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EAN : 9782754108157
308 pages
Fernand Hazan (18/03/2015)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Catalogue officiel de l'exposition «Bonnard - Peindre l'Arcadie» au musée d'Orsay du 16 mars au 19 juillet 2015. Cette exposition ira ensuite aux Etats-Unis et en Espagne (villes et dates à confirmer). Une rétrospective représentative de toutes les périodes de la création de Bonnard qui a pratiqué l'art sous des formes multiples - peinture, dessin, estampe, art décoratif, sculpture, photographie. Sa palette aux couleurs vives et lumineuses en fait l'un des principau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
On savait que Guy Cogeval cultivait une animosité non dissimulée envers Marthe, l'épouse de Bonnard (qu'il n'a pas connue personnellement, vu qu'elle est morte en 1942). Isabelle Cahn, en bonne élève, a cru bon de renchérir, et c'est ainsi que les deux principaux commissaires de l'exposition nous présentent dans ce catalogue une Marthe dont l'image caricaturale n'a rien à envier à celle dont bénéficie Yoko Ono. Au lieu de se contenter du diagnostic de neurasthénie qui avait été établi à l'époque où Marthe se révélait de moins en moins sociable, nos deux historiens de l'art préfèrent gloser d'après des témoignages emplis de vieilles rancoeurs et coller l'étiquette de capricieuse à la femme de Bonnard. Lui, en revanche, était "beau, spirituel, distingué", ne se plaignant jamais, en véritable victime de cette affreuse mégère (en passant on oublie de préciser qu'il la trompait allègrement, ou mieux, on laisse entendre que ça lui était nécessaire). Quelle idée aussi d'être dépressive quand on est la compagne d'un génie ! Bon, vu que déverser son fiel est un plaisir toujours renouvelé pour Guy Cogeval, on ne s'étonnera guère de la chose. On peut juste regretter que l'ouvrage débute de cette façon.


Fort heureusement, aucun des autres collaborateurs du catalogue ne s'est engagé dans cette voie sans issue. Plus préoccupés par l'analyse de leur sujet d'étude, à savoir la peinture de Bonnard, ils ont, chacun en abordant une thématique différente, bien réussi à rendre l'idée générale de l'exposition et à l'expliciter. Cette idée, c'est que Bonnard porte en lui un motif essentiel, qui relève à la fois de la joie de vivre, de la perception de l'instant, de l'utopie, de la nostalgie et de la mélancolie. Une Arcadie qui rappelle, comme l'écrit Guy Cogeval, Poussin et ses tableaux intitulés Et in Arcadia ego. Sur ce point, la démonstration est tout à fait convaincante.


Certes, je n'ai pas trouvé que tous les essais, qui alternent avec des commentaires d'oeuvres, se valaient. Notamment, je trouve dommage que la composition des tableaux de Bonnard, si particulière, si réfléchie, si difficile à saisir d'emblée, ne soit pas davantage analysée : lire et comprendre un tableau de Bonnard, ce n'est souvent pas une mince affaire, on n'a pas forcément le temps de s'arrêter suffisamment longtemps devant les tableaux lors d'une exposition (d'autant plus si elle comporte à peu près deux cents oeuvres, comme c'était le cas pour celle-ci), aussi le catalogue aurait pu se révéler une véritable opportunité pour approfondir cet aspect de l'oeuvre. Ce n'est pas que la chose ne soit pas évoquée, et les différents essais nous aident un peu à nous y retrouver ; mais pas assez, selon moi, exception faite pour celui intitulé Les espaces de l'âme. Frères d'esprit - Bonnard et Odilon Redon, le texte le plus intéressant du catalogue selon moi. Les essais sur l'art décoratif, les nus, la période nabie et, évidemment, le concept d'Arcadie chez Bonnard, font également partie des articles qui valent le détour.


Évidemment, on n'évite pas quelques répétitions - il est toujours difficile de faire collaborer de nombreux intervenants, chacun travaillant individuellement sur un sujet donné, sans qu'il y ait redites de texte en texte. En revanche, je crois que les oeuvres commentées auraient mérité des analyses un peu plus poussées - c'est peut-être là qu'on pouvait saisir l'occasion de disséquer la composition de la peinture de Bonnard. Et je dois dire que j'ai été un petit peu étonnée que, dans le commentaire associé au tableau La palme, l'auteur n'ait même pas songé à faire remarquer que la feuille de palmier envahissante qui donne son titre à l'oeuvre, que cette feuille de palmier, donc, renvoie étrangement à une rangée de cils. Ce qui donne tout de même un sens particulier à ce tableau...


De plus, l'article de Johann Sfar est des plus inutiles, je crois qu'on aurait franchement pu se passer des chapitres sur la photographie, qui distille des platitudes, et de celui sur les voyages de Bonnard et de ses rapports avec des collectionneurs étrangers, qui aurait davantage trouvé sa place dans les communications d'un colloque. Voilà qui nous aurait permis d'obtenir un catalogue plus léger et, par conséquent, qu'on aurait pu vendre à prix moindre. Mais il est vrai que c'est un aspect de la chose qui n'intéresse ni les éditeurs, ni les musées.
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Catalogue de l'exposition organisée au Musée d'Orsay au printemps 2015.
Comme beaucoup de catalogues d'exposition, la qualité de l'impression est décevante. Admirez par exemple le tableau d'une femme, peinte de dos dans sa salle de bain, tout en ocres chauds, "Nu jaune" si je ne me trompe. L'impression dans le catalogue montre un tableau d'un brun pâle, rien à voir.
Ce n'est pas spécifique au musée d'Orsay, c'est le cas de beaucoup de catalogues d'exposition, pourtant 45 Euros, ce n'est pas rien pour le commun des mortels. A l'ère du pixel roi, je ne comprends pas.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Bonnard n'a pas attendu le suicide de Renée Montchaty pour donner à ses peintures une coloration mélancolique. Il est mélancolique dans l'âme. Mais cet épisode malheureux porte à l'extrême le syndrome de la perte, notamment à travers la liquéfaction du corps de Marthe dans la série des baignoires qui s'étend de 1925 à 1942, du suicide de la première à la mort de la seconde. Dans les nus à la toilette qui précèdent cette période, le cadrage et le traitement demeurent classiques : le corps de Marthe, dressé hors de l'eau, présente des formes douces et une carnation sensuelle. Mais à la fin de l'année 1925, la composition bascule radicalement avec Le Bain (ill. 113). Marthe est immergée, horizontale, d'une raideur cadavérique comme une gisante dans un sarcophage de faïence. Se superposent en elle, et la femme vivante et a femme morte, et celle qui reste, et celle qui est perdue, et la douceur d'être libérée de sa rivale et la culpabilité de son suicide. C'est l'une des toiles les plus glauques peintes par Bonnard. Une scène de noyade, qui est d'abord celle du peintre. Mais c'est aussi un tournant dans l’évolution de son œuvre. Les grandes compositions qui suivent, montrant Marthe affairée dans la salle de bains ou bien plongée dans la baignoire, prennent un tour halluciné, comme si le suicide de Renée Montchaty avait délivré le peintre des conventions naturalistes qui le retenaient encore. Désormais le dessin se libère de tout souci d'exactitude formelle, la perspective du carrelage vacille, les couleurs flambent, toute la salle de bains s'embrase de couleurs violemment contrastées, mais surtout le corps de Marthe macérant dans la baignoire se métamorphose jusqu'à perdre son enveloppe (ill. 94). Entre la chair et l'eau, entre les deux élément de densité équivalente, la peau joue un rôle séparateur moindre. Le corps qui s'affranchit de sa région critique semble se prolonger dans la masse aqueuse. Autre effet du liquide, dont l'importance plastique est encore plus décisive : la surface ondoyante de l'eau trouble optiquement les contours de la forme humaine, et parfois les altère au point de créer dans l'image réfractée des effusions de chair soluble.

Chapitre Nues : "Marthe nue"
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Comme un miroir présentant un état transitoire du monde, sa peinture nous entraîne dans des visions intérieures et quasi hallucinatoires où l'ordinaire se pare de couleurs inouïes. Certains éléments difficilement identifiables ressemblent à des phénomènes de persistance rétinienne créant des images en fausses couleurs. Bonnard festonne, ourle, brode des lignes ondoyantes autour de ses motifs, pour transformer les situations banales en visions féeriques. Ses compositions montrent des réalités emboîtées les unes dans les autres, peuplées d'apparitions éphémères et de fantômes sitôt disparus comme dans La femme au perroquet - souvenir d'une jeune fille aux cheveux sombres croisée à Saint-Tropez portant un énorme ara bleu en liberté. La plupart de ses personnages paraissent hermétiques au décor qui les entoure, comme si celui-ci était construit autour d'eux a posteriori. Cette impression d'isolement et d'incommunicabilité est sensible dans la plupart des scènes avec personnages, où chacun paraît absorbé dans ses pensées ou ses occupations, comme hors d'atteinte ou absent à soi-même.

Chapitre Arcadie : "La mécanique du bonheur"
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Claude-Roger Marx, en 1952, et Antoine Terrasse, le petit-neveu de l'artiste, en 1967, allaient faire de lui le peintre original des scènes de vie paisible, qui assurent aujourd'hui encore sa réputation. Pour appuyer cette vision des choses, on peut également citer le témoignage de Charles Terrasse, qui disait de son oncle qu'il voulait uniquement peindre des choses heureuses. En s'appliquant à voir en Bonnard un chroniqueur de la paix domestique, un peintre des "îlots du bonheur et de l'hédonisme", on a souvent ignoré ou négligé les traits perturbateurs de son œuvre. Les impressionnistes et Paul Gauguin étaient les références qu'on faisait valoir lorsqu'il s'agissait de raccorder le solitaire Bonnard à l'histoire de l'art. Après la Seconde Guerre mondiale, on a perdu de vue l'art de l'excentrique Redon, avec ses royaumes du rêve et de l'imagination - de même qu'on s'est détourné du symbolisme dans son ensemble. Comment s'étonner dès lors qu'on ait peu prêté attention jusqu'ici aux liens entre ces deux frères d'esprit ? Prendre conscience de l'affinité spirituelle de ces deux solitaires élargira surtout le regard sur l’œuvre de Bonnard, qui nous reste peut-être encore à découvrir dans toute sa complexité - au-delà des facéties visuelles et des effets superficiels de la couleur.

Chapitre Intérieur : Les espaces de l'âme. Frères d'esprit - Bonnard et Odilon Redon
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Bonnard forge un nom à ce mélange inédit entre tradition française et influence japonaise : l'Art Nouveau. En 1895, pour le mettre à l'honneur, il rouvre sa galerie désormais élargie et rebaptisée la Maison de l'Art Nouveau. Dans le sillage de Ruskin, de Morris et du mouvement Arts and Crafts en Angleterre, son programme affirme : "L'Art Nouveau luttera pour éliminer le laid et le luxe prétentieux de toutes les choses de la vie, pour faire pénétrer l'affinement du goût et un charme de beauté simple jusque dans les moindres objets d'utilité." Pour son exposition inaugurale, Bing commande à Denis un décor peint pour une "chambre de jeune fille" ; il fait exécuter par Tiffany&Co., à New York, sept vitraux sur des dessins de Bonnard, Vuillard, Roussel, Toulouse-Lautrec et Vallotton. Sans doute la toile peinte par Bonnard, première ébauche des quatre lithographies formant le magnifique paravent intitulé "Promenade des nourrices, frise des fiacres", est-elle aussi exposée à cette occasion. Toute fois, elle marque la fin de son intérêt pour la création d'objets quotidiens et le début d'une obsession dont il ne se défera jamais pour une nouvelle forme esthétique, la toile peinte ornementale, conçue en fonction d'un contexte particulier, l'intérieur du foyer moderne.

Chapitre Décors : "Bonnard et l'art décoratif", par Nicholas Watkins, traduit par Camille Fort
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Le but ultime c'est qu'une femme, un homme ou un kangourou se mette devant ta peinture et dise : "Oui, dans ce bain, c'est moi."
Chapitre Nues - "Monsieur Bonnard", par Joan Sfar
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Vidéo de Guy Cogeval
Guy Cogeval. Mode et Impressionnisme.
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