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EAN : 9782235008044
Tallandier (29/11/1979)
5/5   1 notes
Résumé :
Pauvreté volontaire, détachement, joie paisible, louange de la création, profond amour du prochain furent autant de manifestations d'un retour à l'Évangile...
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Un ouvrage de toute beauté, teinté de poésie et de légende, écrit de main de maître, "biographique" et "hagiographique" à souhait, propre à réjouir le coeur de ceux qui sont en quête de bons et beaux exemples. Saint François d'Assise, sa vie et son oeuvre, dans la réédition de 1979 placée par les éditions Jules Tallandier dans la collection Figures de proue du Moyen-Âge, est vraiment un chef-d'oeuvre, à mi-chemin de la littérature et de l'histoire (romancée). C'est si beau que l'on n'osera pas se montrer trop critique et que l'on invitera le lecteur à s'en saisir.
À l'origine, l'ouvrage de cet auteur danois, né en 1866 et décédé en 1956, avait été publié en 1907 au Danemark et traduit en français pour les éditions Perrin en 1909.
Jorgensen était un poète amoureux de la nature. Protestant peu convaincu, il se laissa convaincre par un ami peintre de confession juive de passer au catholicisme, et cela grâce à l'admiration qu'il vouait à la figure lumineuse du Poverello d'Assise et grâce à un pèlerinage dans cette magnifique cité de l'Ombrie . Rencontre peu étonnante quand on sait que Saint François fut lui aussi un poète à ses heures et à sa façon et qu'il vouait un véritable "culte" à la nature, aux éléments, aux astres et aux animaux, considérés comme des créatures divines et désignés comme des "frères". Aussi Jorgensen fait-il une bonne place à toutes les petites légendes, historiettes et anecdotes que l'on peut trouver dans les Fioretti et ailleurs et qui mettent en scène les uns ou les autres. Certes, ces écrits sont postérieurs à la vie du saint et peuvent être considérés comme sujets à caution parce qu'évocateurs de miracles et prodiges dont on n'est pas certain. Mais ils collent tellement bien au saint qu'on veut bien les recevoir comme paroles d'évangile. Et d'ailleurs, c'est bien l'un des propos de l'ouvrage de Jorgensen que de rapprocher les épisodes de la vie de François - et qu'il essayer de dater et contextualiser - de ceux de la vie et de la mission du Christ, le Poverello ayant eu à coeur de marcher dans les pas de Jésus, Dieu fait homme, avec amour et humilité, jusque dans l'épisode de la marque reçue des stigmates.
Du marchand de draps et d'étoffes Pietro Bernardone dei Moriconi, il nous trace un portrait saisissant pour rendre encore plus attrayant celui de son fils, qui s'adonna d'abord aux plaisirs et qui versifiait peut-être en français, généreux avec l'argent familial et peu enclin à montrer qu'il saurait un jour faire fructifier les affaires des Bernardone. L'image est comme les peintures de Giotto qui décrit Giovanni se dénudant et se réfugiant symboliquement dans les bras de l'évêque d'Assise, qui le couvrit de son manteau,comme si l'Église était l'ultime refuge de ce garçon, qui rendant tout ce qui lui appartenait à son père, devenait ce François en rupture avec l'idéal chevaleresque qu'il avait caressé en essayant de rejoindre l'armée de Gauthier de Brienne. le voici à présent - nous sommes en 1206, il est né vers 1182 - pauvre parmi les pauvres (Dame Pauvreté est sa compagne) et illuminé par la parole du Christ, et qui va bientôt se faire missionnaire, puis chef de communauté et fondateur d'ordre dont la règle est reconnue par le pape Innocent III. François qui avait réparé de ses mains plusieurs chapelles - entre autres San Damiano et la Portioncule - est apparu de nuit en rêve au Souverain Pontife comme celui qui de sa personne se faisait le sauveteur de l'Église en l'empêchant littéralement de s'écrouler : faut-il voir dans la façon de faire de François la bonne démarche pour évangéliser des contemporains dont certains se laissaient gagner par le poison du manichéisme ? En tout cas, son exemple était doux, à l'opposé de ce que faisaient des prélats qui s'enrichissaient sans honte et allaient bientôt lancer des Croisades contre les Cathares. Inquiet de voir son ordre tenté de suivre les mauvaises habitudes d'autres ordres monastiques - acceptation de dons en terres et immeubles, quête de la connaissance, du savoir - il exhorta les membres de l'ordre franciscain à conserver comme leur trésor l'idéal de pauvreté, et la division du groupe en deux clans partagés lui laissa une blessure profonde, fracture qui devait se faire plus nettement encore après sa mort et l'on verra un courant de Spirituels refuser les activités intellectuelles tolérées par d'autres.
Mais si Jorgensen ne masque pas ce drame, il s'attache surtout à la beauté de la geste franciscain, nous décrit avec talent la rencontre avec le sultan Al-Kamil en Égypte vers 1219, à qui il vanta les mérites du christianisme, sans parvenir à le convaincre, et surtout il nous émeut lorsqu'il en vient à nous présenter la constitution de la première crèche - vivante - à Greccio vers 1223. Une série de tableaux comme ceux-là et celui plus douloureux des Stigmates reçus sur l'Alverne en septembre 1224 donnent toute leur beauté au livre de Jorgensen, qui fut lu par des générations de catholiques, touchés jusqu'au coeur par ce magnifique portrait d'un homme exceptionnel à force de sainteté et de vie édifiante, et qui mourut en octobre 1226, laissant l'empreinte d'un véritable disciple du Christ en plein XIIIème siècle. On peut lire avec plaisir cet ouvrage, qui est plus celui d'un poète et d'un homme de foi que d'un propagandiste et qui a su faire son miel des recueils des principaux témoins de la vie et de l'oeuvre de François d'Assise : Tomas de Celano, Bonaventure et Frère Léon, le confesseur et ami du Saint homme.

François Sarindar, auteur de Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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