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EAN : 9782715218611
384 pages
Le Mercure de France (16/05/1998)
4.83/5   3 notes
Résumé :
C'est en 1919 que Johnston devint le tuteur de P'u-Yi, le dernier Empereur de la dynastie Ch'ing qui, sans aucun pouvoir politique, vivait encore dans la Cité interdite avec une cour, des serviteurs et toutes les préséances qui étaient dues à son rang. Johnston bénéficiait d'un traitement de faveur particulier auprès de l'Empereur : lorsqu'il entrait dans une pièce où se trouvait l'Empereur, ce dernier devait se lever et attendre qu'il se fût assis. Ce professeur an... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Twilight in the Forbidden City
Traduction : Christian Thymonier

Pour les amateurs de mémoires et de journaux, ce livre, rédigé par celui qui fut le précepteur britannique du dernier empereur de Chine appartenant à la dynastie mandchoue, Hsüan T'ung, mieux connu sous son nom de naissance, P'u Yi, constitue une aubaine.

Non que le lecteur soit tout-à-fait dupe de l'enthousiasme avec lequel Johnston évoque son impérial élève. On sait la ferveur que l'idée royaliste inspire en général à nos cousins d'outre-Manche : et bien que se voulant un loyal sujet de Sa Très Gracieuse Majesté le Roi George V, il est normal qu'un gentleman tel que Johnston ait reporté un peu de sa vénération monarchique sur l'occupant du trône du Dragon.

A cet élève prestigieux, il prête beaucoup de qualités. Mais il arrive que son intégrité foncière - on ne peut en effet mettre en doute l'honnêteté du personnage - rattrape notre précepteur occidental qui, dans un éclair de lucidité, note avec beaucoup de finesse que les qualités de son pupille lui venaient certainement de sa mère alors que nombre de ses zones d'ombre - et de lâcheté - lui avaient été léguées par sa famille paternelle.

Reginald Johnston a voué au dernier monarque Ch'ing une affection que celui-ci lui a bien rendue. On se prend même à rêver sur l'influence, assurément bénéfique, que le précepteur aurait pu exercer sur son élève s'il n'avait été contraint par les règles diplomatiques de l'abandonner à son destin après son départ pour le Japon. Certes, dans ces pages, Johnston affirme que la fuite de l'Empereur à la légation japonaise de Pékin constituait, sur l'instant, la seule bonne solution. Mais on peut douter que, après l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne contre le Japon, il aurait maintenu cette position. Seulement, il était mort depuis un an lorsque éclata la Seconde guerre mondiale.

En un style élégant et précis, il nous détaille dans le menu non seulement la fin d'une dynastie séculaire mais aussi le paysage politique de la Chine de l'époque, partagée entre monarchistes, pseudo-républicains, nationalistes et seigneurs de la guerre opportunistes. Les communistes quant à eux sont encore loin de posséder la notoriété qu'ils connaîtront par la suite mais cela ne les empêche pas de tenir leur rôle dans ce jeu trouble et effrayant, qui se joue à l'échelle d'un continent et dans un climat de gotterdammerung asiatique. (Le titre original est d'ailleurs infiment plus juste que sa traduction française - et plus poétique.)

Tous ceux qui s'intéressent à L Histoire et tout particulièrement à l'Histoire de la Chine moderne ne pourront que dévorer ces "Mémoires" d'un homme que l'on devine assez vaniteux, très tâtillon, amoureux de la pompe, mais aussi intelligent, intègre et loyal - à sa patrie, à ceux qu'il servait et à ses convictions. ;o)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... Je transmis cette importante observation [la nouvelle de la myopie de l'empereur] au père [de l'empereur], aux fonctionnaires de la Maison et aux précepteurs chinois : je fus frappé par le peu de cas qu'ils en firent. Quand Tuan K'ang, la plus influente des trois épouses douairières survivantes [il s'agit des concubines de l'empereur Kuang Hsü, prédécesseur de P'u Yi, assassiné sur ordre de la Grande Impératrice Douairière Tzü Hsi] apprit que le précepteur anglais demandait l'autorisation d'envoyer chercher un oculiste étranger, elle s'écria qu'une telle requête ne pouvait être approuvée, car aucun médecin étranger ne saurait se voir confier une chose aussi précieuse que les yeux de l'empereur. Lorsque je revins à la charge, sous une forme plus pressante, elle déclara qu'un médecin étranger pourrait avoir la présomption de prescrire des lunettes et que "le port de lunettes par un empereur était un fait sans précédent." A quoi je répondis : "Je n'ai pas d'informations sur les habitudes des empereurs d'autrefois, mais celui-ci portera des lunettes." Tuan K'ang campa sur ses positions, mais le prince Ch'un [le père de l'empereur] et le département de la Maison acceptèrent enfin, de très mauvaise grâce, après que j'eus annoncé que si, à la fin de l'année (1921), je n'avais toujours pas l'autorisation d'envoyer chercher le meilleur ophtalmologiste de Pékin, je démissionnais. A cette époque, le département de la Maison, qui me regardait déjà comme un fléau, aurait été heureux de me voir partir. Par malheur pour lui, l'empereur en personne mit fin à la dispute en déclarant que le problème de ses yeux devait m'être confié et que ma démission était hors de question. ... [...]
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[...] ... Pendant les treize premières années de la nouvelle république de Chine, du printemps 1912 à l'hiver 1924, cohabitèrent au coeur de la capitale un Président et un empereur. Si l'empereur pouvait ainsi garder son titre impérial intact, c'était parce que, dans la terminologie chinoise, ce titre n'était pas et n'avait jamais été celui d'"empereur de Chine." C'était un titre dynastique et non territorial. Chaque dynastie adoptait un titre particulier qui ne se transmettait pas à la dynastie suivante. En 1911, la dynastie Ta Ch'ing, venue de Mandchourie, régnait sur la Chine depuis 1644. Chacun des dix empereurs de cette dynastie fut Ta Ch'ing Ta Huang Ti (= empereur de la grande dynastie des Ch'ing), et c'est ce titre, et non celui d'"empereur de Chine" que le dernier de la lignée fut autorisé à porter par un accord formel de la république chinoise. ... [...]
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