p.10)
Trente ans plus tard, en découvrant que j'ai été séminariste et que je ne me suis jamais marié, que je n'ai même jamais vécu en couple, ni avec une femme ni avec un homme, on me demande parfois ce que je préfère. Les femmes ? les hommes ? ou la chasteté ? je réponds toujours: "les trois". (p.42)
Rencontre avec Georges-Noël Jeandrieu, auteur de "Vingt-cinq ans où je me trouve", paru chez Stock.