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sur 161 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Pourquoi choisir Venise ?
Pour mesurer le chemin parcouru. Venise n'est pas" là-bas " mais" là-haut " selon le mot splendide de Casanova. Il existe sans doute bien des hauteurs de par le monde où l'on peut jouir d'une vue étendue sur le passé, mais je n'en connais pas d'autres où l'histoire nous saisisse à ce point pour nous relier à notre propre vie"
Cette splendide phrase de Jean-Paul Kauffmann emporte mon adhésion totale et ce fut un grand bonheur de naviguer au côté de l'auteur de Venise à Double Tour.
Jean-Paul Kauffmann est un grand amateur, un amoureux éternel de Venise tout comme moi et tant d'autres. A travers une quête étrange qui consiste à faire ouvrir des églises vénitiennes fermées à double tour, Jean-Paul Kauffmann défie le temps qui passe, l'art qui est une raison de vivre, il veut retrouver une peinture qui brillait dans la pénombre d'une église découverte dans sa jeunesse.
Pour cela, il est prêt à tout ou presque, il décide de séjourner plusieurs mois dans l'île de la Giudecca avec sa femme Joëlle pour mener son enquête.
Cette quête est parsemée de pensées de voyageurs comme Sartre, Lacan, Hugo Pratt qui ont partagé le même amour pour Venise que l'auteur.
J'ai moi même fait plusieurs voyages à Venise depuis ma jeunesse, le dernier tout récent la semaine dernière et comme Jean-Paul Kauffmann, je rêve à un prochain voyage car Venise possède un secret, une attache irrésistible qui existera toujours pour celui qui aime cette ville en dépit de toute l'affluence drainée par des touristes sans lendemain.
Je vous conseille donc ce bon roman..
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Jean-Paul Kauffmann décrit tout à la fois une ville, Venise, source d'inspiration de la littérature et de l'art, et une quête, sa volonté de visiter les églises fermées de Venise, celles qui durant des siècles ont abrité tant de trésors artistiques et qui faute de fidèles et de moyens financiers pour les entretenir finissent à l'abandon. Son séjour dura quelques mois pendant lesquels, depuis son appartement de base de la Giudecca, il a cherché par de multiples moyens à se faire ouvrir ces lieux consacrés. Grâce à l'entregent d'une guide-conférencière, certaines de ces bâtisses dépendant des hôpitaux ou des instituts de bienfaisance ont pu exceptionnellement lui ouvrir leurs portes. Kauffmann a aussi profité de quelques hasards pour se glisser dans des bâtiments en principe interdits. Mais il a buté surtout sur le Patriarcat de Venise, où le grand Vicaire en charge notamment de l'action culturelle de l'Église, a fait barrage à son désir.

Quels liens entre une jeunesse marquée par la présence catholique dans un bourg breton et cette recherche de restes statuaires ou de chapelles vidées des tableaux qui les ornaient, rapatriés dans le musée diocésain ? Que referment les portes cadenassées des édifices anciennement religieux ? Pourquoi chez un ex-détenu, privé de liberté, cette envie d'aller là où les autres ne vont plus ?

Au passage, l'auteur présente la Sérénissime (un terme qu'il s'est juré de n'employer qu'une unique fois dans le livre - pari tenu) dans tous ses contrastes. Une fière cité aquatique, qui s'est développée avec le commerce maritime (mais aussi par le vol et le pillage), avant qu'elle ne décline et que Napoléon n'apporte le coup de grâce à son indépendance farouche. Napoléon, le fossoyeur déjà de certaines institutions religieuses et églises qui n'étaient en fait plus trop utilisées. La fuite des habitants, de moins en moins nombreux dans une ville où les loyers montent autant que l'acqua alta en hiver, s'en est suivie. Les locations touristiques, type Airbnb, deviennent plus rentables que les loyers perçus pour les habitants à l'année. Les immenses paquebots frôlent au plus prés la place Saint-Marc et remuent la lagune pour déverser quotidiennement des milliers de touristes à l'affût de verres de Murano ou de masques de carnaval made in China. Un tourisme facile à décrier, mais qui reste cependant indispensable au fonctionnement des musées, à l'entretien des églises (payantes hors des offices), ou tout simplement au maintien d'une vie quotidienne dans une ville où tout est plus compliqué. Une ville où le prix des restauration des immeubles peut aller jusqu'à dix fois le prix pratiqué sur le continent.

La démarche de Kauffmann est rendue plus complexe par les particularismes vénitiens. Bureaucratie peu compréhensible, rapports différents avec le patrimoine (pour les Italiens ce legs historique est là, il faut faire avec, pas le mettre sous cloche). Les bâtiments partent en morceaux ? On rafistole, sans cacher forcément la trace de l'intervention. Certaines églises se prêtent à une réutilisation comme incubateur de start-up ? Pourquoi pas. Mais dans les limites de ce que peut accepter le Patriarcat, s'agissant de lieux consacrés, même s'ils ne sont plus utilisés depuis des décennies.

L'ouvrage de Kauffmann tombe à pic en cet été 2020. Pas de vacances en Italie au programme cette année. Pas de cafés serrés au comptoir. Pas de lieux chargés d'histoire romaine ou Renaissance… le soleil est là, mais le plaisir de se trouver dans un ailleurs qui nous parle dans une autre langue (et à toute vitesse) n'est pas pour aujourd'hui. Par procuration, le lecteur prend plaisir à suivre les déambulations de Jean-Paul Kauffmann, son obstination, sa rencontre avec la sprezzatura italienne (ce mélange de nonchalance et de dédain)… le tout est porté par une écriture brillante, une culture littéraire rare (qui me dépasse de beaucoup), et une façon plaisante de présenter les oeuvres d'art. Dans une autre vie Kauffmann aurait pu faire restaurateur du patrimoine ou guide conférencier, il aurait été passionnant à suivre.
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"Venise à double tour" de Jean-Paul Kauffmann est un récit avec un côté réflexion personnelle comme beaucoup des livres de l'auteur et j'aime ses écrits. J'aime son écriture, son humour, son autodérision, son regard acéré sur les choses et les gens. Il s'intéresse à tout et c'est communicatif. On se prend à son enthousiasme, on partage ses joies et ses déceptions.
A lire si on aime Venise, l'art, et/ou les récits de Jean-Paul Kauffmann.
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Une déambulation lettrée et poétique dans les rues de Venise nous est offerte par Jean Paul Kaufmann. Convoquant Morand, Sartre, Lacan, Pratt, détaillant les toiles du Titien, du Tintoret ou encore de Palma le Jeune, se rappelant les airs de Pachelbel et d'autres compositeurs inconnus à mes oreilles, l'écrivain part en quête de Venise la secrète, une chasse aux églises fermées, à ses mystérieux propriétaires et gardiens. J'ai aimé cette exploration savante des rues de la belle Venise, on y sent la vase, le soufre et la mélancolie. Je ne suis pas sûre d'avoir saisi toutes les subtilités mais j'en sors heureuse comme après une magnifique visite guidée dans un temps et une époque révolue.
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Je ne connais pas Venise, je ne m'y suis donc pas retrouvée dans toutes ces églises closes et non closes... Et pourtant, les mots de Jean-Paul Kauffmann m'ont bercé durant toute la lecture. je me retrouvais dans un autre monde, très beau.
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Étrange livre, que j'ai retrouvé chaque soir tout au long du mois d'octobre, accompagnant l'auteur-narrateur dans ses pérégrinations à travers Venise. Fidèle de cette ville, il s'installe quelques mois avec son épouse dans un appartement situé sur la Giudecca, avec cette quête particulière de se faire ouvrir les églises fermées, afin d'y retrouver peut-être l'éblouissement qu'il l'avait saisi face à un tableau entraperçu lorsqu'il avait visité la ville jeune homme. Bien entendu, la quête elle-même, ses péripéties, les rencontres qu'elle provoque et les réflexions qu'elle inspire importent bien plus que son objet, et j'ai eu plaisir à errer dans la ville et à laisser mon esprit vagabonder au gré des divagations de l'auteur. Un charme certain si l'on est sous l'emprise de celui de Venise.
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C'est lentement que j'ai mené la lecture de « Venise à double tour » de Jean-Paul Kauffman, rythme que j'ai ressenti comme dicté, imposé par l'oeuvre, par son contenu plus exactement. Rien de difficile dans cette lecture - bien au contraire, le bonheur de me retrouver à Venise, dans cette ville si particulière, à l'ambiance unique. Avec l'auteur, j'ai entrouvert des portes d'églises et de chapelles fermées au public, glissé ma tête dans leur entrebâillement, profitant des opportunités qui m'étaient alors données...

Mais tel n'est pas finalement le coeur de l'oeuvre qui est en réalité le récit d'une quête intérieure, celle d'un ancien otage, qui revient parfois sur ce passé, celui aussi de la construction de son être par l'éducation reçue, les lectures réalisées, la culture acquise. Et c'est cette quête qui m' a contrainte à ne lire ce livre que chapitre à chapitre, laissant passer parfois plusieurs jours entre chacune de ces rencontres.
Finalement je reprends à mon compte les mots de J-P Kauffman : « Qu'est-ce qui a compté, au fond, dans cette chasse au trésor ? (...) Ce qui m'a excité(e) je l'avoue, c'est la joie de l'affût, l'attente, l'occasion à saisir, la poursuite, mais aussi l'imprévu, les impasses, les fausses routes, les bifurcations, qui vous emmènent parfois à braconner. de cette vie intense, on ne revient jamais bredouille. On attrape autre chose ». Rencontre humaine très intéressante, qui m'a aussi renvoyée à mes découvertes de cette ville extra-ordinaire qu'est Venise, qui demande qu'on s'y perde, pour y découvrir des trésors, y faire des rencontres inoubliables, - à condition de sortir des sentiers battus du tourisme de masse, de savoir l'observer, l'écouter, la sentir, la toucher.
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Jean-Paul aime beaucoup parler de lui. Et de son désir de conquérir l'urbex de Venise. Mais attention : l'urbex des eglises. Il veut découvrir tous les bâtiments qui avant étaient des églises, fermées pour cause de changement de direction architecturale, fermées pour cause d'absences de paroissiens… Il a le luxe de pouvoir profiter pendant 6 mois de la ville et de réaliser un rêve qui le poursuit depuis des années. Pourquoi pas.
Le récit se lit autant avec plaisir que jalousie. Car qui peut se permettre de vivre un rêve pareil? Abreuvées d'anecdotes historiques savoureuses, de références littéraires un peu pédantes, Kauffmann s'offre des instants de beauté, de grâce, d'administration italienne, et de déceptions. Entouré de ses amis, de ses rencontres au gré des recherches, il sillonne la ville, tente de braver l'interdit tout en restant sagement à sa place. Il comble son manque de visites de lieux fermés par ses inspirations du moment, par ses rituels de marche & de balades en vaporetto. le récit de voyage est à l'image de Venise : somptueux & égocentrique.
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Les églises fermées de Venise comme obsession révélatrice et graal d'un apaisement possible.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/06/03/note-de-lecture-venise-a-double-tour-jean-paul-kauffmann/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Il semblait que tout avait été écrit sur la Sérénissime. Jean-Paul Kauffman démontre le contraire. Il a posé ses valises, bien décidé à entrer dans les églises interdites au public. Il voit alors son enquête obsessionnelle se confondre avec une quête plus personnelle. Passionnant.
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