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Jeanne-Marie Gaillard-Paquet (Traducteur)
EAN : 9782277223276
601 pages
J'ai lu (04/01/1999)
3.75/5   36 notes
Résumé :
" Mes crimes ont causé la mort de millions d'êtres humains, et j'avais cent fois mérité la mort moi aussi. Au lieu de me tuer, on m'a donné la possibilité de regretter mes fautes et de travailler à la construction du socialisme. " Etonnants propos dans la bouche du dernier empereur de Chine. Pu-Yi monté sur le trône à l'âge de huit ans; exilé en 1925 à Tientsin par les soldats de la Guerre civile; rétabli sur le trône du Mandchoukouo comme empereur de paille par les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quel pavé ! 600 pages bien serrées avec une police de caractères minuscule. Cette lecture pourrait faire partie d'un challenge...
Que de souvenir cet empereur avait-il accumulé en soixante-et-un an. Il faut dire que tous les moments vécus sont décrits avec force détails.
Il s'agit d'une biographie qui, bien que commençant à l'enfance n'est pas toujours chronologique. Elle est organisée par chapitres thématiques : « Les eunuques – ma nourrice – mes études, etc. »

Pu-Yi avoue volontiers son incompétence et sa naïveté par rapport à son entourage et au contexte politique de la Chine de l'époque. Et on plonge petit à petit dans un véritable livre d'histoire, impossible à résumer, qui est certainement une magnifique source pour les sinologues.
On sent de temps en temps dans la description de ce qu'était l'auteur enfant et adolescent, une odeur sérieuse d'autocritique. (Rappelons-nous que Pu-Yi a été rééduqué à sa sortie des prisons soviétiques.)

Il faut bien avouer que les parties historiques du récit sont souvent un peu pénibles pour qui n'est pas un spécialiste. On se perd dans les événements, les noms chinois et japonais auxquels nous ne sommes pas habitués. Mais toute la partie du récit concernant la vie à cette époque, que ce soit dans la cité interdite ou dans les prisons soviétiques puis de l'état chinois qui se met en place est passionnante.
Un beau témoignage, à ne pas confondre avec le « Pu-Yi, le dernier empereur » d'Edward Behr, beaucoup plus romancé.
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Ce fut parfois… laborieux ? Mais pas inintéressant.

Car, après tout, qui de mieux placé pour parler du dernier empereur de Chine, que le dernier empereur de Chine lui même ?

Je l'ai trouvé plutôt honnête bien qu'on puisse aisément penser qu'il ne nous dise pas tout, compte tenu du fait qu'il sorte tout de même de 10 ans de « lavage de cerveau » (qu'importe que l'on pense que cela a fonctionné ou non) et que, même si ça n'avait pas été le cas, il aurait probablement dû s'autocensurer pour pouvoir faire publier ce livre si il y avait été plus ouvert sur certains points.

Cette autobiographie reste tout de même un petit pavé qui peut parfois être un peu difficile à lire, notamment à cause des noms chinois auxquels nous ne sommes pas habitués (et également très « répétitifs ») ce qui rend la compréhension un peu compliquée. Exemple : de très nombreuses personnes portant le nom de famille « Dchang » (sans pour autant être de la même famille) m'ont empêché de savoir à plusieurs reprises de quel Dchang il était question.

Je noterais également que ce livre n'est pas écrit par ordre chronologique mais par thème. Ce qui nous perds un peu parfois.

Son enfance dans la cité interdite est, pour moi, la partie la plus attrayante (ou, du moins, la plus facile à lire) et j'aurais aimé qu'elle dure plus longtemps mais chaque partie de cette autobiographie présente un aspect intéressant (empereur de paille sous la domination japonaise, "ré-éducation" dans les prisons communistes, etc).

Bref, pas forcement une lecture très facile mais, en revanche, très intéressante pour découvrir et en apprendre plus sur ce pan de l'histoire chinoise et cette personne plutôt hors normes qu'a été le dernier empereur de Chine.
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NOTES AU SUJET DE LA TRADUCTION
A la suite de sa publication en 1964, la présente autobiographie a été présentée dans les traductions suivantes :
1964 " From Emperor to Citizen " en deux volumes traduit du chinois par W.J.F. Jenner
1965 " Vom Kaiser zum Bürger " en un volume traduit du chinois par le Père
Huengsberg
1967 " The last Manchu " Collection Paul Kramer traduit du chinois par Kuo Ying Paul Tsai.
La traduction anglaise de Jenner est excellente. L'ouvrage malheureusement a été tiré à un nombre d'exemplaires restreint et n'a jamais été réimprimé.
A quelques exceptions près, la traduction allemande du Père Huengsbreg suit fidèlement la version de Jenner. Des anglicismes, ainsi que de nombreuses maladresses de style laissent supposer qu'il s'agit ici très probablement d'une traduction de la version anglaise de Jenner.
La préface de la seconde traduction en langue anglaise, présentée par Paul Kramer, reproche à la version de Jenner " d'avoir fait perdre, par la prose lourde et emphatique de la propagande officielle, beaucoup de son charme et de son humour au texte originale ". Certes, ce reproche contient une part de vérité; mais une autre phrase de la préface de Kramer ne manque pas d'éveiller certains doutes : "...Il a été nécessaire de simplifier les pensées et les actes de Pu-Yi, et dans certains cas, de les remanier, pour les rendre intelligibles."Ainsi ce " processus de simplification " a-t-il fait du texte original une version réduite, propre à Kramer....
Mulan Lehner
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"Mes crimes ont causé la mort de millions d'êtres humains, et j'avais cent fois mérité la mort, moi-aussi. Au lieu de me tuer, on m'a donné la possibilité de regretter mes fautes et de travailler à la construction du socialisme".
Étonnants propos dans la bouche du dernier empereur de Chine. Pu-Yi, monté sur le trône à l'âge de huit ans ; exilé en 1925 à Tientsin par les soldats de la guerre civile ; rétabli sur le trône du Mandchoukouo comme empereur de paille par les japonais ; enfermé en 1945 dans les prisons soviétiques ; puis dans les prisons chinoises où il subira une rééducation subtile qui fera de lui un fervent partisan de Mao.
Ces mémoires sont un excellent contrpoint au film de Bertolucci "Le dernier empereur" qui vient de sortir sur nos écrans.
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "J'ai Lu" en 1975)
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P. 388 : un de ces pages trouva la mort à mon service. Il avait déjà essayé une fois d’échapper à cette existence intolérable, mais on l’avait rattrapé et châtié d’une manière cruelle. […] mes serviteurs l’avaient fustigé et laissé à moitié mort au sol. A cette nouvelle, une peur panique s’empara de moi. Qu’allais-je faire s’il se métamorphosait en démon vengeur et m’entraînait dans la mort ? Désespéré, j’’envoyais quérir un médecin, mais il était déjà trop tard. Affolé par la crainte de représailles, je passai plusieurs jours à prier devant l’autel de Bouddha pour un heureux passage de mon âme dans l’au-delà;

P. 389 : Ma cruauté humaine ne fit que croître jusqu’à la fin de mon séjour au Mandchoukouo, où j’étais devenu complètement névrosé.

A l’extérieur, je n’avais aucun pouvoir, et devais obéir aux Japonais au doigt et à l’œil, mais entre mes quatre murs, je régnais en tyran.
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P.584 : Dans ce discours, Mao publie "deux préceptes" pour lutter contre "le subjectivisme, le sectarisme, et le schématisme de parti" :
Dans la lutte contre le subjectivisme, le sectarisme et le schématisme de parti, nous ne devons jamais perdre de vue deux préceptes : premièrement "savoir tirer l'enseignement des erreurs passées afin de les éviter à l'avenir", et deuxièmement, "lutter contre la maladie afin de sauver le malade". Nous devons absolument déceler sans ménagement toutes nos erreurs et tout ce qui a été mauvais dans le passé, les analyser et les critiquer d'une manière scientifique, afin de pouvoir à l'avenir un travail meilleur et plus circonspect.
C'est justement là le sens profond de cette maxime : "Savoir tirer les erreurs passées, afin de les éviter à l'avenir".

P.585 : En mettant ainsi l'accent, dans son procédé éducatif, sur l'examen de conscience, l'analyse, le travail de patience, Mao se différencie du culte de la liquidation prôné par Staline, et il poursuit en quelque sorte la croyance séculaire du confucianisme dans la possibilité d'éduquer l'être humain vers le bien.[...] Une remarque s'impose : au point de vue de la légitimé scientifique, la réforme mentale du maoïsme absorbe l'individu d'une manière beaucoup plus totale, totalitaire que ne le faisait le confucianisme.
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P.587 : A travers les étapes de ce parcours se dessine avec beaucoup de netteté la "construction" logique de la stratégie de rééducation chinoise. On y distingue quatre démarches fondamentales :
- 1. L'attaque de l'identité : par un processus très lent de minage par la base, le prisonnier perd peu à peu conscience de sa propre valeur, jusqu'à ce qu'il touche du doigt sa propre faiblesse, ses erreurs, son infériorité. Cette phase a provoqué chez Pu-Yi l'effondrement total [...]
- 2. Le processus de la prise de conscience : Pu-Yi apprend que l'origine de son incapacité se trouve dans la société. Il peut déjà, à présent se classer parmi les catégories de l'idéologie communiste, comme une victime du féodalisme. La haine éveillée en lui par le sentiment de l'humiliation est détournée sur son origine, son éducation, la Cor, la Cité interdite. "Je hais..."
-3 . L'identification : Cette haine autodestructrice est projetée de plus en plus directement sur le prisonnier lui-même. Pu-Yi commence à éprouver le sentiment pénétrant de sa propre culpabilité. Il se considère comme un élément du féodalisme [...]
- 4. Le chemin du salut : " Tu peux tout apprendre", "Tu dois devenir un homme nouveau" : de tels préceptes lui ouvre la porte sur le salut, lui promettent un chemin vers l'avenir. Il ressent cette exigence et cet espoir, symptômes de la forme nouvelle que prend sa conscience, une forme qui, à vrai dire, ne s'harmonise pas avec la nature spécifique de l'individu et ses besoins propres, mais s'adapte à l'esquisse de l'Homme Nouveau.
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P.277 : Les "Palais du sommeil" ou chambres mortuaires, de forme octogonale, avaient une superficie au sol correspondant à peu près aux dimensions de la Salle du Trône de l'Harmonie Centrale, au Palais Impérial; les voutes des coupoles étaient ornées de neuf dragons sculptés, étincelants d'or. Le tombeau de Tchien Long était fait, à l'intérieur comme à l'extérieur, d'un bois dur stocké depuis très longtemps et reposait sur ne fontaine octogonale. Les deux chambres mortuaires contenaient, outre de lourdes barres d'or et d'argent et les objets funéraires de Tseu Hi comprenaient des émeraudes, des perles, des diamants, et autres pierres précieuses; sa couronne de Phénix était faite de perles particulièrement énormes et de fils d'or, et son drap mortuaire était entièrement brodé de perles. Elle portait un bracelet d'une valeur inestimable en forme de chrysanthème, avec six petites fleurs de prunier en diamant de taille différentes, dont l'éclat et le scintillement éblouissaient le regard. Elle tenait à la main, contre les démons, un bâton de jade, long de trois pouces, couleur vert émeraude, et avait aux pieds des pantoufles brodées de perles. En outre, son cercueil contenait encore dix-sept chaînes de prières dont les boules étaient de perles ou de pierres précieuses, et divers bracelets de jade et d'émeraude. Le mobilier de Tchien Long comprenait des calligraphies, des peintures, des livres, des épées, des objets ciselés dans le jade, l'ivoire, le corail, des statues de Bouddhas en or, etc.
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