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EAN : 9782738108821
242 pages
Odile Jacob (16/09/2000)
4.06/5   17 notes
Résumé :
Pourquoi l'évolution a-t-elle inventé cette mystérieuse merveille qu'est le rêve, qui, chaque nuit, projette en nous tout un monde d'images fantasques ? Michel Jouvet a consacré sa vie à l'étude des mécanismes oniriques et des cycles du sommeil.
Il nous livre ici les aspects les plus essentiels et les plus pittoresques de ses théories, de ses recherches, de ses expériences. Et si nous n'étions jamais mieux nous-mêmes que lorsque nous rêvons ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les théories scientifiques périment en moins d'une semaine. On peut toutefois lire des articles datés de plus de 25 ans lorsqu'ils sont bien écrits et qu'ils ne s'arrêtent pas à la seule description systémique.


Malgré tout, il faut bien se farcir les passages techniques, ne serait-ce que pour réconforter le larbin qui veut rentabiliser ses études de biologie. L'hypothèse innovante ici proposée est la suivante : le rêve serait un troisième état du cerveau, différent de celui de l'éveil et de celui du sommeil. Tout le monde connaît l'éveil, il paraît, je ne vais donc pas vous décrire ce dont il s'agit, quoi que ça ne nous ferait pas de mal. Passons. Pour le sommeil, Docteur Jouvet nous dit qu'il apparaît sous l'influence de la sérotonine libérée au cours de l'éveil, lorsque la région préoptique est activée, celle-ci mettant en jeu une cascade d'inhibitions intéressant les systèmes aminergiques. On constate alors une diminution de l'activité du système bulbaire, une vasodilatation provoquant la perte de chaleur et une diminution du métabolisme. le sommeil paradoxal apparaît quand les systèmes aminergiques sont silencieux. Génial, on sait comment ça se passe, mais on ne sait toujours pas pourquoi ça se passe. Bordel dieu, qu'est-ce donc que le rêve ? Est-il lié au sommeil paradoxal ? A l'activité ponto-géniculo-occipitale responsable des mouvements oculaires rapides ? Tout ça était tellement foutraque que les chercheurs, rendus fous, en vinrent à émettre l'hypothèse que « c'est l'ensemble des conditions suffisantes à l'apparition du rêve qui est la véritable cause du rêve. Ainsi, même le concept de causalité est devenu flou ». Moi, j'aime bien cette idée-là. En gros, le sommeil témoignerait d'une disponibilité suffisante de l'organisme pour accueillir l'état du rêve. C'est pour ça qu'on ne rêve pas en état d'éveil (normalement). le rêve a besoin de calme, de santé, de protection. Mais pour faire quoi ? Qu'est-ce qu'il nous veut ce putain de rêve ? Revient la sempiternelle question : pourquoi rêve-t-on, bande de tarlouzes ?


Première piste : « Plus un mammifère […] est immature, plus quelque chose qui ressemble au sommeil paradoxal (ce que l'on appelle le sommeil sismique) est important. Il correspond à la fin de la programmation génétique du cerveau, à la fin de la neurogenèse […]. »


Confirmation de piste : « le sommeil paradoxal prend peu à peu le relais du sommeil sismique au fur et à mesure de la disparition de la neurogenèse au cours du développement post-natal des mammifères. […]. »


Hypothèse : « le sommeil paradoxal pourrait-il effectuer une programmation génétique itérative chez les espèces dont la neurogenèse cesse à la fin de l'ontogenèse ? »


Les poïkilotermes (animaux à sang-froid), contrairement aux homéotermes, connaissent une neurogenèse qui dure aussi longtemps qu'ils vivent. Pour nous, mammifères, la période de grâce s'interrompt peu après la naissance. Pourtant, nous continuons à évoluer et à nous différencier par suite de nos apprentissages et de nos expériences. Quel système le permet, si ce n'est pas la neurogenèse ? le rêve pourrait venir combler cette lacune de notre système explicatif en admettant qu'il effectue une programmation itérative qui permet d'entériner l'individuation de chacun.


C'est ce qu'on s'efforcera de nous démontrer dans ce livre, modulo le grand nombre d'années de gloire passées depuis. L'auteur conclut en nous disant que malgré tout, on n'en sait toujours pas plus sur la fonction du rêve, restons modestes. Certains auront peut-être le courage de s'instruire des hypothèses contemporaines pour un module comparatif. Mais sinon, le rêve comme programme itératif de développement est une idée que je trouve plutôt jolie.
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Une approche très scientifique du sommeil, et de ce qu'on en savait à la fin du XXème siècle. le livre est globalement toujours d'actualité : on sait comment on dort, le livre décortique toutes les phases, les ondes, les mouvements du corps et le fonctionnement du cerveau (aujourd'hui l'outillage a considérablement gagné en précision, mais n'a rien permis de découvrir) , mais on ne sait toujours pas à quoi ces phases servent et on en est toujours aux mêmes suppositions. l'écriture est parfois alourdie par des considérations un peu technique, mais ça reste abordable et c'est à ma connaissance le livre sur le sujet qui est le plus complet.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le rêve semble nécessiter une grande dépense énergétique (augmentation de la consommation de glucose couplée probablement à une augmentation de la consommation d’oxygène), alors que l’attention nécessite une augmentation de la consommation de glucose, sans augmentation de la consommation d’oxygène.
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Il est probable que la libération de sérotonine au niveau de l’hypothalamus antérieur (région préoptique) au cours de l’éveil mette en jeu la libération d’un facteur (peptide ?) qui sera à son tour responsable de l’endormissement et de la diminution de la température centrale. Ainsi, c’est l’éveil qui conduira au sommeil […].
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Nul n’a encore pu enregistrer avec certitude un état similaire au sommeil paradoxal chez les poissons, les amphibiens, les reptiles. […] Qu’est-ce qui fait donc que les poissons n’ont pas eu besoin d’inventer le sommeil paradoxal ? […] Je pense que [l’énigme] se situe au niveau de la neurogenèse : chez les animaux à sang froid, les cellules nerveuses vont se diviser pendant toute la vie. Prenez une carpe de soixante ans, son cerveau se divise encore ! Chez les homéothermes, au contraire, passé le 21e jour pour le raton et le chaton [….] et le 3e mois pour l’homme, toutes les cellules cessent de se diviser et n’ont plus qu’un seul avenir : mourir.
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La plupart des drogues qui suppriment les accès de narcolepsie empêchent la venue du sommeil paradoxal en agissant sur les mécanismes de sécurité qui protègent le rêve. C’est le cas des inhibiteurs des monoamines oxydases ou des antidépresseurs tricycliques […] lesquels, en augmentant la concentration de 5HT ou de catécholamine, excitent les récepteurs qui bloquent l’apparition du sommeil paradoxal.
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Au cours de l’ontogenèse, la neurogenèse, en contribuant à l’organisation génétiquement programmée du système nerveux central, est la gardienne de l’individuation.
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