« Elle avait cent deux ans et j'étais certaine qu'elle ne mourrait jamais ». Taline vient de perdre sa grand-mère, qui était comme sa mère et qui l'a élevée. Après les obsèques, elle apprend que Nona lui a légué sa maison de Bandol, dans laquelle elle a des souvenirs heureux. de son vivant, Nona a toujours guidé Taline. Elle lui a enseigné le jeu des odeurs quand elle était petite, car elle avait détecté que la petite avait un odorat exceptionnel. Elle lui a appris à inventer et c'est tout naturellement qu'elle lui a légué son entreprise de parfums. Cependant, elle ne lui a pas dit comment vivre sans elle.
« Là où s'épanouit le jasmin se trouve la première clé. » Par ce message, Nona entraîne sa petite fille dans un jeu de piste. Sous le massif de jasmin, se trouve un petit carnet, le premier de trois. Ils ont été rédigés par Louise, la mère de la défunte. Il relate l'histoire familiale que Taline ne connaît qu'à travers ses cauchemars. Son inconscient porte le poids des souffrances des générations passées. Nona lui offre la possibilité d'affronter le passé familial, mais elle lui laisse la liberté de le refuser. Elle lui met entre les mains ce qu'elle ne lui a jamais confié.
Le premier carnet décrit l'enfance heureuse de Louise, à Marache, en Turquie, auprès de ses parents, de son frère, de sa soeur, et de son grand-père. Ce dernier est un personnage qui m'a énormément touchée. Il est bienveillant. Il a été le guide qui a permis à Louise de se révéler, qui l'a initiée à la réflexion, qui lui a montré la beauté du monde, etc. C'est un être d'amour et de sagesse, il m'a fait pleurer d'attendrissement, puis de chagrin. Ce cahier est également celui qui dévoile le talent de Louise : c'est une magicienne des mots, elle est la « poétesse de Marache », elle pose des mots sur les émotions des autres, elle console et elle rassure avec ses textes, elle aime avec ses vers. Mais les mots ne peuvent pas lutter contre la barbarie.
Le deuxième carnet débute le 24 avril 1915. Six cents intellectuels arméniens ont été arrêtés à Istanbul. Louise a quatorze ans et sa vie plonge en enfer, comme celle de milliers de familles. le brasier, les marches de la mort, la faim, la soif, le froid, la peur, la barbarie, la destruction des corps et des âmes, des scènes sanglantes : Louise écrit le génocide arménien, qui lui a pris tout ce qu'elle était. Tout, sauf les mots. Ce sont eux qui décrivent et qui rentrent dans notre chair, pour dépeindre l'indescriptible et l'innommable. Ce sont eux qui bouleversent et révoltent. Pourtant, malgré les horreurs, nous entendons leur poésie. Je me suis arrêtée pour contempler la beauté du texte qui exprime la cruauté ; comme une opposition. J'ai été bouleversée par le courage, le dévouement de Louise et par ses sacrifices.
Le troisième carnet est celui des tentatives de reconstruction[…]
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