Le cercle des rebelles, tome 3 : Le défi de Sybille

Enfin le troisième tome.
Rappelez-vous:
" le Cercle des rebelles".
Un pensionnat de jeunes filles riches, en 1905.
Tome 1.
Une première histoire de placement avec
Rose, une jeune étudiante boursière (pour ainsi dire "pauvre", pour certaines mauvaises langues de filles de nobles).
Rose aimerait devenir journaliste si sa condition le lui permettait (de fille modeste et de fille tout court).
Ses camarades de chambre seront du même bois: Sybille, bagarreuse, qui veut créer sa ligne de vêtements et Olivia, fille d'une très bonne famille de la société londonienne, qui est férue de bricolage et de mécanique.
Ensemble, elles vont former le petit cercle informel des " Rebelles", des filles différentes de leurs camarades qui n'attendront de leur existence qu'un riche mariage et un nouveau nom prestigieux à adopter..."
L'auteure Catherine Kalengula semblera garder la tête du trio la plus dure pour la fin.

Sybille, combative, d'un caractère de feu et équipée de doigts de fée à la couture, extrêmement créatives pour la stylisation de vêtements, convaincue qu'il faut s'imposer sans se taire pour faire les choses à sa manière (sinon c'est le poing sur le nez).
Avec le trio, nous aurons la préfiguration du grand mouvement féministe historique des suffragettes, qui doit rester discrète car cette fois, la police s'en mêle.
Qui sont ses femmes qui ne sont pas mariées qui troublent l'ordre public et l'ordre des ménages?
Pour se faire entendre et offrir une voix aux femmes qui voudront devenir indépendantes, de leurs familles et de leurs maris, le groupe secret des femmes révolutionnaires de la "Lame", caché dans l'enceinte du pensionnat pour filles, devra parfois tordre la loi pour qu'une femme puisse proposer de nouvelles idées dans cette société où on ne les considère pas beaucoup, surtout pour aider à prendre de grandes décisions.
Rassemblements clandestins, actions de communication "coup de poing" et pamplets incendiaires: elles ne se laisseront plus faire!
Mais attention, elles ont été dénoncé et une "inquisition" circule dans les rangs pour flairer les idées hors normes qui pourraient mener vers les "criminelles".

Le tome va pouvoir offrir un peu plus de lumière sur le personnage de la pensionnaire Sybille, placée dans l'internat par sa belle-mère, pour la "matter" et lui inculquer de meilleurs manières.
Nous aurons toujours un peu l'impression sur les deux tomes précédents que cette nouvelle parente est loin d'être le "monstre" décrit mais plutôt qu'il faudrait qu'une discussion sérieuse ait lieu entre elle et Sybille.
Ce tome réservera t-il cette mise au point?
Plus cette belle-mère se montrera coulée dans le moule des femmes d'époque avec tout ce qu'elle croit être bon de faire dans son nouveau rôle de "mère", plus Sybille la détestera sans vraies raisons: elle est tout ce qu'elle ne veut pas être, c'est certain.
Tout le long de son tome et de ses confidences, on ne pourra s'empêcher (pour certains lecteurs à l'esprit aiguisé) de remarquer l'admiration qu'éprouve Sybille pour Olivia.

Elle admire la qualité de Rose, capable d'extérioriser ses sentiments facilement certe mais "Liv" aura cette image de la fille intrépide, intelligente, maitresse de ses humeurs, de ses paroles et douée dans sa partie.
Elle est une noble et pourtant elle aura le goût à plonger les doigts dans le cambouis et également l'esprit technique attendu pour inventer plein de nouvelles choses.
Elle est la preuve vivante que les filles n'auront pas la place qu'elles méritent avant même d'être adulte.
Sybille pourra t-elle acquérir cette maitrise de soi pour faire aboutir ses projets personnels et monter une entreprise seule une fois adulte, sans perdre un sang froid et afficher l'image trop "hystérique" et sensible des préjugés féministes?

Les lecteurs savent, que le monde changera pour les femmes. Mais avec le roman, on ne saura pas forcément quand.
Nous ne lâcherons rien des pages (bon, j'ai peut-être été aux toilettes) pour savoir si l'une de ses professeures se fera arrêtée, si les trois héroïnes du Cercle secret devront rentrer dans le rang car le monde des hommes n'est pas prèt.
Une excellente série accessible à offrir aux jeunes filles ( les garçons qui aiment lire ne devront pas s'interdire de le piquer,c'est de très bons conseils d'ouverture sur la "guerre" des sexes).

C'est au tour de Sybille d'avoir son tome dédié dans la trilogie du cercle des rebelles. le combat pour le droit des femmes continue mais n'est pas sans danger pour les trois amies et La Lame, la célèbre militante féministe. Dans ce troisième opus Sybille devra surmonter des défis si elle veut voir un jour son rêve se réaliser : devenir une créatrice de mode. Mais pour une jeune fille de bonne famille ce rêve est loin d'être accessible.

J'aime toujours autant cette série et j'apprécie vraiment l'idée de mettre un nouveau personnage en avant à chaque tome. Elles ont le même combat et travaillent ensemble dans leurs actions mais elles nous en apportent un point de vue différent. le message féministe est présent à travers les revendications et les injustices vécues par ces jeunes filles. Il s'intègre donc bien à l'histoire sans empiéter sur l'aventure. Rajoutez à tout ça des personnages attachants et vous avez un roman jeunesse très agréable à lire.

La question des droits des femmes du point de vue de Sybille :
Chaque tome apporte un point de vue. Rose et son rêve de devenir journaliste est freiné par sa situation sociale et son statut de femme. Elle croise d'autres femmes qui doivent prendre un nom masculin pour que leurs articles paraissent dans la presse. A travers elle nous voyons la difficulté pour une femme de trouver un emploi intellectuel et de s'exprimer librement. Nous ne leur laissons pas la parole.
Olivia et son rêve de devenir ingénieur est freiné par son statut de femme. Elle doit se marier, point. A travers elle nous voyons la pression de la société envers les femmes qui les cantonne à des rôles d'épouses et de mères. Mais aussi la non reconnaissance de cette même société à la capacité des femmes à réfléchir, inventer et se lancer dans les matières scientifiques.
Sybille et son rêve de devenir créatrice de mode est freiné par les mêmes difficultés qu'Olivia. Elle n'aura pas à travailler et encore moins dans la couture (un métier pour une caste sociale inférieure.) A travers elle nous voyons le carcan des vêtements. Les femmes sont obligées de porter des robes et des corsets, ce qui limite et gêne leur mouvement… et donne raison à la société de leur interdire des activités et des professions.

Le conseil de la bibliothécaire : Comme pour les tomes précédents, “le défi de Sybille” s'adresse aux enfants dès 9 ans et permet de leur montrer, à travers une aventure et une histoire d'amitié, la place de la femme au XXe et les difficultés qu'elles rencontrent. Mais aussi découvrir un message d'espoir : il faut continuer à croire en ses rêves. Il vaut mieux commencer par le premier tome pour découvrir comment les amies se sont rencontrées et les événements du premier. Mais si vous loupez le premier, ce n'est pas très gênant en soi.
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