Ken Kesey est connu pour l'adaptation ciné de
Milos Forman de Vol au-dessus d'un nid de coucou (écrit en 1963) et l'interprétation lumineuse de Jack Nicholson au sommet de sa forme en 1975. Il a écrit plusieurs autres romans, des pièces et des essais, mais rien n'a été traduit en français… jusqu'à ce livre de 1964 traduit en 2013. D'emblée, les superlatifs se bousculent : « un monument », « un chef d'oeuvre »,
Faulkner,
Dos Passos,
Tom Wolfe… et pourquoi pas le futur nobel de littérature !
Certes, c'est un monument de 800 pages, et l'écriture révèle un réel travail sur le style spectaculaire et fouillé mais dont mon appréciation personnelle a subi un decrescendo au fil des 400 pages que j'ai fait l'effort de lire avant de déclarer forfait.
Le début du livre est étourdissant et, pour ma part, je suis rentré dedans à neurones perdus en jouissant de l'effort intellectuel pour comprendre le puzzle qui se met en place par pièces éloignées successives. le mélange entre un aspect social, une sombre histoire de famille et la moiteur du climat de l'Orégon est un cocktail prometteur et il nous tarde de voir tout cela exploser dans la confrontation. Malheureusement, si le monument fait 800 pages, c'est que l'histoire globalement assez facile à résumer en une 100aine de pages va être délayée, je dirais même noyée sous la complexité d'un récit qui passe sans prévenir d'un personnage et d'une époque à l'autre et qui se poursuit dans un parallèle entre les différents éléments sans vraiment nous laisser le temps ni l'occasion de s'imprégner de l'un d'eux (j'ai l'impression d'être aussi clair que le livre, ça donnera une idée…).
En tous cas, au fur et à mesure, mon attention a fini par se lasser car, non comptant de poursuivre sur le même enchevêtrement complexe, la teneur du puzzle général devient assez évidente et on aimerait bien passer plus vite sur les toutes petites piècettes qui continuent à nous être livrées.
Bref, je comprends mieux pourquoi
Ken Kesey n'est connu que grâce à etc…
Très investi dans ses expériences psychédéliques autour du LSD, il est quand même extraordinaire de penser que
Ken Kesey a réussi à produire une oeuvre de 800 pages, même si, à mon humble avis, la confusion qui règne dans le scénario par moment ne doit pas être totalement sans lien avec les expériences en question : il est évident que le livre aurait gagné à être « résumé » à 500 pages, même si, de toute façon, j'ai trouvé que
Kesey n'avait pas grand-chose de bien passionnant à dire au final…
Je lis quelque part qu'on a comparé ça avec Absalon de
Faulkner, franchement…