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Vincent Brochard (Traducteur)
EAN : 9782258069084
232 pages
Presses de la Cité (25/11/2005)
3.92/5   178 notes
Résumé :
Sakutaro et Aki tombent amoureux alors qu'ils sont adolescents. Aki meurt d'une leucémie et le jeune homme doit faire face au deuil, à l'absence de l'être aimé. Avec les parents de la jeune fille, il part en Australie pour éparpiller ses cendres selon la volonté de son amie. Durant cette épreuve, le jeune homme sera soutenu par son grand-père qui a connu une expérience similaire.
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Des fleurs de cerisier, amours éphémères, s'envolent derrière le jardin du temple. La plus belle des poussières ces fleurs, avec celle distillée par la lune bleue qui illumine de son sourire mon verre de bière. Je prends le pouls du temple, silence, et respire sombrement mes pensées. Je monte les escaliers, ceux qui me mènent au ciel au sommet de la falaise, dans l'ombre d'une forêt d'érables et de cryptomérias. Là, une vue s'étend à l'horizon, je vois presque l'Australie, le ciel se confond à la mer, le bleu turquoise devient azur, l'azur plonge dans l'immensité de l'océan. Un bâtiment de brique rouge, et une longue cheminée qui longe le ciel. Une fumée grise s'échappe, s'envole comme l'amour ou les papillons. L'incinérateur chauffe sa mélodie, ritournelle incessante, trouble l'atmosphère, suffoque et tousse ses rejets carbonisés. Sakutaro lève les yeux, son regard se perd dans la fumée grise qui s'enfuit lentement de la cheminée. Poussière d'Aki qui s'envole ainsi au milieu des nuages, les gris se mélangent, se confondent, disparaissent. le souvenir d'Aki qui se dépose, comme une poussière de cendres qu'il recueille entre ses mains.

Ah... une nouvelle histoire d'amour, pure et belle, comme elle peut l'être du temps de l'adolescence. Mais l'histoire d'amour est tronquée dès le début, la faute à ces putains de vie, une leucémie. Et l'histoire devient souffrance, questionnement sur la vie, sur l'après, sur l'amour. le chagrin est présent à chaque pas, chaque regard vers la lune, chaque musique entendue, il reste ancré dans l'esprit, dans le coeur, dans l'âme, dans la mousse de ta bière même dans sa couleur dorée. Parce que dans toute histoire d'amour, il y a une histoire de bière, celle-ci ne fait pas exception.

Une histoire de grand-père aussi qui invite souvent son petit-fils autour d'une bière, il boit beaucoup de bières le papy, et pourtant... Ils parlent ensemble de cet amour, un amour du passé, un amour incompris qui est resté dans l'ombre du secret. J'ai bien aimé l'histoire du grand-père, et pourtant... Lui aussi a connu le grand Amour en son temps, une histoire triste comme toutes les histoires d'amour, une histoire qui pourrait se jouer sur un piano mélancolique et qui se raconte maintenant autour d'un verre de bière. Et donc ce pourtant, me diras-tu ? Parce qu'il est bien connu que je suis un être dépourvu de sentiments à défaut de poils, j'aurais envie de te retourner vers d'autres avis qui, eux, ne manquent pas de sentiment, d'émotion, de partage. Et oublier ainsi ce "Et pourtant".
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En Australie, à la recherche de l'endroit où Aki voulait que l'on répande ses cendres, Sakutaro se souvient...de leur rencontre en classe de 4è, de leur amitié qui peu à peu s'est transformée en amour, de leurs promenades, leurs conversations, leurs projets, de la maladie d'Aki et finalement de sa mort. Seul avec sa peine, le garçon ne pouvait que partager son chagrin avec son grand-père, capable de le comprendre, ayant perdu lui aussi un être cher.


Un roman magnifique et touchant qui, même s'il est d'une immense tristesse, reste sobre, délicat et pudique. On se laisse emporter par la douceur de ce récit qui conte un amour naissant qui n'aura pas eu le temps de s'épanouir, le chagrin de celui qui reste et ses interrogations sur l'amour. Car malgré la mort, c'est bien d'amour qu'il s'agit : comment il s'installe dans un coeur sans que l'on s'en rende compte, comment il s'alimente de petits gestes, de petites attentions, de moments partagés, et ce qu'il devient une fois que l'être aimé n'est plus là pour le recevoir. Que faire de ce sentiment si intense? Que reste-t-il de celui qui est parti? le temps peut-il effacer le chagrin?
Un grand moment d'émotion et une belle réflexion sur l'amour et la mort. un petit bijou de sensibilité et de poésie, à lire absolument.
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L'histoire est toute simple, et déjà résumée dans la 4ème de couverture, tout l'intérêt de cette découverte est dans le traitement d'un double sujet universel, l'amour et la mort.

Pour faire court sur le scénario, le narrateur Sakutaro et Aki se rencontrent au collège, en 4ème. Une belle amitié se crée naturellement entre ces deux jeunes adolescents qui prennent tant de plaisir à être ensemble et à se parler déjà de tout et de rien, mais aussi à s'interroger sur les choses sérieuses de la vie. Inséparables, leur relation devient amoureuse, et malgré leur jeune âge déjà ils se promettent le mariage. Mais un jour Aki qu'on croit anémiée doit être hospitalisée...Sakutaro, quotidiennement à son chevet, apprendra des parents de son amie qu'elle est atteinte d'une leucémie, ce qu'Aki si fatiguée comprend vite d'elle-même.
En quelques semaines de souffrance pudique voire muette, elle est emportée, alors même que dans un dernier accès de folie amoureuse Sakutaro tente de l'emmener en voyage en Australie comme ils en rêvaient. Sakutaro, dont l'âme vidée souffre, échange avec son grand-père qui croit à un au-delà, lui qui a connu et perdu aussi un grand amour. Il part avec les parents d'Aki au coeur de l'Australie disperser ses cendres, et va apprendre à se reconstruire peu à peu après cette phase de deuil.

Une histoire simple, qui dans les 50 premières pages m'a inquiété car j'avais l'impression dans les échanges entre nos jeunes tourtereaux de retrouver des dialogues dignes de Murakami dans l'incolore, de style masturbation intellectuelle pour enfoncer des portes ouvertes à coups de banalités. Mais la suite a révélé des éclairs poétiques superbes, surtout lorsque l'auteur se niche dans la tête de Sakutaro. L'écriture suscite alors l'émotion.
L'amour de ces jeunes est magnifique de pudeur, d'espoirs, de rêve, de promesses qu'on peut se faire à cet âge quand on a toute une longue vie devant soi...Mais la maladie d'Aki va faire virer cet enchantement à la tragédie. Personnellement j'ai trouvé le traitement de cette phase de la maladie absolument formidable. La souffrance d'Aki est tellement forte moralement et physiquement, et pourtant elle est courageuse, évite de le montrer. Ce pressentiment qu'elle a finalement très vite de sa mort inéluctable, tout en parlant encore un peu de projets, peut-être bien sans y croire, pour donner le change face à son chéri...Un sentiment d'impuissance absolu dans son corps qui la trahit, le désespoir des proches qu'ils s'efforcent de cacher à une malade pas dupe, leur projection d'un immense et irréparable vide à venir, le tout aggravé d'un sentiment de culpabilité...Cela m'a serré le coeur.
Et puis ces échanges de Sakutaro avec le grand-père sur la mort et sa suite (ou pas) s'avère riche, et nourrit notre propre réflexion sur cette question éternelle et essentielle pour l'humanité. Sakutaro fera l'expérience de porter en lui l'âme d'Aki, retrouvant une forme de sérénité qui l'aidera à réaliser sa vie d'homme, comme le suggère plus que ne le décrit une fin peut-être un peu rapide.

Au final, un très beau livre, tout empreint d'émotion, dur, mais au message d'amour finalement positif pour nous aider à tenir devant les deuils et les coups du sort de la vie.
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Que dire? Par quoi commencer? Un cri d'amour au centre du monde est un de mes coups de coeur, de mes meilleurs romans à vie. Dans la librairie, ce livre a accroché mon regard à cause de sa couverture (rose sur blanc) qui détonnait des autres romans tout autour. Puis, le résumé à l'endos m'a intrigué. Enfin, le roman m'a passionné. Pourtant, aucune surprise. le lecteur sait dès le début que cette histoire d'amour entre deux lycéens japonais se terminera par la mort de la jeune fille, qui sera emportée par la leucémie. Ce qui m'a charmé, c'est la finesse de l'écriture (sans prétention, douce et jolie, presque poétique) mais surtout sa sobriété. Aussi, l'équilibre entre réalisme, romantisme (je pense à l'épisode sur l'île déserte) et tendresse (la relation entre Sakutaro et son grand-père) est très bien réussi. L'auteur n'est pas tombé dans le piège des clichés sur les relations amoureuses entre adolescents. Il s'en est tenu à ses principaux thèmes, soit l'amour, la famille et le deuil. J'ai été incapable de déposer ce livre et je l'ai lu en une soirée. On n'y retrouve aucune longueur, chaque moment est important au dénouement de l'histoire. C'est très émouvant sans être mélodramatique.
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Ceux qu'on a aimés et qui ont disparu, ont-ils réellement existé ? Ce qui s'est volatilisé va-t-il réapparaître un jour ?

Le sang coule encore dans les veines de Sakutaro, mais il ne sait plus si lui-même existe encore. le vide et le silence se font complices pour éveiller en lui des hallucinations. Il est allé dans le désert australien répandre les cendres de celle qu'il a aimée.

"Cela ne sert à rien d'être triste ou d'avoir peur. L'amour continue à exister par-delà la mort".

N'est-ce pas cela la force de l'amour ? Plus que les souvenirs, garder au fond du coeur ce qu'on n'a pas pu faire ensemble, pas pu se dire. Ce sont des secrets qu'on réserve à celle qui s'est évaporée. Pour le jour où elle tournera au coin de la rue. Pour le jour où la lumière renaîtra dans son sourire.

"Vers où es-tu partie, tendre petite âme ?"

Un cri d'amour au centre du monde de Kyoichi Katayama fera fondre en sable les plus durs des coeurs de pierre.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Pendant l'incinération, alors que le saké était servi aux adultes, je suis allé faire les cent pas dans l'arrière-cour du bâtiment, qui était à proximité immédiate de la montagne. Le talus était couvert de plantes brunes desséchées par le froids. De la cendre noire avait été jetée à un endroit qui semblait être utilisé comme dépotoir. Tout était calme, on n'entendait ni voix humaine, ni cri d'oiseau. Mais dans le silence, j'ai fini par percevoir le ronronnement discret du four. Sous le coup de stupeur, j'ai levé les yeux vers le ciel. La cheminée de briques rouges s'y découpait et de la fumée s'échappait de son orifice carré souillé par la suie.
J'ai été saisi d'un sentiment d'étrangeté. Je contemplais, s'élevant paisiblement dans le ciel d'hiver, la fumée produite par la combustion du corps de la personne qui m'était la plus chère au monde. Je suis resté planté là un long moment, à suivre des yeux son ascension. Elle s'élevait en variant du noir au blanc. A la fin, elle prenait une teinte grise qui se confondait avec les nuages. Lorsqu'elle s'est volatilisée complètement,, mon cœur est devenu parfaitement vide.
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Je devais me rendre à l' évidence : Aki avait disparu. J'avais perdu Aki. Tout ce qu'il y avait à voir n'existait plus pour moi. L' Australie pas plus que l' Alaska, la Méditerranée pas plus que l' océan Antarctique. Où que j' aille dans le monde, cela aurait été pareil. Quelle que soit la beauté du paysage, si splendide soit le panorama, je n'aurais pas pu être ému, j'aurais été incapable de les apprécier. La personne qui me donnait le désir de voir, cette personne avait disparu. Elle ne reviendrait pas vivre avec moi.
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Je fus alors saisi d'une certitude terrible. Aussi longtemps que je vivrais, je ne voulais pas être plus heureux que maintenant. Je ne voulais aspirer qu'à une chose: tenter de conserver ce bonheur précieusement aussi longtemps que possible. Car j'étais effrayé par ce que je ressentais. Si la quantité de bonheur attribué à chacun d'entre nous est limitée, alors j'étais peut-être en train de dépenser la part de toute ma vie.
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Nous avons échangé un baiser au moment même où les dernières traînées du jour s'effaçaient à l'horizon. Nous étions restés un moment les yeux dans les yeux. Nos lèvres se sont jointes spontanément lorsque nous avons pris conscience de l'invisible consentement qui était monté en nous. Les lèvres d'Aki avaient un goût de feuille d'automne. Peut-être était-ce dû à l'odeur des feuilles mortes que l'homme en pantalon blanc faisait brûler dans la cour du temple.
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Aki semblait peu à peu de plus en plus lointaine : sa voix, l'expression de son visage, sa main que je tenais.
- Tu te souviens de ce jour d'été ? reprit-elle, comme des braises sur le point de s'éteindre se raniment à un souffle de vent. Nous flottions sur ce petit bateau au milieu de la mer...
- Oui, je me souviens.
Les paroles qu'elle prononça s'étouffèrent dans sa gorge et je ne les compris pas. Il était temps de me retirer. Est-ce qu'elle allait partir en me laissant d'elle ce dernier souvenir pareil à une paroi de verre verticale ?
Une mer d'été d'un bleu limpide s'étendait à perte de vue dans ma tête. Il y avait là tout ce qu'il fallait. Je n'y manquais de rien. Tout ce dont j'avais besoin y était à ma portée. Mais lorsque je tendais la main vers ce souvenir, elle me revenait couverte de sang. Il aurait fallu que nous continuions à flotter éternellement au milieu de la mer. Il aurait fallu que nous devenions, Aki et moi, des reflets d'argent.
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