De l'aigle impérial au drapeau rouge

Une fois n'est pas coutume, cette chronique commencera par quelques mots sur l'auteur de ce roman, Piotr Krasnov.

Ce dernier était un général de la Garde impériale sous Nicolas II mais, également, écrivain militaire. Exilé suite à la révolution russe, il fut livré par les Anglais aux soviétiques et fusillé en 1947.

C'est en 1921-1922 qu'il publia ce roman qui a pour personnage principal le militaire Sabline. 

Nous le découvrons jeune homme, droit, plein de principes puis découvrant la passion amoureuse, fugace et intense, sans se soucier des conséquences.

Un homme dévoué à l'armée, à la Russie, à la foi et à l'empereur.

Les années passent, la sagesse prend le pas sur la fougue. 

Mais les nuages s'amoncellent, tant à l'extérieur avec la première guerre mondiale qu'à l'intérieur avec l'agitation socialiste. 

Cette temporalité constitue un point très positif de ce récit. Je n'ai lu que peu de romans se déroulant sous le règne de Nicolas II et il est très intéressant d'avoir le point de vue d'un contemporain des événements. Nous croisons des personnages fictifs et d'autres bien réels.

On sent toute la dévotion que l'auteur vouait à sa patrie sans pour autant être aveugle aux difficultés et aux abus du tsarisme. La contrepartie de cette dévotion est la vision très noire de la révolution rouge, beaucoup de communistes apparaissant comme monstrueux, opportunistes, marqués physiquement par leur déchéance morale.

J'ai beaucoup apprécié les descriptions de la vie militaire où l'on sent la maîtrise de l'auteur à ce sujet. 

Si je devais apporter un bémol, il résiderait dans la construction psychologique des personnages qui ne m'a pas toujours convaincue. 

Une belle lecture, qui si elle ne restera pas parmi mes favorites, n'en reste pas moins un roman, un témoignage intéressant sur la chute d'un empire.

Et vous, connaissez-vous ce roman ? 

La réussite littéraire de l'ouvrage est franchement de la propagande des Editions des Syrtes (qui n'en sont pas à leur coup d'essai avec leur orientation très tsariste et russes blancs). Par contre, l'intéret est évident puisque l'auteur, officier russe issu des cosaques du Don, a participé de près à la guerre menée par les russes blancs et leur alliés français et anglais contre l'armée rouge bolchévique. Son amour de l'Allemagne (qu'il n'a jamais cherché à cacher y compris pendant la guerre de 14-17) l'a conduit à pousuivre sa carrière lors de la 2ème guerre mondiale au sein des Waffen SS. Assez cohérent avec l'antisémitisme ancestral des officiers russes cosaques dans l'empire tsariste. Après s'être rendu aux anglais pour sauver sa vie et ne pas tomber aux mains de Staline, il finit... livré par Churchill à Staline qui le fera - assez logiquement -exécuter.
Ca doit être de famille, cet attrait pour les dictatures d'extrème-droite puisque son petit-neveu Miguel Krassnov rejoindra les tortionnaires de la dictature de Pinochet - et sera en 2000 condamné par la justice chilienne pour ça.
Mais ce roman - hors de toute vérité historique bien sur - nous dresse un portrait idyllique de la famille de Nicolas II et fait le bonheur de la russie blanche émigrée. A ce titre, c'est un document très intéressant.

Ce livre, édité en 1921, nous raconte l'histoire et la carrière d'un officier de cavalerie militaire russe blanc au service du tsar Nicolas II qui va se battre contre les révolutionnaires bolcheviques après la révolution de 1917.
L'auteur, Piotr Krasnov, était lui-même militaire de carrière, fils de général et petit-fils de général. Pro-allemand et viscéralement anti-communiste, il commandera à partir de 1941 une unité de cosaques aux côtés de l'armée allemande pour combattre l'armée rouge. Prisonnier des anglais à la fin de la guerre, il sera remis entre les mains des soviétiques qui l'exécuteront à Moscou en 1947.
Le livre souligne le chaos qui suit la révolution et décrit la terreur rouge que fait régner la police politique bolchevique (la Tcheka). Il s'agit bien sûr d'un point de vue non objectif. Néanmoins, ce roman, très bien écrit, apporte un éclairage intéressant sur une période dont on a souvent une vision simpliste.