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Lelo Jimmy Batista (Autre)Janique Jouin de Laurens (Traducteur)
EAN : 9782494054028
240 pages
Le Gospel (07/03/2023)
3.45/5   20 notes
Résumé :
Elle a 17 ans, sort à peine de l'adolescence et pourtant elle est déjà en rupture totale avec le monde qui l'entoure et la violente. Fuyant sa famille d'accueil, elle part à la recherche de Kim, une soeur adoptive adorée qui a pris la route un peu avant elle. En chemin, elle tombe sur une bande d'enfants perdus, junkies violents devenus vampires qui dérivent de concerts en hold-ups, de parkings de supermarchés en gares routières.
Sur les routes crasseuses de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un livre étrange, dont je suis arrivée à la dernière page sans être bien sûre d'avoir compris le titre. Un choc esthétique.

Quand on tombe par hasard sur un roman présenté comme une histoire de vampires telle que Céline aurait pu l'écrire, ponctuée de passages dignes de Burroughs, impossible de passer son chemin. Pourtant, on se méfie. Placer dès la préface un auteur dans la lignée de Blake, Barbey, Coleridge et Huysmans, ne serait-ce pas une pathétique tentative de l'éditeur pour vendre plus de papier ? Et pourtant…

Lire The Orange eats creeps, c'est un peu comme assister, au cinéma, à la projection du film L'Étrange couleur des larmes de ton corps. C'est éblouissant, c'est brutal et violent, c'est un labyrinthe qui tourne, trop vite, et le lecteur/spectateur, hébété, choqué, presque en transe, enchaîne les scènes sans vraiment parvenir à les lier entre elles. Seules la beauté et la force de l'ensemble le soudent à l'oeuvre jusqu'à la dernière seconde, jusqu'à la dernière page.

Privés de repères temporels ou géographiques, on suit dans ce roman (En est-ce seulement un ?) une jeune femme – elle se dit vampire – errant de supermarchés glauques en concerts étranges, à travers les souvenirs de sa soeur disparue, ou le long de l'autoroute qui mange les gens. le parcours est heurté. Les ellipses innombrables. Au fil des pages, l'étrangeté éclate et on ne sait plus vraiment ce qu'on a sous les yeux : s'agit-il de visions, de métaphores, de symboles, d'hallucinations ? Ou est-ce juste le monde qui marche sur la tête ? Les images prennent vie, dialoguent entre elles, s'élèvent en volutes complexes, et finissent par s'émanciper pour du bon du récit, jusqu'à la démence.

The Orange eats creeps se lit comme La Machine molle de Burroughs : c'est une expérience poétique, immédiate. On s'imprègne du texte, on le savoure de ligne en ligne mais, trop fragmenté, il semble s'effacer de notre mémoire page à page. Pourtant, les images s'imprègnent en nous et arrivés à la dernière page, on devine, plus qu'on ne saisit, que tout faisait sens.

Cette lecture peut être une épreuve, surtout pour ceux qui comme moi ne sont pas parfaitement bilingues, mais on souffre avec plaisir face à un texte de cette qualité. C'est un de ces romans qui sera autant décrié qu'il sera encensé, peut-être même plus. Il finira probablement sur la liste des livres auxquels vous n'avez rien compris. C'est peut-être mon cas au final, peut-être n'y ai-je strictement rien compris, mais quelle importance ? Face à une telle oeuvre, la logique et la cohérence, je les envoie au diable.
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Voici une parfaite lecture de saison.
Portrait d'une jeunesse en perdition dans le milieu punk hardcore des années 90, on suit le road trip déjanté d'une ado en rupture avec le monde, qui cherche sa soeur.
« Notre ville est foutue. On se contente de traîner en attendant qu'elle se transforme en autre chose, puis on ira se coucher. »
Elle rencontre une bande d'enfants perdus, des hobos vampires, en quête de meth et de sang. « Tout au long de la nuit glaciale, ils erreront aux environs de la gare à la recherche de corps chauds à sucer, de sirops pour la toux, histoire de faire le plein d'aventures sexuelles dépravées avec d'autres vampires ou des mortels. »

Quelle claque ce texte! Entre récit halluciné, roman gothique et horrifique aux scènes crues, on n'est pas dans une ballade de tout repos. On serait plutôt sur une scène de punk rock, ballotés par une narration violente et vibrante, portant une vision de de la société américaine des 90's assez hard, où l'on capte vite que l'adolescence n'est pas un cadeau. La langue n'est pas dénuée d'une certaine poésie, et le style a vraiment « la patate » comme on dit.

La maison d'édition a fait un choix audacieux et néanmoins brillant, en faisant traduire ce texte, salué comme un choc outre-Manche.

La lecture parfaite de saison, je vous dis.
✨💀✨💀✨💀✨
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17 ans et déjà une vie de misère derrière elle. Après une existence passée dans des familles d'accueil, l'héroïne de Ce qui vit la nuit de Grace Krilanovich rejoint un groupe de marginaux et part sur la route dans l'espoir de retrouver Kim, sa soeur adoptive, qui s'est échappée plusieurs mois avant elle. Son nouveau clan, composé de Seth, Josh, Murph et Knowles, est un regroupement de délinquants junkies, qui voguent de squats en supérettes, vit de larcins, se déplace frauduleusement en train, revendiquant le statut de vampires. Les corps sont violentés, prostitués, abandonnés. À travers les pensées de la jeune fille, c'est tout une Amérique de la marge qui se dresse entre pauvreté, violence, espoirs et mysticisme. « On est juste des pervers D.I.Y. Saleté D.I.Y., mort D.I.Y, écrit-elle. On fait tout nous-mêmes ça oui. Seth a rafistolé mes pompes avec de l'adhésif. On se débrouille en se glissant dans des voitures non verrouillées, avec le papier à lettres des motels et en mangeant les restes dans les assiettes des food courts des centres commerciaux. On s'installe autour du feu juchés sur des meubles abandonnés ou des objets trouvés dans la rue. Récupérer, c'est mieux qu'acheter. Taper du fric, c'est mieux que travailler. »

Tout est évanescent, flou, impalpable. L'héroïne se réveille régulièrement dans des lieux inconnus, à côté d'hommes interchangeables. Ses pensées divaguent, rêves et réalité se confondent. Les repères temporels et géographiques s'estompent. Ce qui vit la nuit prend la forme d'une longue poésie, plus proche des Chants de Maldoror de Lautréamont que du roman classique. Il faut imaginer une version moderne de Sur la route de Jack Kerouac, écrite par William S. Burroughs. Tout est codé. Il faut chercher des indices, décoder les signes, retrouver la trace s'un monde où vivre aux bords de la société n'était pas synonyme de mort.

En filigrane du texte, une plongée dans la contre-culture musicale, les personnages écumant les concerts de punk, de hardcore, de formations Riot grrrl ou encore de « groupe marxiste vulgaire de psychedelic-doom ». La musique joue un rôle essentiel sur le fond comme sur la forme. Si le roman traite de la marge, il a à coeur de le faire en privilégiant lui-même les sorties de route littéraires, trouvant un équilibre entre narration et expérimentations. La lecture s'assimile alors à l'écoute d'un disque de drone – un album du Sunn O))) par exemple – : on n'en sort avec l'impression de n'avoir rien mémorisé, qu'il n'en reste que des sensations ; pourtant quand on replonge dedans, on retrouve toute de suite nos repères. de la même manière que l'on réalise à la réécoute combien les chansons de Sunn O))) se sont ancrées en nous, c'est à la relecture que l'on comprend combien les mots de Grace Krilanovich nous ont marqués. Gloire aux éditions le Gospel d'avoir permis à ce texte d'être brillamment traduit par Janique Jouin de Laurens, avec en prime une préface de Lelo Jimmy Batista.

Lien : https://www.playlistsociety...
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Ce qui vit la nuit est une odyssée faite de sombres besoins primaires, lancé à pas errant dans l'Amérique du fond de décors, de lieux abimés ou réside les âmes fantomatiques des citoyens, croisant la nuit au hasard des supermarchés et des “diner“, une bande d'ados junkies — craspec —alcoolisé — sexuellement tordu et suceur de sang déluré…

Un livre au déroulé déstabilisant, syncopé, à la lecture évanescente, au ressenti étrangement hypnotique, au malaise paradoxale, au plaisir que l'on prend, une oraison lancinante, qui demandera une relecture pour qu'au mieux nous soit induit cette émancipante ténèbres littéraires — hypnotisante composante narrative, à nous perdre dans un songe éveillé…

Ce qui vit la nuit est une adolescente vampirisé, vivant dans le souvenir de sa soeur évanouie, on ne sait où, la cherchant dans l'inconnu — dans une équipée sauvage de long en large et en travers, remuant les tripes, couvert de sang…

Les ellipses sur les lignes de mots kilométrés, ont vagabondé, comme mon regard, sur les pages de grands espaces autoroutiers, engloutissant les âmes du livre — avalant le lecteur que je fus…

Étrange et culte.

















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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Blood blood blood on the batheroom spigot in a diner, a big branch way up high on top of an aisle at Safeway. Piles of anything. Bees with orange and brown strips lurked in the upper leaves of redwood trees over our camp ; yellow jackets ate out of a pie plate on the picnic table. When they got close they gazed at me with dreamy metallic alien stares while they slurped goo through straw mouths. The forest was orange and brown. My eyes were full up with darkness, making my eyelids itch and fight to close.
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The sun is setting. The hobbo vampires are waking up, their quest for crank and blood is just beginning. Over the course of the night they will roam the area surrounding the train stop looking for warm bodies to suck, for cough syrup to fuel a night of debauched sexual encounters with fellow vampires and mortal alike. They distribute sexually transmitted diseases like the daily newspaper but they will never succumb, they will never die, just aging into decrepit losers inside a teenage shell.
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What would happen if you harness the sexual energy of hobo junkie teens ? The world would explode and settle on the surface of another planet in a brown paste, is what. Cockroaches would lick it up and a new wave of narcissistic gypsy-slut shitheads would hatch out of tiny pores on their backs.
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We couldn't even hear our own voices as we called out each other from our sidewalk posts across town. The fog choked us, erased our eyes and rubbed out our brains with stricken white memories that crawled and crept along streets like a pregnant rat waiting to birth tiny, rain-soaked cottonballs. We spat-out poison soaked memories on the sidewalk.
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LE SAFEWAY AU LEVER DU SOLEIL : nous entrons comme un ouragan; complètement défoncés, nous courons vers le fond, les coulisses. Nous barricadons la porte pour que Josh puisse menacer l’employé. Que se passerait-il si on jugulait l’énergie sexuelle des ados hobos junkies? Le monde exploserait et se poserait à la surface d’une autre planète sous la forme d’une page brune, voilà ce qui se passerait. Les cafards la lécheraient et une nouvelle vague de connards de putes de vagabonds narcissiques éclorait dans les minuscules pores de leur dos.
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