Les petits livres de la collection Découvertes Gallimard sont toujours de véritables pépites passionnantes. Alliant un texte court et précis et une riche iconographie, plus une annexe d'archives, le tout dans un petit format, ils nous permettent de découvrir un sujet ou une personnalité de façon rapide et pédagogique.
Ici il s'agit de
Charles Baudelaire dont j'ai eu envie de redécouvrir le parcours car cela faisait très longtemps que je n'avais plus lu sur sa vie, et étant donné que
Les Fleurs du mal est l'un de mes livres préférés, j'avais donc hâte de relire la vie de
Baudelaire avec cet exemplaire de ma collection fétiche.
Le premier chapitre commence de manière classique avec sa naissance, son cadre familial, son enfance et son adolescence quoique je connaissais déjà grosso-modo les faits ; il perd son père jeune, sa mère se remarie, entre en avec son beau-père, aura un parcours scolaire en demi-teinte et fera ses débuts dans la presse. Mais si cette entrée en matière était très intéressante, le reste de l'ouvrage m'a un peu surprise dans sa teneur. Car hormis un chapitre consacré à la genèse et publication des Fleurs du mal et un autre sur l'élaboration difficile du Spleen de Paris, tout le reste est dédié au
Baudelaire critique d'art. Je savais, bien évidemment, qu'il avait écrit plusieurs ouvrages sur l'art et qu'il avait été plus ou moins proche des peintres, mais je ne m'étais pas douté que ce fut à ce point. L'effet que m'a fait ce livre — je ne sais pas si c'est de la faute de l'auteur ou si justement c'est le reflet de la réalité —, c'est que
Baudelaire aurait été un critique d'art qui a écrit de la poésie davantage qu'un poète qui a écrit de la critique d'art. J'extrapole un peu mais c'est pour donner une idée de mon impression.
On découvre donc combien il était habité par l'art, que la réflexion et la théorisation du sujet ont eu une part majeure dans son parcours littéraire, qu'il a énormément écrit dessus et côtoyé un grand nombre d'artistes. le problème c'est qu'à titre personnel j'ai beaucoup de mal avec les
écrits sur l'art, l'analyse notamment, et ici c'était si omniprésent que ça m'en a un peu diminué le plaisir.
Autre élément, puisque l'accent a été mis sur sa carrière littéraire, malheureusement j'ai trouvé que ça s'est fait au détriment de la vie personnelle de
Baudelaire. Excepté le premier chapitre comme je l'ai dit, on ne retrouve par la suite pas ou très peu de la vie personnelle du poète, c'est dommage (Jeanne Duval par exemple est à peine abordée).
Même si, on peut tout de même retirer parmi ce foisonnement, que
Baudelaire a été un personnage complexe, tantôt dandy (par son héritage familial et ses débuts), tantôt socialiste (dans la presse), tantôt révolutionnaire (oui oui celle de 48 !), tantôt bohémien (dans sa façon de se marginaliser), tantôt conformiste (quand il candidate à l'académie), néanmoins cela reste toujours trop peu de qui était l'homme.
Ce livre, bien que légèrement décevant, faute d'un peu plus d'élargissement et de cohérence narrative, reste tout de même un bon livre qui permet d'en apprendre, mais plutôt sur le
Baudelaire écrivain que le
Baudelaire personnel et sur plutôt l'écrivain d'art que sur le poète.
Par contre la forme, elle, ne déçoit jamais ; superbe iconographie très riche et très variées, ainsi que l'habituelle annexe très intéressante composées d'écrits de ses contemporains à son sujet et d'extraits du procès des fleurs entre autre.