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3,18

sur 307 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sept nouvelles et une novella composent ce recueil, dont le fil rouge décline le thème de la voix. On y retrouve aussi avec une savante manière de les insérer dans le texte autant de canoës que de nouvelles !

Ça commence avec les retrouvailles de deux amies, l'une d'elle cherchant ce qui a pu changer chez l'autre, quelque chose de ténu mais de net…

Suit la novella qui conte les efforts d'adaptation d'une française immigrée au pays de Buffalo Bill. C'est presque la trame d'un roman, le squelette d'une histoire plus consistante.

Puis l'histoire de deux soeurs qui captent les voix pour des desseins obscurs.

Marquante aussi la nouvelle qui traite de ces voix sur les répondeurs qu'on hésitera si longtemps à effacer après que la personne a disparu.

Toutes ces tranches de vie ont pour point commun , hormis le thème, vaste, une écriture très travaillée, au pouvoir quasi hypnotique, au risque de perdre le fil.

Mais ça marche, on est pris par la magie des textes et on se laisse emporter par la narration.

Quelle chance d'avoir pu entendre trois de ces nouvelles, lues par l'auteur et accompagnées par deux musiciens fabuleux aux Correspondances de Manosque !

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Disons le tout de suite : je suis une fan de la première heure de Maylis de Kerangal.
Mais disons le tout de suite aussi : ce « Canoës » n'est pas ce qu'elle a fait de meilleur.

L'incipit était pourtant bon : nous livrer 8 récits, 8 nouvelles avec une thématique intéressante (et paradoxalement peu traitée) : de l‘importance de la voix – celle qui nous appartient, qui nous caractérise, qui nous identifie – dans des fragments de vie de personnages très divers et variés, ou plutôt devrais-je dire une nouvelle centrale – « Mustang » - et sept autres.

Dans « Mustang » précisément, la narratrice, ayant débarqué au Colorado pour suivre son mari Sam accompagnée de son jeune fils Kid, refuse au départ de circuler en voiture –les transports en commun suffiront bien. Mais qui a voyagé ne serait-ce qu'une fois aux USA sait que ce pari est d'office intenable, les Etats-Unis étant bien évidemment la civilisation de l'automobile. Alors la narratrice va apprendre à conduire. Portrait saisissant d'une professeure d'auto-école, qui – l'héroïne va vite le comprendre – n'a pas que cet emploi pour survivre. Elle doit aussi ramasser en chemin une pile de linge à repasser, et fournir le paquet qu'elle a du repasser très tard le soir après avoir donné ses leçons. Entre deux, la narratrice fait une curieuse découverte dans la boite à gants : un pistolet – un « gun » - trône au fond de la boite et une série de quiproquo va conduire à une drôle de situation : elle emportera le pistolet à la maison, d'où la professeure d'auto-école viendra le rechercher.
Le rapport avec la voix me direz-vous ?
L'héroïne a du mal à se couler dans ce pays nouveau, elle est comme « cabrée, réfractaire ». Et si son fils, tout comme son mari semblent vite intégrer les codes sociaux en vigueur, son mari, ce qu'elle entend de sa voix - « le timbre, la tessiture, tout »- est comme transformé, y compris quand il s'exprime en français. Curieux , non ?

L'idée est effectivement très séduisante de composer différents récits sur ce thème, comme ces retrouvailles entre amies où la première a la sensation de ne pas reconnaître la seconde : c'est bon signe, lui dit-elle, c'est qu'elle est parvenue à contrefaire sa voix féminine, à la faire descendre en gravité, pour pouvoir postuler à la radio où désormais les voix aigues n'ont plus droit de cité.

Il y a des objets qui reviennent dans chaque nouvelle. Des canoës, bien sûr, qui donnent leur titre au recueil, mais aussi des oiseaux, des ossements, des flèches et tout un univers propre à la narratrice qui décline sa thématique sur l'ensemble de son écriture, comme elle a su si bien le faire dans ses précédents récits, comme par exemple dans "Un monde à portée de main".


« En mars 2020 », précise l'autrice à la fin de son recueil, « alors que je commençais à écrire sur la voir humaine, des bouches ont brusquement disparu sous les masques, et les voix se sont trouvées filtrées, parasitées, voilées ; leurs vibrations se sont modifiées et un ensemble de récits a pris forme. »

Mais toutes les nouvelles ne se valent pas : si « Mustang » et « Ruisseau et limaille de fer » sont réussies, « After » ou un lendemain de fête vaseux, « Ontario » - une nouvelle pour laquelle je n'ai toujours pas compris de quoi il s'agissait ou « Ariane espace » qui rappelle la série « OVNI » diffusée récemment ne sont pas de la même eau.

Reste la touchante histoire intitulée « Oiseau léger », une scène réunissant un père et sa fille, et où l'on comprend que la mère – ou l'épouse – est la grande absente trop tôt disparue. Mais le père n'a pas réussi, malgré le drame qui date déjà de cinq ans, à effacer la voix de sa femme du répondeur de la maison.
« Bonjour, vous êtes chez nous mais nous n'y sommes pas ; laissez-nous un message et nous vous rappellerons ! ».
Qui n'a jamais fait l'expérience de voir une vidéo d'une personne défunte ou d'entendre sa voix par delà son décès ne peut apprécier complètement ce récit. Un récit touchant où s'affronte la fille qui voudrait entendre un nouveau message sur le répondeur familial, et un père qui ne peut s'y résoudre …

L'autrice de « Naissance d'un pont » - que j'avais chroniqué lors de sa sortie et dont j'étais ressortie éblouie, mais aussi de « Réparer les vivants » couronné fort justement de prix littéraires ou encore de « Corniche Kennedy » que je vous recommande si vous ne l'avez jamais lu, cette autrice donc est parti d'un concept intéressant mais n'a pas complètement atteint son objectif. Celle qui a « eu envie d'aller chercher sa voix parmi les leurs, de la faire entendre au plus juste, de trouver un « je » au plus proche », n'a pas complètement réussi son pari.

Mais on ne lui en veut pas, parce qu'elle reste tout de même une grande autrice que je continuerai à suivre, ne serait-ce que pour son style qui lui est propre, une belle voix de la littérature française contemporaine donc.
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Lorsque je vois le nom de Maylis de Kerangal, je ne me pose aucune question, je fonce.
Mais là, quand j'ai lu la quatrième de couverture, j'ai été très déçue. En effet, il s'agit d'un recueil de nouvelles et ce n'est pas ma lecture préférée.
Je l'ai lu quand même, bien sûr et j'ai été enchantée. Oui, c'est le terme, enchantée.
Son écriture ciselée, sa poésie m'ont emportée.
Quant au terme "canoës", elle a réussi à le placer dans chacune de ses nouvelles et ce n'était pas toujours d'une évidence folle.
Une belle lecture.
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Chère Maylis,
Il faut que je vous confie un secret : vous savez, nous lecteurs, nous ne sommes pas comme les éditeurs, nous ne vous réclamons pas à cor et à cri un livre tous les deux/trois ans, nous savons patienter, nous ne sommes pas pressés… On peut même attendre cinq ans, dix ans s'il le faut (pas tellement plus parce qu'on est un peu vieux, hein…)
Je dis ça, parce qu'entre nous, cette nouvelle « Mustang » page 33 à 102, elle est vraiment très forte, elle m'a beaucoup touchée, moi qui, comme vous, suis de la même année que la Ford Mustang vert forêt, intérieur skaï vert amande. Je vous ai suivie le long des contreforts des Rocheuses, dans les prairies rose poussière, j'ai chiné dans le magasin de pierres « Colorado Magical Stones », j'ai senti le sol, les matières, j'ai touché les cendres, le grès, le schiste, le granit, j'aime la sensualité de ce qui compose la roche, la falaise, la montagne, moi aussi je peux nager en piscine en mer dans les lacs, partout, j'aime aussi partir d'un coup quand j'en ai ma claque et la poterie pourquoi pas, rien que pour faire comme elle dit, Ursula K.Le Guin, dans sa « théorie de la fiction-panier », j'adore ce qu'elle dit, Ursula K.Le Guin, et j'en ai un peu marre des récits de mecs poilus qui tuent (même si je peux aimer les mecs poilus qui tuent.) Je suis entrée à pieds joints dans votre « infra-fiction » secrète, je m'y suis vautrée. Moi, je suis toujours prête pour les « infra-fictions secrètes », je démarre vite, je me fais des films, je suis très très douée pour ça. Bref, j'ai marché, j'ai roulé, j'ai pris la poussière et l'odeur du gazoil. Je me suis débrouillée seule, moi aussi, et mes écarts se sont faits de plus en plus fréquents. Oui, je les ai aimées vos virées en Mustang et me perdre me va très bien. Vous voyez comme je l'ai habitée, cette nouvelle, comme je la sens encore vibrer en moi.
Mais, honnêtement, les autres autour, c'était pas la peine. Et ce truc du canoë, cette référence, ce soi-disant « écho » qui revient dans chaque nouvelle, on sait pas bien pourquoi. Bof.
Votre voix, je ne l'ai entendue clairement que dans « Mustang », le reste, il fallait peut-être le garder pour plus tard, pour un autre roman. Pour être sûre de ne pas risquer de brouiller la fréquence de « Mustang »...
Prenez votre temps, Maylis, on sera patients.
« Mustang » dans la tête et dans le corps, j'ai à manger pour tout l'été et pour l'hiver aussi. Mes rêves ont de quoi se nourrir, je vous en remercie.
Prenez votre temps, Maylis, n'écoutez pas votre éditeur. Faites-nous un bon gros roman, parlez-nous encore des dinosaures aux longs cils, des scanners temporo-mandibulaires et des macaques rhésus. Laissez tomber les canoës. Pas de rafistolage, de rapiéçage, de patchwork. On veut du blindé, du massif, du brut.
On veut du Maylis de Kerangal...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Canoë fil (ténu) moteur de ces sept récits, mot qui apparaît d'une manière ou d'une autre, parfois de manière anecdotique, à chaque fois. L'idée est sympa, mais j'ai trouvé le procédé un peu artificiel, justement parce qu'il ne joue pas forcément de rôle dans le récit. J'ai préféré l'autre fil conducteur qui est celui de la voix: celle de cette ancienne amie qu'elle a volontairement rendue plus grave car "ça passe mieux à la radio, c'est plus rassurant, plus masculin", celle aussi qui reste gravée sur le répondeur, toujours si vivante, des années après la mort de celle qui laissait un message avant de partir, enthousiaste, en vacances.

Certains de ces récits sont touchants, d'autres simplement intéressants, mais c'est le récit central, le plus long, le plus autobiographique sans doute aussi - Mustang-, qui m'a le mieux rappelé ce que j'aime dans l'écriture si particulière de Maylis de Kerangal et qui m'a réconciliée avec ce livre car je n'ai pas spécialement aimé les deux premières nouvelles.
Il manque un souffle ou peut-être une authenticité à ce livre, quelque chose qui a fait que je n'y ai pas cru comme dans les autres que j'ai lu d'elle, et c'est dommage.
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Pour moi c'est toujours un plaisir de lire Maylis de Kerangal, format long ou plus court, essai ou roman, la façon dont elle travaille sa matière me fascine. Richesse de la prose qui agrandit l'espace, redessine le quotidien, fouille au plus profond des sensations. L'auteure ne cherche pas seulement à raconter des histoires, ces dernières ne sont que prétextes à malaxer la langue, à transformer en aventure le geste le plus banal. L'écouter parler de son travail est passionnant, et l'on sort de ce type de séance avec l'impression de ne pas vivre tout à fait la même expérience qu'elle en écrivant. Alors, que dire de Canoës qui soit un peu à la hauteur ?

Ce recueil rassemble sept textes courts dont certains ont déjà fait l'objet d'une publication et une novella plus longue, Mustang. Un petit bijou qui nous transporte au Colorado dans les pas d'une femme en lévitation entre plusieurs mondes et surtout plusieurs états d'âme, pour laquelle le dépaysement agit comme une forme de thérapie. On pourrait presque ne lire que ce Mustang, se laisser aller au volant de cette voiture mythique, la voix d'un chanteur de blues dans les oreilles, sentir l'espace s'agrandir autour de nous et la conscience de notre petitesse dans l'univers s'affirmer. Oui, ce serait suffisant. Les sept textes qui l'accompagnent n'ont rien d'anecdotique cependant, ils résultent d'une logique de construction et de réflexion, se répondent les uns aux autres, se nourrissent ou se font écho. le risque étant que l'intellect prenne le pas sur les sensations. C'est amusant de repérer où se niche le mot canoë dans chacun d'eux - comme autant de petites navettes chargées de relier les récits les uns aux autres. Peu à peu les thèmes se renforcent. Il est question de voix, de leur influence, de leur pouvoir, de l'équilibre fragile dont elles dépendent. Il est aussi question de mémoire, de souvenirs, de notre façon d'être en ce monde que nous avons tant (trop ?) façonné. D'empreintes. On peut suivre l'un ou l'autre des fils, ou bien les dérouler tous. On peut aussi simplement se laisser couler, suivre le rythme, la musicalité des phrases, lâcher prise, savourer...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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N'étant ni un fervent lecteur de nouvelles, ni un fin connaisseur de l'auteure, je ne peux que vous donner une impression de lecteur sporadique. J'ai un ami nouvelliste, c'est le seul auteur de formats courts que je lis.
J'ai pris les huit textes sur plusieurs semaines. J'ai été accroché, un peu, assez bien, pas du tout. Au total, bilan favorable.
Ma préférée : L'oiseau léger.
La moins aimée : Ariane espace.
Une bonne nouvelle (ne vient jamais seule), c'est un début soigné, une fin réussie et un rebondissement en cours de route.
Ne me demandez pas si Maylis de Kerangal a respecté le dogme. Je sais juste que son écriture a suffisamment d'attrait pour avoir séduit modestement l'éphémère amateur de nouvelles qui vous écrit. Pourtant, le premier texte, m'avait laissé mitigé, détonnant avec la louange enthousiaste de la libraire qui recommandait le recueil sur une fiche née de sa main.
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8 nouvelles qui glissent, canoës furtifs sur rivière pour 7 d'entre elles, et canoë sur lac pour "Mustang".
Le thème de la voix - minérale, changeante, brimée, americaine- se fond au thème de la voie à suivre, l'impression de n'être pas si présente au bout du bout comme gênante.
"Canoë clair sur océan sombre" ou presque.
L'écriture est comme une pensée intime, ciselée et minimale, à toi de jouer et de comprendre.
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Ce recueil de nouvelles sur le thème de la voix m'a pour ainsi dire plongée dans une atmosphère et je me suis laissée bercer par ces histoires mais sans vraiment être totalement emportée...dommage ! J'ai retrouvé avec plaisir le style ciselé et mélodieux de Maylis de Kerangal.
Je retiens cependant une émotion toute particulière pour la nouvelle "Un oiseau léger". Que faire de l'enregistrement d'une voix de la femme qui n'est plus sur le répondeur familial ? La garder pour retrouver un instant la joie d'une présence ou l'effacer pour ne plus souffrir de l'entendre à nouveau ? Un récit très émouvant, qui dit beaucoup de la force des voix et des souvenirs sonores...
J'ai aussi aimé Mustang, la plus longue nouvelle.
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Un livre surprenant, tout en délicatesse, livré à la magie des mots.
Huit petites histoires que rien ne semble rattaché si ce n'est un mot... un mot étrange, empli de mystère et de liberté...
Et autour de ce mot... des voix, tellement belles, tellement puissantes que lorqu'on ferme le livre, on n'est plus la même personne. On n'écoute plus les intonnations de la voix de la même façon...
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