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EAN : 9782715224773
400 pages
Le Mercure de France (04/03/2004)
3.88/5   4 notes
Résumé :
C'est en 1919 que Johnston devint le tuteur de P'u-yi, le dernier empereur de la dynastie Ch'ing qui, sans aucun pouvoir politique, vivait encore dans la Cité interdite avec une cour, des serviteurs et toutes les préséances qui étaient dues à son rang. Johnston bénéficiait d'un traitement de faveur particulier auprès de l'empereur : lorsqu'il entrait dans une pièce où se trouvait l'empereur, ce dernier devait se lever et attendre qu'il se fût assis. Ce professeur an... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est à la mort du "Vénérable Bouddha", surnom que s'est donnée elle-même l'impératrice Tseu-Hi ou Xhi-Xhi, à soixante-douze ans, que le jeune PuYi, âgé de trois ans devient Empereur de Chine sous le nom de Xuāntǒng, et sous la tutelle de son père. Comme le veut la tradition, l'Empereur est issu de la tribu minoritaire des Mandchous, dans un pays dominé par les Chinois. le maintien de la dynastie a, par le passé, fait l'objet de nombreuses contestations et de nombreux soulèvements pour renverser le régime, notamment la révolte des Boxers, mais la mainmise des Mandchous s'est maintenue malgré tout. le jeune empereur vit, contraint par le protocole très strict de la Cité Interdite - imposé et contrôlé par le puissant Nei Wu Fu, le Département de la Maison Impériale -, ainsi qu'entouré des très puissants eunuques, une caste dans la Cité Interdite, qui ne cessent de trafiquer pour s'enrichir et protéger leurs intérêts. La République de Chine, proclamée le 1er janvier 1912 sonne le glas de l'Empire, et le maintien de Empereur n'est qu'une situation de façade dont la liberté n'en est pas moins contrainte. C'est dans ce contexte politique bicéphale qu'en 1919, Reginald Johnston, un écossais, issu de la légation Britannique, parlant le mandarin, est sollicité comme précepteur du jeune homme pour lui donner une éducation occidentale. Il restera aux côtés de Pu Yi jusqu'en 1924 et gardera toujours contact avec son élève, contraint à l'éxil.

La lecture de ce récit, à la fois biographie et témoignage, n'a pas toujours été facile. L'histoire de la Chine, au début du vingtième siècle est très mouvementée et marquée par l'empreinte d'une femme à la poigne de fer, enfermée dans la Cité Interdite, déesse vivante assoiffée de pouvoir et qui a maintenu les traditions Mandchous, sans vraiment préparer l'évolution qui s'avérait vitale pour le pouvoir. le chaos s'installe après sa mort, revers et luttes intestines se multiplient, à la tête desquelles se battent des généraux, hommes politiques chinois et mandchous, une histoire qui reste difficile à suivre. Néanmoins, dans son récit, Reginald Johnston identifie parfaitement les tensions et les enjeux, les pressions de la Maison impériale qui paralysent toute évolution, isolant l'empereur, les Eunuques qui gèrent et se livrent à des malversations, usant et abusant de leurs privilèges, les généraux qui fomentent coups d'état, révoltes et soulèvements pour leur profit personnel et il relate parfaitement les difficultés de transmettre ses connaissances à ce jeune homme broyé par un système et un destin qu'il n'a pas choisi. L'écossais, grâce à sa connaissance de l'histoire de la Chine et sa rencontre déterminante avec son jeune élève, curieux, intelligent et lucide, va lui transmettre savoir et ouverture d'esprit, influençant ou encourageant certaines décisions, comme celle de chasser les eunuques de la Cité ou nommer un organisme chinois et non mandchou, pour diminuer et contrôler les dépenses. Des décisions controversées qui provoquent la foudre du Département de la Maison Impériale jusqu'à créer des campagnes de diffamation envers le précepteur.
Au coeur de la Cité Interdite est un récit foisonnant, politique, historique très documenté, qui peut paraître quelquefois difficile à aborder, mais quand on passe certaines difficultés (notamment les patronymes chinois et mandchous qui se ressemblent énormément), on peut découvrir la vie dans cette Cité Interdite et partager l'existence difficile de ce jeune homme comme si l'on y était et l'on peut avoir en tête les images du film de Bertolucci qui s'est inspiré de façon très fidèlement du récit de Reginald Johnston.
Instructif et édifiant.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comme la plupart des étrangers et beaucoup de Chinois, je supposais autrefois que la dynastie s'était effondrée en raison de l'incompétence, l'ignorance et la rapacité des princes impériaux, des erreurs et des crimes de l'Impératrice douairière ou de ceux en qui elle avait eu la folie de placer sa confiance, de l'irruption des idéaux démocratiques de l'Ouest aux effets dévastateurs sur l'esprit vierge de la Chine, ou encore de la haine que soulevait chez les Chinois une dynastie étrangère et de leur conviction croissante que "la race du dehors" qui les gouvernait depuis bientôt trois siècles avait "épuisé le mandat du Ciel". Après avoir observé de l'intérieur le système impérial pendant la période postrévolutionnaire la conclusion à laquelle je suis arrivé est que, même si les facteurs dont j'ai parlé ont joué un rôle, la cause première de la ruine de la monarchie fut le contrôle grandissant exercé par le Nei Wu Fu (Département de la Maison Impériale), véritable vampire suçant le sang de la dynastie.
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En parlant du partage des ports en 1898 entre les nations occidentales :
Si les Occidentaux avaient pensé que la Chine continuerait joyeusement, sans réactions significatives du gouvernement ni du peuple chinois, ils ne tardèrent pas à découvrir leur erreur. L'agression étrangère commençait à transformer une "civilisation" en une nation. Les Chinois étaient, comme aujourd'hui, une race trop fière et trop sensible pour supporter une position d'infériorité permanente face au reste du monde. L'émergence d'un parti des réformes était donc inévitable. Et tout aussi inévitable la division de ce parti en deux tendances principales. Celle de droite plaçait sa confiance dans une évolution graduelle sans remue-ménage catastrophique au sein des institutions; celle de gauche affirmait qu'une reconstruction radicale de la vie nationale sur une nouvelle base était essentielle au salut du pays et que cette reconstruction serait impossible aussi longtemps qu'on laisserait la dynastie Mandchoue (considérée à gauche comme inerte, incompétente et incurablement corrompue) encombrer le terrain.
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Au cœur de Pékin, se trouvaient deux palais adjacents. Dans celui qui conservait la distinction de "Cité interdite", demeurait un monarque en titre, dans l'autre résidait le chef du pouvoir exécutif de la République. Dans le second, assis dans un fauteuil présidentiel, un homme exerçait les pouvoirs d'un empereur sans en avoir le nom; dans le premier siégeait sur un trône, un empereur qui n'en avait que le titre. Celui qui régnait sur le vaste empire de Chine était appelé Président; celui dont le règne ne dépassait pas les murs de son palais était appelé empereur. Dans tout autre pays certainement, des circonstances aussi anormales n'auraient pas duré une semaine, mais en Chine, elles se prolongèrent plus de treize années.
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Ce que veulent la plupart des Chinois éclairés, c'est un gouvernement stable, assez fort pour supprimer les bandes de brigands armés qui infestent aujourd'hui de nombreuses parties du pays, assez courageux pour licencier ou contrôler les diverses "armées" qui, dans plusieurs provinces, sont considérées comme pires que les brigands, assez habile pour garder le pays des empiètements étrangers et le sauver de la tyrannie de la finance internationale, et assez consciencieux pour veiller à ce que les fonctionnaires accomplissent loyalement leurs devoirs et s'abstiennent de s'enrichir par la corruption sur les deniers publics
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La Mandchourie était l'ancien berceau de la Maison impériale; en dépit de l'effacement progressif des Mandchous comme race à part, avec son langage et ses coutumes, la province de Mandchourie restait encore très peuplée : Chinois, Mongols, Mandchous et beaucoup de métisses qui demeuraient fidèles à la dynastie.
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