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EAN : 9782080673602
370 pages
Flammarion (01/11/1998)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Au printemps 1945, officiellement Los Alamos n'existe pas. Pourtant, aux confins du Nouveau Mexique, la bombe atomique est sur le point de voir le jour et l'assassinat d'un vigile de la base conduit l'agent spécial - Michael Connolly - au centre du mirage. Dans le cadre de son enquête, l'homme au trench froissé verra toute cette société, classée secret défense - du Général Groves au génial Robert Oppenheimer -, défiler devant lui en un long slow entre science et mor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Soudain une lumière bleue inonda la pièce, un formidable éclair. «Couchez-vous ! Restez où vous êtes, dit-il sans s'affoler. La table va être contaminée. » »
Ce pourrait être un excellent roman d'espionnage avec tous les ingrédients du genre : un meurtre, des savants isolés dans une base militaire, un énorme secret, des espions, un enquêteur, une femme mariée beaucoup trop séduisante. de quoi passer un bon moment.
Mais c'est bien plus que ça. La possibilité de passer trois mois aux côtés du général Groves et de Robert Oppenheimer, les patrons de l'opération Manhattan, de vivre à Los Alamos comme si un laissez-passer vous était tombé du ciel.
Santa Fé, avril 45, dans un parc de la ville, un cadavre est découvert dans une position scabreuse. Il ne porte aucun document d'identité et personne ne semble le connaître. La police locale conclut à un rendez-vous sexuel ayant mal tourné.
A une trentaine de kilomètres de là, à Los Alamos, la surprise fait rapidement place à la prudence. On connaissait la victime, agent de sécurité, mais pas ses goûts sexuels. Alors, sait-on jamais, l'armée n'aimant pas les surprises, on y dépêche un enquêteur chargé d'enquêter sans laisser penser qu'il enquête. Pas question de distraire le quarteron de nobélisés et l'escouade de nobélisables du « gadget », comme ils l'appellent, sur lequel ils s'apprêtent à effectuer les derniers réglages. Il doit s'assurer que la version de la police, qui arrange bien des choses est bien la bonne, parce que sinon…
Joseph Kanon est un excellent écrivain (j'en suis à mon cinquième roman avec toujours le même plaisir et celui-ci est le meilleur), il sait fort bien décrire la vie quotidienne de la base, les états d'âme ou les certitudes des savants qui mettent au point une arme terrifiante. Il dépeint aussi très bien le souci du secret, la crainte des fuites et l'obsession de terminer au plus vite, pour prendre de vitesse les nazis. Ses personnages sont consistants et crédibles.
Il vous emmène dans le désert voisin, sait vous décrire ces lieux désolés et superbes, vous parler des habitants précolombiens de la région, les Anasazis, disparus un jour sans explication comme pour défier les anthropologues. Bien sûr, il ménage le suspens jusqu'à la fin, jusqu'au moment où un monde nouveau, vertigineux et terrifiant nait d'un éclair prodigieux. Magistral !
« Oppenheimer se tourna lentement, étonné. « Vous croyez ? Prométhée ?
_ Non. le feu était un cadeau. Ceci est une malédiction. »
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Par milliers...murmura Eisler.
_ On croyait savoir on ne savait pas. Friedrich, ils ont tué tout le monde.
_ Ils ont gagné, dit Weber.
_ Non, qu'est-ce que tu racontes ?
_ Ils ont tué tout le monde. Il est trop tard, tu ne vois pas ? Tout ce travail. Nous arrivons trop tard."
Weber se leva et sortit en trainant le pas.
_" Qu'a-t-il voulu dire par "nous arrivons trop tard" demanda Connolly.
_ Nous sommes venus ici pour vaincre les nazis. En soldats, vous comprenez. C'était notre façon de nous battre. Avec nos règles. Nos expériences. Nous n'étions que de petits binoclards, nous n'avions ni les muscles, ni les bottes, ni les bataillons. Mais nous avions l'intelligence. Nos armes étaient ici, dit-il en se frappant la tempe. Nous allions fabriquer une bombe pour tuer les nazis. Une chose terrible, c'est vrai. Mais avec les nazis, tous les coups étaient permis. Même la bombe. Ils voulaient tuer tout le monde. Et vous voyez, ils l'ont fait. A quoi servons-nous maintenant ? Tant que les nazis sont menaçants, nous n'avons pas à nous poser de questions morales. Mais qu'allons-nous faire de cette bombe s'il n'y a plus de nazis ?
_ Je ne sais pas.
_ Moi non plus. Aucun de nous.
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Soudain un éclair, plus blanc que le magnésium, comme un flash d'appareil photo. Une éblouissante lumière lui transperça le corps et envahit l'espace autour d'eux. Tout devint blanc. Il ferma les paupières une seconde, mais la prodigieuse lumière resta imprimée sur sa rétine. L'éclat grandissait, dévorait le ciel, transfigurait le panorama. Et si Fermi avait raison ? Si cela ne s'arrêtait plus, si les corps fondaient sous la chaleur ? C'était maintenant une immense boule, toujours aveuglante, qui montait en soulevant le désert. La boule grandit, grandit, jaune d'abord puis violette, étrange, terrifiante. Un violet surnaturel que personne avant eux n'avait vu. Son coeur s'arrêta de battre, il voulait se détourner, mais le spectacle l'hypnotisait. Alors les contours du scintillement se précisèrent : le désert s'arrachait du sol en un nuage ascensionnel, relié à la terre par une tige colossale.
Le bruit arriva à retardement : un fracas de tonnerre répercuté par les montagnes, qui roula dans la vallée en déchirant les airs. Qu'est-ce que ce devait être à proximité de la déflagration ! Il chancela, étourdi. Une violence sans limite, inexorable. Personne n'y survivrait.
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"_ Qu'a-t-on raconté aux gens, quelle est la version officielle et qu'en pensent-ils ? Il ne peut pas y avoir un meurtre dans une petite communauté sans quelque explication.
Oppenheimer médita un instant.
_ Non, en effet. Mais maintenant que vous m'y faites penser, on en parle très peu. Ils savent qu'il a été agressé et détroussé. Ca crée un certain malaise, surtout dans une petite ville comme Santa Fé, mais la vie continue.
_ Ils savent pourquoi ?
_ Vous voulez parler de son homosexualité ? Non, il n'y avait aucune raison de le leur dire. Je suis certain que cela ne leur a jamais traversé l'esprit. A moi non plus, d'ailleurs. Je vous conseille de laisser ce pauvre homme reposer en paix. Et ses amis. S'il en avait, ce qui m'étonnerait.
_ Vous admettrez cependant que, s'il y a quelqu'un qui sait, ce serait utile de lui parler.
_ Oui, bien sûr. Mais comment voulez-vous le dénicher ? En épluchant les fiches de la bibliothèque pour savoir qui lit André Gide ?"
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Il se débattit avec le cric, essaya de fixer la manivelle et se baissa pour regarder sous le châssis.
"Tu y arriveras, tu crois ? dit-elle.
_ Il faut l'espérer. A moins que tu ne veuilles passer la nuit ici." Il leva les yeux.
"Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
_ Rien. Toi. Si tu voyais ta tête. Un petit garçon contrarié. As-tu au moins une vague idée de ce que tu fais ?
_ Je fais comme j'ai vu faire. Tu as une autre solution ?
_ Je pourrais retourner à pied jusqu'au poste de garde, battre des cils et persuader le ranger de venir réparer. Il rappliquerait aussi sec.
_ Je me débrouillerai", dit-il en installant le cric.
Elle soupira en riant. "Les hommes; Vous êtes bien tous les mêmes.
_ Mais encore ? fit-il avec indifférence.
_ Vous ne voulez jamais demander d'aide. Ou une direction. Un homme ne demande jamais une direction. Il tourne en rond mais ne demande jamais.
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Bientôt, les montagnes disparurent complètement, comme des rideaux s'ouvrant sur un immense panorama de buttes en grès rouge et de mesas, sous un ciel infini. C'était le paysage le plus spectaculaire que Connolly eût jamais contemplé.
Un moment la 44 longea une rivière. Ils entrèrent dans des gorges criblées de rochers rouges et de genévriers, dont les parois étaient si hautes qu'ils se crurent ensevelis sous la pierre jusqu'à ce qu'un tournant leur rende la vision du ciel. C'était l'Ouest tel qu'il l'avait imaginé sans l'avoir jamais vu, ni l'aride désert de cactus de Trinity, ni même les étendues de sauge et de plantes grasses du Rio Grande, mais une terre qui semblait exister depuis la nuit des temps, monumentale, si réfractaire à l'homme qu'elle puisait sa beauté dans la géologie, comme si la végétation n'était qu'un ajout superflu de dernière minute. Les montagnes, à droite, semblaient marquer la frontière du monde connu. Devant eux, les mesas gigantesques s'élevaient comme des îles sur le fond d'un océan oublié, séparées par des mers de sol sablonneux. Les versants abrupts striés de couches sédimentaires blanches, jaunes, marron et rouges formaient une carte du temps en couleurs, tandis que de grands piliers rocheux, déchirés et hachés, se dressaient ça et là comme des statues de dieux.
Quand enfin ils quittèrent les canyons tortueux pour filer à travers le plateau vide, la chaleur promise s'abattit sur eux comme un torrent de lumière.
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