Il y a une grande dimension du mythe et du langage qui se dégage dans ce livre.
A travers le quotidien banal de deux personnages principaux,
James Joyce utilise, dans cette oeuvre, le procédé du monologue intérieur (les évènements se déroulent à travers les pensées et les perceptions des personnages) pour mettre en exergue des concepts tels que l'art, la mort, la religion ou encore la vie, elle-même.
Il ne se passe que fort peu d'évènements dans ce roman qui relate la journée du 16 juin 1904 à Dublin, à travers le personnage de Léopold Bloom, courtier en publicité.
Dans cet ensemble, quatre chapitres ont un statut particulier, les trois premiers qui se penchent sur Stephan
Dedalus, un petit professeur poète à ses heures, et le dernier tout empli d'un long monologue de la femme de Bloom, Molly qui, dans un état de demi-assoupissement, prononce huit interminables phrases, matière de quelque quarante-cinq-pages.
L'action est en fait dans le langage (Si dans son roman «
Dedalus », publié en 1916, où il convient, pour se réaliser, de ne pas céder aux conventions, d'opposer la résistance à la tentation de la soumission par le langage. Dans
Ulysse, cette dimension est davantage affirmée).
Le chapitre XIV est particulièrement significatif à cet égard : il accumule une série de pastiches des grands écrivains anglais depuis le Moyen Âge.
Et le chapitre XV offre un exemple très intéressant de la technique de Joyce : se présentant comme une pièce de théâtre, il mêle indications scéniques et dialogues qui, en interférant, font se combiner désirs et réalités, personnages vrais et rôles imaginés. Dans cette perspective, le titre
Ulysse se justifie parfaitement.
On peut voir dans cette oeuvre universelle, riche de thèmes (chaque chapitre traite un concept différent tels que la théologie, l'histoire, la philologie, et bien évidemment la mythologie.) et de significations, la volonté de
James Joyce d'introduire la pluralité de sens et la potentialité des interprétations.
Le recours au mythe a pour fonction de redonner une unité au monde moderne marqué par la fragmentation et d'intégrer ainsi des données nouvelles ou renouvelées : la psychologie, la psychanalyse, ou encore la linguistique.