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3,8

sur 591 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Je déteste l'idée qu'une oeuvre littéraire soit si impénétrable aux lecteurs qu'elle fera dire à certains avec, de mon point de vue, une bonne dose d'affectation : "C'est un roman qui se mérite."

Je déteste l'idée même qu'une oeuvre "se mérite", cela exclut d'emblée le lecteur du travail de l'auteur, donnant au premier le sentiment de son insuffisance et au second une sorte de divinité auto-proclamée plutôt snob. Si l'auteur n'écrit pas pour le lecteur et s'il n'écrit que pour lui et sa sanctification littéraire, peut-on encore dire de lui que c'est un écrivain ?

Rappelons qu'"Ulysse" est paru en 1922, c'est-à-dire il y a tout juste un siècle. Ecrit par l'Irlandais James Joyce, le roman se déroule sur une journée de déambulation dans Dublin. Comptant plus de mille pages, la narration s'étire d'heure en heure et se partage entre une galerie de personnages parmi lesquels Leopold Bloom et Stephen Dedalus, figurant respectivement Ulysse et Télémaque.

Concernant la lecture laborieuse (quel euphémisme !) d'"Ulysse", si j'étais parfaitement honnête avec vous, avec moi-même et avec l'auteur, je ne noterais pas mon ressenti de lecture (car je rappelle qu'il n'est pas question ici de donner une note à l'oeuvre mais bien à ma lecture) ; toutefois je vais quand même attribuer une note minimale pour montrer que j'ai perçu (sans l'apprécier) le perturbant exercice de style auquel James Joyce s'est livré. Comment passer à côté quand cette narration ne ressemble objectivement à aucune autre ? est-ce en cela que ce roman monstrueux se voit décerner l'étiquette tant convoitée de chef-oeuvre ?

Mais comme nous le disions entre camarades de lecture commune (car oui, il aura fallu la motivation d'une lecture commune pour me donner le courage de me lancer à l'assaut de cette forteresse imprenable), est-ce qu'un roman qui n'apporte aucun plaisir peut légitimement se prévaloir du noble titre de chef d'oeuvre ?

Car, sincèrement, en ce qui me concerne, il n'y eut pas de plaisir de lecture. Il n'y eut pas, non plus, de connections directes et explicites entre le récit d'Homère et le roman de Joyce. Je n'ai pas perçu les symboliques mais seulement subi une logorrhée déstructurée et lassante, crispante et assommante ; fouillis de correspondances, de liens, de références donnant lieu à une infinité de notes de bas de page exégètes si érudites qu'elles se révèleront aussi inaccessibles que le récit qu'elles tentent d'éclairer. J'ai simplement été "engluée" pendant des mois dans un flux de pensées pour moi sans queue ni tête qui ne présentaient pour moi, la majorité du temps, aucune cohérence voire aucun intérêt. Sans parler qu'une fois lue, une phrase était aussitôt remisée dans les limbes inaccessibles de mon cerveau. #auxoubliettes

J'ai discuté récemment de ma lecture avec plusieurs Babeliotes, j'ai essayé de leur (dé)montrer à quel point je m'étais accrochée à ma lecture, essayant diverses stratégies comme lire à voix haute (à l'instar des épopées antiques d'Homère), ou comme laisser décanter chaque phrase avant de passer à la suivante (étant donnée la taille du livre, je ne suis pas sûre qu'à ce rythme je l'aurais terminé avant l'heure funeste de mon trépas) ; et puis, à un moment, ce fut le déclic - la révélation ! - et j'ai lâché prise ; j'ai pris du recul et je me suis posé cette question fondamentale : "Gwen, est-ce qu'un livre dont la lecture nécessite de consulter sa page wikipedia en continu pour le comprendre mérite-t-il d'être lu ?" #pertedetemps

Moi dont le passage sur terre est limité en temps, moi dont le nombre de livres que j'aurai la chance de lire est limité par mon passage sur terre ? et la réponse fut NON. A partir de ce moment, soulagée d'un grand poids, j'ai terminé ma lecture assez rapidement, sans chercher à la comprendre, terrassée par le dernier chapitre long de plusieurs dizaines de pages sans aucune ponctuation et qui laisse le mot de la fin à Molly/Pénélope, faisant expirer le récit à l'issue d'un interminable monologue. #conscienceenpaix

La traduction française d'"Ulysse" a nécessité les efforts, les nuits blanches et la sueur aigre de douze traducteurs. Encore un mérite à mettre au compte de ce "chef d'oeuvre", à côté des insignes "Roman le plus imperméable de tous les temps" et "Roman le plus soporifique et inextricable de tous les temps" ?

Nul doute qu'"Ulysse" fera encore longtemps parler de lui dans les sphères littéraires supérieures, nul doute qu'il fera encore bâiller d'ennui des myriades de lecteurs non-initiés destinés à le rester ou plutôt destinés à rester incultes et humbles devant l'insaisissable. Ce sentiment d'infériorité n'en est pas un d'échec et c'est avec soulagement que je vais pouvoir poursuivre ma vie de courgette, euh, pardon, de lectrice.


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Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge ABC 2021 / 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge XXème sans limite de temps
LC commune avec Cricri08, Pirouette0001, palamede et MarieLywood
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J'ai commencé puis abandonné car je ne comprenais pas grand chose mais Joyce m'a donné l'envie d'aller à Dublin au nord néanmoins dans le genre chef d'oeuvre à l'écriture âpre au style improbable VOUS SEREZ SERVIS en plus il n'y a pas de point
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Chers babéliens

Je suis venu à bout d'Ulysse après plusieurs mois d'une lecture éprouvante. Je n'y ai donc trouvé aucun plaisir. Alors, pourquoi l'avoir poursuivie ? Peut-être par défi, je n'abandonne pas une lecture commencée, par principe. Par curiosité littéraire aussi. Car l'on tient Ulysse pour le grand oeuvre de Joyce, le sommet ou l'un des sommets de la littérature du XXème siècle.

J'ai voulu vérifier que je ne passais pas à côté de quelque chose d'important. Comme, à mesure que j'avançais, je n'arrivais à me convaincre qu'Ulysse constituait ledit sommet, j'ai voulu savoir ce qu'en disent les analystes qui se sont penchés sur le roman. J'ai donc lu certaines des très nombreuses études et critiques auxquelles l'oeuvre a donné lieu.

Que constate-t-on ? Que le roman peut être adulé par de grands écrivains, là où d'autres tout aussi importants le trouvent surfait. Il y en a qui sont véritablement réfractaires à Ulysse . Virginia Woolf y voyait un déversoir d'obscénités avant de reconnaître, sans doute sous l'influence de ses amis, qu'on pouvait y percevoir un certain génie. Ulysse interpelle et divise. Il a découragé un nombre incroyable de lecteurs et en a transporté un nombre, sans doute inférieur au premier, mais duquel je ne me compte pas.

Evidemment, lorsque l'on est parvenu à l'ultime « Je veux bien Oui » de Molly et que l'on a parcouru les notes et les notices qui accompagnent le texte de la Pléiade, on se sent comme un alpiniste soulagé, non pas d'avoir atteint le difficile sommet convoité, mais d'avoir réussi son retour à la civilisation.

Bref ! J'ai apprécié que cela s'arrête, puis je me suis interrogé. Que recherche un romancier ? A être lu par des lecteurs, en principe. A leur donner envie d'accéder à l'univers qu'il a créé et à y demeurer jusqu'à la fin, voire, comme le conseille V. Nabokov, à y pénétrer de nouveau. le bon lecteur serait donc surtout un « Relecteur ».

Passé la « souffrance » d'une lecture difficile, les lectures collatérales induites par Ulysse m'ont permis d'améliorer ma compréhension de l'oeuvre. Car, dans le foisonnement des déambulations entrecroisées, synchronisées, simultanées, au cours d'un 16 juin 1904, de personnages multiples, dont Stephen Dedalus et Leopold Bloom, pour les principaux, l'auteur offre à ses lecteurs une littérature expérimentale susceptible de les désorienter.

Il y réussit. Son roman fait la part belle au courant de conscience de Bloom et de Molly. La technique est souvent attribuée à Joyce et à Woolf qui, de son côté, parle plutôt de monologue intérieur. Mais avant eux, l'on attribue à Dorothy Richardson, écrivaine anglaise (fin 19è-milieu 20ème) la création du courant de conscience avec son Pilgrimage dont je ne sais rien, malheureusement. A-t-elle été traduite en français ? Sa technique est jugée très moderne.

Nous serions donc en présence d'une littérature moderne. Cette technique littéraire nous fait pénétrer la psychologie d'un personnage et suivre en direct, si je puis dire, le flux plus ou moins ordonné des pensées de celui-là. Bloom déambule dans les rues de Dublin, mais le lecteur est dans la tête de Bloom et déambule avec lui dans ses pensées.

Evidemment, comme le personnage est banal, dans son banal quotidien, d'une banale journée d'enterrement, il présente au lecteur immergé dans sa conscience, des pensées d'homme ordinaire, à la culture moyenne ; des pensées souvent inachevées, incomplètes, comme cela se produit chez tout un chacun. J'ai donc fini par trouver particulièrement long et ennuyeux, ce jeudi 16 juin 1904 passé dans la tête de Bloom pour l'essentiel.

Bien sûr, la construction est audacieuse, le savoir de Joyce, encyclopédique ou presque, et l'on comprend à travers les dits, les faits et les pensées de ses personnages, le mal qui affecte l'Irlande, le ressentiment et les frustrations d'un peuple qui n'a pas son destin entre les mains ; il entre aussi en résonance avec l'une des caractéristiques de la littérature moderne consistant à montrer l'être humain dans toutes ses faiblesses et petitesses, sans rien occulter de ses fantasmes les plus bas, ni de ses soucis, ni de ses rêves d'être ordinaire.

Joyce ne s'est pas donné pour objectif de sublimer notre humaine nature. Nous sommes tous, dans notre médiocrité quotidienne, un peu Bloom, un peu Dedalus, un peu Molly, un peu tous les autres. On est en présence d'une esthétique fort éloignée d'Homère ; la noblesse, la vertu, l'héroïsme, le courage physique, la grandeur morale, etc., n'ont pas leur place dans l'histoire. Et lorsque le lyrisme ou l'épique prétendent frapper à la porte, c'est pour rire.

D'un autre côté, sans aller jusqu'à dire qu'il se moque de ses lecteurs, Joyce a déclaré qu'on ne devait pas le prendre au sérieux. V. Nabokov, admiratif et relecteur passionné ne le prend pas toujours au sérieux, en effet. Mais il m'a permis de saisir le roman mieux que toute autre critique psychanalytique à laquelle je ne comprends rien, mieux encore que les analyses modernistes et postmodernistes, vocables dont la signification m'échappe aussi, et auxquelles certains semblent vouloir rattacher l'oeuvre.

Le flux de conscience le rendrait moderne, comme Woolf et Richardson, mais également postmoderne comme n'importe qui d'autre, aimant l'ironie, la provocation, la distanciation par rapport aux valeurs de la modernité ; bref, comme n'importe quel snob littéraire qui, soit dit en passant, demeure tout à fait moderne.

Nabokov, a même imaginé un Joyce « hitchcockien », facétieux, apparaissant dans son oeuvre de façon fugace, à différents moments de la journée sous les traits flous et mystérieux de l'homme au mackintosh. Je trouve cela plaisant, d'autant plus qu'il existe d'autres interprétations possibles.

Vous voyez bien, chers Babéliens, au fur et à mesure que j'avance dans ma « critique », je vous démontre, en définitive, que ce roman peut susciter de l'intérêt, à défaut du plaisir ; il n'est pas interdit, d'ailleurs, de se faire aider par d'autres lecteurs qui en ont parlé en bien ou en mal, lecteurs comme vous et moi, ou critiques professionnels.

Chers nouveaux lecteurs, accrochez-vous, par conséquent, et bon courage. Après tout, la lecture peut être aussi un acte d'audace, et un effort, si l'on estime que la littérature, les lectures philosophiques, scientifiques, etc., peuvent nous élever au-dessus de nous-mêmes et participer à notre édification. Lisez, à cet égard, le très excellent article de Pierre Jourde sur l'utilité et les objectifs de la littérature, je suis certain qu'il vous convaincra.

En revanche, je réfute totalement l'idée selon laquelle, comme je l'ai lu, le lecteur doit « mériter Ulysse ». L'écrivain doit aussi mériter ses lecteurs qui ont toute liberté pour l'envoyer balader, ainsi que le feraient les spectateurs d'une oeuvre d'art contemporaine abstraite et absconse, parce qu'ils y verraient, non sans pertinence, une imposture.

Pat.


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L'art d'étirer les heures
Monument de la littérature du XXème, toujours présenté en tête des incontournables, j'ai commencé avec enthousisame et détermination le pavé encensé par tous.
Lâchée dans ce labyrinthe, je m'y suis perdue.
Depuis, je tente régulièrement de m'y replonger. Et à chaque nouvelle tentative de lecture, j'échoue. J'abandonne devant tant de détails insignifiants, les pensées décousues du narrateur. Pourtant, je me dis que les amoureux de l'oeuvre doivent avoir raison, que ses trésors bien cachés ne se révèlent qu'aux plus méritants.
Bon ! La prochaine fois …
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A emporter pour lire, ainsi que quelques autres, sur une ile deserte pour mourir plus vite :
- Ulysse de James Joyce,
- L'Etre et le Neant de Sartre
- le Petit livre Rouge de Mao
- En attendant Godot de Becket
- la Bible de qui vous savez
- le Koran de qui vous savez
- le Kamasoutra

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pour l'instant, je bloque à la page 68...je le reprendrai c'est promis!je crois qu'il faut tout simplement se laisser porter par la lecture (lecture automatique en quelque sorte) et ne pas chercher à comprendre...je veux le finir, surtout pour le monologue final, qui est, à ce qu'on m'a dit, extraordinaire...
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Je renonce après seulement trois chapitres. Moi qui me faisait une joie de découvrir l'un des livres préférés de Marilyn Monroe, je n'ai pas réussi à trouver la clé qui me ferait entrer dans cette forteresse de la littérature irlandaise. Je reconnais humblement mon échec face à ce livre.
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S'il paraît que ce livre se mérite, je ne suis donc pas méritante. ..... essayez encore !
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J'avais ce livre à lire depuis longtemps. Je me suis enfin lancée, mais le roman n'a clairement pas été à la hauteur de mes attentes. Je ne comprends pas en quoi les personnages sont Telemaque, Ulysse ou Pénélope dans cette Irlande du début du XXe siècle.
L'écriture est compliquée et le projet trop confus pour moi.
De plus, ce livre est long, très long, alors qu'il ne raconte qu'une seule journée.
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Je n'ai pas accroché... Certaines parties sont lisibles, mais d'autres sont complètement incompréhensibles. Il m'a été très difficile de trouver un sens à l'histoire, s'il y a un sens à trouver...
Je referme le livre sans avoir compris le message donné par l'auteur...
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