Décarême
Le narrateur se remémore l'époque où il vivotait à Kiev, dans un très modeste meublé. Ils sont six pensionnaires, tous sans famille : un joueur invétéré, un savant déchu cuvant son vin, un gros Allemand buveur de bière, un étudiant joufflu et Mademoiselle Zoé, fille publique. Pour Pâques, le narrateur erre tristement dans la ville. Mais Mademoiselle Zoé lui a réservé une surprise. Elle a invité tous les locataires, à l'exception de l'étudiant joufflu à "décarêmer".
Une toute petite nouvelle naturaliste de 12 pages qui réchauffe le coeur. Des portraits saisissants et très émouvants. On apprend également beaucoup sur les traditions russes orthodoxes.
A découvrir gratuitement sur le site de la Bibliothèque russe et slave.
Commenter  J’apprécie         150
"En famille" est une très courte nouvelle, mais elle parvient à apporter de l'émotion par petites touches. Il est évidemment question de famille, celle dont on hérite et celle que l'on se créé. C'est d'abord la famille lointaine pour des hommes déjà âgés, celle de l'enfance, dont ils ont du mal à se souvenir mais qui évoque des rires, des fêtes, des jeux partagés et la chaleur de l'amour. C'est la famille que l'on se créé, celle des proches que l'on a choisis, ou qui nous ont choisis, ou qui ont été rassemblés par le hasard. Ici, les personnages ne sont que les habitants d'une misérable pension de famille, qui se côtoient régulièrement sans se fréquenter. Qu'importe que l'ingénieur soit alcoolique, qu'importe que le Narrateur soit misérable, qu'importe surtout que leur hôtesse soit une prostituée ; ils se réunissent ensemble, à l'occasion d'une fête religieuse, et, il est vrai avec un peu d'alcool, deviennent sentimentaux. La famille, cela peut être la communauté des croyants, la femme évoque la cérémonie religieuse émouvante à laquelle elle a assisté. Et, pour finir, la famille peut être élargie à la patrie russe tout entière, qui communie ensemble pour la fin du carême qui symbolise la fin de l'hiver et le retour du printemps.
Ces mots résonnent néanmoins curieusement aujourd'hui, car la scène se passe à Kiev, dans une Ukraine indépendante que certains voudraient voir disparaître.
Commenter  J’apprécie         60
Nous l'écoutions en silence. La vie nous avait si longtemps, si cruellement martelé la tête qu'elle en avait, semblait-il, à jamais chassé tout souvenir d'enfance et de famille, toute réminiscence des Pâques d'autrefois...