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Série Tom Lepski tome 7 sur 13

Jane Fillion (Traducteur)
EAN : 9782070496822
263 pages
Gallimard (31/01/1997)
3.27/5   13 notes
Résumé :
Le toubib avait été bien inspiré en conseillant à Larry Carr, diamantaire réputé, de quitter Paradise City, à la suite de l'accident qui avait coûté la vie à sa fiancée. Luceville, une petite cité industrielle, crasseuse, misérable, offrait en effet un cadre idéal pour oublier ses malheurs. Mais Larry Carr ne pouvait savoir qu'en arrivant à Luceville, il entrerait dans le monde du crime, en subissant l'envoûtement de Rhea Morgan, une fille qui sortait de taule.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Changement de décor…

Premières lignes :

« Les effets ne se firent sentir qu'un mois après l'accident. Vous et moi appellerions cela un choc à retardement, Bien entendu le Docteur Melish, fidèle à son jargon professionnel, usa d'un autre terme, mais en fait il s'agissait bien d'un choc à retardement.
Un mois avant l'accident je voguais en plein succès. Prenez ma situation, par exemple. J'en ai bavé pour l'obtenir, et je l'ai eue : premier vendeur chez Luce & Fremlin, les joailliers les plus cotés de Paradise City qui n'ont rien à envier à Cartier ou à van Cleef. Cette ville, où magasins, boutiques, galeries d'art, bijouteries rivalisent de luxe, est le lieu de prédilection des milliardaires, des snobs, des fils à papa, des vedettes de cinéma et de tous ceux qui aiment à faire étalage de leur fortune.
Luce & Fremlin jouissent d'une réputation inégalée et ils me versent, en ma qualité d'expert en diamants, un salaire annuel de quarante mille dollars, qui, même dans cette ville où le coût de la vie est le plus élevé de toute la côte de Floride, représente une somme rondelette.
Je possédais une Mercedes décapotable, un appartement donnant sur la mer, un confortable compte en banque et environ quatre-vingt mille dollars en titres et en actions.
J'avais une garde-robe bien fournie. Grand, beau à ce qu'on disait, j'étais le meilleur joueur de golf et de squash du Country Club. Vous comprenez maintenant pourquoi je disais plus haut que je voguais en plein succès »

Changement de décor c'est le véritable titre de ce roman (Have a change of scène) encore une fois on pourra féliciter (ou sans être ironique désapprouver) mille fois les éditions Gallimard d'avoir affublé les romans de Chase de titres tous plus ridicules les uns que les autres.. (En 3 coups de cuillères à pot, Qu'est-ce qu'on déguste ! ou tirez la chevillette… ect)

Changement de décor, raconte l'histoire d'un homme diamantaire que tout réussi mais qui verra sa vie basculer à la suite du décès de son épouse dans un accident de voiture. Atteint d'une commotion cérébrale, il plongera dans la folie et la violence. Mais avant cela, il tombera dans une dépression profonde, négligeant son travail voire-même se négligeant lui-même.

Extrait :
« Je n'entrerai pas dans les détails, mais le fait est qu'au cours des trois semaines qui suivirent mon état psychique et physique se dégrada. Je perdis tout intérêt pour ce qui avait jusque-là rempli ma vie : mon travail, le golf, le squash, ma garde-robe, les mondanités, et même l'argent.
Le plus grave fut, bien entendu, le désintérêt que je manifestais pour mon travail. Je me mis à commettre des erreurs, légères, au début, puis plus importantes par la suite. Je m'aperçus que je me foutais éperdument que Jones ait choisi pour sa nouvelle amie un porte-cigarettes de platine orné de son chiffre en rubis. Je lui fournis bien le porte-cigarettes mais oubliai complètement d'y faire incruster les initiales. J'oubliai également que Mme van Sligh avait commandé tout spécialement, pour son petit monstre de neveu, une montre en or marquant les jours et les mois. Je lui envoyai bien une montre en or mais sans les quantièmes. Elle s'amena à la boutique, toutes voiles dehors, et accabla de reproches le pauvre Sydney, proche des larmes. Ces exemples vous donneront une idée de mes défaillances. En trois semaines je commis plusieurs erreurs ou oublis de ce genre. Appelez ça un manque de concentration, appelez ça comme vous voudrez.
Autre chose encore. Judy donnait elle-même mon linge à laver. Il m'arrivait maintenant d'oublier de changer quotidiennement de chemise… Qui s'en souciait ? Moi qui jusque-là allais chaque semaine chez le coiffeur me faire couper les cheveux, j'avais maintenant des mèches dans la nuque… Qui s'en souciait ? Et je pourrais multiplier les exemples.
J'eus un brusque remords de conscience. Dans ma corbeille s'entassait une pile de lettres et de commandes que je n'avais même pas dépouillée. Or il était trois heures de l'après-midi et ce courrier avait été distribué à neuf heures.
Je me frottai le menton du revers de la main et sursautai tant il était rugueux. Bon Dieu ! J'avais oublié de me raser, ce matin-là. Je me levai d'un bond, traversai la pièce et allai me poster devant le grand miroir mural. Devant l'image qu'il m'offrait de moi-même, je fus pris d'un frisson. Cette espèce de clochard, c'était donc moi ? Je regardai mes manchettes aux bords douteux, mes chaussures qui n'avaient pas été cirées depuis quinze jours... »

Son psychiatre le conseillera de changer littéralement de quotidien. Un changement de décor total pour reprendre pied.

Extrait :
« Je vous conseille donc de vous mêler à des gens qui ont des soucis infiniment plus graves que les vôtres. C'est seulement ainsi que vous redonnerez aux choses leurs justes proportions. J'ai une nièce qui réside en ce moment à Luceville. Elle est assistante sociale et a besoin d'une aide bénévole. Je vous suggère donc de vous rendre à Luceville et de travailler avec elle. Je lui en ai parlé. Pour être franc, sa première réaction a été de me déclarer qu'elle avait autre chose à faire que de s'encombrer d'un être momentanément désaxé. Elle a un besoin urgent d'aide et n'a aucune envie de se pencher sur vos ennuis. Je lui ai promis que vous lui apporteriez tout votre concours et que vous ne lui poseriez pas de problèmes. Je suis arrivé à l'en persuader. Maintenant, à vous de jouer »

Notre personnage partira donc pour la ville de Luceville, à plus de 1000km au nord de Paradise City, la plume magique de l'auteur dans la description de cette ville minière est admirable !!

Extrait :
« Luceville, qui se trouve à quelque douze cents kilomètres au nord de Paradise City est une ville industrielle d'une grande étendue sur laquelle plane perpétuellement un épais nuage de poussière et de fumée. Sa principale industrie est le traitement de la pierre à chaux. Au cas où vous ne le sauriez pas, on broie la pierre à chaux pour en tirer la chaux, le ciment ainsi que les matériaux nécessaires à la construction et au revêtement des routes. C'est d'ailleurs également la principale industrie de la Floride. Alors que j'approchais des faubourgs de la ville, la poussière de ciment commença à me coller à la peau, et je me sentis sale et poisseux. Cette poussière recouvrit bientôt mon pare-brise et la carrosserie. Pas le moindre rayon de soleil. Si puissant fût-il, il n'avait pu percer la calotte faite de fumée et de poussière de ciment qui pesait sur la ville. le long de l'autoroute menant au centre s'échelonnaient des usines de pierre à chaux, et le bruit de la roche broyée résonnait comme un lointain tonnerre.
Je découvris l'hôtel Bendix qui, aux dires du docteur Melish, était le meilleur de la ville, dans une petite rue transversale coupant la grand-rue. Un endroit lugubre. Les portes de verre disparaissaient sous la poussière de ciment ; le hall était meublé de sièges de rotin branlants et la réception se réduisait à un simple comptoir surmonté d'une planche où étaient accrochées des rangées de clés. Comme changement de décor, ça se posait un peu là. Je m'approchai de la fenêtre grande ouverte et plongeai mon regard sur la rue. Elle grouillait de passants tous misérablement vêtus, la plupart crasseux. Quant aux femmes, elles faisaient leurs emplettes. Ça fourmillait également de gosses qui auraient eu grandement besoin d'un bain. Les voitures qui encombraient cette rue étaient toutes recouvertes de poussière de ciment. J'appris par la suite que cette poussière constituait l'ennemi numéro un de Luceville, l'ennemi numéro deux étant l'ennui. Puis j'allai faire un tour. Luceville n'avait rien d'autre à offrir que poussière et misère. Je déambulai dans le district qui sur le plan de Jenny portait le numéro 5. Je me trouvais dans un univers dont jusque-là je ne soupçonnais même pas l'existence. Après Paradise City, j'avais l'impression de m'enfoncer dans l'Enfer du Dante. Chaque passant repérait en moi un étranger à la ville. Tous s'écartaient de moi et certains se retournaient et chuchotaient entre eux. Des gosses sifflaient sur mon passage et certains imitaient des bruits ignobles. »

Sa mission sera de seconder une assistance sociale dans cette misérable ville qu'est Luceville. Une ville rongée par la misère, un chômage élevé et une délinquance exponentielle…
Mais un gang de bikers sévira à Luceville et à sa tête : Spooky, leur chef. Notre personnage aura fort à faire avec lui..
Puis… puis… l'histoire se recentrera à nouveau sur Paradise city…
On pourra dire que le roman aura un tiers du récit se déroulant à Luceville et les deux autres tiers à nouveau sur Paradise city ayant pour thème un vol de diadème en diamant.
On assistera au naufrage de notre personnage qui glissera progressivement dans une déchéance morale totale.
Se dégagera de ce livre une grande leçon d'un pouvoir d'écriture prodigieux !
Comme souvent dans les romans de Chase, c'est l'attirance sexuelle pour une femme en la personne de Rhéa Morgan, je dirai même une attirance bestiale, qui mènera notre bonhomme dans le gouffre !

Extrait :
« J'étais retourné à l'hôtel. J'étais resté environ une demi-heure dans ma chambre exiguë et lugubre sans cesser de penser à Rhea Morgan. Cette pièce je l'avais arpentée, empli de visions érotiques. Je désirais si fort cette fille qu'elle était comme un poison dans mon sang. A la pensée de lui arracher ses vêtements et de la posséder, la sueur me dégoulinait sur le visage, et je me souvins de la phrase qu'elle m'avait lancée à la tête. Elle exerçait sur moi une attirance magnétique à laquelle j'étais incapable de résister. Je me remis à penser à Rhea. Je la désirais si fort que tout mon corps me faisait mal. Je ne me disais même plus que j'étais fou, que ce qu'il y avait en elle de cruel et de démoniaque me conduirait à ma perte. Je n'entendais que l'appel irrésistible de cette sirène.
Je me rappelai qu'elle m'avait dit : ‘'Pour m'avoir, tu t'en tireras pas avec un repas''. Je la voyais postée devant moi, avec ses yeux verts lourds de promesses, son corps légèrement arqué vers moi, son sourire sensuel »

Pour elle, notre diamantaire se livrera à toutes sortes de méfaits : vol, braquage…
A une folie graduelle, il passera même à l'envie de se suicider !! En lisant ce dernier extrait, on y décèlera une touche d'humour de l'auteur à se jouer ainsi de son personnage chuter dans l'absurde !

Extrait :
« Comment je suis rentré à mon hôtel au volant de ma voiture, je n'en ai gardé aucun souvenir. Je me rendis soudain compte que j'étais couché sur mon lit et qu'une lumière crue blanchissait la poussière de ciment qui flottait devant la fenêtre.
Jamais je ne m'étais senti aussi abattu. Rhea m'avait, elle aussi, traité de minable ! Dieu que je pouvais la haïr, cette fille ! Soudain l'idée de me supprimer me traversa l'esprit. Toujours étendu sur mon lit, je me dis. « Après tout, pourquoi pas ? » Je ne voyais pas d'autre solution. Pourquoi continuer à souffrir ? Pour me laisser torturer plus longtemps par cette garce ?
Mais quel moyen employer pour me supprimer ?
Une lame de rasoir ? J'employais un rasoir électrique.
Des barbituriques ? Il ne m'en restait plus que six comprimés.
Sauter par la fenêtre ?
Dans cette foule grouillante, je risquais de tuer un passant.
Je regardai fiévreusement autour de moi. Pas la moindre poutre où me pendre.
Ma voiture ?
Voilà la situation. Me mettre au volant, filer à toute allure et aller m'écraser contre un arbre. Voilà ce que j'allais faire ! »

Un excellent thriller psychologique comme seul Chase en avait le don.
Certains apparemment n'ont pas apprécié le changement de décor total qui s'opère à un tiers du livre. D'autres ont été déçu par la fin du livre…
Mais justement, que le récit opère un virage à 180 degrés à un moment donné est dans le définition et l'optique même du titre de son roman « Changement de décor » voyons !
Quant aux dernières pages du livres, bah moi je les ai trouvés admirables et malicieuses !!
Et donc… : Et toc… ! ;)

(Encore une référence de Graham Greene page 71.. C'est entre autres, ce genre de détail, qui a alimenté les rumeurs selon lesquelles Graham Greene et James Hadley Chase étaient le même homme)
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Le personnage principal Larry Carr, un homme ayant subi de graves malheurs est malgré cela un diamantaire de réputation internationale. Sa faiblesse de caractère puis sa cupidité vont l'amener à devenir criminel. Beaucoup de suspense dans le roman, avec des retournements de situation. Dommage que l'histoire se termine un peu bâclée.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Luceville, qui se trouve à quelque douze cents kilomètres au nord de Paradise City est une ville industrielle d’une grande étendue sur laquelle plane perpétuellement un épais nuage de poussière et de fumée. Sa principale industrie est le traitement de la pierre à chaux. Au cas où vous ne le sauriez pas, on broie la pierre à chaux pour en tirer la chaux, le ciment ainsi que les matériaux nécessaires à la construction et au revêtement des routes. C’est d’ailleurs également la principale industrie de la Floride. Alors que j’approchais des faubourgs de la ville, la poussière de ciment commença à me coller à la peau, et je me sentis sale et poisseux. Cette poussière recouvrit bientôt mon pare-brise et la carrosserie. Pas le moindre rayon de soleil. Si puissant fût-il, il n’avait pu percer la calotte faite de fumée et de poussière de ciment qui pesait sur la ville. Le long de l’autoroute menant au centre s’échelonnaient des usines de pierre à chaux, et le bruit de la roche broyée résonnait comme un lointain tonnerre.
Je découvris l’hôtel Bendix qui, aux dires du docteur Melish, était le meilleur de la ville, dans une petite rue transversale coupant la grand-rue. Un endroit lugubre. Les portes de verre disparaissaient sous la poussière de ciment ; le hall était meublé de sièges de rotin branlants et la réception se réduisait à un simple comptoir surmonté d’une planche où étaient accrochées des rangées de clés. Comme changement de décor, ça se posait un peu là. Je m’approchai de la fenêtre grande ouverte et plongeai mon regard sur la rue. Elle grouillait de passants tous misérablement vêtus, la plupart crasseux. Quant aux femmes, elles faisaient leurs emplettes. Ça fourmillait également de gosses qui auraient eu grandement besoin d’un bain. Les voitures qui encombraient cette rue étaient toutes recouvertes de poussière de ciment. J’appris par la suite que cette poussière constituait l’ennemi numéro un de Luceville, l’ennemi numéro deux étant l’ennui. Puis j’allai faire un tour. Luceville n’avait rien d’autre à offrir que poussière et misère. Je déambulai dans le district qui sur le plan de Jenny portait le numéro 5. Je me trouvais dans un univers dont jusque-là je ne soupçonnais même pas l’existence. Après Paradise City, j’avais l’impression de m’enfoncer dans l’Enfer du Dante. Chaque passant repérait en moi un étranger à la ville. Tous s’écartaient de moi et certains se retournaient et chuchotaient entre eux. Des gosses sifflaient sur mon passage et certains imitaient des bruits ignobles.
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jai pas aimer du tous :( la fin étais super dans le genre ringard !!!
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