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sur 389 notes
Banlieue parisienne dans le 9-3, septembre 2005. Anna Doblinsky, fraîchement sortie de l'IUFM, fait sa première rentrée scolaire au collège de Certigny, emplie d'inquiétude. À la cité scolaire Pierre-de-Ronsard, infiniment triste, elle sait qu'elle devra faire face à tous ces adolescents pour la plupart livrés à eux-mêmes. Trafics de drogue, violence, racisme, antisémistisme, fanatisme seront son lot quotidien. Parmi eux, Lakdar Abdane, un jeune beur, plus calme et plus intelligent. Malheureusement, une stupide erreur médicale a rendu sa main droite infirme, brisant ses rêves de devenir dessinateur.
Le substitut Richard Verdier, lui, ne se fait pas d'illusions sur ces cités perdues et se demande bien à quoi il sert encore aujourd'hui.
Adrien Rochas, à peine 20 ans, passe ses journées enfermé chez lui. Il vit seul avec sa mère, son père ayant quitté le domicile conjugal avec sa secrétaire. Elle ne peut faire face seule aux délires de son fils, complètement obnubilé par La Chimère et ses cours d'anatomie.
Et l'islamisme germe un peu partout...

Thierry Jonquet nous dresse le portrait sans concession d'une France en perte de repère et d'une ville de banlieue en proie à la violence, à la délinquance, au racisme et à la montée de l'intégrisme. L'on suit alternativement le quotidien d'Anna, de Lakdar, du substitut et d'Adrien mais aussi celui des frères Lakdaoui, qui ont la mainmise sur le quartier ou de Slimane, l'ami de Lakdar, bien décidé à faire le Djihad. Ce roman, terriblement sombre et réaliste, dépeint avec force cette misère sociale et tous ces personnages, pour certains tristes spectateurs, pour d'autres victimes ou combatifs. L'auteur fait un constat bien amère de notre société dans laquelle la police, la justice, l'enseignement et les parents semblent avoir démissionné. L'écriture nerveuse et travaillée sied à cette ambiance particulièrement tendue, menaçante et ombreuse.
Alors que Jonquet écrit ce roman, un mois plus tard, la France connaissait une période de troubles suite à la mort de deux adolescents à moto : émeutes, révoltes et feu de joie. Visionnaire, le romancier assiste, impuissant et étonné, au scénario qu'il avait imaginé.
Un roman noir qui, dix ans après sa parution, est plus que jamais d'actualité.
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Une jeune prof pour sont premier poste se retrouve dans les fameuses cités balieusardes de Paris. le melting-pot y est présent et la diversité à parfois du mal a bien s'entendre. A tel point que tous les conflits se trouvent être les centres d'intérêts des lycéens. Pas facile de commencer une carrière comme ça.

J'ai trouvé que ce livre sonnait très juste, peut être même trop pour ma tranquillité d'esprit. je ne vis certes pas dans la banlieue Parisienne, mais déjà en province certains quartiers chauds ressemblent étrangement à ça. le racisme primaire y est présent et parfois déjà inculqué par les parents dès la naissance. Mais pas seulement, la société actuelle fait que cette jeune génération ne sait plus d'ou elle vient et sa quête identitaire, et la faiblesse de l'adolescence en font une proie facile.
Un livre prenant, qui fait mal par sa réalité et qui met un avant l'échec cuisant de l'éducation aussi bien parentale que scolaire. L'auteur a aussi démontré d'une main de maître comment la propagande religieuse pouvait faire basculer d'une pichenette un être humain avec une facilité effarante du côté obscur.

Un livre qui m'a touché et qu'il est bon de garder à l'esprit
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La banlieue , c'est pas rose ,
La banlieue , c'est morose , yo , yo , ouaich , ouaich !

Et elle va le découvrir Anna Doblinsky , jeune prof nouvellement promue au Collège de Certigny , Seine-Saint-Denis , enfin l'9-3 comme il est désormais coutume de l'évoquer .
Un département gangréné par la drogue , la prostitution , le prosélytisme intégriste...
Au pays ♪
D'Certigny ♫♪
C'est pas joli , joli ♪♪♫
A toi Candy !

Anna devra gérer de jeunes terreurs , purs produits d'un environnement hostile qui semble déjà les avoir condamnés de par leur triste localisation géographique , latitude 48.856614 , longitude 3.1415926 à vol de kswagen , pour les plus pointilleux...
Son lot quotidien ? Insultes , crachats , provocations...De quoi éprouver la solidité d'une vocation héréditaire ! Ajouter à cela un contexte de guerre civile étant sur le point d'éclater et vous obtenez le portrait sans concession d'une ville de banlieue fictive , véritable terreau fertile au pourrissement des corps et des âmes...

Jonquet fait habituellement dans le polar fictif .
Il décide , dans le cas présent , d'allier fiction et faits avérés pour étayer un propos d'une rare noirceur . Si Moloch m'avait véritablement scotché , ce récit possède comme un p'tit arrière goût de frustration . Rien à redire sur l'évocation d'une poudrière ne demandant qu'à exploser , non , là où le bât blesse , c'est ce sentiment d'avoir le cul entre deux chaises au sortir de ce docu-fiction .
J'ai accroché à ces destins croisés de jeunes totalement en perdition , en manque de repères fondateurs et qui se construisent alors dans la violence et la haine de l'autre .
J'ai apprécié ces quelques piqures de rappel à l'évocation des émeutes ayant fait la une de l'actualité fin 2005 .
J'ai éprouvé amèrement la faillite des institutions que sont l'enseignement , la justice , la politique au profit d'un obscurantisme religieux essaimant à tout va et d'une violence quotidienne semblant inscrite dans les gênes d'une génération délibérément sacrifiée...
Cependant , le sentiment final qui prévaut au sortir d'un tel roman est bel et bien celui d'un engouement moindre comparé aux précédentes moutures d'un auteur toujours aussi précis et alerte dans son écriture .
Jonquet dépeint la misère intellectuelle et sociale d'une banlieue sans manichéisme aucun sans pour autant apporter de nouvelles pierres à l'édifice d'où ce méchant sentiment d'avoir lu un bon roman sans pour autant en ressortir beaucoup plus intelligent...ce qui , habituellement , est pourtant chose aisée...

Ils Sont Votre Épouvante Et Vous Êtes Leur Crainte ( Victor Hugo ) : jusqu'ici , tout va bien...
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J'ai choisi le titre d'une célèbre émission documentaire pour débuter ma chronique, tant ce livre m'a bouleversé.

Apocalypse « Cité années 2000 »

Anna Doblinsky est nommée pour son premier poste de professeur, dans un collège de banlieue du 9-3… La France Black, blanc, beur…

Effrayant, effarant, violent, mais tellement vrai.
Le constat est sans appel.
Échec de l'éducation parentale, échec de l'éducation nationale, échec de l'éducation religieuse.
Police et justice impuissantes.
Quartier de non droit, lieu de perdition, trafics en tous genres, drogues, prostitution. Une jeunesse aux origines multiraciales, née en France et qui, pourtant ne s'y sent pas chez elle, nourrie de la haine de l'autre, de ses différences de couleur ou de religion.
Une jeunesse livrée à elle-même que les éducateurs et autres professeurs n'arrivent plus à encadrer et à remettre dans le droit chemin, qui méprise toute forme d'autorité, qui met le feu aux cités et fait preuve d'une violence inouïe. Alimentée par les images de l'actualité quotidienne en Palestine, le racisme et l'antisémitisme sont le quotidien de ces adolescents en mal de vivre et sans repère. Une jeunesse si fragile que les recruteurs de l'islam extrémiste en font leurs cibles privilégiées.
Même les quelques exemples de réussite dans leur entourage ne leur laissent pas penser qu'ils peuvent s'en sortir et construire un monde meilleur.
Ce livre écrit il y a dix ans trouve une résonance particulière dans les évènements survenus dans notre pays récemment.
Vous voulez regarder la réalité en face ?
Ce livre est une gifle en pleine figure, sans optimisme, sans espoir.
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Inutile de rappeler que l'Histoire se répète. Quoique... Au vu de certaines réactions de surprise, on peut se demander si nous en sommes vraiment conscients. Comme si nous n'avions pas d'exemples récents - ou actuels, même, mais "loin de chez nous" - de barbarie et de guerre.

La preuve s'il en fallait : « Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte » est un vers rédigé en juin 1871 par Victor Hugo ("A ceux qu'on foule aux pieds"), en référence aux Communards. Il s'applique parfaitement aux émeutes dans certaines banlieues à l'automne 2005, qui servent de cadre à cette intrigue de Jonquet.

Dans cet excellent roman, l'auteur montre la complexité de la crise sociale en France, condensée dans les cités 'difficiles' où la mixité sociale est catastrophique - crise aggravée par les difficultés économiques et qui s'exprime au niveau national par un sentiment d'insécurité et un vote extrémiste.
Nul manichéisme ici, ce ne sont pas les gentils gaulois et feujs contre les méchants blacks et arabes - ou autre combinaison, ou l'inverse, selon notre degré de politically correct et la distance que nous avons par rapport au sujet. Ce sont des hommes entre eux, donc des loups, des victimes et des bourreaux, de tous côtés. Et d'autres hommes moins impliqués qui voudraient changer les choses, mais assistent impuissants aux drames qui se jouent autour d'eux.
Jonquet met bien en perspective l'ambiance de guerre civile dans certains quartiers avec le conflit israélo-palestinien, ainsi que toutes les humiliations que les "croisés" (les blancs) ont fait subir aux Arabes depuis des siècles et des siècles - amen. Ce sont ces mêmes arguments (sans nuances, caricaturés, biaisés) qu'utilisent les islamistes pour pousser des jeunes au terrorisme. « Maintenant, nous les musulmans, on va riposter ! Partout on opprime nos frères, en Palestine, en Irak, en Tchétchénie... Ça a assez duré, on va rendre coup pour coup ! » (p. 79)
Bref, pour faire simple, le conflit Orient/Occident n'est pas nouveau et il n'a pas fini de se complexifier avec tous les intérêts financiers, politiques et économiques en jeu au niveau international et dont le citoyen lambda n'a pas connaissance. Et l'école, la police, la justice n'ont pas les moyens d'y remédier quand cette haine s'exprime dans des microcosmes.

Si les destins de la jeune prof Anna, du brillant petit Lakdar, de son papa dépassé, du pauvre Moussa complètement paumé - et bien d'autres - vous bouleversent par moments, vous donnent envie de hurler, sachez que ça ne s'arrangera pas au fil des pages, au contraire. Thierry Jonquet écrivait en 1998 dans "Rouge c'est la vie" (récit de son engagement militant) : « J'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. » En effet. Jonquet a l'art de nous mettre mal à l'aise lorsqu'on prend conscience que les torts sont partout, et les problèmes sans issue. Mais il nous bouscule et c'est nécessaire...
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Ca aurait pu être 'ils sont votre espoir et vous êtes leur bouée de sauvetage' mais malheureusement c'est devenu 'ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte' !

Car tous les personnages de ce roman noir auraient pu bien tourner, s'ils avaient été bien entourés, bien éduqués, bien soignés... mais ça n'a pas été le cas. Alors le petit jeune beur si malin a été la victime d'une erreur médicale puis d'un recruteur islamiste tandis que le cinglé en traitement a pu berner son psychiatre pour terrasser sa Chimère...

Les figures d'autorité, que ce soit la jeune prof idéaliste ou les policiers expérimentés, ne font pas le poids face à cette société à la dérive. Dans le roman, mais malheureusement peut-être aussi dans la réalité. Et ça, ça a de quoi devenir notre épouvante et notre crainte...

Ma critique donne peut-être l'impression d'un énième documentaire sur les banlieues, les jeunes en perdition, les islamistes et les voyous. C'est encore plus que ça : certes, tous ces thèmes sont abordés, mais dans un roman prenant, avec des vrais personnages qui nous émeuvent ou nous prennent aux tripes.
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Un vers de Victor Hugo en titre pour résumer ce qui va suivre une fois le livre ouvert...
Thierry Jonquet dresse dans ce roman quasi documentaire un portrait crû et sans fard de la banlieue et des profonds dysfonctionnements qui s'y rattachent. Que ce soit à l'école où une jeune prof fraîchement sortie de l'IUFM fait sa rentrée ô combien éprouvante. Que ce soit les rues entre trafics en tous genres et violences banalisées. Et l'intégrisme insidieux qui se fond dans le décor pour manipuler les âmes...

Difficile de trouver quoi que ce soit de positif auquel ce rattacher dans ce roman. Pendant que je le lisais, j'avais l'impression d'avoir sous les yeux une mise en action de l'essai Les territoires perdus de la République sous la direction d'Emmanuel Brenner.

Thierry Jonquet n'en rajoute pas côté style, ce qui rend le texte d'autant plus glaçant. Asphyxiant. Désespérant. Il appuie là où ça fait mal et soulève le voile d'une réalité qui fait peur. Mais ça n'est pas de fermer les yeux pour ne pas voir qui résoudra la question.
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Hallucinant. Amateurs du Thierry Jonquet de la première heure, ou de celui des Orpailleurs et de Moloch, ici, on arrive à l'aboutissement de son oeuvre, son point d'orgue, là où le témoignage social prend toute son ampleur et son développement, avec une ville fictive criante de vérité, et un vers de Victor Hugo qui résume à lui seul l'état d'esprit et le message du roman. La peur et la haine de l'autre sont réciproques, et c'est cette réciprocité, ce mécanisme réflexe dans chaque camp, qui est générateur de conflits, basés sur la paranoïa, l'incompréhension, la colère... Magnifique roman, qui prend pour cible les extrêmistes religieux, et expose la dérive des musulmans de bonne foi manipulés par eux, qui sont également perdus par le système politique, perclus dans des banlieues grises qu'on connait tous, livrés à eux-mêmes, stigmatisés, et n'ont d'autre arme pour survivre, d'autre espoir pour s'en sortir dans une société qui ne veut pas d'eux, que ce que leur dit leur Dieu, ou plutôt, ce que certains leur en disent...

Jonquet n'oublie pas l'hôpital, on a le cas poignant de Lakdar, un des protagonistes. Vie foutue en l'air par une erreur médicale, comme le dit la quatrième de couverture, c'est exactement ça, le système et ses réductions d'effectifs sont pointés du doigt, ces histoires de sous suffisent à faire basculer des vies. Dessinateur prometteur, sa main est handicapée à vie, et il n'a plus que le salafisme comme espoir dans la vie. Parce que dans la société française, on "oriente" dès l'âge de 14 ans, on case, sur des chantiers, dans des métiers manuels, on moutonne, on barre l'accès aux études prolongées, ou on les fait ne mener à rien si ce n'est à Pole Emploi (donc à rien), toujours moins d'intellectuels pour toujours plus de manuels, toujours plus de chair à voter pour qui il faut et de chair à canon... le geste meurtrier antisémite de Lakdar est arrêté dans un sublime moment où il réalise l'humain qui est en l'autre et son erreur. le poème d'Hugo, cité dans le roman, est merveilleux, et se trouve dans le recueil "L'Année terrible".

De façon plus triviale, ou plutôt, plus dans le cadre du Jonquet des débuts, on a presque un hommage à Maurice G. Dantec, avec un schizophrène meurtrier qui s'imagine tout et n'importe quoi, mais dont le point de vue est toujours un régal pour les lecteurs de littérature policière. L'alternance des points de vue entre les multiples personnages ne fait pas "collée", j'insiste là-dessus, l'ensemble est cohérent, grâce aux fondations solides de la ville fictionnelle de Certigny. Les passages avec Verdier sont peut-être les moins intéressants, heureusement qu'il y a le moment où il lit le poème d'Hugo.

En sus, excellent roman anti-raciste avec des éléments de roman noir qui ne sont pas en reste, à lire!!! Et sur le plan de l'écriture, c'est une véritable avancée. Pour ceux qui pouvaient être occasionnellement frustrés par la simplicité du style de Jonquet, qui restaient sur leur faim sur le plan stylistique, là, c'est vraiment bien écrit, avec une inspiration et un sens de la formule qui choque, qui fait même rire, avec un ton cinglant, désenchanté, et surtout cynique...

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En 2005, Anna débute sa carrière de professeur de français dans un collège de Seine-Saint-Denis. Moussa y est élève en 3ème et, comme la plupart de ses camarades, en échec scolaire… Dans sa classe, seul Lakdar semble pouvoir échapper à la médiocrité ambiante.
Richard Verdier est substitut du Procureur. Il n’hésite pas à se rendre sur le terrain et est régulièrement amené à travailler avec le commissaire Laroche et son équipe.
Beaucoup de choses séparent ces individus : religions, idées et projets - du moins pour ceux qui en ont -, origines ethniques, âges et situations sociales. La plupart sont cependant amenés à se croiser et à tenter de cohabiter, rarement pour le meilleur et souvent pour le pire dans ce roman noir…

Les histoires de ces personnages et la chronique de cette banlieue du 9-3 qui les rassemble est l’occasion pour l’auteur de dresser un portrait sombre de la société française. La critique des institutions et de leur inefficacité est sévère mais réaliste : échec des politiques dites "d’intégration", et inefficacité des systèmes scolaire, judiciaire et médical.
Ce sont prioritairement de jeunes enseignants inexpérimentés qui sont affectés dans les collèges difficiles : certains craquent rapidement, d’autres souffrent en silence et/ou enchaînent les arrêts maladie. Jonquet ne se limite pas à la compassion à l’égard du corps enseignant, il se moque aussi du syndicalisme outrancier des uns et des théories pédagogiques fumeuses des autres.
En fait, ici tout le monde en prend pour son grade dans cette faillite collective. L’Etat semble avoir démissionné dans cette banlieue où l’ "ordre" public est assuré par les malfrats et/ou par des pseudo représentants religieux. Ce sont vers eux que se dirigent des jeunes auxquels ni l’école, ni la famille n’offrent de repères fiables. « Au Moulin, mais même chose aux Sablières ou aux Grands-Chênes, les keums qui s’étaient sortis de la galère, et il y en avait pas beaucoup, ils avaient pas pleurniché à l’assistante sociale ou chez les profs. Et surtout pas chez leurs vieux. Les vieux, depuis le temps qu’ils trimaient au Smic ou qu’ils se laissaient doucement crever au RMI, ils avaient pas de leçons à donner. Le respect, ils le méritaient pas. La preuve, le père de Lakdar. Le sien valait pas mieux. » (p. 267)
L’implication de diverses autorités dans des conflits internationaux comme celui entre Israéliens et Palestiniens ajoute des motifs de crispation entre les populations.

Dix ans avant avant le début d’une série d’attentats meurtriers en France (et juste après l'attentat de Madrid), Thierry Jonquet avait repéré, décrit et dénoncé des ingrédients amenant des individus vers l’extrémisme religieux. Il évoque les émeutes de novembre 2005 dans certaines banlieues, émeutes que certains politiques ont alors su habilement exploiter pour leur propagande, mais que presque tous se sont empressés d’oublier.
Aucun don de prémonition n'est nécessaire à Jonquet : il observe et décrit le monde dans lequel il vit, brillamment d’ailleurs. La noirceur de son propos n’exclut en outre pas quelques occasions de sourire.

Un excellent moment de lecture, et une occasion de réfléchir à propos d’un contrat républicain galvaudé.
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Anna Doblinsky jeune professeur prend son premier poste au collège à Certigny, Dans cette cité dite difficile par nos politiques, Lakdar Abdane, élève doué va voir son rêve de faire des études s'évanouir après une erreur médicale. Avec son nom à consonnance juive, Anna va découvrir bien loin de ce qu'elle pouvait imaginer l'antisémitisme, le racisme, la violence quotidienne, le racket, le fanatisme religieux, la démission des parents. Tous les ingrédients pour embraser la cité sont réunis. le regretté Thierry Jonquet dresse avec une précision presque journalistique, le portrait d'une génération dont on a oté tout espoir, tout reconnaisance. le roman de Jonquet était prophétique puisque quelques mois après sa parution, éclataient les émeutes de 2005. Et le tableau a de quoi nous glacer, ce roman raisonne comme un cri d' alarme lancé à nos politiques et à nos décideurs démissionnaires et responsables de cet échec et de cette désespérance. Efficace, effrayant, désespérant, glaçant. Mais terriblement vrai.
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