Il faut tourner l'apache, changer de paysage…
Le petit taureau occitan avait raison… Qu'il est exaltant d'enchaîner les horizons littéraires les plus divers… A défaut de pouvoir partir sur les routes pour de bon… L'Ouest américain, par exemple… Bel endroit pour une rencontre, non ? Excellente pioche que ce «
Little Bird » : tout est furieusement Far West ici. Pas le Far West de la conquête de l'Ouest : un Far West contemporain. Il reste des chevaux mais surtout sous les capots. Les Indiens aussi sont là, même s'il n'est plus politiquement correct de les nommer ainsi. Les problématiques, qui accompagnent l'histoire policière, sont très actuels : la famille, le racisme, l'alcoolisme, le déclassement, le poids de ces prédations exercées pendant des années sur les populations natives… le livre est envoûtant tant pour ses personnages que pour son intrigue très habilement menée jusqu'à un final surprenant. A ces qualités, il ne faut pas oublier de mentionner les descriptions du superbe théâtre de ce roman. Ce Wyoming, dont on comprend mieux pourquoi il inspire des pseudos sur Babelio. Ce livre vous transporte dans un drôle d'Etat, une étoile parmi les autres sur la bannière mais qui déclenche immédiatement toutes les représentations de la mythologie américaine. Dans «
Little Bird », le lecteur fait connaissance avec Walt Longmire et, dès l'aérogare, j'ai senti le choc… Dès les premières pages, cette petite voix qui vous dit que lui et vous, ça va matcher. Il paraît désabusé, Walt, cabossé par ce foutu Saturne et les coups de griffes du destin mais il aime faire respecter l'ordre, le vieux shérif, il a aussi des amis et des amies, occasion pour l'auteur de déployer son talent de portraitiste. Walt Longmire hait l'injustice… Ça le tient debout et il est plutôt doué pour démêler les fils d'affaires passablement embrouillées. Il a l'élégance et l'humour d'un Clint Mitchum et compte, sans doute, dans ses ancêtres Augustus McRae, le Rangers de Lonesome Dove.
J'aime les livres gemmes, ce frisson de la découverte d'une nouvelle mine. J'ai trouvé cette pépite, par hasard et pas rasé, à la faveur d'un passage chez la bouquiniste de Lodève. S'agit-il d'un joyau solitaire ? Ou le début d'un filon ? J'ai le sentiment d'être comme devant la veine McMurthy ou celle de Dubois, de Irving, de Pratt, de
Trevanian, d'autres endroits où j'ai frénétiquement pioché tel un Woody Woodpecker stakhanoviste. Un rapide coup d'oeil au catalogue Gallmeister me fait penser que je n'en ai pas fini de sitôt avec Johnson et Longmire. le risque d'être frappé de compulsion se précise. S'abandonner à cette jubilation de chercheur d'or, cette addiction sans retenue ! Il s'en faudrait de peu pour que je ne commande un Stetson sur Amazon… Heureusement qu'il coule encore un peu de conscience marxiste dans mes vaisseaux mais diantre que ce Soft Power ricain est puissant !