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EAN : 9782070532612
144 pages
Gallimard (06/03/2003)
4.25/5   8 notes
Résumé :

À vingt ans, Édouard Vuillard rejoint Pierre Bonnard, Maurice Denis, Paul Sérusier dans le mouvement nabi, dont il applique les principes avec un radicalisme révolutionnaire. Très vite, il déploie son art dans les directions les plus variées: au synthétisme brutal des premiers temps succèdent les huis clos intimistes, les grands panneaux, les paysages, les décors, affiches et programmes pour le théâtre d'avant-garde et de Boulevard. À la violence des apl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Vuillard le temps détourné (1868-1940),
collection Découvertes Gallimard : des petits formats très attractifs qui sont aussi des synthèses très savantes, concentrés de connaissances touchant tous les domaines de la culture, accessibles à tous. Pour ce qui est de la peinture, deux peintres Nabis sont présentés : "Vuillard, le temps détourné" (Guy Cogeval), et "Bonnard, la couleur agit" (Antoine Terrasse). Deux Nabis de la première heure qui sont aussi des amis fidèles et presque indissociables. Vuillard, surnommé le "Nabi zouave", est "le plus profane et laïc" de la bande, Bonnard est le "Nabi japonard".

Vuillard n'à rien de fantasque. Il a laissé de nombreuses lettres et un journal, tenu de 1888 à 1895 et de 1907 à 1940, des milliers d'esquisses ; il n'est tout au contraire que réserve, sagesse et rigueur. « Ni révolutionnaire extraverti, ni peintre du dimanche, Vuillard présente un itinéraire très original au coeur de la tradition moderne ». Ayant perdu son père à 15 ans, l'importance de sa mère qui dirigeait un atelier de corsets et encouragea toujours sa vocation de peintre, sera sans doute décisive dans sa biographie. Il reste célibataire toute sa vie (sans doute amoureux de Misia, modèle et égérie des Nabis). Après des études au lycée Condorcet, il fréquente un peu les ateliers mais surtout le Louvre et reçoit une formation artistique classique à l'Académie Julian. L'originalité de ce petit livre est de montrer à quel point chez ce peintre les stratégies picturales s'enracinent dans sa vie privée, essence même de son oeuvre, entre 1890 et 1892, préfigurant d'autres artistes en d'autres domaines (Proust, parution du 1er volume de la recherche en 1913).

En tout début d'ouvrage, Guy Cogeval revient sur la constitution du groupe Nabi en 1888, puis très vite met en avant la fulgurante singularité de l'artiste celle que l'histoire de l'art aime retenir, sa période Nabie. Il y révèle sa manière très audacieuse d'assimiler les influences croisées du synthétisme, de la pensée symboliste et du japonisme, dans des oeuvres de petit ou moyen format par une formulation plastique surprenante, visible dans "Au lit", "l'Autoportrait octogonal", "Les lilas", "Le bois de Boulogne" ou "Fillettes se promenant", oeuvres emblématiques toutes peintes de 1890 à 1900. Par la composition, les sujets et le traitement qu'il leur réserve, certains de ses ensembles décoratifs s'apparentent à ce premier style Vuillard ("Panneaux Desmarais" de 1892, "Paravent des couturières" 1892). De cette époque datent aussi les nombreuses scènes d'atelier qui renvoient à l'univers professionnel familial et féminin ("l'école maternelle") qu'il connaît si bien : ces intimités d'intérieur, fragments arrachés à sa mémoire, que Guy Cogeval analyse si justement au sein de ce qu'il baptise les "stratégies du huis clos" du peintre ("La couseuse", "Femme au placard", "L'aiguillée", "Les couturières"etc.), un monde vuillardien en soi comme il y aura quelques années plus tard un monde proustien.

En même temps qu'il peint, Vuillard poursuit une activité intense liée au théâtre d'avant-garde, de 1893 à 1895, au Théâtre d'Art de Paul Fort qui a introduit Ibsen en France, et participe à l'aventure du Théâtre de L'Oeuvre avec Aurélien Lugné-Poe (qu'il a connu au lycée Condorcet) le grand rénovateur de la scène française de ces années là. Le théâtre est pour Vuillard l'occasion d'accéder à un univers totalement étranger au sien et de s'y impliquer complètement en réalisant des décors, des programmes et des scénographies d'une extrême inventivité. Même si le rapprochement ne s'impose pas immédiatement, c'est à Puvis de Chavannes que renvoie Guy Cogeval pour cet autre volet de son talent que constituent les compositions monumentales et les grands décors. Vuillard investit alors les murs des appartements de ses commanditaires fortunés, le docteur Vaquez ("Le piano", "La bibliothèque", 1896), ou les frères Natanson ("Les jardins publics", 1894, considérés comme le sommet du post-impressionnisme).

Puis vient le moment où le peintre opère une conversion. Après la période Nabie, dans les années 1910-1920, il évolue dans un sens tout à fait opposé à ses premières audaces picturales en prenant ses distances avec la période contemporaine, ne s'engage pas sur la voie de l'abstraction (voir à ce sujet, un propos très éclairant de Claude Roger-Marx, un de ses biographe, dans les documents annexés en fin d'ouvrage). La Revue Blanche dont il était un familier cesse de paraître en 1903 et le milieu littéraire qu'il fréquentait habituellement disparaît peu à peu de sa vie. Il se lie alors au couple Jos et Lucy Hessel, proches de la galerie Bernheim-jeune, qui a protégé les impressionnistes et où il a eu sa première exposition personnelle en 1900 ; il reste en relation d'amitié profonde avec Pierre Bonnard tout en se rapprochant de Maurice Denis. Entre 1920 et 1940 il continue de travailler beaucoup mais pour portraiturer surtout la société mondaine du temps : actrices, hommes politiques, industriels etc. ("Portrait de Jeanne Lanvin", 1933, "La comtesse Blanche de Polignac", 1932). Sa peinture, restée virtuose mais devenue plus "léchée", stérile diront certains, indispose la critique. Vuillard gardera cependant une place privilégiée dans la tradition de l'art moderne grâce à sa période Nabie. Une grande rétrospective lui a été consacrée en 2003, au Grand Palais.
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C'est au Musée d'Orsay qu'est née notre fascination pour les Nabis . Et particulièrement pour les intérieurs de Vuillard , nimbés de mystère . D'où l'acquisition pour en connaître plus sur cet artiste de ce petit livre qui est , comme toujours dans cette collection , très bien fait.
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Excellent livre de la collection découverte Gallimart art dédié à Vuillard. Il foisonne d'informations sur ce peintre à l'oeuvre foisonnante et merveilleuse. le livre est très complet et éclaire à la fois sa vie et son oeuvre. Les illustrations sont très nombreuses même si on regrette qu'elle ne soit pas de plus grande taille. le livre est extrêmement bien documenté et se lit très facilement. je recommande.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Au centre focal de son univers, il a de manière définitive, installé sa mère, qui est son sujet de prédilection absolue. Au cours de sa vie, il l'aura représentée dans environ cinq cents peintures. Il serait difficile de se figurer une mère qui fasse plus d'efforts pour comprendre son fils, le seconder le plus discrètement possible, assister dans l'ombre à la moindre péripétie de son évolution créatrice. ("L'idole maternelle", page 50)
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On commence un portrait sans connaître le modèle, quand on a fini, on connaît le modèle mais le portrait n'est plus ressemblant
Edouard Vuillard
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Dire qu'une chose est belle est simplement un acte de foi, non un mesurage avec une quelconque mesure.
(Vuillard, journal, 2 avril 1891)
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Si Vuillard nous apparaît comme le maitre incontesté du temps infinitésimal, des déplacements imperceptibles, du presque rien, de la confidence susurrée, est ce à dire que son talent ne peut s'exercer que sur des formats de petites dimensions? De par sa maitrise des formes impalpables et des micro organisme, il serait logiquement condamné aux extases menues.? Et pourtant, dès le milieu des années 1890, Vuillard va se révéler un grand décorateur.
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La peinture nabie aura été une phase ultime de l'assimilation de l'art japonisant. Le japonisme n'est plus seulement l'occasion d'une iconographie renouvelée, il triomphe en tant que recomposition codifiée du visible: figures à l'individualité niée, contrastes rythmiques, environnement végétal prisonnier de principes décoratifs, plans qui se superposent en hauteur, surfaces vides sur lesquelles glissent des personnages aplatis.
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Vidéo de Guy Cogeval
Guy Cogeval. Mode et Impressionnisme.
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