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4,02

sur 3157 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une histoire déchirante, bouleversante, triste, révoltante...
Avant d'entamer ma lecture, je savais qu'étant donné le contexte de l'histoire, le roman n'allait pas être rose. Mais je ne m'attendais pas non plus à une histoire aussi prenante et touchante.

Kaboul, dans une ville meurtrie où les talibans sèment la terreur, vit Atiq un geôlier ayant perdu le goût de vivre auprès de Mussarat, sa femme malade.
Mohsen et sa belle épouse Zunaira, tentent d'affronter la misère quotidienne en rêvant du bonheur de leur vie passée.
Au milieu des exécutions, des lapidations, de la violence et du désespoir, ils tentent malgré tout de se préserver. Mais parfois la volonté ne suffit pas...

C'est mon deuxième roman de Khadra et je dois dire que sa plume est toujours aussi poignante et poétique. Cet auteur possède l'art de donner vie à ses personnages avec une telle profondeur que l'on fini forcément par s'y attacher.
Il décrit avec beaucoup de force l'accablement et le désespoir de la vie de ses personnages à travers leurs comportements.
Au départ, j'ai détesté Atiq (le personnage principal), car je le trouvais dur et insensible. Mais au fil de la lecture, j'ai finalement trouvé une certaine beauté à ce personnage et j'ai même fini par m'y attacher.
J'ai également beaucoup aimé la sensibilité du couple Mohsen et Zunaira.

C'est selon moi un roman magnifique, plein d'émotions qui reflètent malheureusement la triste réalité d'une population qui subit les violences et les horreurs quotidiennes.
J'ai ressenti à travers l'écriture de Khadra, un profond respect pour la femme. Je pense qu'à travers son histoire, il a tenté de leur rendre hommage en témoignant des injustices qu'elles subissent chaque jour.


C'est un roman très court (148 pages) mais d'une grande intensité. Même si c'est une histoire très triste, je ne regrette pas du tout ma lecture.
Ce roman permet de comprendre un peu mieux ce que peut endurer le peuple afghan chaque jour et de partager par la pensée ce que ces personnes peuvent subir. Il permet également de réaliser la signification de la notion de liberté.
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Un roman court (148 pages), dur, déchirant, mais oh combien nécessaire pour nous rappeler ce qu'a vécu ce peuple afghan. Dès la première page, le décor est planté : "Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières." Yasmina Khadra, notamment par l'intermédiaire de deux couples, va réussir à nous faire vivre et ressentir la vie quotidienne à Kaboul, telle qu'elle est devenue depuis que les Taliban et les Mollahs font régner sur le pays un régime dictatorial.
Il y a Atiq Shaubat qui ne se déplace jamais sans sa cravache et son trousseau de clés. il est geôlier à la maison d'arrêt. Cet ancien moudjahidine est plus ou moins en train de perdre la raison en voyant ce qu'est en train de devenir son pays, d'autant que sa femme Mussarat est mourante.
Il y a d'autre part Moshen Ramat époux de la belle et instruite Zunaira qui se retrouve à avoir fait quelque chose d'impensable pour lui : " Une prostituée a été lapidée sur la place. J'ignore comment je me suis joint à la foule de dégénérés qui réclamait du sang. ... je me suis surpris à ramasser des cailloux et à la mitrailler, moi aussi."
Les destins croisés de ces quatre personnes nous plongent dans ce régime qui impose peur et violence à la population. Une petite lueur d'espoir peut cependant encore naître dans le coeur de certains habitants. Il faut noter que dans le roman, ce brin d'espoir et de révolte est porté par des femmes. Ces femmes dont les conditions de vie sont impensables tant elles sont inhumaines. Grâce à elles, un homme, même s'il va finir par sombrer dans la folie aura tenté de se redresser et aura pu vivre des instants de vraie vie.
L'auteur va nous entraîner avec ces personnages sous une chaleur accablante, l'air empli d'une odeur épouvantable, dans les rues de Kaboul. Nous avons l'impression d'être au coeur de cette foule loqueteuse, de frôler ces vieillards, ces mendiants ou ces invalides de guerre qui hantent les rues ou la cour de la mosquée, entourés parfois par des nuées de mioches livrés à eux-mêmes.
Avec "Les hirondelles de Kaboul", nous nous retrouvons dans un lieu, une nation privée de liberté et d'humanité, un pays où les droits sont inexistants, où la justice est entre les mains des talibans et où les femmes n'ont plus de place et n'ont droit qu'au mépris. Difficile de survivre et de garder quelque espoir dans un tel contexte.
Un livre d'une vérité effrayante, d'un réalisme bouleversant, mais dans lequel la poésie n'est pas absente et qu'il faut avoir le courage de lire car Il rend compte d'événements que nous préférerions occulter.
C'est avec impatience que j'attends l'opportunité d'aller voir le film d'animation éponyme, adapté de ce roman.
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Nous sommes il y a un peu plus de vingt ans, sous le premier gouvernement des Talibans. Kaboul en ruines vit dans la peur d'un quotidien rythmé par les exécutions publiques et les lapidations de femmes. Même rire y est répréhensible, ce dont d'ailleurs les habitants, désespérés, ont perdu la force. Atiq, le moudjahid devenu gardien de prison, ne peut se résoudre à répudier, comme le voudrait la norme, son épouse atteinte d'un cancer. Mohsen et sa femme Zunaira, autrefois avocate et maintenant confinée à l'étroitesse sans visage ni identité du tchadri, ont vu leurs carrières et leur mode de vie réduits à néant. Ils ne sont pourtant tous les quatre qu'au début de la tragédie qui va les réunir...


Les scènes choc se succèdent, révoltantes, insupportables, dans une Kaboul livrée à la folie terrifiante et à la violence abjecte d'un totalitarisme obscurantiste proprement effarant. « A Kaboul nous sommes tous des mendiants. » « Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l'avons oublié. » « Aucun soleil ne résiste à la nuit. » Accablés par le lent pourrissement qui les gagne, dans le dégoût de leur impuissance complice lorsque chaque jour accroît leur compromission horrifiée d'humains tremblant de sauver leur peau, Atiq et Mohsen ne savent plus comment trouver de paix, alors qu'en dépit d'eux-mêmes et de la pression fataliste des autres hommes de leur entourage, ils ne peuvent tout à fait se résoudre à accepter l'inacceptable. C'est une femme, ultime incarnation de ce qui survit de leur âme et de leur coeur, qui sert finalement de détonateur à leur révolte et à leur colère, dans un sursaut désespéré, avant la mort et la folie, pour tenter de sauver une once de liberté, et, du même coup, d'humanité.


Ce premier volet d'une trilogie illustrant « le dialogue de sourds qui oppose l'Orient et l'Occident » est un livre fulgurant, aux images fortes et aux dialogues percutants, qui, sur le fond apocalyptique d'un Afghanistan jeté dans un chaos économique et humanitaire inouï, met en lumière le désespoir sans fond d'une population persécutée par un régime de terreur lui imposant d'inconcevables et draconiennes restrictions. L'on y frémit en particulier du sort des femmes, ni plus ni moins rayées de la condition humaine, si tant est que ce terme ait encore une signification pour un régime bannissant jusqu'à pensées et sentiments au prétexte d'obédience aveugle à l'autorité religieuse. Pourtant, c'est justement par les femmes, que, dans ce drame réaliste non dénué de la poésie d'un conte persan, réussit à subsister un semblant d'espoir, incertain et fragile.


Un roman coup de poing, plus que jamais d'actualité, sur l'infinie tragédie afghane, et une magnifique invitation à réfléchir à la notion de liberté. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'ai pu découvrir le film grâce au 37° Festival International du Premier Film d'Annonay et je n'ai pas été déçu par l'adaptation de ce court roman mais le livre, comme d'habitude, apporte davantage de détails, de précisions et les deux se complètent admirablement.

Cette plongée dans l'Afghanistan des talibans est terrible de réalisme et de folie. L'adaptation au cinéma de ce roman court et tellement fort, Les Hirondelles de Kaboul, par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, sous la forme d'un film d'animation m'a motivé pour réparer un oubli fâcheux, la lecture du livre de Yasmina Khadra.
Cet écrivain algérien, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, a adopté les deux prénoms de sa femme comme pseudonyme en hommage à celle qui l'a toujours soutenu. Ex-officier de l'armée algérienne, il avait publié déjà plusieurs livres quand il a décidé de se consacré au métier d'écrivain en 2000. Son oeuvre littéraire est importante et reconnue mondialement.
Dans Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra s'attache aux pas d'Atiq Shaukat (42 ans), gardien de la geôle où sont enfermées les femmes condamnées à mort. Il joue facilement de la cravache lorsqu'il se déplace dans les rues surpeuplées de Kaboul. Bien sûr, sa femme, Mussarat, très malade, reste à la maison.
Nous sommes en 2001. Les talibans ont conquis le pouvoir par la guerre et appliquent leurs principes religieux comme des forcenés, s'en prenant essentiellement aux femmes, bannissant toute musique, interdisant de rire dans la rue et envoyant de force les hommes à la mosquée écouter les prêches enflammés de mollahs illuminés.
D'emblée, l'horreur s'impose avec cette lapidation publique d'une prostituée, scène insupportable au cours de laquelle Moshen Ramat, fils de bourgeois bien élevé, marié à la belle Zunaira, jeune magistrate licenciée sans procès ni indemnité, participe à l'horreur, emporté par l'hystérie collective.
C'est lorsqu'il avoue cela à Zunaira que leur couple craque. Au fil des pages, lisant le style épuré de l'auteur, j'ai constamment ressenti toute l'horreur d'un régime traitant les femmes comme des êtres inférieurs, les enfermant sous cette toile de tente grillagée devant leur visage dès qu'elles sortent, le tchadri, obligatoirement accompagnées par un homme.
L'histoire de ces deux couples que tout oppose, Atiq et Mussarat d'un côté, Moshen et Zunaira de l'autre, m'angoisse au fil des pages alors que les talibans brutalisent, arrêtent, exécutent, que les enfants sales traînent dans les rues de la capitale, que les blessés de guerre tentent d'épater les passants en enjolivant leurs exploits et que le mollah Bashir prêche pendant plus de deux heures à la mosquée où Moshen a été conduit à coups de cravache.
Il y a aussi le vieux Nazish qui était muphti à Kaboul et qui rêve de partir alors que ses fils ont été tués à la guerre. Qassim Abdul Jabbar, milicien réputé, méprise sa famille et n'espère qu'une chose : diriger la forteresse, le plus grand centre pénitentiaire du pays. Pour plaire aux mollahs, il fournit des condamnés à mort dont les exécutions attirent la foule et ravissent les dirigeants.

Je n'en dis pas plus car ce roman révèle une surprise que je n'ose qualifier de belle mais je salue l'imagination de l'auteur qui réussit à apporter une note d'espoir dans un pays qui, s'il a été depuis délivré des talibans, est toujours déchiré par des luttes sanglantes.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Ce livre, écrit en 2002, raconte l'atmosphère pesante des rues de Kaboul à cette époque.
C'est l'été, la chaleur est étouffante, la poussière s'infiltre partout, la mort est omniprésente, la folie guette..
Deux couples sont particulièrement sur le devant de la scène : Atiq et son épouse malade Mussarat, Mohssen et la belle Zunaira. Des couples d'amoureux à l'origine et dont les destins vont s'entremêler.
Malgré tout, les femmes (les hirondelles sous leur tchador) semblent plus fortes que les hommes et résistent mieux à leur manière à l'oppression que font régner les talibans.
Je ne les oublierai pas de sitôt.

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Lapidation : pratique qui consiste à lancer des pierres sur un homme ou une femme jusqu'à entraîner sa mort.
"La lapidation est une pratique illégale qui constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'homme." (source A.F.P.)

Les-hirondelles de Kaboul est le troisième roman que je lis de l'auteur et c'est selon moi l'un des plus difficiles.
Une écriture vraie et sans détour (ce à quoi l'auteur nous a habitués), ça claque, ça fait mal Un récit de 180 pages seulement mais ô combien intenses et douloureuses dont les faits se déroulent au début des années 2000 en Afghanistan, à Kaboul, au lendemain de l'avènement des Talibans.
Kaboul ville damnée, meurtrie par dix-huit années d'atrocités dont il ne reste que les ruines et les désillusions de ses habitants. Kaboul, qui n'a plus connu la paix depuis 1979.

La cruauté telle que l'auteur nous la montre, révulse, indigne mais elle est nécessaire car elle témoigne pour tous ces hommes et toutes ces femmes victimes de crimes de guerre, pour que nous sachions et que nous n'oublions pas.
Pour y parvenir, l'auteur met en scène les destins croisés de deux couples : Mohsen et Zunaira, qui sont issus de familles de notables et de bourgeois, elle était avocate promise à la magistrature, lui se prédestinait à une carrière de diplomate. Mais ça c'était avant. Avant que la guerre ne leur prenne tout, leurs biens, leurs rêves, leurs ambitions et même leurs illusions...
Atiq et Mussarat, qui eux sont nés dans la pauvreté et n'ont connu que la misère. Lui est geôlier de prison, un "garde chiourme" comme l'appelle son ami Mirza ; elle, est atteinte d'un cancer en phase terminale, ses jours sont comptés, il n'y a plus d'espoir.
Une dispute éclate entre Mohsen et Zunaira après qu'il lui a avoué avoir participé à la lapidation publique d'une prostituée. Une dispute qui sera la dernière car l'impensable se produit et ces deux couples que tout oppose mais que les ravages de la guerre et les désillusions rassemblent vont voir le cours de leur vie irrémédiablement modifié.

Les personnages principaux sont attachants, à fleur de peau, il ne saurait en être autrement dans le contexte qui est le leur. L'auteur a su apporter une dimension psychologique significative à chacun d'entre eux (plus poussée sur le personnage central qui est Atiq) pour nous permettre d'endurer leur histoire.
Un roman fort qui pose la question de la place et de la condition de la femme dans la société afghane face à l'idéologie des Talibans mais qui nous parle aussi d'amour et de sacrifices.
Jusqu'où l'homme est-il prêt à aller par amour ?

Je terminerai par quelques vers d'un jeune poète âgé de 23 ans qui s'appelle Ramin Mazhar dont les textes emplis d'espoir ont été fortement relayés sur les réseaux sociaux en février dernier après qu'il en a fait une lecture publique. Peut-être avez-vous eu déjà l'occasion de les lire.

Pour la Paix...

Chaque étape, chaque destination,
Je t'aime
Malgré les traditions meurtrières,
je t'aime
Tu es pieux, tes baisers sont des prières
Tu es different, tes baisers sont ta protestation
Tu n'as pas peur de l'amour, de l'espoir,
de demain
Je t'embrasse au milieu des Talibans,
tu n'as pas peur
...

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Après s'être délivré du joug soviétique, après des années de guerre, l'Afghanistan vit maintenant sous le terrible régime des talibans.
Pauvres Afghans, tombés de Charybde en Scylla !
Le pouvoir est aux mains de fous de Dieu. de fous tout court.
L'arbitraire règne.
La vie humaine a bien peu de prix. Les arrestations sont légion. On ne s'encombre même pas d'un semblant de justice. Les exécutions, nombreuses, sont mises en scène lors de grands rassemblements où la foule est "invitée" à participer.
Spécialement les lapidations, au cours desquelles chacun apporte sa pierre à l'édifice, si j'ose dire.
Cette barbarie permet aux habitants de se divertir, et aux talibans et mollahs d'asseoir leur autorité : de tels spectacles coupent l'envie de se rebeller !
C'est sur ce fond historique glaçant que Yasmina Khadra a construit son histoire.
Et avec quel talent !
Dans ce roman, il s'est surpassé. le contraste entre la laideur des faits et la beauté de son écriture est saisissant.
Certains passages prennent littéralement aux tripes, atroces par le fond mais sublimes par la forme.
Yasmina Khadra a su décrire avec peu de mots toute l'abomination du régime qu'il dénonce.
La terreur permanente sous laquelle vivent les habitants dans une ville où tout est suspect, où même le silence fait peur. Où les gens n'ont plus le droit de chanter, d'écouter de la musique ou de rire.
Pauvre ville de Kaboul ! Pauvre pays ! Pauvres Afghans !
Avec beaucoup de finesse, Yasmina Khadra accuse. Il dénonce l'écrasement permanent que subit la population. Il montre comment les mollahs dévoient la religion qu'ils prétendent défendre.
Il prend fait et cause pour les opprimés, particulièrement pour les femmes qui subissent les plus grandes violences, et pour lesquelles il manifeste une immense tendresse.
Les malheureuses vivent sous cloche : elles n'ont droit à aucune autonomie et doivent obéir sans dire un mot à leur mari et aux religieux.
Elles sont reléguées au rang de citoyens de seconde zone. Elles ne valent rien.
En fait, elles n'existent pas. Elles vivent en cage et ne peuvent sortir qu'accompagnées, et encore, elles n'ont droit de le faire qu'accoutrées de ce monstrueux tchadri qui les invisibilise et les fait ressembler à des fantômes.
Elles n'ont pas le droit de se montrer, et n'ont le droit de voir le monde qu'à travers une mince fente grillagée.
Elles n'ont pas le droit de choisir leur vie, de prendre la moindre décision, elles n'ont même pas le droit de respirer l'air du dehors et d'admirer le paysage. Elles n'ont le droit de rien, elles sont des moins que rien.
Et au moindre faux pas : zou, lapidation !
Yasmina Khadra dénonce la condition des femmes avec beaucoup de sensibilité, il dénonce les injustices permanentes dont elles sont victimes avec une grande lucidité et un grand respect.
Les hirondelles de Kaboul est un livre dur, un livre qui fait mal, mais c'est un livre qu'il faut lire.
Merci monsieur d'avoir mis votre talent au service d'une si noble cause : la dénonciation des horreurs faites à un peuple, et particulièrement aux femmes.
Ce roman est tellement bien construit, tellement bien écrit, que ce serait un pur plaisir de lecture si ce n'était que de la fiction. Il décrit, hélas, une situation bien réelle, et sa lecture serre le coeur.
Heureusement que pour montrer toute cette laideur, l'auteur a employé sa plus belle écriture, et qu'il a fait preuve d'une très grande finesse : les personnages sont ainsi bien réels, très humains et profondément attachants.
Je ne peux pas terminer sans penser à Élisabeth Badinter, qui s'adressait il y a dix ans aux femmes qui choisissaient, en France, de porter le voile intégral. Ses propos sont lucides, intelligents et courageux... et hélas, plus que jamais d'actualité.
Voici un lien vers son texte : http://www.media-web.fr/elizabeth-badinter-et-le-port-volontaire-du-voile-integral-78-104-1167.html
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Que dire de ce livre bouleversant ? Que dire du fanatisme et de sa folie, d'une religion défigurée, d'une observance qui n'est plus que le masque grimaçant de l'ignorance et de la haine ? Que dire de ces femmes emmurées, bafouées, que le tchador qu'on leur impose déguise en hirondelles, que dire de ce peuple martyrisé, de cette génération perdue ?...

Juste ceci, peut-être, qu'avec ce roman déjà ancien, avec cette parole libre et courageuse et la force de son talent, Yasmina Khadra portait ici témoignage à la face du monde et qu'à la barbarie des hommes, à la laideur de leurs âmes et à leurs mains tachées de sang il a su opposer, comme un étendard de lumière et de beauté, des pages vibrantes de colère, d'amour et de souffrance.

Et depuis que l'homme a commencé à ressentir le besoin de raconter des histoires à son frère, c'est toute la puissance de la littérature et ce qui fera toujours du livre, aux yeux des tenants de l'obscurantisme, un objet de crainte et de détestation.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Très beau roman de Yasmina Khadra qui témoigne de la situation du peuple afghan sous le régime taliban. On suit en parallèle le destin de deux couples dans une capitale qui n'a de couleur que celle du sang et d'odeur que celle du plomb. Les habitants subissent et errent plus qu'ils ne vivent et agissent, contraints par une force qui les dépasse et les accable. Pourtant, dans cette ville en ruines où l'inertie est pour beaucoup une tentative de préservation mentale et physique, quelques voix s'élèvent et laissent bruire une révolte contre l'obscurantisme. Des chemins se croisent et l'humanité renaît, avec tout ce que cela comporte de risques et de tragédies…
Écrit en 2002… Et pourtant… Un roman qui nous rappelle, s'il était nécessaire, l'importance de la littérature qui, face à la grande Histoire, nous ouvre les portes de l'infiniment petit en mettant en avant les destinées individuelles, avec beaucoup de subtilité et de sensibilité. On a l'impression d'y être : dans cette capitale dévastée et déshumanisée, dans ces rues salies par les corps lapidés et par la noirceur et la folie des âmes, dans cette prison qui voit ses occupants défiler, dans ces maisons lourdes de silences et de regrets. C'est un roman qui nous happe et qui nous fait prendre position car il est absolument impossible de rester insensible face aux actes décrits et aux pensées révélées. Mais tout est instable car l'être humain est changeant : un personnage honni peut s'avérer désespérément fragile quand un autre, insignifiant, peut cacher une grandeur d'âme insoupçonnée. C'est en outre extrêmement bien écrit mais le style peut déstabiliser au début : il faut persévérer, la poéticité du texte est aussi une arme contre la barbarie et elle dit tout ce que l'humain a de beau en lui.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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J'ai déjà eu l'occasion de dire ici qu'il y a des livres dont sort ébloui, et d'autres dont on sort ébahi, groggy… « Les hirondelles de Kaboul » fait évidemment partie de cette deuxième catégorie…

Le thème, d'abord : le Kaboul des talibans, le Kaboul de la misère tant matérielle qu'intellectuelle… la dictature de l'horreur… et au milieu de tout ça deux femmes… deux femmes remarquables chacune dans leur différence : une, belle, « éduquée », elle était avocate avant les Talibans, c'est Zunaira… l'autre de condition modeste, malade et condamnée, c'est Mussarat…
La prose de Yasmina Khadra, ensuite : un style riche, efficace, poignant… même dans la description de l'indescriptible : lapidation, exécutions publiques humiliations en tous genres…

Ayant vécu un temps au Pakistan, le pays voisin, des ambiances me reviennent, des odeurs, aussi… C'est ça la puissance d'évocation de Yasmina Khadra... Je vais sans doute mettre un certain temps à me remettre de cette lecture difficile, mais néanmoins indispensable : un témoignage que l'on se doit d'affronter pour se souvenir que le pire est à l'oeuvre dans cette partie du monde alors qu'il tente de s'installer ailleurs…
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