Ne jamais savoir où l'on doit finir ou même aller, c'est ainsi que se résume la vie de Younes (rebaptisé Jonas). Se déroulant durant l'époque coloniale, le récit nous guide à travers les rencontre et découvertes d'un jeune
algérien à la recherche de repères et d'identité. Après un incendie criminel dans le champs de son père, il est confié à son oncle qui lui fera découvrir un tout nouvel univers. Il est plongé dans une nouvelle culture, celle des pieds-noirs. Il se retrouve dans des sphères bien différentes du monde auquel il s'était habitué et jamais il ne sent des leurs : ni totalement
algérien, ni totalement français, Younes ne connait que des incertitudes. Son existence tout entière résulte d'opportunités suivies de malchance, d'injustice et de racisme. Yasmine Khadra fait sans cesse naitre en nous une frustration face au déroulement de la vie du jeune homme, qui n'obtient jamais de satisfaction : il n'est jamais le personnage principal de sa propre histoire. Au loin, il entend le début de la guerre d'
Algérie, la tristesse des siens (qu'il ne réussira d'ailleurs jamais à identifier), l'incompréhension des autres mais jamais il ne réussira à prendre parti.
Ce que le jour doit à la nuit est un champ poétique, sur la vie, la patrie et l'amour. En se refusant un raisonnement binaire, l'auteur narre un monde complexe dans lequel il est impossible de définir qui a tort ou raison, qui doit partir ou rester. Jusqu'au bout, Younes assiste, observe et attend. Il attend d'un jour, peut-être, où il pourra être ce qu'il est : un peu rien, un peu tout. Il est surtout très réaliste car il ne sait jamais et il regrette comme nous. Il en souffre car il aimerait savoir mais peut-être que ne pas savoir est ce qui le rend plus tangible.