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EAN : 9782070756247
215 pages
Gallimard (05/10/1999)
3.71/5   24 notes
Résumé :
j'ai toujours été fasciné par le personnage de saint François d'Assise, l'un des plus impressionnants en son temps et jusqu'aujourd'hui de l'histoire médiévale.
D'abord par le personnage historique qui, au cœur du tournant décisif du XIIe au XIIIe siècle, où naît un Moyen Age moderne et dynamique, fait bouger la religion, la civilisation et la société. François a joué un rôle décisif dans l'essor des nouveaux ordres Mendiants, diffusant un apostolat pour la n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Né en 1181 ou 1182 et décédé en 1226, François d'Assise a traversé un Moyen Âge en pleine mutation, marqué par la fin de la féodalité. « Son succès va venir de ce qu'il répond à l'attente d'une grande partie de ses contemporains, à la fois dans ce qu'ils accueillent et dans ce qu'ils refusent. » (p. 35) L'homme, jugé saint de son vivant par les populations qu'il fréquentait, prônait une vie pleinement apostolique pour les laïcs, arpentant inlassablement les chemins d'Italie, mais aussi du nord de l'Afrique. Premier dans l'Église à vraiment donner une place aux femmes, aux enfants et à la nature en général, François juge que toute la Création est digne d'attention. « L'apostolat de François [...] s'adresse à tous. Ce souci missionnaire, François l'ancre dans un besoin profond d'embrasser, globalement et énumérativement la société toute entière. » (p. 141) Ce que l'on retient aussi du saint, c'est qu'il prônait l'abandon des biens, qu'il a été marqué par les stigmates et qu'il a créé un nouvel ordre. Canonisé en 1228 par Grégoire IX, l'ancien cardinal Ugolini qui était son protecteur, François d'Assise traverse les siècles et sa pensée reste étonnamment moderne, même s'il reste peu de textes du saint. « François n'a pas été un écrivain, il a été un missionnaire complétant par quelques écrits un message dont il avait exprimé l'essentiel par la parole et par l'exemple. » (p. 94) L'homme vivait sa foi : son désir d'évangéliser les laïcs était une mission d'amour et de fraternité, fondée sur le dépouillement et le don de soi total. « Son modèle est évidemment l'humilité de Jésus. C'est la soeur de la pauvreté. » (p. 219)

Les textes de Jacques le Goff sont éminemment érudits, mais accessibles. Ils dressent la revue d'une époque par le prisme du franciscanisme. L'ouvrage est passionnant et a nourri mon affection pour François d'Assise, saint dont mon coeur est proche tant je partage son amour de la Création. Antispéciste et inclusif avant l'âge, François ? Peut-être...
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J'ai été louveteau entre huit et douze ans. Notre cheftaine se prénommait Françoise, mais pour satisfaire à la geste "kiplinguienne", elle se faisait appeler Akeela.
C'est par elle que j'ai entendu parler la première fois de saint François d'Assise, dont elle nous a dit qu'il était le patron des louveteaux.
Une curiosité nostalgique et joyeuse s'est emparée de moi à la lecture du livre de Jacques Legoff.
Plus qu'une simple biographie, il nous donne une image re-visitée d'un homme qui a su s'inscrire dans une période riche en bouleversements, faisant en sorte de les faire accepter par une Eglise souvent peu encline à changer.
Pour reprendre les mots de Jacques Legoff, François est : "Mi-religieux, mi-laïc, aux marges de l'église sans tomber dans l'hérésie, révolté sans nihilisme"
Fasciné par ce personnage hors norme, l'auteur a réuni dans ce volume plusieurs textes qu'il avait consacré à Saint François d'Assise entre 1967 et 1981.



Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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J. le Goff nous dépeint avec une grande rigueur un Saint François d'Assise qui fut un être humain d'envergure, précurseur en son temps, une personne de haute “spiritualité” et de plain-pied dans son époque. Il se dégage à la lecture de cette biographie, une force dans la dimension du personnage, devant laquelle l'auteur nous porte, vers une admiration certaine.
Je suis resté à la lecture de plusieurs passages, pantois devant la “modernité” des problématiques abordées par St. François, et d'une profonde perplexité devant sa partielle et vaine tentative d'infléchir vers une spiritualité plus ouverte, plus proche au monde “laïc” (souvent d'humble condition), et fraternelle à la Vie. La récurrence du sujet sept à huit siècles plus tard donne la dimension de l'improbable incapacité d'évolution de l'Église ! Et l'on devrait dire des “confessions religieuses” dans l'ensemble !
Dans la première partie sont relatées les relations très tendues avec la papauté et les extrêmes difficultés auxquelles s'est butté François dans ses souhaits d'établir une dynamique renouvelant l'approche de l'héritage de Christ, en son époque et sa géographie sociétale.
Loin des lieux communs des hagiographies, ici sont dépeintes les luttes profondes de ce à quoi s'affronte un “saint-homme” (ou “sainte-femme”) face à ses semblables, en “fraternités” souvent pénibles et douloureuses … !
J. le Goff nous relate comment l'institutionnel religieux arrive à quasiment vider de sa substance la vie d'un “saint-homme” (ou “sainte-femme”), pour pérenniser sa “domination” tout en intrigues d'ambitions, avec les puissants de leur temps en ce monde … c'est édifiant !
L'obsession des clergés autour du “sexuel” m'a toujours beaucoup amusé … !
À travers le temps historique de l'Homme, je n'ai pu m'empêcher de faire un rapprochement avec le “frère” contemporain d'une autre tradition, mais finalement si proche en “coeur de l'esprit”, Thich Nhat Hanh*. Et dans le fil de mes rencontres de cette tradition, François a parfois des allures d'un de ses contemporains dont ni l'un ni l'autre ne soupçonnaient l'existence, je veux parler su saint yogi et poète Milarépa du Tibet décédé cinquante ans plus tôt.
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* — http://www.villagedespruniers.net/
—http://www.babelio.com/auteur/Thich-Nhat-Hanh/21778
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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Jacque le Goff est l'un des plus grands médiévistes. En tant que passionné par l'histoire lire d'un si grand spécialiste permet de s'affranchir des risques de travestissements de l'Histoire et accéder à un travail de qualité.

En me lançant dans ce livre j'étais en joie mais j'ai rapidement dépéri. Je me suis accroché au livre comme un enfant qui anote devant sa lecture. J'ai lu et relu à maintes reprises les mêmes phrases mais j'ai eu énormément de mal.

Certainement la manière de rédiger une recherche historique m'a perturbé, le style assez soutenu ne m'a pas aidé à avancer.

J'en ressors frustré par ma lecture et le peu que j'en retiens de la vie de Saint François d'Assise.

_des_histoires_des_hommes
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Jacques le Goff s'intéresse ici à une figure historique et mystique, celle de « Saint François d'Assise » dans un livre regroupant les articles qu'il a pu écrire sur ce sujet passionnant. Comme à chaque fois, l'écriture est un régal et nous de nous plonger dans cette histoire à hauteur d'homme. La pauvreté dans la joie telle pourrait être la maxime de Saint François d'Assise, apôtre de la non-violence et amoureux transi de la nature vécue comme un cadeau de Dieu. L'ouvrage sort des idées reçues sur le franciscanisme afin de plonger au plus près du désir d'amour et de paix de cet homme qui par bien des côtés est hors norme dans l'histoire pourtant chargée des saints du moyen âge. Si Saint François d'Assise nous touche toujours autant aujourd'hui c'est aussi parce que son discours est profondément intemporel. Je pense par exemple à son message écologique. Sans vouloir tomber dans le péché absolu guettant tout historien et étudiant en histoire, à savoir l'anachronisme, on peut affirmer qu'il y a chez lui, dans son discours et ses actes, une forme de modernité qui me paraît intéressante à comprendre. A dévorer sans modération.
Lien : https://thedude524.com/2015/..
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Le vocabulaire des catégories sociales
On supposera connus (1), dans leurs grandes lignes, les problèmes historiographiques que posent, d'une part, l'authenticité de certains écrits de saint François et, de l'autre, l'objectivité de certains témoignages des premiers biographes de saint François. On y fera simplement allusion plus loin, dans la mesure où cette critique traditionnelle des textes affecte notre recherche. Car ici encore, nous devons travailler à deux niveaux : celui du rapport du vocabulaire de nos textes avec ce que nous savons par ailleurs des réalités qu'il désigne, celui de la relation de ce vocabulaire au monde mental de ses utilisateurs.
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(1). Les pages suivantes, qui ne sont qu'une esquisse du sujet bien limité défini dans le titre ci-dessus, ont aussi pour but, par-delà leur point d'application, de montrer le caractère dramatique de la recherche historique et du métier d'historien aujourd'hui. Toute enquête, si restreinte qu'elle soit, ne peut être conduite, encore moins menée à bien, qu'en mettant en cause la globalité du passé où s'intègre son objet et la totalité de l'outillage que le présent offre à l'historien. Rien n'illustre mieux cette double nécessité que l'étude des mots. À chacun d'entre eux est attaché tout l'univers où il retentit et, pour en faire un objet de science, l'historien doit le confronter à son propre langage qui tient à tout son univers actuel. Quand François d'Assise parle des pauvres, on ne le comprend que par référence à toute la société de son temps dans toute son épaisseur ; mais nous ne saisissons celle-ci qu'à travers une autre référence, qui est notre culture, et, dans ce cas, tout ce qu'elle nous fournit au dossier « pauvres », par-delà les différences de modèles proposés par les diverses idéologies historiques d'aujourd'hui, nous montre le rôle double et contradictoire du présent dans la compréhension du passé : révélateur et oblitérateur. Pour nous en tenir à l'exemple le plus éclatant, le concile de Vatican II éclaire et fausse à la fois les perspectives de la pauvreté dans l'histoire de la Chrétienté. La constatation de ces complexités imbriquées ne revient pas à dire que « tout est dans tout et réciproquement », négation de toute science. Elle incite à une analyse à plusieurs niveaux et à un va-et-vient méthodique constant entre les structures du passé et celles du présent, et chaque fois dans la double perspective des réalités « objectives » et des réalités « mentales ». Ceci implique un traitement de totalités que les méthodes du structuralisme et le recours aux machines électroniques semblent seuls permettre. Mais les possibilités concrètes d'études de ce genre sont encore très limitées. D'où le malaise de l'historien en face d'un travail encore artisanal échappant à l'ordinateur comme celui qui est ici offert.
p. 103 - 104
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À la recherche du vrai saint François
Donc si saint François a été moderne, c'est parce que son siècle l'était. Et ce n'est diminuer ni son originalité ni son importance que de constater, comme l'a fait admirablement Luigi Salvatorelli, qu'il “n'a pas surgi comme un arbre magique au milieu d'un désert”, mais qu'il est le produit d'un lieu et d'un moment, “l'Italie communale à son apogée”. Dans ce contexte, trois phénomènes sont décisifs pour l'orientation de François : la lutte des classes, la montée des laïcs, les progrès de l'économie monétaire.
Ce qui le frappa très tôt, ce fut l'âpreté et la fréquence des luttes sociales et politiques auxquelles il dut lui-même prendre part avant sa conversion. Les luttes entre partisans du pape et partisans de l'Empereur, entre cités, entre familles ne font qu'amplifier et exaspérer les oppositions entre groupes sociaux. François qui, fils de marchand, est entre les couches populaires et la noblesse, appartenant au peuple par la naissance, mais proche de l'aristocratie par la fortune, la culture et le genre de vie, est particulièrement sensible à ces clivages. Il veut toujours être humble à l'égard de ses supérieurs, mais aussi de ses égaux et de ses inférieurs. Ainsi reçoit-il la mise en garde d'un paysan en train de travailler dans son champ qu'il traverse monté sur un âne et qui l'exhorte à ne pas décevoir la confiance que beaucoup mettent en lui et à être aussi bon qu'on le dit. François descend de son âne, baise les pieds du paysan et le remercie pour sa leçon.
p. 90
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Saint François d'Assise
C'est alors qu'un des frères présents vit soudain son âme, comme une étoile, monter droit au ciel. Il avait quarante-cinq ou quarante-six ans. Tout va très vite ensuite. La ruée sur le corps pour voir les stigmates et toucher la sainte relique. Les funérailles — simples encore — le 4 octobre, avec l'arrêt à San Damiano où sainte Claire couvre de larmes et de baisers le corps de son céleste ami et l'ensevelissement provisoire à San Giorgio. Puis, le 17 juillet 1228, moins de deux ans après la mort de François, la canonisation prononcée par la papauté qui, pourtant, n'a pas l'habitude de se presser, mais qui a hâte de couper court aux controverses sur ce saint encore inquiétant : il est vrai que le pape est alors le cardinal Ugolino, devenu Grégoire IX, et qui rend à son protégé un hommage où se mêlent la vénération et le dessein politique. Puis, le 25 mai 1230, c'est l'injure de l'inhumation dans la crypte de la basilique antifranciscaine que frère Élie fait élever dans l'ostentation. La dernière trahison sera l'insupportable basilique de Santa Maria degli Angeli avec laquelle le catholicisme posttridentin coiffera et étouffera, à partir de 1569, l'humble et authentique Porziuncola.
p. 78
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À l'abandon de l'argent se joint cet abandon de la famille qui ne s'explique pas seulement par le texte évangélique et par les déboires de François avec les siens, mais qui correspond aussi au contexte social et mental dans lequel il vit, en ce début du XIIIe siècle où les structures traditionnelles de la famille sont bouleversées et où il y a une sorte de vide familial entre la famille large du lignage noble ou de la communauté taisible* (par consentement tacite) paysanne et la famille étroite ne groupant qu'ascendants et descendants directs qui ne s'est pas encore constituée.
Mais face à ces sollicitations conjoncturelles, qu'est-ce que la réponse de François a de moderne ?
La culture et la sensibilité chevaleresques qu'il a acquises avant sa conversion, il les transporte avec lui dans son nouvel idéal religieux : la Pauvreté, c'est sa Dame, Dame Pauvreté, les Saintes Vertus sont autant d'héroïnes courtoises, le saint est un chevalier de Dieu doublé d'un troubadour, d'un jongleur.
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* (Une « communauté taisible » (encore appelée « parsonnerie » ou « communauté familiale ») est un mode d’exploitation agricole collective autrefois très répandu dans le centre de la France.)
p. 93
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Aussi veut-il faire de ses frères non l'ordre qu'on lui imposera, mais une fraternité, une confrérie où cohabitent clercs et laïcs. Il acceptera donc volontiers l'institution du Tiers Ordre. Ces nobles qui ont façonné une culture, la culture chevaleresque, ces marchands qui commencent à dominer les villes, ces humbles qui montrent, par leur travail ou leur révolte, leur rôle dans la société, il s'adresse à eux autant qu'aux clercs. Dans le final de la Règle de 1221, il les nommait avec les clercs « tous les enfants et petits enfants, pauvres et riches, rois et princes, travailleurs et agriculteurs, serfs et maîtres, à toutes les vierges, continentes et mariées, aux laïcs, hommes et femmes, à tous les petits enfants, adolescents, jeunes et vieux, sains et malades, à tous les humbles et grands et à tous les peuples, familles, tribus et langues, à toutes les nations et à tous les hommes partout sur la terre... ».
p. 92
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Videos de Jacques Le Goff (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Le Goff
C'est à travers de nouvelles sources, étudiées par une jeune génération de chercheurs, en parties ignorées par Jacques le Goff – enquêtes royales, archives judiciaires, actes de la pratique – qu'une autre histoire de Louis IX s'écrit et qui fera l'objet de ce colloque international.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3r0wCfM
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