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EAN : 9782702438312
300 pages
Le Masque (10/10/2012)
3.63/5   73 notes
Résumé :
Les méthodes de lutte contre la Mafia sont-elles meilleures à Saint-Pétersbourg qu'à Moscou ?

En tous cas c'est pour connaître celles d'un spécialiste, le colonel Grouchko, que le narrateur est envoyé par ses supérieurs au Bureau Central des Enquêtes de Saint-Pétersbourg. Mais à peine l'enquêteur moscovite a-t-il commencé de suivre les investigations sur le racket et le marché noir, qu'on assassine un journaliste vedette, démocrate convaincu, dénoncia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Dans la nouvelle Russie post-soviétique de Boris Eltsine, en l'année 1992, les mafias pullulent. le commissaire de police de Moscou décide d'envoyer un jeune inspecteur à Saint-Pétersbourg où son homologue, Evgueni Ivanovitch Grouchko, semble avoir une meilleure connaissance de ce nouveau fléau inquiétant.
En fait, cet inspecteur sans nom, que j'appellerai Dmitri pour ce billet, doit vérifier si Grouchko est un flic honnête ou au contraire un "vendu".

À peine arrivé à St.-Péter, 2 meurtres brutaux ont lieu. L'un sur le (premier) journaliste d'investigation qui enquêtait sur la mafia russe, Mikhail Milioukine, et l'autre sur un chef mafioso géorgien, Vaja Ordzhonikidze.
Simultanément, une bombe incendiaire est jetée dans le restaurant Pouchkine de Chazov, qui a peur de dénoncer les coupables à la police.

Résumer l'enquête complexe qui suit serait un exercice futile. Sachez cependant que le regretté Philip Kerr (1956-2018) vous y réserve bien des surprises, allant jusqu'à la vente de la viande radioactive !

La grande valeur de l'ouvrage réside dans la description minutieuse de la Russie de juste après la liquidation de l'Union soviétique.
Une Russie qui ressemble à "une république bananière" où les pénuries multiples favorisent l'essor et l'emprise des gangs ukrainiens, géorgiens, tchétchènes....
Où les longues queues d'attente pour une miche de pain à un prix prohibitif et le manque d'aspirines et simples lampes électriques coexistent avec les bolides allemands et les Rolex des mafieux.

L'auteur se montre par ailleurs un excellent guide des splendeurs historiques de la ville de Saint-Pétersbourg et fait des références fréquentes à la littérature russe. Un des inspecteurs est un fan inconditionnel de Boris Pasternak qu'il cite à toute occasion.

Comme toujours, Philip Kerr ne manque pas des pointes d'humour, même dans cet environnement plutôt désolant.
Ainsi, un inspecteur remarque à ses collègues : "On ne pourra jamais écraser la mafia." Un collègue s'étonne et demande pourquoi il dit ça ?
"Parce que c'est la seule chose qui marche dans ce pays."

De ce roman existe une série télévisée britannique en 3 épisodes de 1994, sous le titre "Grushko", avec Brian Cox dans le rôle principal.

Le seul bémol à mon avis est l'absence de Bernie Gunther de Berlin, qui, entre nous, est plus sympathique que celui que j'ai baptisé Dmitri.
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Un Russe est incapable de résister à une histoire même à celle qu'il se raconte. le bureau des réservations des chemins de fer ne prend guère en considération les sexes de ceux que le destin a décidé de réunir. La jolie femme semblait avoir plus de Gambits que Kasparov. C'est le 5ème livre de kerr que je lis. Tchekov dit que quand on raconte une histoire, on ne devrait jamais montrer la vie comme elle est, mais comme on la voit en rêve. Méfie toi d'un homme d'un seul livre. (Proverbe russe). Quand Elvis Presley était jeune à l'époque des spoutniks et de Gagarine. C'est la ville la plus abstraite et délicieuse du monde. (Dostoyevsky). La poétesse Akhmatova avait ouvert le coffre de sa Zigouli. La ou l'étudiant Raskolnikov a tue la vieille femme et sa soeur. Je pense au samovar de ma tante
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Autant le dire tout de suite, je suis un inconditionnel de Philipp Kerr. La lecture de sa « Trilogie berlinoise » reste un grand moment d'émotions, de plaisir, de vibrantes sensations. Son personnage de Bernie Gunther est un formidable passeur qui nous rassure et nous inquiète à la fois, sur la nature humaine, les bons sentiments et la capacité du genre humain à relativiser son système de valeurs morales en fonction des contextes.
Celui dans lequel agit Bernie n'est-il pas le plus horrible le plus vil et le plus abject que nous ayons connu ?
Bernie nous démontre pourtant que même dans un tel système on trouve des salauds et des lâches, des bons samaritains et des profiteurs, des bons et des méchants.
L'intérêt du roman est qu'il bat en brèche nos connaissances historiques, ô combien limitées, sur la vie quotidienne au temps du 3ème Reich en Allemagne, et nous force à sortir des clichés et des sentiers battus.
Dans Chambres froides, même si ce roman a été écrit 15 ans avant, on retrouve la même trame, dans un contexte différent, la CEI d'après l'URSS, la découverte par les Russes du libre marché, et leurs difficultés à s'adapter à un nouveau système de valeurs économiques.
Les avis sont partagés sur Chambres Froides, les caprices des éditeurs nous font découvrir un premier roman bien après des romans beaucoup plus aboutis, mais cela n'a pas de sens d'évaluer le livre d'un auteur à l'aune de ce qu'il a écrit précédemment ou, en inversant la chronologie, de juger ce qu'il a écrit avant, à l'aune de ce qu'il écrira plus tard.
Ne tombons pas dans une schizophrénie « lectorale », ne succombons pas à l'attrait des médias qui nient la complexité de toute chose et voudraient que chaque auteur, dès la parution de son premier roman, réponde au cahier des charges de ce héros cornélien bien connu qui déclarait, présomptueux : « Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître. »
Chambres froides est un roman entier, cohérent, agréable à lire, une histoire plausible s'appuyant sur des références très documentées au contexte de la CEI, Les personnages remarquables, des policiers agissant avec des moyens limités, sans consignes véritables que celles qu'ils peuvent se donner avec tous les aléas que cela comporte.
La méfiance règne, Grouchko, le plus ancien inspecteur du Bureau Central de la Police de Saint Petersbourg, un lettré qui cite Pasternak aussi bien que Marx, dans le texte, réussit mieux que d'autres dans la lutte contre la Mafia.
À cause de cela, ses supérieurs, dont Kornilov, doutent de lui et imaginent qu'il pourrait bien, sous couvert de succès policiers, ménager les activités de la Mafia. On dépêche auprès de lui un inspecteur de Moscou, sous couvert d'échanges de bonnes pratiques.
Les deux hommes sont très vite absorbés par une affaire qui va les mobiliser et faire passer au second plan le motif de la visite à Saint Petersbourg de l'enquêteur qui est aussi le narrateur.
Le meurtre d'un journaliste d'investigations, à l'origine de la révélation de plusieurs scandales impliquant la mafia, objet de plusieurs lettres de menaces, est l'occasion de faire toucher au lecteur la réalité soviétique : la chasse permanente à la nourriture, l'inflation galopante, les colocations obligées, la résurgence de clans mafieux ethniques (Tchétchènes, Abkhazes, Ukrainiens…)- mis sous sommeil du temps de l'URSS-, le rôle toujours ambigu des anciens services secrets comme l'ex NKVD, la disparition virtuelle du PCUS, le retour en force de la religion orthodoxe, et par-dessus tout ça, l'incompréhension de la population, le conflit entre les jeunes générations dont Tania la fille de Grouchko qui rêve de partir aux USA avec son fiancé Boris, un « golden boy » façon bourse de Moscou, et les anciennes.
Le style inimitable de Philipp Kerr est déjà à l'oeuvre dans Chambres Froides, son humour, son ironie, et la façon dont il dresse le portrait de ses personnages.
L'intégrité de Grouchko confine au sadisme parfois :
« Les larmes débordèrent des yeus bleus procelaine de Nina :
- Espèce de salopard cruel.
- Grouchko sourit. »
L'inspecteur moscovite, lui, s'arrange avec l'intégrité et la morale, il n'hésite pas à jeter son dévolu sur Nina premier témoin dans une affaire de meurtre :
« Elle avait l'air aussi triste que d'habitude….Mais elle était aussi belle que dans mon souvenir. Elle était vêtue d'une robe légère imprimée, noir et blanc, avec un grand col de dentelle…
-Nina Romanovna ai-je appelé.
- Je peux vous déposer quelque part ? »
Sacha et Nicolaï, les hommes de Grouchko, s'échinent pour quelques centaines de roubles par mois, mais le font par respect et admiration pour leur patron qui sait se montrer au-dessus des tentations, et ne sera jamais un ripou, comme certains policiers ont compris qu'il serait plus facile pour eux d'exercer leur métier et de vivre en le devenant.
Plusieurs formules à l'emporte-pièce, chères à Kerr, méritent d'être soulignées :
« Enfin, comme pour s'assurer que la nourriture avait refroidi, ils firent tous les deux solennellement le tour de la cantine, aspergeant généreusement, cadets, tables, murs et nourriture avec des giclées d'eau bénite. »
« Il y a un vieux dicton russe qui dit : « Si je suis le patron, alors tu es un idiot ; et si c'est toi le patron, alors c'est moi l'idiot. »
« Collez-le au frais et emmenez le à la Grande Maison, ordonna-t-il. Je l'aurai bien pris moi-même, seulement, je ne voudrais pas mettre du sang sur mes sièges. »
« Ils font semblant de nous payer, on fait semblant de travailler. »

Le roman nous fait toucher du doigt le dilemme de cette société en pleine mutation, et dans laquelle, chacun s'interroge pour savoir quelle est la norme sociale, où doit on placer le curseur entre « normalité » et « délinquance », entre « acceptation » et « renoncement »
Au final, un roman digne d'intérêt dont je recommande la lecture…et plutôt deux fois qu'une !
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Disons-le tout de go : ce livre, je l'ai trouvé un tout petit peu moins bien que les Bernie Gunther – mais, en même temps, je mets Bernie Gunther tellement haut que… -, mais il s'agit tout de même d'une peinture de la société russe qui est à la fois grinçante et délicieusement vitriolée. Tout est incroyablement compliqué ; plus votre cause est juste, moins les moyens de la faire vivre vous sont accordés ; chacun se bat pour sa survie.

Je ne résiste pas au plaisir de vous proposer une citation dans laquelle Philip Kerr décrit la façon dont on reconnait les russes des – rares – étrangers présents dans le pays :

« Cela amusait toujours Grouchko de penser que certains étrangers, qui, bien sûr, parlaient russe, pouvaient espérer passer inaperçus. Une fois, il avait ébahi un Anglais, un ami de Tania qui parlait russe couramment et qui avait acheté tous ses vêtements dans des boutiques russes, en l'identifiant au bout de quelques secondes et sans échanger un seul mot. Grouchko avait expliqué à l'homme que ce qui l'avait trahi, c'était son visage souriant : un Russe, aujourd'hui, avait peu de raison de sourire quand il déambulait dans les rues » (p. 309).

Cela devrait rappeler des souvenirs à quelqu'un.

Grouchko est-il corrompu ou, au contraire, est-il la droiture même. Et laquelle de ces deux attitudes est la meilleure, dans cette société secouée par une transition qu'elle n'a pas réellement choisie ?

Les Géorgiens contre les Ukrainiens, les Russes contre les Tchétchènes… par moment, on a l'impression de lire des dépêches de journaux parfaitement actuels… Et cela n'est pas sans faire froid dans le dos ! Et je parie que peu d'entre vous, parmi ceux qui lirez ce livre, refermeront ce livre en se disant que, à leur prochain séjour en Russie, ils dégusteront sans arrière-pensée un bortsch ou un pot-au-feu…

Et je ne résiste pas à une dernière citation, qui clôt ce livre, et en résume assez bien, me semble-t-il, tout le côté doux-amer. Notre narrateur, pour rentrer à Moscou une fois son enquête terminée, partage un compartiment couchette avec une femme charmante, à qui il n'adresse d'abord pas un mot. Puis s'engage un échange entre eux deux, lui que sa femme trompe et s'apprête à quitter pour le professeur de piano de leurs filles, elle, danseuse au Bolchoï, divorcée. Elle lui propose d'occuper la chambre vide dont elle dispose. La discussion prend progressivement un tour plus intime, la séduction s'installe… et le livre se termine ainsi :

« – Oui, dit-elle d'un air songeur. Ce pourrait être très agréable de rentrer à la maison en sachant qu'un policier vous y attend.

– Et en plus, vous savez ce qu'on dit ? C'est beaucoup moins cher que d'avoir un chien. »

Je ne sais pas si je vous ai donné envie de lire ce livre. Mais, quoi qu'il en soit, il confirme l'incroyable talent qu'avait Philip Kerr pour décrire ces sociétés brisée par la marche de l'histoire, avec ces personnages qui n'ont pas d'autre choix, pour survivre, que d'apprendre à marcher, sans repos possible, sur un fil ténu, avec le risque permanent du plongeon dans le vide…
Lien : https://ogrimoire.com/2022/0..
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Nous sommes en Russie, une Russie qui cherche sa modernité et qui se voit confronter aux faces les plus sombres du capitalisme et de sa cupidité. Mafia, corruption, marché noir, trafics illégaux, etc.
Un policier moscovite se voit dépêcher à St-Petersbourg pour soi-disant étudier les méthodes à succès du colonel Grouchko et de son équipe contre la mafia.
La politique et le cynisme qu'elle engendre est toujours en toile de fond (nous sommes en Russie s'entend) le communisme, la chute du parti , les mafias de clans : georgienne, ukrainienne ou tétchène, la liberté retrouvée et que personne ne peut se payer et bien sûr, Tchernobyl, sont les sujets de ce roman.
Tout est là et terreau fertile s'il en est. Toutefois, ce fut pour moi une lecture bien décevante, ordinaire. C'est un des premiers titres de Philip Kerr et ça se lit. On dirait un brouillon, une pratique pour quelque chose de mieux. Nous sommes loin des talents de conteur qu'il a su développer avec sa Trilogie berlinoise.
Je m'en tiendrai donc à dire que le Philip Kerr que j'aime est celui qui est né avec la série Bernie Gunther et donc longtemps après Chambres froides.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Elle [la responsable du service des experts scientifiques] se dirigea vers l’arrière de la voiture, me bousculant au passage. Elle s’exprimait de façon tellement dure et désagréable que je ne fus pas du tout étonné de découvrir qu’elle portait le même parfum que mon ex-femme. D’un coup de coude, Tchelaieva repoussa le photographe de la milice et nous présenta le contenu du coffre d’un geste indifférent de sa main gantée de caoutchouc.
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Si ce pays (la Russie) occupe une quelconque première place sur cette planète, c’est sûrement dans la production d’abréviations et d’acronymes.

(page 26).
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Qu'ils soient morts de vieillesse ou de façon accidentelle, comme la plupart des corps rassemblés là, les Russes, même dans ce moment ultime, étaient encore obligés de faire la queue.
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- Je déteste la morgue, dit-il.
Nicolaï se colla une nouvelle cigarette dans la bouche, l'alluma avec le mégot de la précédente et rit sous cape.
- Prends les choses du bon côté, dit-il. Au moins, ça te coupera l'appétit.
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aujourd'hui,il n' existe qu,un seul faux dieu
qui pousse à une réelle dévotion,dit- il.l,
argent 💰.
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Vidéo de Philip Kerr
Emmanuel Couly reçoit Anne Martinetti pour son livre, "Mortels Cocktails" aux Editions du Masque, au Duke's bar de l'Hôtel Westminster, 13 rue de la Paix, 75002, Paris. « le vrai crime, c?est de ne pas savoir préparer un martini. » Francisco G. Haghenbeck, L?affaire tequila de Philip Kerr à Patricia Cornwell en passant par Ian Rankin, Stephen King, Fred Vargas ou l?éternelle Agatha Christie, les maîtres du genre vous servent leurs meilleurs cocktails et vous invitent à replonger dans leur univers? le temps d?un verre. 50 recettes de cocktails pétillants et dangereusement exquis à savourer comme un bon polar !
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"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

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