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Florence Lévy-Paoloni (Traducteur)
EAN : 9782072702679
288 pages
Joëlle Losfeld (20/04/2017)
3.33/5   9 notes
Résumé :
Jonathan, un détective anglais expatrié dans une ancienne république soviétique, mène une enquête pour retrouver une jeune fille, Petra, disparue douze ans auparavant. Alors qu'il lutte contre la jalousie et la rancoeur depuis qu'il soupçonne sa femme de l'avoir trompé, il croise sur un pont une jeune fille qui s'apprête à se suicider. Il la sauve de la noyade, la raccompagne chez elle, et croit avoir enfin retrouvé Petra. Celle-ci exerce sur lui une fascination man... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Dans les eaux troubles » est un roman troublant, comme une lente progression dans l'antre cérébrale de Jonathan et celle de cette ville dont on ne connaît ni le pays, ni la véritable identité.

Dès les premières pages, j'ai été happée par l'écriture de l'auteur, ces descriptions du fleuve aux eaux sombres, la chaleur poisseuse, les personnages entourant Jonathan, et Jonathan lui-même, qui se débat entre ses pulsions de jalousie remontant à l'enfance, sa vision du métier, et de l'enfermement dans une ville qui ne lui sied pas, ou plus.

On croise alors, entre autres, sa femme, archéologue qui s'inquiète pour leur fille et ses amies imaginaires, et aussi pour son mariage, un psy « viennois » qui conseille le couple à la dérive, une voyante qui navigue entre le monde réel et l'irréel, une jeune violoncelliste étrange et l'absente, Petra, cette petite fille disparue une décade plus tôt.

J'ai senti dès le début de ma lecture une progressive montée, lancinante, vers une ambiance irréelle, un peu hors du temps, qui n'est pas maîtrisée. J'ai pensé que le côté fantastique aperçu chez la voyante, Gertrude, allait s'approfondir jusqu'à gober Jonathan, et le lecteur tous entiers !

Au fil des pages, on entre dans l'histoire, même intimes, des personnes qui gravitent autour du détective privé, et on s'attache à eux, malgré tout. On aperçoit, entrevoit la jalousie de Jonathan se révéler partout, pour tout et tous (y compris pour un homme aimé par une autre, étrangère de surcroît).

C'est, je pense, dû grandement à l'écriture de Neil Jordan qui maintient toujours l'attention du lecteur, même si, parfois, il le ménage avec bienveillance. Car, oui, le roman n'est pas à proprement parler palpitant dans l'action.

Je l'ai déjà évoqué, c'est un tempo lent… intime, fantastique, profond, mais terriblement humain. C'est un roman mélancolique aussi avec ce clair-obscur qui semble être la clé de voûte de cette ville grise.

J'ai beaucoup aimé les descriptions de la ville, du fleuve, des gens, ce côté fantastique et fantasque, soudain quand un trésor d'archéologie vient semer la folie dans la ville, la musicalité (et Bach) qui surgit çà et là, entre passé et présent, et, également, l'ombre qui se profile doucement comme une filature bien menée.
En définitive, j'ai aimé me plonger dans l'univers de Neil Jordan, de cet anti-héros qu'est Jonathan, dans les méandres de ses états d'âme, dans les histoires de chacun, dans ce trouble permanent qui émane de certaines scènes.

On comprend alors que le murmure des morts, quels qu'ils soient, s'arrange pour coller aux vivants afin qu'ils soient guidés vers une autre rive (ou a-t-on tout inventé ?).

Il est à souligner que le titre anglais (The Drowned Detective) indique clairement le cheminement du détective.

Merci donc à Joëlle LOSFELD pour ce SP et pour toutes les autres parutions à venir de cette maison dont j'aime toujours la ligne directrice !
Lien : http://lisagiraudtaylor.blog..
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"Je ne sais pas".
C'est la première phrase qui me vient en tête si on venait à me demander comment j'ai trouvé ce livre.
Il y a parfois des livres qui nous laissent perplexes. Des livres qu'on a ni vraiment aimé, ni vraiment détesté. Des livres dont on ne sait pas trop quoi penser, et encore moins l'expliquer.
Je suis tombé sur ce livre avec Dans les eaux troubles. Je vais quand même tenter de mettre quelques mots sur mon ressenti.

Je ne m'attendais pas du tout en fait à ça au terme de ma lecture. L'action y est peu présente. Je croyais que je lirais un polar, policier un peu traditionnel, avec sa dose d'adrénaline et d'intrigue, ce fut tout différent. Etre décontenancé comme ça n'est pas forcément négatif, bien au contraire, au final, ce livre a su me surprendre. C'est plutôt positif d'être amené dans une direction qu'on ne soupçonnait pas.

L'auteur nous emmène dans une histoire qui vogue entre réalité et imaginaire, au fil des pérégrinations du personnage principal, Jonathan, un détective privé à l'âme en peine, un peu perdu entre sa vie privée à la dérive et sa profession. Je regrette peut-être que l'aspect fantastique ne soit pas plus franc. On dirait presque que l'auteur n'ose pas assumer cet aspect du livre.
Les personnages présents sont très humains, j'ai beaucoup aimé découvrir leur(s) histoire(s).
L'écriture, elle est très efficace, et m'a beaucoup plu. C'est ce qui a en grande partie contribué au fait que j'ai lu ce livre assez facilement, sans m'ennuyer malgré le peu d'action. le récit est assez intimiste et j'ai parfois eu le sentiment d'un certain voyeurisme en lisant certains paragraphes, qui peuvent limite mettre mal à l'aise.

Je n'ai jamais eu autant de difficulté à émettre une critique sur un livre. Je terminerai donc en disant que c'est un livre très agréable à lire, bien qu'étrange, qui met l'accent sur les interactions entre les personnages, qui sont très bien construits et touchants de par leur réalisme manifeste, et les sentiments qui les animent. Un roman plein d'humanité, assez triste dans l'ensemble, mais non dépourvu de certaines bouffées d'espoir bien cachées derrière la jalousie destructrice.

Lien : http://voyageaucentredeslivr..
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Dans les eaux troubles est un roman étrange et déroutant, très agréable à lire.

Merveilleusement écrit – et traduit -, tout d'abord il m'a surpris. Je m'attendais à plonger dans un polar plutôt classique, mené par un « détective anglais expatrié dans une ancienne république soviétique ». Jonathan, pris dans les rets de la jalousie, mène de front le sauvetage de son couple et une affaire ancienne d'enlèvement. La ville où il oeuvre tout autant qu'il erre est écrasée de chaleur – et avec les températures que nous venons de subir ces jours derniers, autant vous dire que j'ai été totalement dans l'ambiance ! -. Mais tandis que cette contrée jamais nommée gronde de révoltes urbaines. Que quelques traits colorés un peu flous au loin deviennent à mesure des cagoules multicolores. Que des jeunes chaussés de Doc Martens détalent devant les matraques policières. Insidieusement, Neil Jordan sème le doute dans nos esprits alertes de lecteurs captivés. « Je sentais que quelque chose était sur le point d'exploser, de voler en éclats, de se briser, et j'espérais que ce n'était pas moi ». Une jeune femme au violoncelle exhale un parfum d'étrangeté. Sa fille s'entoure d'amies un peu trop imaginaires. Et le roman bascule mine de rien dans autre chose. Presque fantastique, mais pas entièrement, toujours maîtrisée, l'intrigue vibre sur le fil d'une corde d'instrument, du tranchant d‘un miroir sans tain, où la réalité serait en train de fondre, de naître ; de se dévoiler peut-être. Frontières poreuses entre les êtres, les dimensions, les époques, les histoires.

Neil Jordan nous promène dans ce roman au coeur d'une réalité savamment teintée de différence, et distille avec un talent consommé le vrai et l'illusion, le fantasme et l'émotion. N'en a-t'il pas fait un peu trop ? Ou au contraire pas assez ? Je me suis posée la question, durant la lecture. Mais en bouclant le cours de ces eaux troubles, en terminant le roman, je pense qu'il en a fait juste ce qu'il fallait. Merci à Babelio et aux éditions Joelle Losfeld pour cette lecture un brin enivrante.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Une histoire un peu confuse où le rêve prend quelquefois le pas sur la réalité.
Mais il y a la musique qui apporte une forte contribution à l'histoire ; le personnage principal est plutôt intéressant et la jeune fille, forcément, on veut la sauver.
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Dans une ville crasseuse d'Europe de l'Est, coincée dans une bulle temporelle post-communiste, coule une rivière brune et visqueuse. Un pont l'enjambe, sur lequel des anges aveugles sont sculptés. Serait-ce le fleuve des amours perdues que ces êtres de pierre ne sauraient voir, témoins estropiés des errances humaines et de leurs passions meurtrissantes ? A moins que ce ne soient les vérités d'un autre monde, jetées dans ces rues antiques et pavées au grès de la folie des dieux.

C'est imbibée d'une moiteur estivale éreintante que commence l'enquête de Jonathan, anglais expatrié et patron d'une agence de détectives locale lancé sur les traces de la petite Petra, disparue il y a fort longtemps lorsqu'elle était enfant. Rongé par ses problèmes de couple, Jonathan semble perdre pied au fur et à mesure que l'enquête avance. de moins en moins maître d'une situation qu'il ne parvient plus à gérer, il s'enfonce viscéralement dans les affres de la jalousie et de la rancoeur.

Sa vie va pourtant basculer lors d'une rencontre impromptue sur le pont des anges aveugles : il va en effet sauver de la noyade une jeune violoncelliste aux charmes mystérieux et envoûtants.

La suite de ma chronique sur le site des Nyctalopes !
Lien : http://www.nyctalopes.com/da..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Le truc de l'amour c'est quand on dit, parmi tous les gens dans tout l'univers, je suis lié à toi. Je te donne mes souvenirs, tout ce que je sais de ce monde, je te donne mon âme, je te donne la possibilité de me faire du mal, de me causer une souffrance, un chagrin, une perte infinie, tout mon être sera connu de toi, et si l'un de nous brise ce truc, l'autre se retrouvera sans amarres, sans raison, sans amis, sans amour, das un univers de douleur.
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Etre en vie, c'est ce que nous voulons tous ressentir, me dis-je en descendant l'escalier, une ou peut-être deux heures plus tard. Etre en vie signifiait que le temps s'écoulait comme le flot d'une rivière, de sorte qu'une minute pouvait durer une heure, et une heure une minute.
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La jalousie est malheureusement un risque du métier. Si on en est dépourvu, on la veut, on en recherche l’aiguillon. À la façon dont un boxeur canalise sa colère dans un coup de poing en aveugle, je canalise la jalousie : je la fais travailler pour moi d’une manière étrange, désincarnée, objective. Je pourrais être jaloux d’un passant si cela stimulait mon intuition, je pourrais être jaloux d’un chien de manchon, je pourrais être jaloux d’un moucheron. La jalousie la plus utile est cependant du genre méditatif, le genre qui se demande comment va se dérouler le déjeuner avec cette personne inconnue, où elle va s’assoira, qui elle va rencontrer, quelles traces elle va laisser.
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Il existe des instants clés, je le sais à présent. Des instants où le monde bascule et après lesquels tout est différent. Des instants dont on dit plus tard, avec le bénéfice du recul ; c'est là que tout a commencé. Les motifs sont souvent très mesquins. Une petite émotion récalcitrante donne un coup de pouce au monde.
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Le violoncelle, dans une sorte de mouvement allegro, se faisait plus contemplatif. La musique ressemblait à l'eau brune, épaisse, sirupeuse d'un marais.
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