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Citations sur Éloge de la faiblesse (132)

Je m'attelai donc à manier les mots, à provoquer le rire chez mes chers camarades. Très vite, à l'étonnement général, je me fis une place parmi eux. Curieusement, mes amis authentiques ne se trouvaient pas parmi les premiers de classe, ni parmi les dociles, mais bien chez les derniers, les indisciplinés, ceux qui ricanent "tout derrière", ceux qui savent se montrer cruels. Ceux-là mêmes manifestaient à mon endroit une tendresse, une innocence, un amour que je n'ai jamais trouvés ailleurs. Leur façon de m'aider, d'entrer en contact avec moi revêtait une forme de nudité. Ce n'était pas la pitié des vieilles qui me donnaient cent sous (ce qui du reste ne me déplaisait pas toujours), ni l'altruisme ostentatoire du fils à papa qui démontrer sa bonne éducation, son savoir-vivre. L'amitié du cancre était maladroite, discrète, sincère. Il se confiait à moi et j'osais me livrer à lui.
Je me rappelle toujours de cet esprit rebelle à qui j'adressai ma salutation habituelle : "Sois sage." Un jour, il me répondit à brûle-pour point : "Et toi, marche droit!" Cela me procura un plaisir extrême. Il m'estimait pour moi-même et n'avait pas pris les pincettes que prennent ceux qui me sourient béatement quand, à la caisse, je pain mon paquet de spaguettis aux herbes. Il y a des sourires qui blessent, des compliments qui tuent.

SOCRATE
Tout cela voudrait dire que la pitité blesse plus que le mépris?

ALEXANDRE
Oui, pas de pitIé. Une fois de plus, je donne raison à Nietzsche. Je crois qu'il voit juste quand il condamne la pitié, l'hypocrisie ou le paraître. Chaque jour, je rencontre ce regard condescendant qui croît me faire plaisir, peut-être sincèrement, mais qui nie ma liberté et me nie ipso facto.
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ALEXANDRE

[...] Je n'arrive pas encore à me convaincre que les gestes doivent être réprimés. S'il faut une retenue, je pense cependant que la convention sociale qui la dicte provient avant tout d'une peur, d'un malaise face au corps, face à l'autre. Il m'arrive encore aujourd'hui de retenir un geste par trop amical envers un professeur. Poussé par un instinct, un désir de prouver spontanément mon affection en lui serrant la main, en lui tapant l'épaule, ... je sens bien que de tels gestes peuvent être malvenus, voire prohibés dans certaines situations.

SOCRATE
Et ta nouvelle méthode ?

ALEXANDRE
Tous ces événements me firent prendre conscience que j'appartenais à un "autre monde". Dès lors, il fallait tout mettre en oeuvre pour s'intégrer, pour apprendre le langage de ce monde, ses codes et ses interdits. Je commençai par observer.
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Alexandre :

Socrace ?

Socrate :

Lui-même.

Alexandre :

Salut à Socrate.

Socrate :

Salut à ... Que me veux-tu ?
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Aristote parle des degrés d’amitié. Au sommet de l’échelle, il place l’amitié qui unit deux personnes égales. Les deux amis doivent s’enrichir mutuellement sans s’exploiter.
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Bon nombre de mes éducatrices étaient religieuses. Certaines ne respectaient pas toujours les enseignements qu’elles dispensaient. En philosophie, on nomme ce genre d’incohérence « dissonance cognitive », c’est-à-dire dissociation entre notre idéal, notre volonté et nos actes.
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Le vocabulaire argotique m’était totalement inconnu. Ainsi je me rappelle que lorsqu’un ami me confia qu’il « fumait la moquette », je me demandai dans quel monde j’avais débarqué.
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Est-ce malice que de déjouer la vigilance de la surveillante pour aller boire de l’eau ?
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je ne peux pas écrire à la main. j’ai donc dicté ce texte à un ordinateur qui a transcrit ma parole, d ’où un style parfois proche de la langue parlée.
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Tout commence dans un dortoir. Une personne handicapée moteur cérébral entouré de trois camarades d'infortunes, a coutume de s'exiler un peu en de toniques dialogues intérieurs pour mieux vivre, rester debout et maintenir le cap.
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La peur de perdre, la peur de blesser, la peur d'être repoussé par l'ami, ou plutôt par celui dont je dépends, est effectivement un poison dangereux. Il instrumentalise l'autre, le réduit au rang de moyen pour combler un vide, moyen pour combler ma solitude. On s'accroche, on rampe vers l'autre pour se fuir soi même.
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