Qui est
Liv Maria ? le sait-elle elle-même ?
Pas au début, pas lorsqu'elle quitte son île bretonne et ses parents. Pas à 17 ans.
Et avec elle, nous apprenons à la découvrir, à la voir grandir et comprendre ce qui peut l'être de cette grande étrangeté inexplicable qu'est la vie.
Rarement je ne me suis tant attachée à un personnage : son caractère, ses expériences, ses espoirs et ses désillusions. Sans doute parce que troublée d'y entendre un certain écho avec des souvenirs lointains.
Pourtant, il est difficile de croire au destin de ce personnage : trop romanesque, trop incroyable. Mais inexplicablement, contrairement à mes attentes habituelles en matière de personnage, ça n'a plus été un problème.
Et plus encore que cet effet miroir avec un improbable personnage de papier, c'est l'écriture de
Julia Kerninon qui m'a interpellée. Au sens propre : ses mots comme un appel. le rythme de ses phrases, capables à la fois de bercer par une belle lenteur et de dire l'urgence d'un sentiment et la brutalité du monde et de ses revers. le carambolage qu'est la vie.
Ce récit est un chemin. Un de ces chemins de vie qu'on prend, un de ces itinéraires dessinés par les choix que l'on fait - ou pas -, les mots que l'on dit, ceux qu'on garde enfouis. Ce récit est celui qui dit la force que chacun a dans ses mains pour diriger son existence. Mais aussi comme notre parcours d'adulte est fait de notre enfance, dans ses moindres recoins. Que nous sommes la somme de tous ces fragments, de tous ces passés
Et dans un monde qui paraît si omnipotent, et tellement plus grand que nous, ça fait du bien de lire que chacun, sans avoir le pouvoir d'empêcher la tragédie de surgir, nourrit en lui l'étincelle, la force de lever la tête et toujours, la liberté du choix et le possible retour aux sources.
Une belle héroïne.
Servie par une belle écriture.
Toutes deux libres, sensibles, franches et émouvantes.