Pourvu que tu m'aimes

L'enfer de Jennifer
Par Jean-Baptiste Michel et (L'Express), publié le 02/03/2000

Peut-on aimer Paris quand on vient d'une île enchantée? Non. Y aimer non plus, d'ailleurs

C'est la Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, mais telle que l'imagine Baudelaire, "tout imprégnée des pures et riches senteurs de l'Inde", et qui, à Paris, tombe brusquement "en pleine civilisation débordante, turbulente et méphitique". Jane, elle, tombe amoureuse de Lancelot. Cette ravissante Eurasienne arrachée à l'île de son enfance par la séparation de ses parents, confiée aux soins d'une fée Carabosse, sa grand-mère, confite dans les études, à peine sortie de ses rêves, connaît avec ce nouveau Tarzan, dans la jungle de nos villes, la dernière et la plus cuisante des désillusions. "Ma libération devait passer par cette damnation-là." Ce Paris bohème et branché qu'on dirait décrit pour épater la province est aussi peu convaincant que sont envoûtantes, en revanche, les évocations de l'enfance, de l'inoubliable grand-mère, de la nature, du corps et de ses mystères.

Jennifer Kouassi, tête chercheuse de Nagui pour les livres à Nulle Part ailleurs, retrouve le lien secret qui unit la langue et la matière; elle l'expose avec un naturel qui nous rappelle d'anciens scandales.



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