Roman de 232 pages écrit en 1958
Lu en deux phases : 10% en 25 minutes puis, comme je n'ai pas accroché, le reste en 45 minutes.
j'ai vraiment, vraiment, adoré les descriptions poétiques des paysages africains, sa faune sublime, la lumière sur le Kilimandjaro... jusqu'à en être rassasiée, jusqu'à ce que ça déborde, ça dégouline. Je me suis demandée si
Kessel s'était réellement rendu sur ce continent, et je pense que non.
Bref, c'est l'histoire d'un gars raciste et sexiste dont on ne connait pas l'age, certainement écrivain (l'auteur lui même?) qui s'offre un petit tour de colon en Afrique et se trouve, pour le récit, dans une réserve au Kenya. le récit commence quand il se fait réveiller par un petit singe, et le voilà parti sur une description bucolique de la faune et des paysages qui s'offrent à sa vue. En plein délire poétique, il s'approche des bêtes sauvages qui à l'aube s'abreuvent. Mais il est arrêté dans son avancée stupide par une petite fille (son genre est confirmé parce qu'elle est "dans la séduction", ce que ne laissait pas deviner au premier abord son air sérieux typiquement "de garçon"...) bien avisée qui connait plein de détails sur lui grâce au personnel Noir qui gère tout son nécessaire d'aventurier de pacotille et dont il est persuadé qu'il ne comprend rien, la preuve il est difficile de leur faire sortir 3 mots ("en anglais, peut être", rétorque la gamine)
D'entrée, dès les premières pages, on voit le racisme et le sexisme décomplexé de l'auteur, sans doute liés à l'époque à laquelle le texte a été écrit (mais ce n'est pas une excuse, de tout temps il y a eu des voix pour s'élever contre)
La fillette lui interdit de s'approcher et devant son entêtement, finit par devoir lui expliquer qu'il gâcherait le meilleur moment de la journée des bêtes sauvages : les bêtes ne veulent pas de vous. Mais je les aime, répond-il !
Grosse alerte consentement. #forceur
D'ailleurs, on trouve plus loin une scène hallucinante où, pour "la remercier" de lui avoir fait rencontré
le lion, il lui demande s'il peut l'embrasser (c'est quoi ce remerciement d'un adulte envers une enfant !), et bien évidemment ajoute que la fillette est ravie et que
le lion a une réaction proche de la jalousie. Vu comment l'auteur sexual1se la relation entre la fillette et
le lion, puis entre la fillette et le guerrier masaï, il ne s'agit pas d'un simple bisou innocent sur la joue d'une petite fille.
On va me dire, au moins il a demandé. Mouais il est adulte elle a 8 ans.
La suite est une sorte de remplissage avec des scènes entre colons, puis en compagnie des Africains qu'on pourrait dire domestiqués, puis des sauvages, tout ça dans la nature ou dans les habitats. Un seul personnage sort un peu du lot, la mère de la fillette, présentée comme hystérique et ayant la haine de l'Afrique. Non, elle a la haine du patriarcat, mais il faut vraiment une lecture contemporaine pour vraiment comprendre les réactions de cette femme...
J'ai détesté la fin. Sous couvert de n'être qu'un observateur, l'auteur est à son maximum de sexisme et de racisme. Bien sûr qu'il invente totalement ce qu'il décrit, pour faire frémir les masses des salons occidentaux qui vont le lire. Je vais argumenter dans un paragraphe dissimulé ci après.
J'ai horreur de ce genre de classiques. Je ne dis pas de les supprimer, mais j'invite à d'autres lectures. Ouvrons les yeux sur le contenu de certaines oeuvres, qui ont contribué à forger les violences systémiques d'aujourd'hui.
On comprend très vite que les jeux de la fillette ne sont pas innocents et vont conduire au drame. Elle est complètement sexual1sée, notamment lors de la scène de danse des fillettes-épouses des masaïs, mais aussi lors de la scène où elle fait en sorte de soumettre les lionnes. C'est ce regard écoeurant d'un adulte sur une fillette qui mène à l'absurdité de la scène finale, où elle retient le lion jusqu'au point que le jeune masaï lui transperce la peau. Cela n'a absolument aucun sens, mis à part celui de terminer de jeter l'opprobre sur elle. de victime elle devient coupable, totalement responsable du drame, il ne lui reste plus qu'à culpabiliser et se punir elle-même en partant en pension et en renonçant à sa nature sauvage. Ca m'a écoeurée de lire un roman aussi misogyne, considéré comme un grand classique de la littérature (même si je ne suis plus très surprise au final).
A lire sous un soleil écrasant