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4,02

sur 3157 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Yasmina Khadra possède le talent de développer en peu de pages tout le contexte d'une tragédie, celle du peuple afghan, écrasé et privé de toute autonomie par un régime d'une cruauté totale, prétendant fonder toutes les contraintes et tous les interdits qu'il impose sur les préceptes religieux islamistes.

Les femmes sont les victimes permanentes du régime, les hommes n'ont guère mieux à espérer, à ceci près qu'ils sont quasiment tous les persécuteurs des premières.

Le propos de l'auteur est illustré par deux couples qui vivent au quotidien cette terreur, les dialogues aussi bien que les silences sont percutants et traduisent parfaitement les états d'âme des protagonistes.

Quelques personnages satellites viennent donner encore plus de force à cette histoire tragique qui est avant tout celle d'un martyre enduré par les femmes, avec deux grandes héroïnes qui ont conservé une capacité personnelle de décision et d'action, quitte à en payer le prix le plus cher et le plus terrible.

L'installation de l'histoire au coeur d'une chaleur accablante sur Kaboul en renforce la puissance évocatrice, l'ensemble donnant un roman avec une fin superbe, aboutissement inéluctable de l'histoire de chacun.
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Après avoir fini le superbe Ce que le jour doit à la nuit, j'ai eu envie de me replonger dans un livre de Yasmina Khadra. J'aime ses histoires qui vous prennent aux tripes (celle-là n'y déroge pas), j'aime son écriture poétique qui raconte les atrocités comme les merveilles. La guerre, le fanatisme religieux, la misère comme la beauté du monde.

Les hirondelles de Kaboul est un évocation puissante et inoubliable de ce monde déchiré et paradoxal. L'histoire de deux hommes, à l'image de beaucoup d'autres dans ce pays magnifique - Atiq, un moudjahid reconverti en geôlier et Mohsen, le mari de Zunaira, la belle avocate condamnée à cacher son visage - qui se désolent de ce qu'ils sont devenus. De ce que les Russes n'ont pas réussi à faire et que les Taliban ont fait d'eux : des lâches ou des tortionnaires, peut-être, des êtres dont la vie n'a plus de sens, sûrement.

Car ce qui a fait suite à la guerre contre les Russes, qui représentait une bataille honorable, n'est pas la libération attendue. À Kaboul, il n'y a plus de joie, plus de musique, plus d'amis. Les cerfs-volants ont disparu, c'est l'heure des lapidations des femmes, de leur déchéance, de leur négation, et de la cruauté gratuite. Celle de la persécution religieuse, perpétrée par des fous de Dieu, qui donne naissance à une déshumanisation qui paraît sans fin.
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Quelle lecture...

J avais beaucoup entendu parler de livre et lu "L attentat" du même auteur. Je suis tombée sur ce livre tout à l heure et j ai entamé ma lecture. J en ressors tellement dégoutée... Vraiment, c est le dégoût qui tapisse ce roman, du début à la fin.

On est plongés dans Kaboul, où l on est directement happé par l écoeurement : une femme appelée ou considéree comme une prostituée se fait lapider. Elle est ensevelie sous la terre jusqu au genoux pour ne pas s échapper, baillonnee, et le visage couvert. La foule s excite, exulte, tout le monde s y met, on lui balance des pierres déjà déposées là à cet effet.

Lors de ce lynchage public, Mohsen, un homme droit qui respecte son épouse Zunaira et l aime, est pris d'une folie soudaine et lui jette également des pierres dont une qui la touche à la tête. Il racontera cela à sa femme, compréhensive, gentille et moderne, mais qui cependant aura beaucoup de mal à digérer ce geste.

En parallèle, on suit le geôlier Atiq, un homme qui a été secouru par sa femme par le passé, et qu il a épousée. Elle est malade depuis quelque temps, traîne au lit avec un visage violacé et il ne sait que faire. Atiq semble avoir perdu son âme, indifférent à la mort qu il côtoie tous les jours, désagréable avec sa femme, parfois violent.

Dans ce livre, comment ne pas s énerver face aux discours tenus par les hommes envers les femmes ?! Ils en parlent comme des "femelles", des objets inutiles, des êtres malsains et incompréhensibles, que les hommes subissent alors qu ils ne devraient jamais rien leur devoir.

J ai fait des bonds au plafond d indignation.

Cette sensation d être dans cette ville à la chaleur écrasante, à l odeur pestilencielle, avec les Taliban partout, prêts à vous brailler dessus en vous frappant de leurs armes, parce que vous, femmes, n êtes pas derrière votre mari, parce que vous, humains, riez et qu on n est pas au cirque... Ce droit de prendre la liberté à tout être, de lui ôter d un mot, d un geste sa dignité. Et se dire que c est une réalité. Mais que c est à vomir !

Attention, le reste de la critique pourrait divulguer des éléments de la fin donc ne descendez pas plus bas.

J ai trouvé affreux que Mussarat se sacrifie. Qu elle aide son mari à sauver une femme qu elle ne connaissait pas et pour qui il a réussi à ressentir de l empathie, chose qu il n a jamais éprouvée pour elle. C est absolument horrible. Ce type ne méritait absolument pas ce geste... Elle méritait tellement d être aimée et soignée correctement. Et la vanité de son geste rend complètement fou le lecteur... Autant qu Atiq !

En conclusion, un livre très intéressant, joliment écrit, mais qui décrit tellement bien la cruauté et l inhumanité de certains que l on ne peut qu en sortir bouleversé.
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« Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières. Les prières s'émiettent dans la furie des mitrailles, les loups hurlent chaque soir à la mort, et le vent, lorsqu'il se lève, livre la complainte des mendiants au croassement des corbeaux. »

Kaboul, ville de ruines, accablée sous un soleil aussi impitoyable que la tyrannie des talibans.
Ici les rires ont laissé la place aux discours haineux des mollahs; les femmes, derrière leurs tchadri grillagés ont tout l'air de fantômes et les seules manifestations d'hilarité ont lieu les jours d'exécutions publiques.
Dans cette ville exsangue, Atik, Moshen, Zunaira ou Mussarat voient leur vie, leur amour, leur raison, disparaître dans les tourments d'une nation livrée aux fous de Dieu.
Car que peut-on faire lorsque la haine devient souveraine ?
Que peut faire désormais Zuneira, la belle avocate, condamnée à ne plus sortir de chez elle si elle n'est pas accompagnée de son mari?
Que peut Moshen, son époux, commerçant ruiné par les talibans, qui sent son coeur se remplir de fiel et de colère, d'amertume et de désillusions?
Que peut faire Atik, le gardien de prison, lorsque l'intégrité de sa foi est chaque jour remise en question par les violences et les injustices dont il est à la fois le témoin et l'exécuteur forcé ?
Et que peut faire Mussarat, sa femme, dont l'attente d'une mort lente et douloureuse s'assortit qui plus est d'une menace de répudiation, car dans l'Afghanistan des talibans, un homme ne reste pas avec une femme malade ?
Ces vies brisées, bafouées, humiliées arriveront-elles à conserver leur dignité et leur part d'identité dans cette ville où l'obscurantisme assombrit les plus beaux espoirs et éteint même les sentiments les plus lumineux ?

Par l'énergie d'un style prenant, théâtral, très évocateur, Yasmina Khadra nous offre encore une fois avec « Les hirondelles de Kaboul » un texte intense, grave, dur et éprouvant, porté par une poésie lyrique, ardente et enflammée.
Sa plume vibrante de rage et de conviction décrit parfaitement un peuple à bout de souffle, accablé par les guerres et le poids de traditions archaïques, où la femme asservie, brimée, maltraitée, assujettie à des règles et des devoirs inconcevables, est l'une des premières à subir les affres de ce pays qui, sous le couvert de Dieu, s'adonne à la barbarie et à la cruauté avec une frénésie toute paranoïaque.
« Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité. »
Ici, Dieu est sur toutes les bouches, dans tous les gestes, dans toutes les actions, dans le murmure de la prière psalmodiée comme dans le cri de la foule lors des lynchages publics, dans le prêche hargneux d'un mollah et dans le tas de pierre préparées pour la lapidation; Dieu se décline à tous les temps, sur tous les modes, dans tous les genres, surtout celui des interdits, des brimades et des punitions.
Peu d'espoir perce dans cette Kaboul qu'on croirait "maudite" tellement l'emprise de la religion est grande, tellement la liberté, enchaînée aux versets d'un Coran déformé, n'est plus qu'un rêve lointain et inaccessible.
Dans ce terrible et dramatique réquisitoire contre la domination religieuse, Yasmina Khadra n'omet rien de l'oppression et de la misère qui sévissent au quotidien dans un pays où les êtres humains ne sont plus que des ombres à genoux.
Témoignage de la folie des hommes, cri de révolte contre le régime de la peur, la condition tragique des femmes "fantômes" et l'obscurantisme religieux, « Les hirondelles de Kaboul » est un roman sombre et puissant mais c'est aussi un hommage poignant au courage des femmes de là-bas et un bel hymne à la tolérance et à la dignité.
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Les vacances, d'habitude, c'est souvent fait pour lire des choses légères… Et bien pas cette fois-ci ! Avec les « Les hirondelles de Kaboul », on a la sensation d'avoir la gorge sèche ou d'avoir reçu un coup de poing dans le ventre… Cela faisait longtemps que ce livre prenait la poussière dans mon étagère, mais j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis plongée dans les ruelles de Kaboul. En fait, je savais à quoi m'attendre, car j'avais déjà lu « L'attentat » du même auteur qui m'avait laissé une marque pendant plusieurs mois. On ne peut pas dire que l'on passe un bon moment avec cette histoire, car celle-ci dégage des moments forts, des scènes brutales et des dialogues criants de vérité. C'est une lecture où j'ai eu du mal à rentrer car, en tant que Femme, j'ai ressenti un grand sentiment de malaise… Que ce soit à cause de la scène de lapidation publique de la prostituée dans l'un des premiers chapitres, les nombreuses injustices, les femmes rabaissées à l'état d'objet qui ne doivent pas ouvrir leurs lèvres ou la place de l'épouse dans un foyer, j'ai plus d'une fois serré les dents. On a là un ouvrage qui ne laisse pas indifférent et ce, quel que soit le sexe du lecteur.

Par un système de narration alternée, on va suivre Atiq Shaukat, un geôlier malheureux qui ne se sent pas vraiment à sa place et dont l'épouse (Mussarat) est malade, ainsi que Mohsen Ramat, un homme ayant également des problèmes avec son couple. Rien ne va plus avec la belle Zunaira qui supporte de moins en moins la vie sous le régime des Talibans et qui ne comprend pas que Mohsen ne se batte pas pour elle, pour eux, pour la Liberté… La plume poétique, habile et désarmante de Yasmina Khadra permet au lecteur de se visualiser au milieu des souks ou d'imaginer les protagonistes. Il parvient à créer de superbes ambiances, tout comme il peut horrifier le lecteur. En effet, il arrive aisément à susciter l'effroi avec plusieurs scènes ou conversations entre des personnages de tous les âges. Par ailleurs, il est difficile de faire preuve d'empathie pour Atiq qui, même s'il tombe amoureux, s'est montré assez odieux avec Mussarat. Je ne me suis ni attachée à lui, ni à Mohsen. En revanche, j'ai grandement admiré le discours de Zunaira ou encore la proposition finale de Mohsen. Que c'est bouleversant !…

Comme vous avez pu le voir, cet ouvrage n'est pas à mettre dans toutes les mains : c'est à la fois révoltant, émouvant et écoeurant… Il est important que l'auteur dénonce cela avec courage et poésie dans de tels récits… D'ailleurs, la fin est particulièrement perturbante. Elle laisse un goût amer dans la bouche et on ne peut que refermer son livre en silence, songeant à tout ce qu'il s'est passé. Et dire que certains passages reflètent la dure réalité…

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Je suis partie en vacances avec ce roman me doutant bien que c'était peut-être un peu déplacé (sans jeu de mots!).De fait , dans un premier temps je me suis presque sentie coupable de pénétrer dans ce monde hostile à tout plaisir, à toute dignité humaine alors que je me gavais de soleil, de visites, de belles rencontres. Et puis, finalement non! Au contraire, il est nécessaire de ne pas sombrer dans les ténébres et c'est sûrement le message principale de ce roman!Malgré la mort physique ou symbolique qui plane et recouvre Kaboul il y a une merveilleuse lumière, celle de l'Amour et elle est multiple. Très beau roman.
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" Les hirondelles de Kaboul " est un roman d' Yasmina Khadra .L" auteur nous décrit la vie de la population de cette capitale lors de l' avènement du régime des Talibans .On remarque ce que ces derniers ont instauré par la force en maltraitant les habitants, les privant de leur liberté, leur imposant des lois absurdes , incohérentes et inhumaines .Le plus important de leurs forces se sont abattues sur la frange fragile de la population c' est-à-dire les femmes qui ont connues la sauvagerie de ces gens venus Dieu seul sait d' où?
On ne sort pas indemne une fois qu' on a lu le livre, livre âpre et dur .
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Roman dur, mais roman nécessaire pour comprendre la triste réalité de ces pays sous le joug d'un État où la liberté des Hommes n'existe plus. Des scènes d'horreur, des scènes de crainte, des scènes qui révoltent. Khadra nous fait comprendre, un peu plus, le quotidien d'une ville dévasté, complétement sous l'emprise de certaines gens pour qui la religion devient extrémiste. On ne peut que s'indigner, surtout lorsque le sort des femmes nous importe un tant soit peu. Une lecture dont on ne sort pas indemne du tout.
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Kaboul en guerre, Kaboul et les talibans, Kaboul et ses femmes emprisonnées dans leurs thadri… Kaboul……. le véritable enfer.
Oui, c'est bien ainsi que pourrait être l'enfer. Mais c'est la réalité, pas loin, en ce moment. Et c'est absolument glaçant à lire.
Mais il est important de ne pas l'ignorer. Et même si c'est dur à la limite du supportable, merci à Yasmina Khadra de mettre son incontestable talent d'écrivain à dénoncer ces barbaries à travers ce roman poignant.
Un peu trop secouée, je vais attendre quelques temps avant de continuer avec « L'attentat ».
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Toute femme ne peut qu'être heurtée par l'asservissement que vivent les hirondelles de Kaboul.
Nous sommes au degré zéro de l'horreur.
Tellement horrible que cela nous dépasse et que les mots me semblent faibles pour exprimer l'anéantissement qui me frappe lorsque j'imagine vivre dans un tel état de peur, de soumission, de saleté, d'exécutions.
Y être femme sans identité, sans reconnaissance est le summum de l'inhumanité.
Même si l'histoire finale se devine rapidement, même si elle nous paraît "énorme", c'est toute la métaphore qu'elle représente qu'il nous faut décoder.
Les paroles de l'épouse d'Atiq sont percutantes et le livre se termine en rendant une dignité à l'homme conditionné par un monde où il n'a jamais pu se laisser aller, ni à l'amour, ni à ses émotions.
La banalité de la cruauté fouette même l'intellectuel affaibli dans son esprit critique puisque ni rêves ni projets ne peuvent plus l'accompagner.
La banalité de la cruauté rend fou l'homme le plus sage.
C'est pourquoi nous ne pouvons juger aucun de ces héros, simplement tenter de comprendre leur descente aux enfers.
Le bien et le mal ne sont pas opposés, il y a le bien ET le mal, nous devons y faire face.
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