Bienvenue dans le monde "merveilleux" de Wall Street en plein coeur des années 90 !
Cath, la narratrice, vient de se faire embaucher par une banque d'affaires pour rédiger les discours de ses dirigeants. C'est l'immersion dans un monde inconnu, celui de la finance qui recèle de gros acabits aux ego surdimensionnés. Entre les petits chefs, dont la prétention atteint des sommets, et Cath, il y a un gouffre. Elle observe les relations des uns et des autres, chacun tentant de tirer son épingle du jeu, chacun surfant sur une hypocrisie à tous les étages. La nouvelle venue prend donc place dans tout ce système inébranlable car solidement en place, elle se fraie un chemin slalomant entre toutes les petites politiques internes et les magouilles des hauts placés. Quelle plaie que d'aller de l'un à l'autre, de ménager les sensibilités, de garder sa place en bas de pyramide ! Oui le parcours de Cath est loin d'être des plus aisés. Complètement novice en matière de finance elle va devoir réviser ses manuels pour pouvoir tenir une discussion et être à la pointe de l'information.
En parallèle Cath nous embarque dans des bouts de sa vie personnelle qui part en vrille. Son mari, Bailey, atteint de la maladie d'Alzheimer, oublie de plus en plus et a besoin d'une assistance de tous les instants.
C'est un livre fort où on ressent l'angoisse d'une Cath qui vogue en eaux troubles entre un mari redevenant comme un enfant et le monde des finances, trop grand, trop codifié pour elle. On salue son courage de toujours garder la tête haute quels que soient les obstacles qu'elle rencontre. Quant à cette immersion dans le monde des finances on y prend part avec des yeux ronds car tous les énergumènes qu'elle croise là-bas (ces férus de chiffres complètement déconnectés) ont l'impression de vivre la vie en grand, de diriger quelque part un peu le monde et ils semblent finalement bien peu de chose en comparaison des grands maux décrits tout au long du livre : la maladie, la précarité, la mort...
Un roman très abouti qui engendre de nombreuses questions car, à travers l'expérience de Cath, on se rend compte que prendre des risques, comme cette plongée dans l'inconnu, est à la fois extrêmement angoissant et courageux !
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J’ai saisi cette vérité : sans la mémoire, nous ne sommes rien. J’ai également appris que cette maladie n’était pas une lente glissade, un long au revoir vers le néant, mais s’apparentait plutôt à une descente heurtée, à l’intérieur d’un ascenseur fonctionnant mal, vers un état proche de l’enfance. Une enfance imaginée par Goya ou Buñuel. Ou par George Romero.