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3,49

sur 180 notes
Éblouissant, voilà le premier mot qui me vient immédiatement à l'esprit après avoir refermé cet ouvrage et en avoir savouré jusqu'à la dernière page, à savoir celle des remerciements, tant je ne voulais pas que cette lecture s'arrête !

L'auteure le dit elle-même, il y a une grande part d'imagination dans cet ouvrage qui reste en premier lieu un roman mais beaucoup de faits réels également, ne serait-ce que l'histoire de ces trois soeurs Brontë. le lecteur se plonge voracement dans la vie, on ne peut plus moins misérable au départ de celles-ci puisqu'elle sont issues d'une famille relativement modeste, ont perdu leur mère très jeunes ainsi que leur deux soeurs aînées, ont la charge de leur père malade et de leur frère Branwell alcoolique, ce qui a la fâcheuse tendance à le plonger dans une sorte de folie. Aussi Charlotte, Emily et Anne doivent-elles apprendre à se battre chaque jour contre la dure cruauté de la vie. Toutes trois plongées dans leurs écritures respectives (poèmes et romans) à une époque où il ne fait pas bon pour une femme que de s'intéresser à la littérature, elles écrivent toutes en prenant soin de dissimuler leur véritable identité et essuient de nombreux refus jusqu'à ce qu'un éditeur accepte de publier les manuscrits d'Emily et Anne mais pas celui de Charlotte.

Eh oui, je vous l'ai dit, la vie est souvent cruelle mais Charlotte aura sa vengeance sur cette dernière lorsqu'elle verra son roman Jane Eyre publié et acclamé.

Je prie le lecteur de m'excuser de faire l'impasse sur de nombreux détails (et non pas des moindres) mais, en voyant que cet ouvrage a déjà été lu par un certain nombre d'entre vous ainsi que critiqué, je ne voudrais pas que vous trouviez dans la ma critique (qui n'en n'est pas vraiment une étant donné que j'ai vraiment adoré ce roman) des choses que vous auriez déjà lues des dizaines de fois. Aussi, par peur de trop en dire, je vais m'arrêter là en ce qui concerne l'intrigue mais sachez que cet ouvrage - qui se lit très vite (trop peut-être) - est à la fois bouleversant, attendrissant et extrêmement prenant !

Pour conclure, je n'ai qu'une chose à vous recommander : foncez et n'hésitez pas à venir découvrir ce magnifique ouvrage !

Ah oui, pour finir, je crois que je vais très vite me replonger dans la lecture de "Jane Eyre" !
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Qui se cache donc derrière un des monuments littéraires anglais les étudiés, lus, admirés, ce pavé qui a donné du fil à retordre à une génération de femmes, ce Jane Eyre si emblématique ? Derrière la fougue de son héroïne Jane Eyre, emportée par le tourbillon romanesque de sa relation passionnée avec Mr Rochester, se cache Charlotte Brontë, la calme, placide et discrète aînée de ce trio littéraire qu'ont été les soeurs Brontë : Charlotte, Emily et Jane.

Sheila Kohler brosse ici le touchant portrait de cette jeune écrivain, écrasée par le poids des responsabilités familiales : un père malade, un frère débauché, deux soeurs en attente, et qui a trouvé dans l'écriture un échappatoire à son morne quotidien, son salut. Brimée et d'un caractère solitaire, sa prose enflammée trouve enfin son exutoire à travers le personnage de Jane Eyre qui par bien des aspects ressemble à sa créatrice : jeune femme timide voire malingre, qui n'aspire qu'à être touchée par la grâce de la passion et à laisser ses émotions s'exprimer librement. Charlotte Brontë a semble-t-il été follement éprise d'un homme qui aurait inspiré Mr Rochester, alors qu'elle était enseignante, amour non payé de retour. Cette expérience douloureuse aurait été (d'après sa correspondance et les différentes notes laissées) le déclencheur de son chef-d'oeuvre.

Sheila Kohler nous fait suivre le processus de création littéraire de Jane Eyre et avec lui les interrogations, les doutes et les scrupules d'une jeune femme en décalage avec son époque, cette Angleterre du XIX qui ne peut concevoir qu'une femme puisse être dotée d'un talent créateur et donc s'inscrire dans la lignée des grands écrivains. J'ai vraiment apprécié ce portrait juste et sensible de Charlotte Brontë ainsi que de ses soeurs elles-aussi écrivains. le roman est à l'image du quotidien de son héroïne, lent et paisible mais sous lequel sourd une profonde colère, une vraie révolte. Je me suis immédiatement attachée à ce personnage et à ses soeurs. Ce roman est une belle perspective sur une époque, sa morale étriquée, sa misogynie ambiante. Sans rentrer dans les considérations féministes – ce roman n'est pas un pamphlet et ne revendique rien – Quand j'étais Jane Eyre n'en est pas moins une belle ode aux femmes écrivains, aux pionnières. C'est également une belle découverte sur les origines d'un monument littéraire encore mystérieux à bien des égards et sur la vie des soeurs Brontë qui restent encore aujourd'hui une énigme et dont le destin tragique continue de remuer la femme que je suis.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Un roman pseudo biographique reprenant la vie de Charlotte Brontë auteur de l'un des plus grands ouvrages de la littérature anglaise : Jane Eyre.


Charlotte, jeune femme de 30 ans, célibataire est au chevet de son père suite à une opération tentant de lui redonner une meilleure vue. Cette convalescence nécessitant plusieurs jours, nous suivons la vie de la maisonnée au travers des récits de Charlotte, de son père, de l'infirmière à domicile. Profitant des moments de calme nécessaire au rétablissement de son père, nous suivons la naissance de son roman inspiré de souvenirs de son passé douloureux qui se présente dans ce livre sous forme de retour dans le passé. Son enfance avec ses frères et soeurs, leur désir d'écrire qui les taraudent tous, la mort tragique dans un pensionnat horrible de deux des soeurs, son amour pour un homme marié lors de son voyage à Bruxelles, l'alcoolisme de son frère, et sa relation houleuse avec Arthur Bell Nichols, son futur mari et ce jusqu'à la mort de l'auteur.


J'ai acheté ce livre il y a un bon moment déjà et je l'avais laissé de côté sciemment suite à ma lecture d'un autre livre reprenant la même histoire quasiment de la même manière : le journal secret de Charlotte Brontë de Syrie James. Lire celui-ci après m'aurait d'une part donné l'impression de lire un plagiat et d'autre part, je n'aurai pas apprécié ce dernier à sa juste valeur. Malheureusement, j'espérais beaucoup de ce livre et j'en suis sortie déçue.


Ce roman est d'une tendresse incroyable dans le texte. Sheila Kohler reprend la vie de Charlotte Brontë mainte fois évoquée sous la forme d'un roman biographique où l'émotion et l'humour cohabitent sans tombé ni dans la romance guimauve, ni dans le pathos. Nous suivons au travers des différents points de vue (Charlotte, l'infirmière, le père) la naissance de l'oeuvre magistral Jane Eyre dont la trame est alimentée par le vécu tragique de son auteur qu'elle retranscrit et exprime avec son personnage féminin osant répondre, se défendre.
Sheila Kohler arrive à nous téléporter dans le passé et nous permet de revivre les moments clefs de la vie de Charlotte en passant par différents moments heureux ou tragiques qui ont forgé cette jeune femme jusqu'à son décès.


Un roman plaisant à lire… MAIS le côté romancé est vraiment trop prédominant et édulcore des éléments importants de la vie de Charlotte Brontë afin d'apporter du contenu à ce texte et le rendre agréable au lecteur. Les soeurs sont présentes mais caricaturées et façonnées afin de donner la réplique à Charlotte, les situations sont arrangées pour amener le lecteur dans la bonne gamme de sentiments. Je ne sais pas mais… en le lisant, j'avais par moment un sentiment de discordance surtout après avoir lu la biographie merveilleuse d'Elizabeth Gaskell (éditions du Rocher) portant sur la vie Charlotte Brontë. Après cela, toutes les pseudo adaptation paraissent bien fades. Dans ce roman, Sheila Kohler semble avoir tenté de rester neutre au maximum afin de plaire au plus grand nombre lissant certains caractères, omettant certains éléments pour obtenir quelque chose de …. stérile, de bien pensant sans heurter personne.


Comme pour le journal caché de Charlotte Brontë de Syrie James, un livre adorable et permettant de se familiariser d'une manière accessible avec l'auteur et son oeuvre. Si cela donne ensuite au lecteur l'envie de se plonger dans un de ses ouvrages, ce sera merveilleux.
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L'émotion est à fleur de lecture.
Avec simplicité et une force puissante, l'auteure nous conte, entre réalité et fiction, l'histoire de la famille Brontë.
En se basant sur des biographies, des témoignages, des lettres et les livres écrits par les trois soeurs, Sheila Kohler restitue la famille, les espoirs, les souffrances de ces écrivaines qui occupent une place importante au panthéon de la littérature britannique du 19è siècle.
Elle reconstitue ce qu'auraient pu être les pensées de Charlotte qui amèneront progressivement à l'écriture de « Jane Eyre ». Nous assistons à la genèse d'un chef d'oeuvre. Pourquoi pas? Tout est respectueux et plausible dans le cheminement proposé par Sheila Kohler.
Les relations entre le frère, les soeurs ainsi que celles établies avec le père sont développées tout au long du roman et on comprend le poids dont elles pèseront dans l'édification des personnages de romans des trois soeurs. Les lieux, les relations sociales, le mépris des gens mieux nés, la religion, les animaux, l'amour sans retour ou trahi, tout intervient dans ces vies que le destin bafoue.
La place de l'écriture dans leur trio est mise en exergue. Là aussi, nous ressentons leur douleur, leur impuissance, leur rivalité inavouée...
Des femmes en mal d'être, en mal d'amour se débattent devant nous, en proie à des santés chancelantes, victimes d'une époque où il n'était pas facile d'être femme et d'écrire, souffrants de vivre dans une société où les classes vous cantonnaient dans la vôtre sans espoir d'en sortir (le frère l'apprendra à ses dépens), remplies d'un amour débordant incompris, mal compris, liées entre elles par ces intransigeants dogmes religieux et par cette impossibilité d'être ce qu'elles auraient voulu.
C'est une longue descente aux enfers même si le succès se dessine pour Emily et Anne et se confirme pour Charlotte.
Il y a tout le long du livre un parfum de mort : la mort de la mère et des deux grandes soeurs à dix ans, leurs tombes que l'on sait proches dans le cimetière qui entoure le presbytère, la tante insensible ou presque, la misanthropie du père, son exigence, l'austérité de la lande, les échecs auprès des éditeurs, la folie du frère, la sauvagerie d'Emily la mystérieuse, l'abnégation d'Anne la religieuse, les rêves de Charlotte la battante.
On verse quelques larmes, comme la vie est injuste, comme la vie peut être dure.
Leurs romans ont comblé des générations de lecteurs et continuent à fasciner, Haworth est devenu un « lieu de pèlerinage ».
Elles sont mortes jeunes, peu de clarté dans leur vie, juste la lumière de l'écriture et c'est en cela que le livre de Sheila Kohler est réussi : montrer et démontrer la force des mots transcendant leurs vies brisées.
L'autre mérite de ce livre est d'amener des néophytes à pénétrer cet univers d'un autre temps, à provoquer chez les autres l'envie de relire avec un nouvel éclairage « Jane Eyre », « Les Hauts de Hurlevent », « Agnès Grey » et de découvrir les oeuvres moins connues.
Les filles Brontë sont elles-mêmes des personnages qui fascinent et elles reçoivent, de façon posthume, tout l'amour dont elles ont rêvé et tout le respect que l'on porte à de grands écrivains.
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Nouvelle immersion dans ce monde si particulier et si fascinant des Brontë.
Sheila Kohler brosse le portrait de Charlotte à un moment crucial de sa vie : l'écriture de son chef d'oeuvre, Jane Eyre.

Point de départ du roman : l'opération du père, à Manchester. Charlotte l'accompagne, prend soin de lui, et à ses côtés, tandis qu'il se perd dans ses souvenirs et ses pensées, sans pouvoir bouger ni trop parler, Charlotte écrit, et sous sa plume apparaît Jane. Puis de retour à Haworth, où elle retrouve ses soeurs et ce frère si malade, elle continue d'écrire, malgré la déception de voir son premier roman refusé, alors que les romans de ses deux jeunes soeurs, la farouche Emily et la douce Anne ont été acceptés.
Sheila Kohler nous emmène ensuite à Londres, au moment où Charlotte dévoile son identité à son éditeur, et pour finir, retour à Haworth, pour les derniers jours de Charlotte qui a pu enfin goûter aux joies du mariage, jusqu'à celle de son père, mort à 80 ans, après tous ses enfants.

Avec finesse et élégance, l'auteure s'inspire de faits réels pour imaginer le processus littéraire et la naissance de Jane Eyre. Elle nous éclaire sur la vie si étriquée et morne des filles Brontë, sur ce manque d'amour et de reconnaissance vis à vis du père qu'a pu ressentir Charlotte, sur cette colère et cette injustice d'être une jeune fille désargentée et quelconque, sans aucun avenir radieux à l'horizon. C'est grâce à cette colère et cette volonté sans faille qu'ont été écrit des romans magnifiques.
Une très belle découverte, j'aurais même aimé en lire davantage.
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Je n'avais pas eu vent de cette sortie avant de voir l'annonce du partenariat sur Newsbook. Face à un tel titre, un tel résumé et une telle illustration de couverture, vous vous doutez bien que je n'ai pas hésité beaucoup avant de « postuler ». Et je remercie Ys et les éditions de la Table Ronde pour cet envoi ; j'ai vraiment beaucoup apprécié ma lecture !

Sheila Kohler - que je ne connaissais absolument pas avant cette lecture - se penche ici sur les soeurs Brontë, notamment Charlotte l'aînée, auteure du célèbre Jane Eyre. de la vie des trois soeurs anglaises, je ne connaissais que ce que j'avais pu lire rapidement sur Wikipédia et autres sites du même acabit : des informations biographiques jetées chronologiquement les unes après les autres, sans « âme ». Au contraire, Sheila Kohler ne se contente pas d'offrir une « simple » biographie mais y ajoute de l'émotion, de la passion.
En interprétant certains évènements connus de la vie des soeurs et en y ajoutant des éléments de son fait, l'auteure propose une « biographie romancée ». Contrairement aux ouvrages très « scientifiques » et souvent très froids, rédigés par des spécialistes diplômés, Quand j'étais Jane Eyre dégage une grande force émotionnelle et c'est ce qui m'a plu.

En outre, Sheila Kholer met en scène la vie de la famille Brontë comme si celle-ci avait vraiment rassemblé les personnages d'un roman. Charlotte, Emily et Anne (mais surtout Charlotte) deviennent alors des héroïnes fortes et marquantes, à l'image de leur Jane, Catherine et Agnès. Comme le précise l'auteure dans les remerciements à la fin, basé sur les biographies célèbres, cet ouvrage n'en reste pas moins une fiction. Cependant, j'ai trouvé l'ensemble que nous propose Sheila Kohler très plausible.
On y découvre une famille blessée par les pertes précédentes (une mère douce et deux soeurs prometteuses) puis affaiblie par les épreuves de la vie (le frère prodige Branwell, autrefois promis à un bel avenir, transformé en ivrogne ; un père toujours distant et dépendant…). Au milieu, affrontant les difficultés, trois soeurs se serrent les coudes, n'abandonnant pas leur rêve d'être publiées malgré leur statut de femme et leur manque de moyens. On fait la connaissance de Charlotte, un petit bout de femme plutôt laide, désormais l'aînée des quatre enfants Brontë survivants, bien souvent jalouse de son frère et de ses soeurs ; puis Emily la sauvage et solitaire, toujours accompagnée de son chien, toujours prête à s'occuper de son ivrogne de frère ; et enfin, la petite Anne, la cadette, la plus jolie de toutes, la plus douce… et peut-être la plus fragile…

J'ai pris beaucoup de plaisir à entrer dans la vie et dans les pensées des membres de cette famille car oui, grâce à Sheila Kohler, on pénètre véritablement au coeur de ces destins tragiques et les évènements en sont d'autant plus touchants. Autant vous le dire tout de suite, si je savais que l'histoire de la famille Brontë n'était pas des plus gaies, je ne pensais pas sortir de cette lecture aussi mélancolique. J'ai été prise aux tripes par la vie de ses trois soeurs, une vie que j'ai traversée en leur compagnie, avec beaucoup d'implication (bien loin des biographies qu'on lit comme des étrangers, avec beaucoup de recul !). Je me répète, mais la grande force de cette « biographie romancée » réside dans les émotions qu'elle offre !

Côté style - je me base une fois de plus sur une traduction - je retiens une grande interaction avec le lecteur. Malgré l'utilisation de la troisième personne pour tous les points de vue qui se succèdent (les passages dédiés à Charlotte étant les plus nombreux), je ne me suis jamais sentie en retrait ou exclue des évènements. Au contraire, j'ai vécu ceux-ci en même temps que les personnages.
Si je dois avancer un bémol, ce serait peut-être au niveau de l'introduction des souvenirs de Charlotte dans le texte. Sheila Kohler n'adopte pas une narration linéaire, l'auteure revient régulièrement sur des épisodes passés permettant ainsi d'expliquer le « présent ». J'aime assez cette « complexité » narrative mais j'avoue avoir eu un peu de mal dans les premières pages, il faut s'y habituer. Une fois le rythme pris, cette narration non linéaire est une vraie richesse pour la lecture.

Avant d'en terminer, j'aimerais soulever un point qui me semble passionnant et Quand j'étais Jane Eyre s'inscrit parfaitement dans la réflexion, revenant sur le processus de rédaction du célèbre Jane Eyre : jusqu'où peut-on voir la vie d'un auteur dans son oeuvre ?
Je me souviens d'un cours de deuxième ou troisième de licence de lettres modernes qui revenait justement sur les différents types de « critiques ». Notre prof du moment nous avait alors mis en garde sur ce côté un peu « simpliste » qui entraîne à expliquer un livre par la seule (ou presque) biographie de son auteur. C'est souvent tentant, mais il faut se méfier. J'avoue que j'aime beaucoup chercher à retrouver la vie d'un auteur dans son oeuvre, le côté un peu « psychanalyse de bas étage » me plaît assez ; mais c'est assez controversé par les spécialistes.
En ce sens, je ne doute pas que Quand j'étais Jane Eyre puisse « choquer » les experts ou puristes de la famille Brontë ; mais gardons en tête qu'il s'agit avant tout - et Sheila Kohler le dit clairement - d'une fiction. Et d'une fiction très réussie !

Pour conclure brièvement avant de remercier une nouvelle fois Newsbook et les éditions de la Table Ronde pour cette découverte : Quand j'étais Jane Eyre ravira les admirateurs des Brontë car leur permettra de se sentir plus « proches » des ces trois demoiselles. En revanche, prévoyez ensuite une lecture gaie car même si l'on sait à l'avance quelle a été la vie de la famille Brontë, on tourne tout de même la dernière page avec une grande mélancolie.
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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Magnifique livre sur la naissance d'une auteure, son enfance, ses peurs, ses chagrins, ses déceptions. Que Joyce Carol Oates ait encouragé et soutenu Sheila Kohler dans l'écriture de ce roman n'est pas étonnant ; elles ont en commun la même écriture fine, ciselée , qui a le pouvoir de décrire mille émotions en quelques mots. Je le recommande vivement.
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Un cadeau de Noël bien choisi.
Un concept original, une construction atypique, un peu brouillon, à mon sens, au début du livre. J'ai préféré la deuxième partie.
En revanche, ce roman n'est à conseiller, à mon sens, qu'aux personnes ayant lu Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent et Agnès Grey voire même Le Professeur, faute de quoi, on passe à côté d'une bonne partie de cet ouvrage.
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A partir de l'interprétation romanesque d'un épisode de la vie de Charlotte Bronté, nous voici plongés dans l'Angleterre victorienne du coeur du 19ème siècle. En cette période hautement corsetée il est pourtant ici question de la naissance douloureuse d'un livre commis par une femme. L'écriture est jolie, pleine de finesse et restitue avec sensibilité l'ambiance familiale et sociale qui va inspirer l'aventure littéraire des soeurs Bronté.
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"Qui donc voudrait lire les écrits de la fille d'un obscur pasteur, installé au fin fond du Yorkshire ? Et qu'est-ce qu'elle a bien pu raconter ? Que sait-elle, ayant vécu la plus grande partie de sa vie isolée, préservée, protégée dans son presbytère reculé, sans rien autour d'elle sinon la lande nue, ses soeurs célibataires, sa tante célibataire, une vieille servante ignorante, un frère délinquant et un père pasteur ?"


Charlotte est à Manchester, et elle veille, telle une Antigone moderne, son vieux père aveuglé et affaibli. Elle écrit jour et nuit. C'est Jane Eyre qui est en train de naître sous sa plume, et elle tisse "sa propre vie dans la trame du roman".

Sheila Kohler tisse quant à elle la trame subtile et gracieuse d'un récit aux voix et aux temporalités emboîtées, qui résonne longtemps sur les étendues désertiques de la lande. Les échos successifs des personnages se répondent pour construire progressivement la toile délicate de la vie des soeurs Brontë, et c'est presque un travail de dentellière que l'auteur accomplit là. Les liens patiemment enchevêtrés entre les vies d'Anne, Charlotte, Emily, Branwell, et qui renvoient sans cesse à leurs romans et à leurs mondes imaginaires au travers d'un jeu de narration en miroir, charment dès les premières pages.

"L'incendie consumera Thornfield et Berthe Rochester comme il aurait pu consumer leur presbytère et son frère si Emily ne n'avait sauvé. C'est Jane qui sauvera M. Rochester, tout comme Charlotte a sauvé son père, qu'elle lui a redonné vie en inversant leurs rôles".

Dans les contrées désolées de la lande, on plonge au coeur de relations familiales complexes : trois soeurs qui se chérissent, tôt orphelines, ayant perdu très jeunes leurs soeurs aînées, grandissant sous la férule d'un père cultivé et indulgent, aux côtés d'un frère qui vit dans son monde, rendu à demi-fou par une déception amoureuse. Elles appartiennent à cette petite bourgeoisie trop peu fortunée pour espérer un beau mariage, ce qui leur donne une liberté inimaginable à l'époque pour des femmes, mais qui les contraint à occuper d'odieux emplois de gouvernante qui font leur malheur à toutes ... mais les inspirent aussi. Avec des mots d'une grande justesse, et une immense tendresse pour son personnage, Sheila Kohler dresse le portrait tout en nuances de cette extraordinaire fratrie, des soeurs laides et sans grâce, mais talentueuses et déterminées, et m'en ferait presque aimer Charlotte, moi qui suis une Emilidolâtre convaincue.

"Charlotte a pris la résolution de ne plus écrire de lettres pathétiques et suppliantes à son professeur, et de ne plus penser à lui, sauf à s'en inspirer pour son travail - ultime revanche. Elle a abandonné tout espoir pour ce frère qu'elle a tant aimé. Sa déception à son endroit est maintenant totale, à la mesure de son ancienne adulation. Leur ressemblance physique, leur promptitude à s'enflammer, l'ont déterminée à se détacher de lui. Elle transformera ces créatures faillibles en sujets qui serviront ses desseins. Elle s'inspirera de tous ceux qui l'ont rabrouée ou ignorée. Elle écrira en s'appuyant sur sa rage, sur la conscience de sa propre valeur, sur l'injustice que représente le rejet de ses écrits. Elle traitera de quelque chose qu'elle connaît bien : la passion."
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